| 
                           
						
						
						  
						  
						  
						  
						                                                                                                                        En 
						avant-première du      
						 
						
						                                                                        
						                       
						XXII ème Colloque 
						de la  
						
						                                                              
						Société des 
						Etudes céliniennes       
						
						                                        
						                                               
						qui se tiendra sur le thème                          
						  
						   
						                                                                                                
						  
						  
						
						                                                                                                 
						 CELINE et le 
						POLITIQUE 
						  
						
						                                                                    
						dans les locaux de
						SCIENCES PO 
                                                                              
						27 rue 
						Saint-Guillaume, 75007 PARIS 
						
						                                                                                        
						 du mercredi 
						4 au samedi 7 juillet 2018 
						  
						  
						               
      					                                      
                                                                                               
						  
						  
						
						   
						                         
						Mardi 3 juillet : 14h -16h. 
  
						
						                                    
						TABLE RONDE 
  
						
						              
						Faut-il rééditer les pamphlets de Céline ? 
  
						
						           
						 Modérateurs : 
						Emile BRAMI et David 
						FONTAINE 
						  
						
						    
						 L'heure prévue est à peine 
						dépassée quand les prestigieux invités prennent place à 
						la tribune devant environ une soixantaine d'auditeurs.  
						
						 
 On y voit Pierre ASSOULINE, Pascal ORY, Régis TETTAMANZI, Antoine 
						GALLIMARD, Henri GODARD, Philippe ROUSSIN et Denis 
						SALAS. Alors que François GIBAULT, le président de la S.E.C., venait-il de présenter les invités et de 
						regretter que, pour le débat, une large majorité soit 
						favorable à la réédition, ce qui n'était pas de son fait 
						puisque notamment Serge KLARSFELD avait été invité, que 
						trois jeunes gens antiracistes militants, sont intervenus 
						pour dénoncer les intentions de la maison Gallimard.  
						
						  
						
						  
						
						  
						
						  
						 Dans 
						une déclaration très agressive de trois minutes trente 
						environ, émaillée de propos injurieux et ad hominem 
						envers Antoine GALLIMARD, le trio composé de deux 
						garçons et d'une jeune femme (un récitant, l'autre 
						filmant), s'est finalement retiré sur un dernier mot : " 
						A bientôt ! " 
						  
						  
						  
						 
      
						  
						 
      
						  
						  
						 La 
						table ronde pouvait commencer. David FONTAINE donne la 
						parole à Antoine GALLIMARD qui tient à préciser 
						d'entrée, que c'est à partir du moment où Lucette ne s'y 
						opposait plus, qu'ils ont préparé, avec François GIBAULT 
						la réédition des pamphlets. Il ajoute avoir été 
						douloureusement surpris, alors que rien n'était encore 
						publié, de voir un tel " ouragan " se propager dans la 
						presse et regrette amèrement de n'avoir pas été soutenu 
						par celle-ci. Il déplore et qualifie de calomnie et de " 
						honte " le fait de venir " lâchement attaquer " son 
						grand-père et sa maison.  
  Le modérateur poursuit en lui demandant s'il était en mesure d'avancer 
						une éventuelle date ? Echaudé : " Je m'en garderai bien 
						!... " Et d'ajouter pour appuyer son argumentation qu'il 
						souhaitait cette réédition et que bien au contraire, 
						comme exemple pédagogique qu'elle soit enseignée dans 
						les écoles à nos jeunes. 
						  
						  
						  
						 
      
						  
						  
						  
						 Le 
						second modérateur Emile BRAMI donne la parole à Pascal 
						ORY. L'historien évoque Lucien Rebatet et " Les mémoires 
						d'un fasciste " qui n'ont pas suscité la moindre vague. 
						" Les Deux Etendards " est un beau texte... Il évoque 
						Robert Badinter qui, dans une émission animée par 
						Bernard Pivot avait déclaré qu'il " fallait publier en 
						tant que document historique. " Pascal ORY conclut : " 
						Réédition, oui, mais sans rien expurger. " 
						  
						  
						  
						 
      
						  
						  
						  
						 La 
						parole est au magistrat Denis SALAS, un des deux invités 
						opposé à la réédition. Il énumère quatre bonnes raisons 
						qui devraient faire obstacle à celle-ci : 1/ Le droit 
						moral, Céline lui-même avait refusé leurs rééditions. 2/ 
						Les lois anti-raciales. 3/ Les risques de débordement 
						dans le sens d'adhésion à ces textes. 4/ La mémoire 
						juive qui est négligée. Le peuple de la Shoah risque de 
						se lever. 
						  
						  
						  
						  
						 
      					 
						  
						
						  
						  
						  
						 Régis 
						TETTAMANZI, l'auteur de la première édition critique des 
						quatre textes " polémiques " publiée au Canada par les
						éditions Huit, explique comment cela a été rendu 
						possible tant par le fait que l'œuvre 
						est tombée dans le domaine public dès le 1er janvier 
						2012, par ses excellentes relations avec l'éditeur Rémi 
						Ferland, mais aussi par les bonnes relations qu'ils ont 
						entretenues tout deux avec les institutions juives de ce 
						pays. 
						  
						  
						  
						  
						 
      
            			  
						 
        
						  
						  
						 Philippe 
						ROUSSIN, le chercheur au C.N.R.S., le second à être 
						opposé à la réédition, trouve que les pamphlets sont des
						œuvres politiques, 
						rhétoriques et idéologiques. A séparer des romans. " Si 
						on republiait Drumont cela ne ferait pas réagir, tandis 
						que republier aujourd'hui la langue des pamphlets ne 
						serait pas perçu de la même manière. " Il est contre 
						leur republication. " La seule manière de publier ces 
						pamphlets serait d'en effectuer une édition 
						scientifique, mais ce serait leur donner une caution 
						exagérée. Ceux qui veulent les lire n'ont qu'à faire 
						comme moi, aller en bibliothèque. " 
						  
						  
						  
						  
						  
						ORY intervient pour préciser que si on pense réellement 
						que de tels textes sont aussi efficaces et si on en a 
						une telle peur... Quel aveu !... 
 TETTAMANZI : il n'y a pas que de l'idéologie dans l'écriture de Céline. Il 
						parle d'autre chose. 
 Le modérateur BRAMI : ils ne sont pas perçus uniquement pour des textes de 
						combat. 
						
						
						 
						
						
						  
						 
  
						 Le 
						second modérateur, David FONTAINE, donne la parole à 
						Henri GODARD, qui d'emblée indique qu'il est plus que 
						jamais pour. Si on ne les réédite pas, on soutient que 
						l'on cache quelque chose. Le public doit connaître les 
						deux parties. La richesse c'est la confiance au lecteur. 
						Il reconnaît que l'on puisse éprouver une certaine 
						lassitude devant des longueurs ou les litanies 
						antisémites, les Juifs surtout, mais aussi les autres. 
						Il conclut en souhaitant que chacun garde son 
						sang-froid. 
						  
						  
						  
						 
      
						  
						  
						 Pierre 
						ASSOULINE, le dernier invité est questionné à son tour. 
						Il est pour réimprimer tout Céline. Il se projette d'ici 
						deux ans : " Quand on relira Mein Kampf... on dira, et 
						Céline ?... et on sera alors bien obligé d'avouer : 
						Céline ?... c'est trop dangereux ! Quel aveu encore !... 
						" Et d'ajouter : " qu'il n'y a pas de dangerosité à 
						publier, c'est le contraire qui est vrai. On offre aux 
						antisémites des armes, des prétextes. Le danger c'est de 
						les cacher... 
 D'ailleurs aujourd'hui, si on lit le gros livre de Taguieff on a sous les 
						yeux des centaines et des centaines de lignes 
						antisémites. N'est-ce pas plus dangereux ?... " 
 Il informe la salle qu'il vient de refuser de débattre avec Serge 
						Klarsfeld parce qu'il a estimé que celui-ci représentait 
						une figure emblématique, les Juifs, les enfants et 
						petits-enfants de déportés et que pour lui, un tel débat 
						était biaisé !  
 Aujourd'hui, ajoute-t-il, ce ne sont pas les thèses de Céline qui tuent, 
						ce n'est pas l'antisémitisme de Céline qui assassine, 
						c'est daech, ce sont les islamistes.  
						  
						  
						   
						Antoine GALLIMARD intervient pour une précision 
						d'importance : " Au moment où l'on parle, on possède 
						l'accord moral de la veuve, Lucette Destouches.  " 
						Et Pierre ASSOULINE de conclure par une dernière 
						observation : " Paul Morand, qui est republié dans la 
						Pléiade est beaucoup plus mordant et cruel dans 
						l'antisémitisme que Céline. " 
						  
						 C'est 
						maintenant à la salle de réagir. Marc Laudelout, le 
						directeur du Bulletin célinien, demande après les 
						derniers propos de TETTAMANZI et d'ASSOULINE imaginant 
						d'ajouter encore un nouvel appareil critique plus une 
						préface du second, si le futur " Cahier Céline " ne 
						devrait pas être dédoublé ? Puis cite Philippe Alméras : 
						" Plus Céline est borné, cruel, plus il est injuste, 
						plus il maquille les faits et les chiffres et meilleur 
						il est... " 
  
 Philippe Destruel insiste sur " le racisme intégral de Céline ", qui est 
						d'abord un anti-noir, un anti-nègre. Il faut tout 
						publier, chacun se déterminera en conscience. 
 David FONTAINE s'adresse à Henri GODARD et lui rappelle que l'on peut 
						s'ennuyer certes, en lisant ces répétitions, mais que le 
						style sera toujours là. Et qu'il peut même faire rire 
						dans l'horreur. 
						 Avant 
						de se séparer, et avec ce qu'ils ont entendu, il semble 
						que pour la plupart des invités, deux perspectives se 
						dessinent pour l'avenir : celle d'une
						œuvre de salut public d'une 
						part et la date butoir de 2032 qui se profile d'autre 
						part. 
						  
						  
						  
						  
						               
						    
						MERCREDI 4 juillet 2018  
						
						                           
						9h30 - 12h30. 
						  
						
						  
						François GIBAULT et Emile BRAMI à la 
						tribune reçoivent l'Assemblée. Le Président déclare 
						ouvert le Colloque, XXII ième du nom, pour la Société 
						des Etudes Céliniennes, et précise qu'il s'est appuyé 
						fortement sur son trésorier Emile BRAMI, qui avec la 
						parution de la revue n° 10 des " Etudes Céliniennes  
						" en est devenu également l'éditeur. 
						  
						  
						    
						          
						Présidence  <  François GIBAULT  
						          
						         1ère 
						communication :   
  
						                             
						Emile BRAMI  :  
						    
						Une vie politique : " Vive l'Anarchie ! Mais tant 
						qu'il y a des lois. " 
						  
						  
						Cette phrase, extraite d'une lettre à l'anarchiste Louis 
						Lecoin, résume bien par les contradictions qu'elle 
						renferme, les divers errements de Louis Destouches puis 
						de Louis-Ferdinand Céline s'agissant de politique. 
  Va suivre de façon chronologique une suite de faits déterminants qui vont 
						influencer la vie et l'œuvre 
						de l'écrivain. 
 - Le Fort Chabrol : Jules Guérin et onze de ses hommes, agitateurs 
						nationalistes et antidreyfusards, qui avaient tenté un 
						coup d'Etat, refusent de se rendre et va se réfugier au 
						siège de son hebdomadaire L'Antijuif, au 51 rue 
						de Chabrol à Paris. Pendant 38 jours, il va tenir en 
						étant ravitaillé par les toits. 
 - Louis n'a que 5 ans, et il va entendre son père, qui avec le 
						Gouvernement craignait une émeute nationaliste à 
						l'occasion du procès en révision de Dreyfus. 
 - Il va très vite être classé à gauche, voire à l'extrême-gauche. Aragon 
						lui demande d'adhérer " malgré vos idées contre les 
						Juifs... " 
 - L'Hommage à Zola en octobre 1933. 
 - Mea culpa, de retour de son voyage en URSS. Il devient alors un 
						anarchiste de droite. Il dénonce le cosmopolitisme. 
						S'intéresse à Alexis Carrel.  
 - L'arrivée des Juifs d'Europe. Le cinéma, Hollywood tenu par les Juifs. 
						Le Front populaire avec Blum à sa tête. 
 Mais il aborde quand même des situations réelles. Il avait vu arriver la 
						guerre avant tout le monde. Le besoin de revitaliser le 
						peuple français. Devant l'apathie de Pétain, il décide 
						de s'engager lui-même dans le combat pour retrouver la 
						France qu'il souhaite. Il veut une vraie politique 
						raciste. Il évoque l'action de Poincaré pour l'opposer à 
						celle du Gouvernement, avec plusieurs citations 
						contradictoires. C'est un nostalgique. C'était mieux 
						avant.  
  Finalement, avec son évolution de la gauche vers la droite, la conclusion 
						c'est qu'il se sera mis tout le monde à dos. 
						 
 Dans la discussion avec la salle, François GIBAULT ajoute au débat sa 
						vision toute personnelle de l'anarchisme. " L'anarchiste 
						de gauche veut le bonheur de tous, il obtient le 
						désordre. L'anarchiste de droite, lui, souhaite son 
						propre bonheur, c'est un homme d'ordre... 
						  
						  
						  
						          
						       2ième 
						communication : 
						 
                         
						Ana-Maria ALVES : 
						 
						  Céline politiquement incorrect : marqueur 
						d'une époque.  
						  
						 
						Céline par ses propos hors normes, cherche à 
						heurter le conformisme, le politiquement correct qui 
						veut avant tout ne froisser personne, aucune 
						susceptibilité. Il va procéder à la peinture de la 
						société française dans un style qui cherche plus à faire 
						sentir qu'à décrire. Cet auteur corrosif, reconnu comme 
						marqueur de son époque, utilise son écriture comme un 
						acte d'irrévérence sociale. Et dès lors, ne cesse de 
						provoquer des polémiques encore aujourd'hui. 
						 
 - Il cherche à provoquer, à choquer, à faire surgir un sentiment de 
						colère. 
 - Il veut parler vrai. Etre présent dans les faits. Il va devenir 
						chroniqueur. 
 - Ses mémoires sont des armes d'attaque. 
 - On ne dit pas la vérité aux gens. Lui, prétend le faire en heurtant le 
						politiquement correct et les idées reçues. 
 On trouve toutefois une bien grande différence entre ses propos et les 
						lettres de la correspondance où il révèle faire le pitre 
						et donner aux visiteurs ce qu'ils attendent et qu'ils 
						sont venus chercher. 
						  
						  
						  
						                   
						3ième communication : 
						 
                       
						Angelin LEANDRI :   
						                
						Céline et le juridique. 
						 
