IL SEMBLE
QU'ON VOUS
PARLE A
L'OREILLE...
" Le
fait que
vous me
trouviez
styliste me
fait
plaisir. Je
suis cela
avant tout -
point
penseur nom
de Dieu !
(...) Je
suis bien
l'émotion
avec les
mots, je ne
lui laisse
pas le temps
de
s'habiller
en
phrases...
Je la saisie
toute crue,
ou plutôt
toute
poétique -
car le fond
de
l'Homme
malgré tout
est poésie.
Le
raisonnement
est appris -
comme il
apprend à
parler, le
bébé chante,
le cheval
galope - le
trot est
d'école.
Encore
est-ce un
truc pour
faire passer
le langage
parlé en
écrit. Le
truc c'est
moi qui l'ai
trouvé
personne
d'autre.
C'est
l'impressionnisme
en somme.
Faire passer
le langage
parlé en
littérature,
ce n'est pas
la
sténographie.
Il faut
imprimer aux
phrases aux
périodes une
certaine
déformation
un artifice
tel que
lorsque vous
lisez le
livre il
semble que "
l'on vous
parle " à
l'oreille.
Cela
s'obtient
par une
transposition
de chaque
mot qui
n'est jamais
tout à fait
celui qu'on
attend...
une menue
surprise...
Il se passe
ce qui
aurait lieu
pour un
bâton plongé
dans l'eau,
pour qu'il
apparaisse
droit il
faut avant
de le
plonger dans
l'eau que
vous le
cassiez
légèrement
(...) Pour
rendre sur
la page
l'effet de
la vie
parlée,
spontanée,
il faut
tordre la
langue en
tout rythme,
cadence,
mots, et
c'est une
sorte de
poésie qui
donne le
meilleur
sortilège -
l'impression,
l'envoûtement,
le
dynamisme,
et puis il
faut aussi
choisir son
sujet. Tout
n'est pas
transposable
- Il faut
des sujets "
à vifs ".
D'où les
terribles
risques. "
(Eric
Mazet,
Lettre à
Milton
Hindus, 15
avril 1947,
dans Ce
Soir, p.3).
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