  
						 
						Il s'agit de rendre compte du regard porté par 
						Céline sur le droit dans une acception large de la 
						notion. En se servant des romans, mais aussi de la 
						correspondance, on 
						 voit la complexité, voire même 
						l'ambivalence du rapport de Céline au droit. 
 - Comment Céline voyait-il le droit ? Paradoxe entre le juridique et le 
						politique.  
 - " La loi, c'est le lupanar de la douleur. " (Voyage). 
 - Il possède surtout une fibre libertaire... Scepticisme d'un anarchiste 
						de droite. 
 - Constat : avant la guerre, avant 1944, Céline n'a pas connu le monde 
						juridique. 
 - C'est dans la correspondance que l'on trouve le plus de critiques, dans 
						ses lettres à ses avocats. " Le grand inquisiteur de la 
						place Vendôme. " Pour lui, le procureur n'est que le 
						larbin du politique. 
 - Il se flatte de savoir faire rire, de mettre les rieurs de son côté. Il 
						estime qu'il fait tout le travail au lieu et place de 
						ses défenseurs. C'est lui qui veut énoncer la loi, qui 
						dirige, qui accuse. 
 - " J'ai le droit... j'ai le droit. " Il utilise très souvent cette 
						expression. De quel droit la justice française 
						s'autorise-t-elle de le juger, de l'accuser ? 
 Par contre, dès l'amnistie, rentrant à Paris en 1951, il se fait un point 
						d'honneur à ne plus être un hors-la-loi. Il veut alors 
						faire un procès à tous. " Un procès au cul de tous ceux 
						qui l'emmerdent... "  
 Interviennent toujours les contradictions de l'anarchiste qui bute sur le 
						concept de droit. 
						  
						  
						  
						                   
						 14h30 
						-17h30  
						 
  
						  
						
						        
						Présidence  <  Isabelle 
						BLONDIAUX 
						 
                     
						4ième communication : 
  
						                        
						Philippe ROUSSIN : 
						    
						Que signifie rééditer les pamphlets antisémites de 
						Céline en 2018 ? 
						  
						  
						 
        
						 Céline 
						est aujourd'hui dans l'actualité. Cette actualité, 
						contrairement aux années 1980 lors des éditions des 
						romans dans la Pléiade chez Gallimard, n'est plus 
						d'ordre littéraire. Elle est d'ordre politique, et non 
						pas seulement patrimoniale ou mémorielle comme on 
						l'entend dire. Elle résonne avec le retour des démons 
						xénophobes et de l'antisémitisme en France et en Europe. 
						C'est bien dans ce contexte que la question de la 
						réédition des trois pamphlets antisémites de Céline 
						intervient. 
  Même si sa position paraît intenable ? Il est important pour ce chercheur 
						au CNRS de faire entendre une voix minoritaire. Pour lui 
						on doit considérer trois points importants : 1/ La 
						nature des textes. 2/ Le contexte : des textes qui 
						interviennent dans une certaine actualité. 3/ Le droit : 
						on est dans l'ordre de la rhétorique, de la politique, 
						de l'idéologie. L'antisémitisme n'est pas une opinion, 
						c'est un délit. 
 - D'autant plus délicat que son écriture est savante et riche, donc 
						influente. 
 - Machine de description. Qu'est-ce qui fait que des textes de bas étages, 
						parce qu'ils sont produits par un écrivain qui possède 
						ce statut, peuvent faire autant de prise, de succès ? 
 - Le rire, élément de séduction. 
 - Le prestige de la maison Gallimard compte. Le contexte politique n'est 
						pas favorable à une telle réédition. Le retour des 
						démons antisémites existe dans nos sociétés. 
 - La liberté d'expression individuelle existe, mais elle est limitée par 
						la discrimination, la haine raciale etc... 
 - Même si la censure demeure un risque, l'interdiction peut être une 
						protection contre l'ordre public.    
						  
						  
						  
						  
						              
						 5ième communication : 
  
						                 
						François-Xavier LAVENNE : 
						 
    Les pamphlets de Céline, l'actualité vue par le prisme des 
						mythes. 
						  
						 
						 Les pamphlets de Céline sont des textes 
						centrés sur le présent et habités par le désir d'agir 
						sur lui. Ces livres saturés par l'actualité font 
						cependant appel aux mythes pour enraciner la vision 
						politique défendue par le polémiste dans un imaginaire 
						partagé, afin de lui donner un écho plus profond dans 
						l'esprit du lecteur dans l'espoir d'emporter son 
						adhésion. Ainsi Céline appuie-t-il sa lecture de la 
						situation contemporaine de la France sur le mythe des 
						Quatre Ages pour imposer son obsession de la 
						 décadence. 
						Cette communication étudiera la manière dont les 
						pamphlets déploient une réécriture de l'Histoire centrée 
						sur quatre fractures qui ont écarté les " indigènes " de 
						plus en plus de l'Age d'or des origines pour les mener 
						au bord de l'Apocalypse. 
 La réécriture de l'Histoire sur le canevas du mythe des Quatre Ages entre 
						alors en résonnance avec l'imaginaire du Grand Complot 
						omniprésent dans la littérature antisémite. Le 
						pamphlétaire se préoccupe toutefois peu de la 
						crédibilité de son discours historique. Celui-ci, pour 
						les périodes les plus éloignées, est une reconstruction 
						assumée et teintée d'ironie dont le but est de proposer 
						une mise en récit subordonnée aux besoins de la 
						polémique. 
  Peu importe en somme que l'Age d'or ait réellement existé, seul importe 
						qu'il ait été perdu pour prouver le déclin et l'urgence 
						de mettre en œuvre un 
						programme d'action qui permette de le faire revenir : la 
						" révolte des indigènes ". 
						 
 - Le mythe des Quatre Ages. Les Grecs, puis les Romains partageaient l'âge 
						de l'humanité en plusieurs périodes. Ovide en donnera 
						quatre : l'âge d'or, l'âge d'argent, l'âge d'airain et 
						l'âge de fer (décadence de l'humanité). 
 - Les indigènes sont dégénérés. Ils n'ont pas compris. Ces indigènes sont 
						responsables de leur situation, de leur effondrement. 
 - Le Juif est le diable. Il dirige tout, maitrise tout. La Kabbale, le 
						Talmud, les marqueurs de la décadence. 
 - Rappel de l'histoire : Charlemagne, sabotage de l'Allemagne. Les aryens 
						ont vendu leur âme. Le péché a fait perdre les aryens. 
 - Tout est ramené au complot juif et aux indigènes responsables de leur 
						situation. 
 - La haine de la démocratie. 1793 est une date majeure pour infléchir le 
						destin des Français. 14-18, une nouvelle fracture, puis 
						la mort des Romanov finit d'achever l'âme. Le complot 
						est en train irrémédiablement de faire son
						œuvre. 1900, l'Exposition 
						Universelle représente encore la domination juive. 
 - Céline veut racheter l'âme, dans Les Beaux draps il prône la 
						résurrection de la France, l'extinction de la décadence. 
						Il veut inverser les prophètes et devenir lui-même un 
						prophète. Il propose, il exhorte les indigènes, il 
						redevient un médecin, un chirurgien. 
  Il veut prévenir, protéger, augmenter la capacité de résistance des 
						aryens aux conséquences du complot juif. La race doit 
						être sauvegardée et la révolte des indigènes doit 
						intervenir. 
						  
						  
						  
						                  
						 6ième communication : 
						 
                          
						Johanne BENARD : 
						      
						Le dialogue dans le pamphlet : subterfuge, piège ou 
						maladresse ? 
						  
						  
						Un feuillet recto-verso est distribué aux participants. 
						Y figurent 32 annotations de dialogues, en deux, trois 
						lignes tirées de Bagatelles pour un massacre du 
						volume Ecrits polémiques, Editions Huit, 2012. 
  J'aimerais, dans cette communication, porter mon attention sur une 
						modalité énonciative qui semble mineure dans le 
						pamphlet, le dialogue, en voyant comment elle apparaît 
						dans les passages les plus violents et les plus 
						univoquement antisémite de Bagatelles pour un 
						massacre.  
  En comparant les dialogues du pamphlet à ceux du roman, je m'intéresserai 
						aux moments de Bagatelles pour un massacre où le 
						pamphlétaire convoque des interlocuteurs fictifs (Gustin, 
						Gutman ou Popaul) et invente des dialogues, qui, de 
						prime abord apparaissent comme de vaines tentatives de 
						dynamiser un discours univocal et qui présentent de 
						réels défis aux lecteurs, perdus dans les incohérences 
						de la répartition des répliques. 
  On retrouve dans les nombreux textes où Céline prend Gutman, Popaul ou 
						Gustin à témoin des messages que l'écrivain distille 
						tout au long de ses pamphlets : 
						 - 
						" Le poème inouï, chaud et fragile comme une jambe de 
						danseuse en mouvant équilibre est en ligne, Gutman mon 
						ami, aux écoutes du plus grand secret, c'est Dieu ! "  
						(p. 20). 
 - " Ils ont dit tout ça les critiques ? Je n'avais pas tout lu, je ne 
						reçois pas L'Argus. Ah ! Mais dis donc ils se 
						régalent ! Ils sont pas Juifs ? Qui c'est tes critiques 
						?... " (p. 22). 
 - " Tu te vantes comme un Juif, Ferdinand !... Mais attention ! Pas 
						d'ordures ! Tous les prétextes seront valables pour 
						t'éliminer ! Ta presse est détestable... tu es vénal... 
						perfide, faux, puant, retors, vulgaire, sourd et 
						médisant... Maintenant antisémite c'est complet ! C'est 
						le comble !... " (p. 24). 
 - " Bien sûr, ce livre va se vendre... La critique va se l'arracher... 
						J'ai fait les questions, les réponses... Alors ?... Je 
						crois bien que j'ai tout prévu... Elle pourra chier tant 
						qu'elle voudra, la Critique... Je l'ai conchiée bien 
						plus d'avance ! Ah ! je l'emmerde, c'est le cas de le 
						dire ! C'est la façon ! J'aurai forcément le dernier mot 
						! en long comme en profondeur... c'est la seule manière. 
						J'ai pris toutes mes précautions. Mais la critique c'est 
						pas grave, c'est bien accessoire... Ce qui compte c'est 
						le lecteur ! C'est lui qu'il faut considérer... séduire. 
						" (p. 296). 
						  
						Johanne BENARD terminant : Je refuserai d'y voir 
						simplement la négligence de l'écrivain et le résultat de 
						l'urgence du discours pamphlétaire (écrit à la hâte) 
						pour explorer différentes avenues interprétatives qui 
						pourraient offrir à la critique un point d'entrée dans 
						une œuvre polémique que le 
						racisme risque toujours de rendre imperméable à toute 
						analyse littéraire. 
						  
						  
						  
						  
						                     
						JEUDI 5 juillet 
						2018 
						
						                       
						9h30 - 12h30 
						  
						  
						
						              
						Présidence  <  Emile 
						BRAMI 
						 
                          
						7ième communication : 
						                            
						 
                            
						  Anne BAUDARD 
						    
						Céline - Coluche : les pièges de la politique. 
						  
						   
						Je souhaiterais, dans un portrait croisé de l'écrivain 
						des grandes guerres du XXe siècle et de l'humoriste à la 
						fameuse salopette qui défraya la chronique dans la 
						France 
						 des années 70-80, montrer qu'en racontant, dans 
						leurs histoires, leur propre histoire en la reliant 
						toujours à l'Histoire, ils ont pu tous deux, en grands 
						moralistes, dénoncer magistralement les travers de leur 
						époque.  
  Leur génie de la langue, leur choix du registre populaire, propre à 
						rendre la force comique et l'élan vital de leurs vérités 
						crues, leur permettaient toutes les libertés. Mais leur 
						tempérament extrême les poussant à aller toujours plus 
						loin, à repousser toujours les limites du dicible, ils 
						ont finalement choisi de guerroyer frontalement dans une 
						arène dangereuse, celle de la Politique, où tout ne peut 
						pas se dire, où il faut de la diplomatie, ce dont ils 
						étaient tous deux totalement dépourvus : ils s'y 
						perdront. 
						 - 
						Coluche était aussi un poète. Des êtres doubles. Le pire 
						comme le meilleur. L'un de gauche, l'autre anarchiste de 
						droite. 
 - Candidat bouffon en 1981. 
 - Talent : deux génies de la parole. Un sens aigu de la formule. Sachant 
						manier l'ironie avec insolence. Utilisant le second 
						degré pour dénoncer le mal, en exploitant la charge 
						émotive. 
 - Tempérament extrême. Se sert de valeurs retournées. Mode carnaval, fou 
						du roi, dans le monde de la mascarade. Valet de comédie. 
						Titi parisien pouvant se moquer de tout. 
 - Engagements politiques : sont aller trop loin. Emportés par leur génie 
						verbal. Ils savaient parler mais pas se taire.  
 En s'engageant dans l'arène politique, ils sont allés trop loin, eux qui 
						détestaient les politiques, ils se sont piégés 
						eux-mêmes. Que dire aujourd'hui d'un Donald Trump ou 
						d'un Beppe Grillo ? 
						 
						 
  
						  
						  
						                   
						 8ième communication : 
						 
                               
						Claude HAENGGLI 
						 
     Céline aveugle. La critique communiste du manque 
						d'engagement politique de Céline à la lumière de la 
						préface de l'édition russe de Voyage au bout de la 
						nuit. 
						  
						  
						Les soviétiques ne s'y sont pas trompés. Ils ont dès le 
						début considéré le Voyage au bout de la nuit 
						comme un livre politique, qui les a profondément déçus 
						lorsqu'ils ont pu le lire en russe, lorsqu'Elsa Triolet 
						et Louis Aragon en eurent organisé la traduction. Cette 
						édition est précédée d'une préface signée par le 
						critique Ivan Assimov, qui tenait la rubrique de 
						littérature française et anglaise dans Novy Mir 
						et Octobre. Elle est significative à cet égard et 
						je me propose donc de l'analyser.  
 En la lisant, ainsi qu'elle a paru dans le Cahier de l'Herne II, on se 
						rend compte que les communistes attendaient de Céline 
						qu'il s'engage politiquement. Il ne leur suffisait pas 
						que son livre soit considéré comme " de gauche " par la 
						critique française. Tant qu'il ne s'engageait pas 
						ouvertement à côté d'eux, les Soviétiques le 
						considéraient comme un aveugle. Il ne suffisait pas 
						qu'il haïsse le monde bourgeois, il aurait fallu qu'il 
						lutte pour un avenir meilleur, celui du communisme 
						universel. S'il ne le faisait pas, il restait hautement 
						suspect.  
 Céline s'est bien rendu compte de ce que les communistes attendaient de 
						lui. Dans sa préface à la réédition de Voyage au bout 
						de la nuit par Gallimard, il écrira plus tard : 
						Vous me direz : mais c'est pas le " Voyage " ! Vos 
						crimes-là que vous en crevez, c'est rien à faire ! c'est 
						votre malédiction vous-même votre " Bagatelles " ! vos 
						ignominies pataquès ! votre scélératesse imageuse, 
						bouffonneuse ! La justice vous arquinque ? garrotte ? Eh 
						foutre, que plaignez ? Zigoto ! Ah mille grâces ! mille 
						grâces ! Je m'enfure ! furie ! pantèle ! bomine ! 
						Tartufes ! Salsifis ! Vous n'errerez pas ! C'est pour le 
						" Voyage " qu'on me cherche " ! Sous la hache, je 
						l'hurle ! c'est le compte entre moi et " Eux " ! au tout 
						profond... pas racontable... On est en pétard de 
						Mystique ! Quelle histoire ! 
 Voyons en quoi consistait cette critique en détail. 
						 - 
						La préface du Voyage toujours reprise à chaque 
						réédition est capitale. " Le compte entre moi et Eux 
						!... " Voilà la phrase importante. EUX, ce ne peut 
						être les Juifs puisqu'il n'y a rien, en 1932, dans le 
						Voyage, aucun antisémitisme. 
 - C'est donc bien la gauche, la révolution socialiste ! Trotski ne s'y 
						trompe pas. Et encore moins Ivan Assimov. Ils attaquent 
						Céline qui est simplement pour eux, un reflet de la 
						bourgeoisie capitaliste. Ils ne trouvent dans ses écrits 
						aucun espoir de social. Céline est un produit 
						réactionnaire. 
 - Céline aura besoin de se justifier. Il le fait déjà dans le discours de 
						Medan puis dans Mea culpa. 
 - L'expression " Payer ses dettes " vient des chansons à boire de 
						l'époque. 
 En conclusion, l'antisémitisme des pamphlets cache souvent une autre 
						haine, celle que la gauche lui vouait d'abord pour le 
						Voyage. 
						  
						  
						            
						        
						        
						       
						      
						  
						  
						                                                                          
						 Discussions en cours tout au 
						long des moments de pause... 
						  
						                       
						         
						        
						             
						  
						  
						  
						     
						Pause. 
						  
						  
						                        
						9ième communication : 
						  
                          
						Régis TETTAMANZI 
						          
						Génétique et politique dans le manuscrit de 
						Voyage au bout de la nuit. 
						  
						 Cette 
						communication s'inscrit dans un travail en cours sur le 
						manuscrit du premier roman de Céline, à partir de la 
						transcription réalisée récemment par mes soins 
						(Louis- Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 
						" seul manuscrit ", Québec, Editions Huit, 2016). Dans 
						l'étude des " motifs idéologiques " au sens large du 
						terme, il s'agit de sélectionner ici ceux qui 
						ressortissent au politique, en commençant par le 
						commencement, si l'on veut, c'est-à-dire par la 
						politique. 
 On proposera donc un parcours, nécessairement un peu rapide, dans les 
						transformations opérées entre le manuscrit initial et la 
						version imprimée. Un premier point consistera dans le 
						repérage de certains noms propres désignant ou connotant 
						des réalités politiques ; une seconde partie s'attachera 
						à l'étude des concepts politiques les plus " marqués " 
						comme anarchisme ou communisme - leur absence, leur 
						présence, leur transformation ; enfin, on tentera 
						d'ouvrir, à partir de là, sur des aspects plus " 
						sociétaux ", impliqués par le politique, comme l'image 
						du patron, celle des structures économiques, ou les 
						rapports entre riches et pauvres.  
 L'objectif est de se demander si l'on peut définir des constances, ou tout 
						au moins des récurrences dans les modifications 
						génétiques. 
						 - 
						Les mots : travail de vérification et de comparaison 
						entre ceux du manuscrit et ceux de la chose imprimée. 
 - Différence des mots politiques dans les deux, manuscrit et roman. Il 
						gomme Faidherbe pour le remplacer par Poincaré. Il 
						remplace Tardieu par Laval à la fin du roman. Décision 
						de cocardier. Que recherche-t-il ? 
 - Notions politiques : on ne trouve jamais le mot socialisme dans 
						l'imprimé ; anarchisme, plus de trois fois ; américain ; 
						commerçant ; les riches et les pauvres ; banlieue ; 
						patrons. 
 Soit il accentue, soit il diminue ses attaques pour jouer sur les effets. 
						Marquer davantage ou affaiblir les termes. Pas toujours 
						d'ailleurs pour accentuer le politique, mais pour 
						adoucir dans l'esthétisme. Le manuscrit est beaucoup 
						plus ramassé. L'imprimé, lui, plus explicatif, plus 
						développé. 
  
						 
						 
						  
						  
						   
						                 
						14h30  -  17h30 
						  
						  
						  
						
						            
						Présidence  <  Johanne 
						BENARD 
						 
						                        
						10ième communication : 
						 
						 
                              
						David FONTAINE 
						      
						Céline, homme politique ? Le prophète de la 
						contradiction. 
						  
						 "
						L'Article n'est point mon fort. La politique non 
						plus, d'ailleurs. Il y faut un tour que je ne possède 
						pas. " " Acte de foi ", publié dans La Gerbe, 13 
						février 1941.  
 Céline ne s'est jamais départi d'un programme politique radical qu'il a 
						exprimé directement dans ses pamphlets comme dans ses 
						textes divers publiés dans la presse de la  
						Collaboration, mais aussi en basse continue, camouflé 
						sous les atours de la fiction drolatique, dans ses 
						romans d'après-guerre. 
  En 1941, publiant son troisième pamphlet, Les Beaux draps, il 
						adopte la posture du prophète qui a raison trop tôt. Et 
						il conjure les Français attentistes à choisir leur camp 
						une fois pour toutes. Il prône : 
 - L'antisémitisme racial comme question préalable. Il propose, somme les " 
						rapprochistes " (collaborateurs) de faire l'union sur la 
						question " antijuive ", prologue à un " parti unique " 
						et de se prononcer clairement pour un " acte de foi " 
						raciste.  
 - L'action comme mot d'ordre expéditif. L'action, radicale, contre le 
						verbiage et la dialectique, au terme d'un discours 
						paradoxal qui prône une révolution sanglante qui ne peut 
						dès lors que tourner court. 
 - Le " communisme d'âme ". Il propose au lieu et place de mots d'ordre 
						négatifs " anti ", un programme " communisme Labiche ", 
						" L'Egalitarisme ou la mort ! ", avec " ablation du 
						capital individuel ", et " salaire national " unique , 
						afin de guérir le corps malade national rongé par le 
						cancer matérialiste de l'argent. 
 Toujours plus avant dans son obsession, il voit le Juif, par essence 
						solidaire, à l'œuvre dans le 
						ferment de la désunion du camp collaborationniste. Il se 
						réfère alors à une vision tragique de l' " Histoire 
						Vercingétorix ", où le Gaulois, le Français, est 
						toujours déjà battu par l'envahisseur de l'intérieur. 
   
   C'est donc un communisme qui ne vise pas à construire l'Homme 
						nouveau, mais à régénérer l'homme ancien, voire à 
						retourner à l'enfance (fantasmée) de l'humanité.  
 Anti-programme. Quand Céline en appelle au dépassement du politique par la 
						" mystique ", ce n'est pas pour s'élever à une 
						spiritualité désincarnée, mais pour reconduire à la 
						vérité ultime enracinée dans le corps selon lui : le " 
						rythme émotif " du sang, la pulsion créative qui définit 
						" le lyrisme aryen " originaire. 
						  
						  
						  
						  
						                     
						11ième communication : 
						  
                    
						Sven THORSTEN KILIAN  
						                  
						Céline non-politique. 
						  
						 
        
						 
						Quand on lit le chroniqueur de la Belle Epoque 
						(dans Mort à crédit), de la Première Guerre 
						Mondiale (dans Voyage), de l'Occupation et de l'Après-Guerre 
						(dans Guignol's band) et aussi et surtout 
						l'antisémitisme, on peut penser qu'il existe un Céline 
						politique. Mais le " cas " Céline n'est pas un exercice 
						de style de la critique et des études littéraires, mais 
						une préoccupation de l'opinion publique qui semble 
						toucher de très près le politique. 
 - Céline n'est pas du tout un penseur politique. Pas de projet, de 
						réflexion un peu soutenue. 
 - Les " idées " des pamphlets sont ou de caractère fantasmatique ou 
						invalidées par l'invective. 
 - Pas de propositions efficaces, raisonnables, mais des invectives. Anti 
						rationnel, une stratégie toute littéraire.. 
 - Le " cas " Céline : la préoccupation de l'opinion publique. 
 - Le racisme biologique serait a politique...  
 - L'alarmisme avec des retours sur la violence fait sortir du champ 
						politique. 
 Références du communiquant au philosophe Aristote. C'est parce qu'il n'est 
						pas considéré comme un homme politique qu'il est lu. 
						  
						  
						 
  
						  
						                
						12ième communication : 
						 
                       
						Isabelle BLONDIAUX 
						     
						 Céline et le politique. Contribution à 
						l'analyse de la paratopie célinienne. 
						  
						 
						J'ai proposé de nommer " paratopie " le façonnage paradoxal de l'identité énonciative de 
						l'artiste. Autrement dit, produit de l'œuvre 
						déterminant l'œuvre à 
						produire autan t que l'identité énonciative de l'artiste, 
						la construction de la paratopie, jamais figée, demeure 
						un travail " in progress ". 
  Au delà d'une approche poétique, la référence platonicienne permet de 
						mieux appréhender l'apparente nécessité interne du 
						rapport polémique de l'artiste au politique. Incarnée 
						par la figure historique de Socrate, elle désigne comme pharmakeus, maître légitime du pharmakon, celui qui, 
						acceptant d'assumer en sa personne les effets de 
						retournement du discours, se métamorphose en figure 
						emblématique du pharmakos, devient bouc émissaire 
						(Derrida 1972). 
 Mais dimension pharmaco -logique de l'écriture oblige, le retournement 
						chez Céline n'est jamais une fois pour toutes. Aussi, 
						loin d'être réductible à une sorte de figure de saint 
						(il n'y a pas de place pour Dieu dans la " mystique " 
						célinienne mais plutôt pour une sorte de poïesis 
						dyonisiaque, qui récuserait le vin pour privilégier le 
						délire, la folie, la musique et la danse), la figure du 
						bouc émissaire célinien (Flambard-Weisbart 2017) ne 
						cessera de se dévoiler comme la face réversible du 
						persécuteur antisémite, chacune de ces figures 
						constituant la vérité intime de l'autre. 
						 - 
						Structure complexe du premier roman. M.C. Bellosta, Yves 
						Pagès sont repris. " Communisme d'âge ". 
 - Le dialogue n'est pas tant le but de convaincre son interlocuteur, mais 
						de le vaincre. 
 - Le recours au discours politique, à sa façon dialectique lui permet de 
						reprendre l'argument et de rebondir : renversement 
						dialectique. 
 - Longue évocation de l'analyse des Entretiens avec le Professeur Y. 
						Rapprochement. L'écriture tourne vers la mort. C'est une 
						représentation de la force vive du langage oral. 
						Puissance occulte, donc suspecte. 
						  
						  
						  
						  
						 
						                    
						VENDREDI 6 juillet 2018  
						
						                              
						9h30 - 12h30 
						  
						  
						  
						
						                    
						Présidence <  David FONTAINE                               
						 
						                                     
						13ième communication : 
						 
                                          
						Rémi WALLON 
						   
						   Louis Destouches en Afrique : une 
						politique d'emprunt ? 
						  
						  
						Dans les lettres envoyées d'Afrique à son amie Simone 
						Saintu entre mai 1916 et avril 1917, Louis Destouches 
						paraît puiser les idées qu'il expose à son amie dans des lectures nombreuses et éclectiques, puisque, comme le 
						rappelle François Gibault, on le voit citer " Albert 
						Samain, Jules Renard, Voltaire, Socrate, Pascal, le 
						Prince de  
      
						 Ligne, Metchnikoff, Alfred de Musset, Montluc, 
						Talleyrand, Urbain Gohier, Farrère, Oscar Wilde (mais au 
						sujet de ses mœurs 
						uniquement), Baldwin, Maeterlinck, Kipling, pour lequel 
						il éprouvait une grande admiration, Brunetière, Jules 
						Lemaître, Bergson et Faguet ! " 
  Or il se trouve que de très nombreux passages des lettres envoyées 
						sortent tout droit des pages de la revue Le 
						Correspondant : il y pille nombre de réflexions 
						qu'il présente comme siennes. C'est le cas par exemple 
						lorsqu'il discute la notion allemande de Kultur, les 
						idées de l'écrivain antisémite Urbain Gohier ou une 
						formule de Musset sur le goût du peuple pour la liberté. 
						Chaque fois, Louis Destouches reprend mot à mot, des 
						articles parus dans Le Correspondant entre 1913 
						et 1916. 
  Qu'en penser ? Peut-on encore dire comme le faisait Philippe Alméras au sujet de la guerre, 
						qu'il fait preuve d'une " originalité de pensée certaine 
						" ? Les idées qu'il expose, pour être d'emprunt, 
						jouent-t-elles dans sa maturation intellectuelle, 
						littéraire et politique un rôle moins important que 
						celui qu'on lui attribuait jusque-là ? 
						 - 
						Il faut préciser que ses lettres se situent 2 ans après 
						son expérience de la guerre. 
 - Ces lectures lui ont permis de se constituer une culture 
						extraordinairement vaste et riche. 
 - Le Correspondant, qui paraissait tous les quinze jours, était 
						l'équivalent de la Revue des Deux Mondes qui le 
						nourrira plus tard. Destouches ne le mentionne jamais. 
 - Simone Saintu lui envoyait également Le cri du Peuple. 
 - Différences et rapprochements à la fois pour les lettres envoyées à 
						Simone Saintu et celles à ses parents ?... Débat. 
						  
						  
						  
						                         
						14ième communication : 
						 
                         
						Bianca ROMANIUC-BOULARAND 
						     
						Inclusion et exclusion dans Voyage au bout de la 
						nuit et Mort à crédit. 
						  
						  
						 
      
						  
						  
						En français, le pronom " on " a la particularité 
						remarquable de pouvoir représenter par une forme unique, 
						une multitude de référents. Il peut viser de façon 
						générique les humains en général, ou de façon plus 
						spécifique un nombre restreint ou un ensemble délimité 
						de référents, dont l'existence, mais pas toujours 
						l'identité, est assumée. Dans ce cas, il peut inclure la 
						personne du locuteur et correspondre à un " nous " plus 
						ou moins large, ou l'exclure et correspondre à peu près 
						à un " ils ". 
  Dans Voyage au bout de la nuit, Céline joue remarquablement au 
						niveau stylistique de l'utilisation de ce même pronom 
						pour désigner des réalités hétérogènes. Ex: il peut 
						passer d'un " on " générique, incluant l'humanité 
						entière, à un " on " représentant le groupe des " miteux 
						" auquel il appartient. 
  Dans Mort à crédit, un autre pronom est utilisé " ils ", qui 
						désigne les autres, ennemis collectifs, sans signaler 
						pour autant la moindre inclusion du " je ". 
						 - 
						Dans Voyage " je " montre un désir 
						d'appartenance, à l'humanité par rapport à la société. 
 - Dans Mort à crédit, le " je " est seul séparé d'autres groupes 
						d'individus. 
 - Autour de lui, les " je " et les " ils " ouvrent sur des ennemis 
						identifiables et peuvent amener à des conflits. 
						  
						  
						  
						 
      
                                                    
		              
		                
		               
						  
                   
						  
						
						     
						                                                            
						Ceux qui ne sont pas intervenus à la tribune en 
						profitent lors  des pauses... 
						  
						                      
						                   
						                  
						                    
						         
						 
						  
						  
						       
						Pause 
						  
						  
						  
						                                
						15ième communication : 
						 
						                                 
						Pierre-Marie MIROUX 
						          
						Céline, Hommage à Zola : du politique à la politique. 
						  
						 
						Cette communication portera sur l'Hommage à 
						Zola, courte allocution prononcée par Céline, en 
						octobre 1933, à Médan et qui, à ma connaissance du 
						moins, n'a jamais fait l'objet d'une étude détaillée. 
						Invité, suite au succès de scandale de la parution de 
						Voyage au bout de la nuit, à prononcer la 
						traditionnelle allocution de Médan pour 
						l'anniversaire de la mort du grand écrivain, Céline n'y 
						parle pratiquement pas de Zola, sauf pour dire que le 
						peu d'optimisme qu'on pouvait encore tirer du 
						naturalisme est définitivement enterré.  
  En conséquence, reprenant les thèmes de Voyage au bout de la nuit 
						en encore plus noir, il annonce à ses auditeurs qu'un 
						nouveau grand massacre se prépare et qu'on y trouvera 
						peut-être encore pire qu'Hitler et ses " sous-gorilles 
						". 
   
						Quant à l'antisémitisme, il n'en est pas question un 
						seul instant... Voilà donc un texte qui nous interroge 
						non seulement sur son contenu, mais aussi sur 
						l'évolution qui le suivra : que se passera-t-il entre 
						1933 et 1937, date de la publication de Bagatelles 
						pour un massacre, pour que ce pessimisme tourne au 
						pacifisme résolu, accompagné d'un antisémitisme virulent 
						et d'une certaine complaisance pour le régime nazi ? 
						 C'est pour remercier Lucien Descaves que Céline accepta 
						d'aller, selon la tradition, discourir à Medan. 
						Il était, lui aussi, antimilitariste. Il avait écrit " 
						Les Sous-offs ", avec un procès de l'armée à la clef. Il 
						lui avait apporté son soutien au Goncourt, jusqu'à créer 
						même un incident parmi les membres du jury.  
 - Céline, pourtant, déclare ne pas aimer Zola. Il ajoute : " Je ne m'aime 
						pas non plus ", c'est bien difficile... 
 - On constate l'absence totale d'antisémitisme dans cet " Hommage ".  
 La ligne de facture entre les pro-sémites et les antisémites n'était pas 
						si nette qu'aujourd'hui à cette époque. 
 Deux exemples : Emmanuel Berl et André Malraux vont illustrer ce fait. 
						Malraux avait demandé un texte à Céline pour son ami 
						Emmanuel Berl, juif, et directeur de la revue de gauche
						Marianne. Il parut, ce qui semble bien indiquer 
						que l'antisémitisme de Céline ne paraissait pas 
						inquiéter à l'époque. 
 - Plus tard, Emmanuel Berl écrira deux des premiers discours du Maréchal 
						Pétain en juin 1940. 
 - Malraux n'intégra la Résistance que bien plus tard, en 1944. Lui, 
						l'homme de gauche et figure antifasciste.  
 - A l'inverse, on a l'exemple de Daniel Cordier, antisémite, adepte de 
						Charles Maurras qui part à Londres et devient même, en 
						1942, le secrétaire de Jean Moulin. 
 S'il est trop facile de pratiquer le manichéisme aujourd'hui, après tant 
						d'évènements, il reste que les années 1932 et 1933 
						auront bien été deux années de fracture pour 
						Louis-Ferdinand Céline.  
						  
						                       
						                
						                           
						                   
						               
						         
						                                      
						Quatre documents d'époque distribués par Pierre-Marie 
						MIROUX durant son intervention. 
						  
						  
						  
						 
  
						                      
						14h30 -17h30 
						 
  
						  
						 
						         
						  Présidence  <  Sven THORSTEN KILIAN 
						 
						 
                         
						16ième communication : 
  
						                            
						Suzanne LAFONT 
						     
						Une lecture littéraire du politique : le motif de la 
						Vanité dans Voyage au bout de la nuit et Mea 
						culpa. 
						  
						  
						Dans le contexte politique récent, il me semble
						utile de voir comment les littéraires abordent 
						la question du politique dans l'œuvre 
						de Céline avec leurs moyens propres différents de ceux 
						des historiens. 
						  
  Deux exemples : Nizan et Trotski. Le premier part d'une analyse 
						littéraire pour opérer une lecture idéologique : le 
						roman débouche sur une impasse politique. Trotski, part 
						à l'inverse du terrain politique en prenant acte que le 
						roman ne porte pas à la révolte contre une société 
						donnée ; il situe la force révolutionnaire du roman dans 
						son style " anti Poincaré ". 
  Dans cet angle de vue, on peut montrer que le pamphlet anti soviétique 
						Mea culpa est peut-être moins efficace que Voyage 
						au bout de la nuit sur le terrain même où se situe 
						le pamphlet, le terrain politique. 
  Dans le roman, les utopies incorporées au récit en contredisent la 
						logique générale. Le dispositif narratif tient à 
						distance le nihilisme et l'absurdisme attribués au 
						roman. Inversement, Mea culpa, inscrit dans le 
						débat politique du temps, se révèle plutôt un livre 
						moral comportant, en contrepoint des imprécations, des 
						utopies sociales impraticables. 
 Un opérateur de lecture comme le motif de la Vanité, qui relève du 
						registre esthétique et moral, peut nous aider à 
						expliquer ces paradoxes et à mesurer les forces 
						relatives du pamphlet et du roman. 
						 - 
						La Vanité est-elle politique ? Définition et digression. 
						C'est l'Art. 
 - Le comique de la Vanité : le pétillant. Le choix des majuscules. Passer 
						de l'autre côté de la vie, vers la mort. 
 - Mea culpa, entre politique et sermon. L'acte de confession. Son 
						discours s'adresse aux hommes dans une situation 
						politique particulière ; mais il va élargir celui-ci à 
						tous les hommes, à tous les pays.  
 - On relève des signes d'arrogance sardonique... 
						  
						  
						  
						                   
						 17ième communication :  
						 
                                    
						Pascal IFRI 
						      
						  Céline et l'Amérique : de Voyage au 
						bout de la nuit à L'Ecole des cadavres. 
						  
						 
						Céline s'était rendu trois fois aux USA entre 
						1925 et 1937 alors qu'à cet époque un tel voyage était 
						considéré comme une aventure. Il connaissait donc bien 
						ce pays qui occupe une place particulière dans son
						œuvre aussi bien romanesque 
						que polémique. 
 Dans Voyage au bout de la nuit, il en fait une description 
						exceptionnellement crue et réaliste de la vie en 
						Amérique, basée sur sa propre expérience. Alors que de 
						nombreux écrivains continuaient à chanter les charmes du 
						Nouveau Monde trois ans après le krach de Wall Street et 
						en pleine dépression, Céline a montré la face cachée 
						 du 
						rêve américain. Tellement bien qu'on a cru voir en lui 
						un communiste en puissance. 
  L'épisode américain du Voyage constitue le parfait pendant de son 
						pamphlet Mea culpa. Désenchantement devant le 
						vrai visage de la Russie soviétique et les horreurs du 
						communisme stalinien, contre la désillusion devant la 
						froideur et la cruauté d'une civilisation sous l'emprise 
						du grand capitalisme. 
  Quelques années plus tard, dans L'Ecole des cadavres, Céline va 
						donner une image encore plus noire des USA. Si c'est 
						toujours le pays où l'argent, les banques et le gros 
						capitalisme sont rois, ces forces ont désormais un 
						visage, celui du Juif, qui y détient tous les pouvoirs à 
						commencer par la Maison Blanche où réside " Roosevelt-Rosenfeld 
						". 
  Et son combat va se radicaliser puisque l'antimilitariste, le pacifiste 
						est persuadé que les Juifs font tout pour qu'une guerre 
						contre Hitler éclate et que cette guerre soit menée par 
						Européens et notamment par les Français. 
						 - 
						Il connaissait bien par ses divers voyages financés par 
						la Fondation Rockefeller et ses visites chez Ford. 
 - D'abord enthousiaste avec Lola. Manhattan le quartier de l'or. Les 
						femmes infiniment belles, les danseuses. Il est arraché 
						à son rêve par la faim. Se réfugie pour le rêve dans le 
						cinéma.  
 - Il va démystifier la société industrielle et ses bienfaits. Découvre la 
						misère de l'Amérique. Le rêve s'efface en découvrant 
						Detroit et l'usine, le travail à la chaîne. Les Temps 
						Modernes. 
 - Les mêmes épisodes crus et réalistes sont montrés comme dans Mea 
						culpa. Sociétés toutes deux contrôlées par les Juifs 
						qui y possèdent tous les pouvoirs.  
 - Il dénonce la volonté manifeste de déclarer la guerre à Hitler pour se 
						venger, et que ce soit les Français qui dérouillent. 
 S'il s'appuie toutefois sur quelques faits réels : La Guardia le maire de 
						New York et ses rapports avec la mafia, ils sont 
						excessivement exagérés. 
						  
						  
						  
						  
						                   
						     18ième communication : 
						 
                                  
						Bernabé WESLEY 
						      
						" Magaule ", " La Force par la joie " et le " truc 
						d'incarner ". La langue écran du politique dans la 
						trilogie allemande. 
						  
						  
						Une page tirée D'Un château l'autre [Romans, Vol. 
						2, (éd. Henri Godard) Gallimard 1974], est distribuée à 
						la salle. Elle vient illustrer les dires du médecin de 
						Sigmaringen quant au " coup d'incarner " du Maréchal 
						Pétain. " Oh ! que vous incarnez la France monsieur le 
						Maréchal ! "  " Le " coup d'incarner est magique 
						!... "  
  La critique célinienne fait régulièrement le constat d'une 
						disqualification des idéologies dans les écrits 
						d'après-guerre. Dans la trilogie allemande, cette 
						défiance à l'égard des discours prend la forme d'une 
						langue écran composée par des discours qui cherchent à 
						s'approprier le monopole symbolique de l'histoire. 
  Un maelstrom frénétique de sigles et d'acronymes ( " ardentes élite P.P.F., 
						R.N.P. " ) égrène, sous des appellations fantaisistes, 
						des noms de partis ( " néos-Bucard !... néos-Cocos ! " ) 
						et les comités ( " Comité Plauen " ) d'une " élite 
						tourneveste " dont les signes d'accointance et 
						d'appartenance sont fréquemment attaqués dans des séries 
						énumératrices dégradantes ( " chef-loufiat, chef 
						torche-chose " ). 
  A l'image des personnages qui dansent entre les bombes, les vocables 
						idéologiques sont, eux aussi, contraints de danser le 
						rigodon et subissent des torsions, des dérives, des 
						substitutions, des associations sémantiques improbables 
						qui font sauter les catégories politiques usuelles et 
						laissent émerger un sens nouveau là où le discours 
						cherche à circonscrire le dicible. 
						 - 
						Se servir de personnages (ex : Harras), par une attitude 
						ambivalente et ainsi créer une figure réactionnaire 
						d'une situation considérée. 
 - Des discours transversaux pour l'effet idéologique des textes. Certains 
						discours sont des arbitrages, des critiques formulées. 
 - Ambivalence des présentations pour faire passer, à travers des 
						contradictions, des messages précis, prévus. 
 - Faire de l'histoire un élément qui, par la violence du langage, fera une 
						parole qui seule, finira par vaincre les 
						questionnements. 
 - Utilisation d'une langue dans la langue, invention de mots, néologismes, 
						violence de la langue ou des formules de politesse. 
						Constructions de phrases, formules figées qui donnent 
						l'aspect d'avoir toujours raison. 
 - Choix des mots pour leur phonétisme, " fifi ", " libération " en 
						minuscule. " La Frounze aux Français... " 
 - La déroute de 40 c'est le voyage des peuples. Des termes utilisés à 
						contre-sens pour minimiser l'effet et susciter 
						l'adhésion.    
						  
						  
						  
						 
						 
    
						                         
						 SAMEDI 7 
						juillet 2018 
						
						                 
						BIBLIOTHEQUE de l'ARSENAL 
						
						                     
						1 rue Sully, 75004 Paris 
						  
						 
      
            			  
						  
						
						                             
						9h30 - 12h30 
						 
						 L'assemblée 
						réunie pour la dernière journée de ce XXIIe Colloque, 
						François GIBAULT se félicite de l'accueil qui lui est 
						réservé dans un lieu aussi prestigieux. Après l'avoir 
						chaleureusement remercié, il présente le directeur de la 
						Bibliothèque de l'Arsenal, Monsieur Olivier BOSC, qui, 
						après quelques mots de bienvenue, se propose lors de la 
						demi heure de pause, de nous décrire et de nous faire 
						découvrir les joyaux de ce monument historique. 
 Nous nous trouvons dans la salle " Sully ", et la première communication 
						de ce samedi va se dérouler sous la Présidence de Régis 
						TETTAMANZI : 
						  
						 
                              
						19ième communication : 
						 
						                                
						Pierre de BONNEVILLE 
						       
						  A l'agité du bocal : le premier Céline 
						d'après-guerre, un dernier pamphlet. 
						  
						 
						Depuis la rentrée 1945, Sartre n'est plus prof. 
						de philo à Condorcet, il a acquis une autre dimension. 
						Il devient le nouveau chef spirituel de la génération de 
						l'après-guerre qui n'a de cesse de destituer celle 
						d'avant-guerre. Avec la légitimité du philosophe, il a 
						investi peu à peu tous les domaines : cinéma, théâtre, 
						roman, critique, journalisme, politique. 
  En octobre 1945, alors que Céline est réfugié au Danemark, risquant 
						l'extradition et la peine de mort en cette période de 
						règlements de comptes, Sartre écrit dans Les Temps 
						Modernes, la revue qu'il vient de créer et que 
						finance Gallimard, un article intitulé Portrait d'un 
						antisémite, dans lequel il assassine Céline d'une 
						phrase terrible : " 
						 Si Céline a pu soutenir les thèses 
						socialistes des nazis, c'est qu'il était payé ". Une 
						contre-vérité qui peut coûter cher à Céline. 
  
  Rappelons que Brasillach a été fusillé en février de cette même année, 
						Denoël sera assassiné en décembre. Céline est bien en 
						mal de se défendre, il s'est caché au Danemark, mais, 
						débusqué, il est arrêté et emprisonné à Copenhague fin 
						décembre de cette année-là. Il ne découvrira la 
						calomnie de Sartre que deux ans plus tard et écrira 
						alors, spontanément, une cinglante et ironique réponse, 
						qu'il enverra à Jean Paulhan pour qu'il la publie. Ce 
						que Jean Paulhan ne fera pas.  
   
 Finalement, ce fameux texte, A l'agité du bocal, dans lequel il 
						métamorphose Sartre en ténia, Céline le confiera à 
						Albert Paraz, qui le publiera en appendice, en novembre 
						1948, dans son livre Le Gala des vaches. Un 
						nouveau monde est né. Sartre se révèlera l'icône de 
						cette nouvelle époque tandis que Céline reviendra 
						modestement en France, en 1951, amnistié, pour passer 
						les dix dernières années de sa vie avec une seule 
						obsession : compléter son œuvre 
						de six nouveaux ouvrages. 
						 - 
						Abécédaire : A : A l'agité du bocal. C'est le 
						premier écrit d'après-guerre de Céline. Sartre est 
						partout (l'agité). Donne des conférences partout. Crée
						Les Temps Modernes. Il régente la littérature 
						française. C'est dans le n° 3 des Temps Modernes 
						qu'il a écrit son accusation. En pleine épuration, c'est 
						une véritable déclaration à mort. 
 C : cobra, il lui donne une leçon d'esthétisme. 
 D : délire, mais il faut délirer juste. 
 E : éducation, pour lui qui a été un fonctionnaire toute sa vie. E : 
						émotion, la critique ultime du talent. 
 F : flûte, il faut savoir en jouer. 
 G : génie de la flûte. 
 I : imposteur, il a délivré Paris à bicyclette. 
 J : J.B.S. 
 L : leitmotiv, J.B.S. 14 fois dans le texte. 
 M : mépris, musique, écriture avec l'oreille. 
 P : Peter Brook, poésie. 
 V : Villon, art de Villon, de Shakespeare. 
						  
						  
						  
						  
						                             
						20ième communication : 
						 
						 
                                          
						Sylvain MARTIN 
						 
      Du politique au poétique, à propos des 
						Entretiens avec le Professeur Y.  
						  
						  
						Al !... alors !... Al !... allons-y ! monsieur !... mais 
						pas de politique surtout !... pas de politique !... - 
						Ayez pas peur !... oh, aucune crainte ! la politique 
						c'est la colère ! ... et la colère, professeur Y, est un 
						péché capital ! oubliez pas ! celui qu'est en colère 
						déconne ! 
						 A partir de cet extrait, situé dans les 
						premières pages des Entretiens avec le professeur Y, 
						nous tâcherons de déterminer le positionnement de Céline 
						vis-à-vis de la question du politique suite à son retour 
						d'exil. Derrière le mot " politique ", apparaissant dans 
						notre extrait, se cache notamment une allusion aux 
						prises de position de Céline avant et après la guerre, 
						via la rédaction des trois pamphlets.  
 Paradoxalement, si Céline tâchera de ne plus revenir sur la question juive 
						dans la décennie qui suivra, se positionnant comme 
						l'homme du style face aux idées, opposant 
						systématiquement le poétique au politique, il n'aura de 
						cesse de développer de " formidââââbles idéââs ", 
						celles-là même qu'il dénigre dans les Entretiens avec 
						le professeur Y, et d'envoyer à chaque interviews et 
						interventions de multiples " messâââges ", multipliant 
						ainsi les prises de position. 
						 - 
						Devant l'insuccès de Féerie, poussé par 
						Gallimard, Céline décide de se défendre. 
 - Réséda : une couleur, mais aussi une plante qui calme les nerfs. 
 - Le professeur Y, le colonel Réséda c'est le lecteur. 
 - Maladie de ne pas parler de politique. Portrait affreux de Mauriac et de 
						Claudel en mante religieuse. 
 - Le portrait des girouettes portées par les foules. 
 - " On les aura !... on les aura !... "  " Les Mouches joué 
						par Sartre sous la botte. 
 - Le " Chella " est évoqué, habilement utilisé pour l'image du naufrage. 
						  
						 
						    Pause 
						  
						         
						     
						      
						   
      
                  
						                                                        
						  Le directeur Mr. Olivier BOSC nous fait 
						découvrir et admirer les salons. 
						  
						 
						 Le directeur de la Bibliothèque de l'Arsenal 
						revient et propose aux participants de le suivre pour 
						une visite guidée.  
  
 " L'arsenal, fut d'abord un couvent, celui des Célestins, puis il est 
						devenu une place militaire fonderie de canons qui fit 
						place ensuite à une zone de plaisance entre la Seine et 
						la Bastille. Construit en 1512 pour entreposer des 
						poudres, l'Arsenal deviendra l'hôtel prestigieux du 
						grand maître de l'artillerie. En 1788, il sera détruit 
						après la démolition de la Bastille pour le creusement du 
						bassin de l'Arsenal, relié au canal Saint-Martin, puis 
						deviendra en 1983 un port de plaisance.  
  C'est Louis XII qui décida en 1512 la construction du bâtiment. L'Arsenal 
						se modernise sous Henri II mais connaît son grand éclat 
						au moment où le duc de Sully, ministre d'Henri IV, nommé 
						grand maître de l'Artillerie s'y installe en 1599.
						 
						  
						De grands noms : Charles Nodier, le bibliothécaire au 
						XIXe siècle avec le Cénacle ; José-Maria de Heredia qui 
						l'orienta vers la littérature et le théâtre ; Paul 
						Cattin ; en 1925 elle accueille la riche collection 
						Rondel dédiée aux arts de la scène et du cinéma. En 1977 
						elle devient un département de la Bibliothèque 
						nationale. Bibliothèque nationale de France depuis 1994. 
						 
  Aujourd'hui l'Arsenal possède plus d'un million de documents, 15 000 
						manuscrits, 100 000 estampes. Elle pratique une 
						politique d'acquisitions qui concerne essentiellement la 
						littérature française du XVIe au XIXe siècle. Elle a été 
						classée monument historique en 2003. " 
						  
						  
						  
						                         
						 21ième communication : 
						 
						 
                                          
						Anne SEBA 
						         
						Céline à bord du Kong Hamsun avec Knut et les 
						autres... 
						  
						  
						Céline, appartenait-il à la catégorie des soi-disant " 
						Artistes de la Faim ", termes employés par Claude Vigée 
						pour désigner ces écrivains dont la vie créatrice (et
						 personnelle) est définie par un refus du monde ? Cet 
						état d'esprit provient d'un " sens de la culpabilité 
						(qui) hante nos lettres depuis le romantisme. " Qui 
						plus est, cette " obsession du péché s'accompagne d'une 
						soif de renoncement aux choses terrestres, d'un désir de 
						libération des liens humains, entachés de souillures aux 
						yeux sévères du juge intérieur ". 
 Cependant, Céline était hanté par certains péchés, comme l'abandon des 
						êtres qui avaient joué un rôle important dans sa vie. Un 
						tel état d'esprit, voire un tel désir de se débarrasser 
						de la " souillure " d'un péché suite aux maux qu'il 
						avait infligés aux autres - son public ainsi qu'à ses 
						proches - pourraient, mener à un penchant ascétique, 
						comme c'était le cas de " Baudelaire, Lautréamont, 
						Flaubert, Mallarmé, Kafka ou T S Eliot ". 
						 - 
						" Les Artistes de la faim " ? Céline appartenait à 
						ceux-là. 
 - Renoncement aux choses terrestres. Céline avait lu Hamsun, de son vrai 
						nom Pedersen. Céline utilise le prénom de Knut au lieu 
						de Kong. 
 - Le navire sur lequel il embarque représente la liberté. 
 - L'évocation à la fin du Voyage, l'écluse et qu'on n'en parle 
						plus... est évoquée par le bateau ; Hamsun évoque sa 
						souffrance.  
 - Céline reprend son chagrin avec la mort de sa mère : " Elle était 
						innocente ma mère, comme moi. " 
 - Culture mélancolique. Fantasme de l'origine. Mystique chez Céline. 
						  
						  
						  
						  
						Avant le déjeuner, le Président de la S.E.C. propose de 
						terminer l'Assemblée Générale qui avait été déjà 
						partiellement entamée. En effet, le lieu du prochain 
						Colloque qui devrait avoir lieu dans deux ans, a été 
						choisi, ce sera Bruxelles. Et Marc LAUDELOUT est en 
						contact pour un cadre renommé dans la capitale belge. 
						Attendons confirmation... 
  François GIBAULT remercie à nouveau Emile BRAMI, le trésorier, ainsi que 
						la secrétaire Isabelle BLONDIAUX pour leurs activités 
						respectives. Celle-ci indique que le mérite en revient 
						également aux membres actifs du Comité de direction des 
						Etudes céliniennes, et précise les améliorations qui 
						doivent encore être apportées : respect des délais 
						d'envoi des contributions, ajustement sur les mêmes 
						polices, site amélioré par Sven THORSTEN etc... 
  Dans la foulée et en conclusion, le rapport financier et le rapport moral 
						sont adoptés à l'unanimité. 
						  
						  
						  
						                            
						14h30 
						 
						  
						  
						
						         
						 Présidence  <  
						Régis Tettamanzi 
						 
                     
						22ième communication : 
						                        
						Philippe DESTRUEL 
						              
						Casse-tête ou casse-pipe ?... 
						  
						  
						 
        
						 
						Les séquences qui nous restent aujourd'hui de 
						Casse-pipe nous offrent des pages prodigieuses qui 
						sont à ranger aux côtés des grands chefs-d'œuvre 
						de Céline. On s'accorde en général à résumer ce texte 
						ainsi : cette histoire de régiment relate la recherche 
						d'un mot de passe oublié. Pourtant, force est de 
						constater que les critiques qui se sont penchés sur ce 
						texte sont loin d'avoir accordé la priorité à la 
						thématique du souvenir, et à la question de la mémoire. 
  Ces aspects textuels majeurs, selon nous, méritent attention. Nous 
						assistons aux premiers pas d'un jeune soldat dans la vie 
						de garnison, comme tout petit d'homme frappé d'amnésie à 
						la naissance, marqué par le refoulement inconscient, 
						cependant voué à grandir et à agir à l'aide de sa 
						mémoire, pratique, tourné vers l'avenir. 
  C'est donc à la nécessité du souvenir, à sa neuro-anatomie littéraire, 
						que nous voudrions consacrer notre communication tant 
						Céline a su lier le sens de la mémoire (pour reprendre 
						le titre d'un essai bien connu) à l'imaginaire matériel 
						du sujet encaserné. 
						 
 - Le mot de passe. Comment chercher. La seule question que pose Céline : " 
						le pire de tout c'est d'oublier ! " 
 - Tout le manège, toutes les interrogations pour tenter de retrouver la 
						mémoire, le mot. 
 - Chacun faisant retomber sur le subalterne la faute et l'importance de 
						l'oubli.  
 - Les péripéties à tiroir pour matérialiser cette mémoire. Le rire 
						communicatif. 
						  
						  
						  
						  
						Ce XXIIe Colloque touche à sa fin. En effet, les 
						vingt-deux interventions sont maintenant terminées. Pour 
						clôturer cette dernière journée, le Président François 
						GIBAULT propose à l'assemblée de visionner un film de 
						Delphine de BLIC réalisé en 2016, sur deux grands écrans 
						d'ordinateur. Ce film s'intitule " Le caillou dans la 
						chaussure. "  
 Le compositeur de musique Bernard CAVANNA et Delphine de BLIC, sont 
						présents dans la salle. Ils vont à tour de rôle évoquer 
						les conditions d'une telle réalisation et dialoguer avec 
						les participants. 
  
   Bernard CAVANNA, compositeur aux multiples facettes, autodidacte 
						provocateur s'est servi du pamphlet de Céline, dont 
						vient de nous entretenir Pierre de BONNEVILLE ce matin, 
						" A l'agité du bocal ", pour en faire, nous dit-il, 
						" un 
						oratorio ". 
						  
						  
						 
      
                                                   
						                             
                                        
						    
						                                      
						 
                                                          
						Bernard CAVANNA et Delphine de BLIC 
						présentent " Le caillou dans la chaussure " 
						  
						 
      
                                                                            
						                                                                            
						
		  
						 
        
						  
						  
						La réalisatrice explique : " Cette pièce de musique est 
						audacieuse et sale. Les mots y sont jetés, crachés, 
						vomis. Des insultes à Sartre. Des insultes à Céline. Des 
						insultes à Cavanna. Au-delà du bruit, reste la beauté de 
						la musique. Celle que Cavanna nous assène à coups 
						d'orgue de barbarie, de cymbalum et de cornemuses, et à 
						coup de ténors qui gueulent et éructent. " (Delphine 
						de Blic, 2016). 
						 Bernard 
						CAVANNA, lui, nous explique que c'est un texte qui 
						projette Céline par la musique. Tous les rythmes, toutes 
						les musiques sont présents. Ce concert a été donné 
						plusieurs fois, composé de " 3 ténors dépareillés " et 
						18 musiciens en tout, et qu'il a donné lieu à beaucoup 
						de polémiques lors des dernières représentations. 
  Méditation sur notre état d'être humain : " L'homme trônant sur ses 10 
						000 ans de civilisation agissant en réflexe de 
						paramécie. "   
						 Pas 
						de polémiques, pas d'insultes, mais les commentaires 
						dans la salle sont allés bon train, notamment quand le 
						compositeur, tout à la fin de son exposé, lyrique, 
						déclare qu'il aurait bien envisagé une fin différente ; 
						avec par exemple, un " défilé des troupes allemandes de 
						la wehrmacht ou des images d'Oradour "... 
						
						 
    
  
						 
  
						  
						   
						  
						                                                                                             
						 ************ 
						  
						  
						  
						  
						  
						                                                                                               
						   
						  XXIème Colloque 
						International 
						
						
						                                                                                     Louis-Ferdinand CELINE 
						
						                                                                            VARSOVIE  30 juin, 1er et 2 juillet 2016 
						 
						  
						  
						  
						  
						
						    
						Le thème choisi pour cette année :
						" CELINE, masculin féminin ". 
						Ce XXIème colloque se déroule dans les locaux de 
						l'Institut Culturel Français de la capitale polonaise aimablement prêtés, pour l'occasion, par Mr 
						Stanislas PIERRET, son sympathique 
						directeur.  
						
						 Situé dans le cœur 
						de Varsovie, à une dizaine de minutes, tout près des 
						grands hôtels il offre sur deux étages de très nombreux 
						livres, revues et disques à une population avide 
						d'ouverture sur le monde français des arts, de la 
						littérature ou de la musique.  
						
						 C'est justement, au 
						premier étage, dans la grande salle de la " Médiathèque 
						" que Maître GIBAULT, le président de la Société des 
						Etudes Céliniennes, après avoir accueilli 
						chaleureusement la trentaine de participants, déclare 
						ouvert ce XXIème Colloque International. 
						
						  Dans ses paroles de 
						bienvenue, Mr Stanislas PIERRET évoque avec passion le 
						rôle essentiel de l'Institut Français, sa mission et le 
						lien important qu'il assure entre chercheurs notamment 
						sur la littérature. 
						
						  
						
						  
						
						                         
						                           
      
						                             
      					  
						
						  
						
						  
						
      
                                                                              
						                                                          
						  
						
						              
						                                                                        
						Salle Médiathèque                                                                                        
						Mrs PIERRET et GIBAULT 
						
						
						                                                   
						
						
						                                                                                         
						 
						
						    
						 
       Jeudi 30 juin 2016 ,  9h30 : 
						 
  
						
						  
						La première intervention peut maintenant inaugurer ce 
						XXIème colloque polonais... 
  
  
						
						       
						Présidence François GIBAULT 
  
						
						           
						1ère communication : 
						
						  
						
						      Anne BAUDART 
						: CELINE le masculin et le féminin. 
						
						  
						
						  C'est 
						dans Semmelweis, la thèse de médecine de L-F 
						Céline et dans Les derniers jours de Semmelweis, 
						où il revient sur l'histoire du médecin hongrois qui 
						découvrit avant Pasteur la cause de l'infection dans la 
						fièvre puerpérale, que j'ai cherché à comprendre 
						l'ambiguïté de l'écriture d'un écrivain au pseudonyme 
						étrangement féminin : 
						 Céline. 
  Le choix de ce prénom, ne s'explique pas seulement par son attachement à 
						sa grand-mère ou à sa mère ! A Rome un citoyen avait 
						trois noms, le surnom désignait le trait de caractère... 
						Cette part de féminin révèle ce qui est sa manière 
						d'écrire, sa magie, son enthousiasme poétique. 
  Quand il commence son Voyage, il a déjà perdu, après la traversée 
						de 14, toute confiance dans les valeurs attribuées à la 
						guerre, à la virilité, au pouvoir. C'est dans l'histoire 
						de la vie de Semmelweis qu'il va trouver la vérité, son 
						échec dû à sa trop grande sensibilité pour faire aboutir 
						le résultat de ses recherches. Il refuse de reconnaître 
						cette injustice et la folie destructrice des mâles 
						auquel il oppose la douce patience et l'intelligence des 
						femmes. 
						
						   Mais il 
						constate que Semmelweis n'a pas eu " la force de son 
						génie "... Et qu'il a manqué de courage et de 
						détermination virile cause en grande partie de sa 
						tragédie. Alors que la virilité masculine détruit, 
						Semmelweis veut sauver, construire. " Les femmes nous 
						amènent sur un autre chemin... " 
  Après avoir dénoncé les horreurs de la guerre, Céline va choisir de 
						hurler avec les loups dans ses pamphlets 
						espérant, en dénonçant le pouvoir imaginaire des Juifs, 
						trouver les solutions radicales d'un homme fort. 
						
						  Tiraillé entre sa 
						violence " masculine " et sa douceur " féminine ", entre 
						recherche d'harmonie et explosions de haine, son style 
						hérissé par l'hystérie, reste le lieu où s'est déroulé, 
						de livre en livre, ce conflit, jusqu'au bout impossible 
						à dépasser. 
  
						
						  
						
						  
						
						  
						
						          
						2ième communication : 
						 
  
						
						  Ana Maria ALVES 
						: Marie CANAVAGGIA fidèle collaboratrice de Céline ou 
						" Colomba jalouse " ? Dévouement féminin/soupçon 
						masculin. 
						
						  
						
						  
						Approche de la relation de Louis-Ferdinand Céline avec 
						Marie Canavaggia qui en parallèle avec sa carrière de 
						traductrice assure la fonction de secrétaire de 
						l'écrivain. Le  
						terme de secrétaire  doit se comprendre plus 
						exactement comme " assistante " ou bien encore comme " 
						Double ". 
  " Une gazelle dangereuse écrit-il à Nimier ". Qui, proche, surveille, 
						collectionne. 
						 
  A l'heure des soupçons il confie à Paraz pressentir avoir à ses côtés une 
						" Colomba jalouse ". Elle devra recréer les liens 
						distendus pendant son absence au Danemark. Depuis 
						Mort à crédit, elle reconnait en lui un écrivain 
						tout à fait exceptionnel avec le privilège de l'avoir vu 
						au travail. " On a une dette envers lui... " 
						
						 Et pour Céline, elle 
						a un vrai statut difficile, " son admirable amie "... La 
						fierté, la loyauté, le talent, sa femme de confiance... 
						Elle prend livraison des manuscrits, les lit, les note. 
						Elle surveille et corrige les épreuves d'imprimerie, 
						elle collectionne les articles de critique avant de les 
						lui faire parvenir. 
						
						  Quand elle lui 
						déclare ses sentiments, il la remet en place sèchement. 
						Elle devient lassante, ennuyeuse, " Colomba 
						emmerdante... " Mais les doutes qui pouvaient intervenir 
						durant ses sept années d'exil ne pourront pas détruire 
						des années de dévouement. 
						
						   
						 
						  
						 PAUSE... lieu de retrouvailles, plaisir 
						d'échanges et de mises en commun... 
						 
  
						  
						                                            
						                                                           
						  
						  
						                                                                            
						 On compare les lieux, les 
						capitales des derniers colloques, Paris, Berlin, Varsovie... 
						        
						                                            
						                                                           
						  
						  
						   
						                                                                                                           
						Mais l'énergumène revient toujours au cœur 
						des conversations... 
						  
						  
						  
						          
						3ième communication : 
						 
  
						       
						Véronique ROBERT : CELINE et FLAUBERT 
						  
						 
      
						  
						  
						  
						Les deux écrivains étaient tous les deux 
						d'origine normande. On trouve chez eux une même 
						passion... un même mysticisme.  
						  
						Une même haine de la campagne... Et un amour commun des 
						perroquets... 
						  
						Ils vont à leurs tours vivre la guerre. Flaubert va 
						subir celle de 1870 contre les prussiens. " Quelle haine 
						cette guerre ! " 
						  
						Céline, celle de 14-18... Nous avons là deux furieux 
						solitaires...  
						  
						 
  
						  
						  
						  
						  
						      Jeudi 
						30 juin 2016,  14h15 : 
						  
						     
						Présidence Christine SAUTERMEISTER 
						  
						             
						4ième communication : 
						  
						   
						Pascal IFRI : La conception de la femme chez Céline : 
						un parallèle entre les romans et la correspondance. 
						 
  Dans les romans de Céline, la femme apparaît bien 
						différente selon que le héros/narrateur considère son 
						apparence physique ou sa personnalité. Dans le premier 
						cas, il fait souvent preuve d'un enthousiasme débordant 
						devant les plaisirs que promet ou que donne le corps de 
						la femme. C'est l'attitude de Bardamu devant Lola, 
						Musyne et  
						Sophie dans Voyage au bout de la nuit, de 
						Ferdinand devant Nora dans Mort à crédit, et du 
						Ferdinand plus âgé devant la jeune Virginia dans Le 
						Pont de Londres. 
						 
						Cependant, à mesure qu'il apprend à connaître ces 
						femmes, son engouement ne dure pas et laisse la place à 
						un désenchantement aussi extrême qu'avait été son 
						enthousiasme. Céline ne croit pas au vocabulaire sur 
						l'amour. L'image de la femme apparaît le plus souvent 
						différente selon ses interlocuteurs. 
						  
						Leurs actions trompeuses, imbéciles ou même méchantes le 
						hérisse et sa conception se renforce en considérant de 
						façon définitive qu'elles sont traitresse ou idiote. " 
						Sorcière ou fée... " 
  Il va magnifier la perfection du corps féminin, la danseuse. C'est 
						l'hymne à la danseuse. Jouisseur, ivre des muscles, des 
						cuisses, " des versants musculaires... " Alors beauté et 
						vice sont inséparables... 
						  
						Cette communication va s'efforcer de vérifier si dans la 
						correspondance, cette dichotomie, cette double image de 
						la femme, se retrouve et notamment dans les nombreuses 
						lettres que Céline a écrites à ses " amies " 
						particulièrement au cours des années trente. 
						  
						  
						  
						 
						         
						5ième communication : 
						  
						  
						Tonia TINSLEY : Le féminin dans l'œuvre 
						de Céline : sur les traces d'une synthèse essentielle. 
  
						  
						Le thème choisi représente l'ensemble des recherches 
						de l'intervenante ce qui va lui permettre d'analyser la 
						complexité et l'équivoque de la question chez Céline. 
						Par rapport au point de vue global de toute l'œuvre, 
						ce thème va montrer le positionnement essentiel du 
						féminin dans le développement du style célinien. 
						 
						 
      
						 Ce féminin se trouve au 
						centre d'une synthèse artistique vitale à la fois au 
						rythme langagier et au jeu imagier d'un Céline qui 
						cherche à créer dans " l'intimité des choses, dans la 
						fibre, le nerf, l'émotion des choses... en tension 
						poétique constante, en vie interne. "
						  Cette présence 
						féminine qu'elle soit de nature concrète ou suggérée à 
						l'œuvre de Céline, permet de 
						transposer au texte la cadence du vivant et du vécu 
						éphémères et secrets. 
						  On voit le 
						positionnement ambiguë d'un personnage masculin décrit 
						en femme. Mme des Pereires comparée à un homme, et 
						Courtial enclin à un féminisme grossissant... Parallèle 
						où Mme des Pereires gronde, jupe retroussée... Dans 
						Mort à crédit, Mireille possède le vice de tous les 
						hommes... 
						  Tantôt l'écrivain 
						féminise ses personnages masculins, tantôt il impose des 
						caractéristiques masculins à ses personnages féminins, 
						allant parfois jusqu'au travesti. Cette pratique prête 
						néanmoins une survaleur au féminin, puisqu'elle permet 
						la reprise continuelle d'un langage et d'un lieu communs 
						entre le féminin et l'écriture, et amène Céline à une 
						synthèse substantielle signalée la plupart du temps par 
						le même trio de personnages : l'écrivain, la femme, et 
						l'artiste, autrement dit, Céline féminin masculin. 
						  
						  
						 
  
						    
						 
						     
						PAUSE :  
						 
   Le président propose à l'assistance d'avancer l'Assemblée 
						générale prévue dimanche matin et de choisir le lieu du 
						prochain colloque ainsi que le thème qui y sera 
						développé. Pour aider le choix du lieu, il propose 
						Le Havre, et pour Paris, la Fondation Dubuffet, Sciences 
						Politiques ou la Fondation Singer-Polignac.  
						 
  A la suite de propositions riches d'intérêt, on semble se diriger vers 
						Paris pour le choix de la ville et Sciences Politiques 
						pour le lieu. Quant au thème il y en a trois qui ont été 
						retenus, dans l'ordre de préférence : " Céline et la 
						politique ", " Céline et l'argent ", et " Céline et 
						Paris ".  
						  
						 
						 
  
						                                                      
						                                     
      
            			  
						  
						                                                     
						 Les anciens, les habitués des 
						colloques...                                                         Les nouveaux adhérents, ravis...   
						  
						                                                     
						                                     
						  
						  
						                                                                               
						 Tous se côtoient, échangent... 
						heureux d'appartenir à une même famille. 
						  
						  
						  
						  
						             6ième 
						communication : 
						  
						      
						Pierre de BONNEVILLE : Céline et les femmes. 
						 
  L'intervention se déroule sous un écran où figure le jeune 
						Céline entouré de son père et de sa mère. Pierre de 
						BONNEVILLE va se servir d'images qui défileront sur 
						l'écran pour illustrer, au fur et à mesure, la justesse 
						de son argumentation. Ainsi nous verrons successivement 
						Marie-Karen Jensen, Lucienne Delforge, Drena Beach, 
						Eliane Bonabel, Elizabeth Craig, Lucie Porquerol, Marie 
						Canavaggia, Lucette Almanzor...  
						 Mis en nourrice 
						trois jours après sa naissance, il a longtemps manqué de 
						protection et il n'a trouvé celle-ci que très tard avec 
						Lucette qui allait partager sa vie jusqu'au bout. Avec 
						un homme comme Céline, les femmes n'ont pas le beau 
						rôle. Toujours dans le besoin affectif, toujours en 
						difficulté dans la gestion de ses émotions. 
						  Voyeur et 
						fétichiste, Céline a une admiration éperdue pour le 
						corps féminin : " Son corps était pour moi une joie qui 
						n'en finissait pas. Je n'en avais jamais assez de le 
						parcourir, ce corps américain "... Son fétiche ? La 
						cuisse de la danseuse. Le fétiche est une 
						métonymie. L'objet-fétiche quel qu'il soit, est le 
						prolongement du corps maternel. 
						 Toujours besoin d'une 
						canne, besoin de se nourrir de complicité. Et que ces 
						complicités le nourrissent. Complicités féminines et 
						masculines. Si la cuisse est son fétiche, son icône est 
						bien la rousse américaine de 26 ans rencontrée à Genève. 
						Déterminante pour son écriture, " l'Impératrice " 
						devient la dédicataire de son Voyage au bout de la 
						nuit. 
						  Dominateur, avide 
						de possession, il crée lui-même les conditions de 
						l'instabilité en provoquant les ruptures tout en les 
						redoutant. Cette tendance à idéaliser puis à dévaloriser 
						l'autre : " Tu es formidable... tu es une ordure ". Et 
						il s'arrange pour que ses liaisons  
      					
						 soient 
						distantes géographiquement. Ses " femmes " sont 
						dispersées à Londres, à Genève, en Bretagne, à Anvers, à 
						Vienne, à New York, au Danemark... 
						  Son credo : jouir, 
						profiter de la vie, sans entrave, sans interdit, sans 
						servitude, sans assujettissement. En 1925, à Blanchette 
						Fermon, il recommande : " A vous Blanchette de ne plus 
						perdre une seconde... A cheval ! Lance en main à 
						l'assaut de tout ce que les hommes contiennent encore de 
						poétiques et fructueux désirs ! [...] farce mélancolique 
						la vie, croyez-moi. Farce sinistre si on abandonne les 
						quelques fleurs qu'on peut cueillir dans le jardin de sa 
						jeunesse. [...] Laissez votre cœur 
						tranquille. Vous ne savez pas vous en servir... " 
						  La médecine et 
						l'écriture l'ont en partie sauvés, lui offrant le double 
						statut gratifiant de " docteur " et " auteur ". Le 
						cerveau étant premier organe sexuel de l'homme, 
						l'écriture se substitue à la libido, lui permettant de 
						revivre les sensations et les émotions, de prolonger, de 
						vivre et revivre les réalités et les illusions 
						amoureuses, érotiques, sentimentales : " superposer les 
						noms des femmes aimées jusqu'à ce qu'elles forment un 
						cercle enchanté qui peut-être était à l'abri des ravages 
						du temps. Lucette s'amalgamait avec Lili (Elizabeth) et 
						Arlette (Arletty) ; la dernière et la première se 
						joignaient dans une ronde sans fin. " (Erika Ostrovski,
						Céline, le voyeur voyant).  
  L'avenir de Céline 
						n' était  pas la femme, mais la feuille de papier. 
						 
    
						  
						        
						Ainsi, se termine la première journée de ce XXIe 
						Colloque International. Avant de regagner les chambres 
						d'hôtel ou de commencer à découvrir les grandes artères 
						du centre de la capitale, tous se retrouvent invités à 
						un " pot de bienvenue " aimablement offert par 
						l'Institut et son directeur.  
  Un verre à la main est toujours un facteur de convivialité et de 
						rapprochements. 
						  
						  
						  
						                                         
						        
						        
						  
						  
						  
						                                                                      
						       
						  
						  
						  
						 
  
						  
						    
						   VENDREDI 1er 
						JUILLET 2016,  9h30 : 
						  
						  
						        
						Présidence : Johanne BENARD 
						  
						                  
						7ième communication : 
						  
						        
						Anne SEBA-COLLETT : L'Arène de Saba : L'histoire de 
						Céline chez la Reine de Saba et sa sœur 
						Lilith. 
  
						   
						La métaphore de l'arène de Saba est un espace 
						hautement propice à la création des 
						œuvres de Céline. Il est en effet peuplé de 
						figures à l'image double de la Reine de Saba et de sa sœur 
						homologue et androgyne Lilith.  
						  Lilith, elle a 
						deux rôles, un envers les femmes et un envers les 
						hommes. Pour les femmes c'est elle qui fait mourir les 
						accouchées et les nouveau-nés. Pour les hommes Lilith 
						les séduit, car elle se nourrit de leur semence. Chaque 
						fois que la semence d'un homme tombe sur la terre, il la 
						féconde et engendre un démon. 
						 Elle aurait régné 
						comme Reine de Saba et elle serait le démon qui aurait 
						tué les fils de Job, elle serait apparue devant Salomon 
						déguisée en prostituée de Jérusalem. Sous diverses 
						apparences elle plane à travers les rêves des hommes ; à 
						la fois séductrice et envoûtante, vampire ou succube. 
						Avec une imagerie très variée, qui éclaire son caractère 
						de démon, sous les traits d'une superbe femme nue, parée 
						d'une longue chevelure ondoyante, une vulve se dessine 
						sur son front, ses jambes prennent la forme de serpents 
						et pour couronner sa majesté deux ailes lui confèrent un 
						aspect prodigieux. 
						  Les écrivains, 
						Flaubert, Anatole France, Nerval ou Nodier, devanciers 
						littéraires de Céline, dans plusieurs romans du XIXe 
						siècle, avaient déjà utilisé ces figures romanesques. 
						  Il y avait dans 
						cette attitude de solidarité féminine une seule femme 
						qui rayonnait de la bonté et de la beauté - la Molly du
						Voyage ; celle qui " devait avoir un petit ciel 
						rien que pour elle, près du Bon Dieu. " 
						  Ajoutons Elizabeth 
						Craig, le grand amour de Céline, qui a littéralement 
						pris des ailes comme une Lilith en s'envolant vers les 
						Etats-Unis pour, de surcroît, se marier avec un juif, ce 
						qui à son tour, a attisé l'antisémitisme latent de 
						l'écrivain. 
						  
						  
						  
						     
						          
                  
						8ième communication : 
						  
						        
						François-Xavier LAVENNE : Le cannibalisme sexuel 
						célinien ou le rapt des ondes de vie. 
						 
    Cosmologie imaginaire. Des vibrations subtiles dans 
						l'atmosphère. " Des dentelles d'ondes... " Dans la scène 
						du viol de Virginie, durant de longues minutes, le 
						personnage célinien se transforme. On voit un 
						balancement permanent entre la vie (la danseuse, la 
						lumière), et la mort (la bidoche).  
						 
      
						  
  Chez Céline, l'acte sexuel est un acte violent, 
						potentiellement destructeur, sous-tendu par le désir de 
						posséder totalement l'autre au risque de l'anéantir. 
						Dans Mort à crédit, 
						Ferdinand commence par être la victime des appétits 
						sexuels de femmes qui le réduisent à l'état d'objet 
						avant que la situation ne s'inverse lors du viol de 
						Virginie. 
						  L'analyse des 
						champs lexicaux dans cette scène montre que l'acte 
						sexuel s'apparente à une forme de cannibalisme dont le 
						but est de voler à l'autre une part de son énergie 
						vitale. Pris dans un accès frénétique de gloutonnerie 
						amoureuse, Ferdinand tente de s'approprier un peu de la 
						jeunesse de Virginie, d'approcher le secret de son âme, 
						de lui dérober son trésor de vie et de grâce. 
						  Cette 
						communication s'attache à mettre en évidence les 
						substrats imaginaires qui sous-tendent la représentation 
						célinienne de l'acte sexuel. Celle-ci s'inscrit en effet 
						dans une conception magico-religieuse de la vie comme un 
						jeu d'ondes. 
						  Le voyeurisme, qui 
						permet la jouissance dans la distance, apparaît alors 
						comme un mécanisme de défense de l'individu vis-à-vis du 
						danger potentiel que représentent tant les pulsions de 
						l'autre que les siennes. 
						  Ce voyeurisme 
						érotique se mue en rituel mystique dans le culte de la 
						danseuse. Dans l'œuvre de 
						Céline, la danseuse transcende la chair et la 
						spiritualise. Elle rayonne d'énergie vitale et initie 
						les hommes à une nouvelle manière de cultiver et de 
						partager les ondes émotives.  
						 
  
						  
						  
						           
						9ième communication : 
						  
						     
						Rémi WALLON : Une drôle de dame : Céline et la 
						féminité d'Elie Faure. 
						 
   Au moment de la publication de Voyage au bout de 
						la nuit, Céline fait parvenir à Elie Faure un 
						exemplaire de son roman. Cet envoi est suivi, quelques 
						semaines plus tard, d'une lettre dans laquelle, en 
						réponse à un premier jugement très favorable, l'écrivain 
						exprime à l'historien de l'art son admiration : " Vous 
						avez reçu mon livre parce que depuis toujours je lis les 
						vôtres, tous les vôtres et avec quelle joie ! Quelle 
						passion même ! Je suis depuis toujours loin de l'Art et 
						des Artistes - sauf votre livre, je n'ai jamais eu aucun 
						contact avec eux - C'est ma bible. "
						  
  
  Ces premiers échanges enthousiastes, dans lesquels Céline se présente à 
						Elie Faure comme un ardent lecteur de son
						œuvre foisonnante - au 
						sommet de laquelle il semble placer l'Histoire de 
						l'art - conduisent les deux hommes, médecin l'un et 
						l'autre, à prendre l'habitude de se rencontrer 
						régulièrement. 
						  Cette amitié 
						naissante incite Elie Faure à publier en juillet 1933 
						une étude de plusieurs pages consacrées à Voyage au 
						bout de la nuit : il y présente le roman comme une
						œuvre sans commune mesure 
						avec la production littéraire de son temps, tant il lui 
						semble que " l'homme actuel est pareil au langage de 
						Céline ". 
						  Dans les années 
						qui mènent Céline de cette prise de contact amicale à la 
						publication des pamphlets puis à celle de Guignol's 
						Band I, sa fréquentation des écrits d'Elie Faure 
						semble ne jamais se démentir. Les désaccords esthétiques 
						et politiques entre les deux hommes sont cependant de 
						plus en plus manifestes, et le ton employé par Céline 
						dans ses lettres se durcit progressivement. 
						  Au mois d'août 
						1935, l'écrivain fait ainsi simultanément grief à 
						l'historien de l'art de sa langue et de ses idées : dans 
						ces deux domaines, il l'accuse violemment de manquer de 
						virilité : " Mais bien sûr que j'ai raison, dix mille 
						fois raison ! " L'amour " n'est pas un propos d'homme, 
						c'est une formule niaise pour gonzesse ! L'Homme va au 
						fond des choses, y reste, s'installe, y crève. Vous 
						n'avez pas un langage d'ouvrier, vous êtes emmenés par 
						les femmes, vous parlez femme et midi. En avant la 
						barcarolle ! " 
						  Il s'agira ainsi 
						d'étudier dans cette communication ce reproche de 
						féminité adressé par Céline à Elie Faure - dans la 
						pensée de qui l'amour, ce sentiment " dégueulasse 
						" dont Robinson faisait le mensonge par excellence dans 
						les dernières pages de Voyage au bout de la nuit, 
						joue en effet un rôle de premier plan. 
						  
						  
						  
						  
						    14h15 
						:  Présidence : Pierre-Marie MIROUX 
						  
						          
						10ème communication :  
						  
						      
						David FONTAINE : " Je suis gratuite, je suis femme du 
						monde " : Céline " Pas putain pour un sou " ? 
						 
						   Pourquoi 
						Céline se définit-il régulièrement, voire réplique-t-il, 
						comme une femme, lorsqu'il veut défendre le caractère 
						désintéressé de son engagement ? Pourquoi réagit-il si 
						vivement à l'accusation de Sartre d'avoir été " payé par 
						les nazis " dans le libelle " A l'agité du bocal ", 
						comme sous la brûlure de l'accusation infâmante entre 
						toutes ? 
						  Il s'agira dans 
						cette communication de s'interroger sur la nature de " 
						l'engagement " au sens célinien (et partant antisartrien). 
						Engagement volontaire, des deux guerres : engagement au 
						sens d'abord militaire et indissolublement pacifiste, 
						avant d'être un acte de foi patriotique. Céline se 
						définit comme un croisé belliqueux se sacrifiant pour
						 préserver 
						la paix de ses compatriotes : une Jeanne d'Arc moderne 
						cherchant à sauvegarder la France. 
						  Dans tous les 
						domaines, Céline semble mesurer la justesse de 
						l'engagement à la gratuité sans tache d'un idéal. C'est 
						de façon récurrente la comparaison sous-jacente avec la 
						prostitution qui permet de l'exprimer. Ainsi dans 
						l'entretien avec le journaliste suisse Albert Zbinden 
						(1957) : " Mais absolument je suis femme du monde et non 
						pas putain, n'est-ce pas. Par conséquent j'ai des 
						faiblesses pour qui je veux. " 
						  Afin de témoigner 
						de son indépendance " d'affranchi ", l'écrivain - qui 
						s'est choisi délibérément un pseudonyme féminin - se 
						présente en femme libre, tombant amoureuse (d'une cause) 
						pour son compte. Cela fait écho à son art poétique : " 
						Au commencement était l'émotion ", qui n'a pas de prix ; 
						d'où découle ensuite naturellement le Verbe, qui épouse 
						le rythme émotif. 
						  Or ce paradigme " 
						femme du monde " vs. " putain " s'articule avec d'autres 
						paradigmes récurrents : " voyeur " vs. " exhibitionniste 
						" ; " maquereau " vs. " client " ; " écrivain " vs. " 
						médecin " ; " style " contre les " idées "... En se 
						combinant, ces paires se compliquent en une dialectique. 
						  " Je pavoise 
						d'être gratuit... n'importe comment et dans n'importe 
						quelle condition... je suis pas putain pour un sou !... 
						" Malgré la gratuité revendiquée sur tous les plans, y 
						compris sa pratique de médecin qui ne se fait pas payer, 
						Céline explique de manière contradictoire s'être lancé 
						dans la médecine ou la littérature pour des raisons " 
						économiques ".  
						  L'élan lyrique de 
						l'engagement semble rejoint par le prosaïsme de la 
						vocation. Inversement, cette revendication de gratuité 
						renverse tout soupçon d'être " vendu " : Céline, se 
						posant en bouc-émissaire, explique inlassablement avoir 
						" payé cher " pour les autres, et avoir " mis sa peau 
						sur la table " au plan littéraire. 
						  
						  
						  
						  
						          
						 11ème communication : 
						  
						       
						Sven Thorsten KILIAN : " Je suis une femme du monde 
						et non pas putain, n'est-ce pas. " Le genre ambigu du 
						sujet-parlant célinien. 
  
						   En 
						1957, dans l'entretien radiophonique avec Albert Zbinden 
						Céline se déclare " femme du monde " se référant, tout 
						d'abord, à ses alliances - réelles ou idéologiques - 
						compromettantes de l'avant-guerre. La métaphore féminine 
						a donc un premier sens politique qui est 
						l'incorruptibilité. Mais la signification de 
						l'auto-attribution féminine est, à commencer par le 
						pseudonyme féminin, plus large.  
						  Souvent, et avec 
						plus d'insistance dans Guignol's band et 
						Féerie pour une autre fois, l'écriture célinienne 
						brouille la distinction féminin/masculin, non seulement 
						au niveau strictement grammatical mais aussi par rapport 
						à l'imaginaire qu'elle met en scène. 
						  La fascination 
						pour le corps féminin dépasse l'enthousiasme érotique 
						pour un objet de désir. La féminité (la danseuse) ou 
						l'androgynéité (le vampire) ont plutôt la fonction d'un 
						masque que le sujet-parlant revêt en transgressant les 
						limites du discours habituel. 
						  Dans Guignol's 
						band, par exemple, le délire de presque tous les 
						personnages masculins semble instigué par des 
						personnages féminins qui peuvent être lus, par 
						conséquent, comme allégorie de l'extase et de 
						l'emportement en général. Puisque ce roman, dans le 
						fond, parle de la Seconde Guerre mondiale autant que de 
						la Première, l'emportement du masculin par le féminin 
						est une figure originale et éclairante de la séduction 
						fasciste. La première partie de Féerie pour une autre 
						fois, par contre, parcourt le corps émasculé du 
						prisonnier. La perte du phallus (l'opprobre, la fuite, 
						l'arrestation) fait place à une obsession pour les 
						orifices (voire la préoccupation principale de Ferdinand 
						dans sa cellule). 
						  La communication 
						cherche à analyser, à partir d'une lecture approfondie 
						de quelques extraits des textes des années 1936-1952, 
						ces procédés rhétoriques et discursifs et de les mettre 
						en relation avec l'univers idéologique du Céline des 
						années de guerre.  
						  On voit que même 
						si l'idéologie semble le contredire, un courant 
						sous-jacent de son écriture permet d'associer Céline au
						gender trouble théorisé bien après la mort de 
						l'auteur.  
						   
  
						  
						  
						           PAUSE : 
						    
  
						    
      					 
						             
						         
						         
						  
						  
						  
						                    
						              
						               
						  
						   
						  
						 
  
						  
						  
						               
						12ème communication : 
						  
						      
						Johanne BENARD : Shakespeare au Touit-Touit Club. 
						 
   Cette communication se présente comme la deuxième 
						partie de ma communication présentée au dernier colloque 
						de Paris. Si j'ai montré alors que les rapports 
						intertextuels de Guignol's band à La Tempête
						de Shakespeare passaient par les thèmes de 
						l'enfance, de la féerie et de la légèreté, (liés aux 
						personnages de Miranda et
						 d'Ariel), 
						je voudrais proposer maintenant que ce roman évoque 
						également le personnage de Caliban, du côté de la mort, 
						des tropismes et de la lourdeur. 
						  Partant de 
						l'hypothèse que la tentative de viol de Miranda par 
						Caliban chez Shakespeare pourrait trouver son écho dans 
						l'épisode du Touit-Touit Club (lieu " calibanesque " 
						s'il en est un), où Ferdinand, à la fin d'une nuit 
						orgiaque, finira par violer Virginie, je proposerai que 
						la pièce de Shakespeare permet de donner sens à l'une 
						des scènes les plus énigmatiques du roman célinien. 
						  De même, en 
						continuant de montrer comment les intertextes de la 
						pièce de Macbeth et de La Tempête 
						s'entrelacent dans ce roman, je verrai comment le 
						personnage de Mille-Pattes, " aux relents âcres ", 
						pourrait être tout autant le fantôme de Banquo, 
						apparaissant à Macbeth lors d'un banquet, que la 
						créature de Caliban, qui " dégage une très rance et 
						poisseuse odeur ". 
						  Jusqu'où aller 
						dans l'interprétation de ce jeu intertextuel qui nous 
						balance entre deux pièces de Shakespeare comme entre la 
						faute (de Macbeth) et le rachat (de Prospéro) et, 
						puisque le thème de ce colloque nous invite à le faire, 
						entre le masculin et le féminin ?  
						  Du meurtre au 
						viol, sommes-nous toujours dans le même imaginaire de la 
						faute et de la culpabilité ? Entre le personnage de 
						Delphine, complice du meurtre de Van Claben, et le 
						personnage de Virginie, jeune vierge qui deviendra la 
						victime de l'agression de Ferdinand, est-ce le féminin 
						qui s'est perdu ou le masculin, indomptable Caliban, qui 
						s'est empêtré dans les interdits ? 
						 
  
						  
						     
						Après cette sixième intervention, la seconde journée de 
						ce XXIème Colloque International se termine et Maître 
						GIBAULT donne rendez-vous à tous les participants à 
						demain matin samedi 2 juillet, 9h30.  
						 
  
						  
						  
						  
						    
						      
						SAMEDI 2 juillet 2016, 9h30 : 
						  
						  
            
						Présidence : David FONTAINE 
						  
						                  
						13ème communication : 
						  
						         
						Bianca ROMANIUC-BOULARAND : Mort à crédit ou 
						l'histoire de la construction identitaire. 
						 
  Sur le chemin vers la sortie de l'enfance, Ferdinand dans
						Mort à crédit subit l'influence de plusieurs 
						adultes. Mis à part la grand-mère et l'oncle Edouard, il 
						s'agit s urtout de couples (la mère et le père, Nora et 
						son mari, Irène et Courtial de Pereire).  
						  Ce sont autant 
						d'influences féminines et masculines, auxquelles 
						l'enfant s'oppose ou adhère. A quelques rares exceptions 
						(Nora par exemple), les femmes semblent se placer sous 
						le signe d'un réalisme utilitaire, étant des obstacles à 
						l'accomplissement du rêve, de la " légende ".  
						  L'image 
						allégorique de la " Cliente " apparaissant dans le 
						délire de Ferdinand, qui survole Paris en portant sous 
						ses jupes tout un monde, est emblématique dans ce sens. 
						Les hommes, eux, tout au contraire, tentent de 
						s'extraire de la réalité, de la fuir et de s'enfoncer 
						dans le rêve par le biais de la parole mythomane. 
						  Il nous semble que 
						ce roman met en scène l'histoire de la création de 
						l'identité de Ferdinand, se construisant par un 
						balancement entre les deux pôles, masculin et féminin. 
						  Loin d'une 
						structuration identitaire nette, ce trajet semble 
						témoigner de l'aboutissement vers un état ambivalent, 
						réconciliant les contraires, à l'instar de l'image 
						symbolique d'Irène de Pereire, qui bascule dans 
						l'hétérogénie identitaire en se parant de traits 
						masculins.  
						  A travers 
						l'analyse de cette structure identitaire, il sera aussi 
						question de surprendre en filigrane la création d'une 
						identité littéraire, oscillant entre une parole plutôt 
						féminine, utile et fonctionnelle, et une autre, plutôt 
						masculine, migrant vers un vide de la signification. 
						 
  
						  
						  
						              
						14ème communication : 
						  
						    
						Odile ROYNETTE : Guerres et dévirilisation chez 
						Louis-Ferdinand Céline. 
						 
   Comme l'avait fait Pierre de Bonneville, cette 
						communication va s'appuyer sur des photos, images 
						montrées à l'écran. Elles représentent Céline avec deux 
						compagnons blessés lors de son séjour au Val de Grace et 
						vont servir à illustrer la démonstration à venir. 
						
						   
						La nostalgie du masculin à la fin de Semmelweis. 
						La catastrophe du choc de la Grande Guerre va modifier 
						les valeurs des genres masculin/féminin. On voit sur ces 
						deux photos les blessés, Millon et Destouches, se tenir 
						bien droit, malgré les béquilles pour l'un et un gros 
						pansement pour l'autre. Ils essaient de retrouver une 
						virilité dans leur verticalité. La médaille militaire 
						est fièrement arborée.  
						  A partir de son 
						expérience africaine, Céline va exprimer sa violente 
						hostilité à la guerre, à son non-sens, son absurdité, 
						objet de sacrifice qui n'avait rien du don de soi. Il 
						retourne ce cliché pour mieux le détruire. La 
						féminisation est prédite, après la guerre par Céline. La 
						" fleur d'une époque fut hachée menue... " 
						 Cette communication 
						se propose d'explorer le rôle central de la guerre, et 
						tout particulièrement de la Première Guerre mondiale, 
						dans la radicalisation intellectuelle de l'homme 
						Destouches et de l'écrivain Céline, amené à lire la 
						Grande Guerre puis la Seconde Guerre mondiale et en 
						premier lieu la défaite de juin 1940, comme le symptôme 
						d'un effondrement viril de la vieille Europe. 
						  Envisagée très 
						tôt, dès 1916, par le combattant réformé comme une 
						sinistre comédie, la Grande Guerre sert de pivot à 
						l'exacerbation d'un pessimisme radical dont les thèmes 
						principaux - la mort du courage guerrier, la haine des 
						femmes et la détestation de la démocratie - participent 
						de la formation d'un ressentiment qui va structurer les 
						choix idéologiques et littéraires de l'écrivain dès les 
						années 20. 
						  En d'autres 
						termes, cette contribution se propose de déconstruire la 
						question quelque peu rebattue du pacifisme célinien pour 
						mieux percevoir la complexité des enjeux que celle-ci 
						dissimule. 
						  Les sources 
						utilisées sont puisées non seulement dans l'œuvre, 
						mais aussi dans la correspondance et dans les archives 
						concernant le parcours militaire de Destouches. 
						 
						  
  
						  
						  
						            
						PAUSE : 
						     
						 
  
						  
						                                                 
						                               
						  
						  
						 
  
						  
						  
                
						
						  
						15ème communication : 
						  
						      
						Pierre-Marie MIROUX : 
						Hommes et femmes en Progrès. 
						     
   On trouve dans Progrès 4 tableaux qui 
						préfigurent déjà les thèmes de Voyage au bout de la 
						nuit. Figures masculines, figures féminines... Le 
						gaz est présent dans Progrès, comme dans 
						Guignol's Band ou le Passage Choiseul 
						véritable cloche à gaz. Les moqueries sur l'Ancien monde 
						d'avant guerre. Avec la représentation des thèmes 
						féminins et celle des thèmes masculins, Céline va 
						re-figurer des transcriptions qui vont se retrouver dans 
						l'œuvre.  
						  Progrès est 
						déjà dans une écriture célinienne. La similitude des 
						bruits du tambour " broum , broum, broum " que l'on 
						retrouve dans Nord. Il y une danseuse américaine 
						qui vient au boston et qui visite l'après-midi. Déjà les 
						muscles, le corps de la danseuse. Le voyeurisme est la 
						sexualité originelle de Céline. 
						  Si la première 
						pièce de Céline, L'Eglise (1926), est surtout 
						annonciatrice de Voyage au bout de la nuit, par 
						ses scènes qui se passent en Afrique, en Amérique ou 
						dans la banlieue parisienne, sa seconde pièce, 
						Progrès (1927), va beaucoup plus loin et profile des 
						thèmes essentiels que l'on retrouvera, non seulement 
						dans Mort à crédit, mais aussi dans Guignol's 
						Band et jusque dans Nord. 
						  Parmi ces thèmes, 
						celui du corps, musclé ou avachi, de la danse et de sa 
						contrepartie, la boiterie, celui de la réalité, 
						vulgaire, généralement masculine, habitée de " forces 
						occultes ", et, à l'inverse, du rêve d'un monde que Dieu 
						- un Dieu tout célinien - régénèrerait par la beauté 
						féminine : autant de points essentiels contenus dans 
						cette petite œuvre, sans 
						doute la moins étudiée de Céline. 
						  Par sa simplicité, 
						voire sa naïveté, qui lui permet d'exposer tout cela de 
						façon très directe, elle nous a paru propice à l'étude 
						des figures féminines et masculines - thème de ce 
						colloque - et de leur rapport : ici, un voyeurisme qui 
						permet de ne toucher au sexe dangereux que du bout des 
						yeux. 
						 
  
						  
						  
						  
						               
						16ème communication : 
						  
						       
						François GIBAULT : Louis-Ferdinand, Emile, et 
						Jean-Jacques et quelques autres. 
						 
    Rabelais, Léon Bloy, les affinités avec Céline sont 
						évidentes, d'un autre ordre que les admirations avouées, 
						Ramuz, Marcel Aymé, Barbusse, la Marquise de Sévigné, 
						Paul  
      
						 Morand, 
						Roger Nimier par amitié. 
						  Elie Faure pendant 
						un temps, quelques rares autres, le plus souvent avec 
						des réserves assassines. Les liens avec Emile Zola, déjà 
						remarquablement traités en 1997 par Nicole Debrie, dans
						Quand la mort est en colère - L'enjeu esthétique des 
						pamphlets céliniens, méritent d'être rappelés, mais 
						ceux entre Céline et Jean-Jacques Rousseau semblent 
						n'avoir jamais été mis en avant. 
						  Cavalier seul 
						comme le fut Céline à bien des égards, solitaire parmi 
						tous les écrivains de son temps, méprisé par beaucoup 
						d'entre eux à commencer par Voltaire, qui fut injuste 
						avec lui, Jean-Jacques, qui était hanté par l'enfance, a 
						écrit des pages qui annoncent certains passages des 
						Beaux Draps, sans parler de son délire paranoïaque. 
						  De ce point de 
						vue, écrivain maudit et persécuté, son statut revendiqué 
						est comparable à celui de Céline, poursuivi par la 
						meute, seul contre tous, victime d'une " Affaire Dreyfus 
						à l'envers ". 
						  Peu présent dans 
						la correspondance de Céline, il y est plusieurs fois 
						moqué pour sa fausse candeur, son innocence feinte, son 
						amour de la nature (que Céline détestait), sa croyance 
						en la bonté de l'homme, en bref son " rousseauisme ". 
						  
						  
						  
						      
						14h15 :  
						  
						  
						  
						   
						 Le président réuni son Conseil 
						d'Administration pour en terminer avec 
						l'Assemblée Générale. Le rapport financier 
						est rapidement voté à mains levées. Le 
						rapport moral l'est également dans la foulée.  
  Le Président tient alors à préciser qu'il n'est pas démissionnaire mais, 
						s'il restera à son poste jusqu'à Paris, il le sera 
						certainement en 2018. Il serait bon que d'ici là tous 
						réfléchissent à lui trouver un successeur.  
  Il est proposé alors à l'Assemblée l'élection de François-Xavier Lavenne 
						au Conseil d'Administration. Celle-ci est votée à la 
						majorité.  
  Les discussions vont une nouvelle fois bon train sur le lieu et le thème 
						du prochain colloque. Le 31 octobre 2016 sera la date 
						limite pour présenter ses propres contributions. 
						  
						  
						  
						    
                 
						17ème communication :  
						  
						           
						Présidence : Sven Thorsten KILIAN 
						   
						 
						 
      
						       
						Isabelle BLONDIAUX : Figure de l'hystérie chez 
						Céline. 
						 
						   Code fondateur 
						de la psychanalyse. Angoisse de l'homme face au monde 
						moderne. Le malaise dans la société moderne, mal-être, 
						mal-vivre.  
						  Crise 
						individuelle, crise de l'identité.  
						 
  Le romantisme et le féminin dégénéré. L'hystérie, course à la tendresse 
						chez la femme. Fanatisme d'un braillage hystérique. 
						  L'Amérique 
						représente le contraire du progrès, vitesse, hâte 
						hystérique, qui tue toute création et toute espèce de 
						poésie. 
						  Le monde moderne, 
						c'est la vitesse et la brutalité, l'hystérie juive... 
						  Le Juif devient 
						l'hystérie, le féminin, la rage, le dénominateur. 
						 
    
						  
						  
						     
						 16h : 
  
						  
						  
						           
						Lecture interprétative : 
						 
     " LE MONSTRE DE MONTMARTRE " :   Anne 
						-Catherine DUTOIT et Véronique FLAMBARD-WEISBART. 
						  Combinant 
						le thème du présent colloque " Céline, masculin-féminin 
						" avec la commémoration récente du soixante-dixième 
						anniversaire de la Libération de Paris par les forces 
						alliées, il nous semble à propos de revisiter 
						aujourd'hui un texte de Louis-Ferdinand Céline qui tient 
						lieu de ces thèmes et évènements : Féerie pour une 
						autre fois, publié chez Gallimard en 1952. 
						  Dans ce texte, 
						Céline retrace l'expérience historique de la Libération 
						de Paris à travers l'anecdote personnelle de la visite 
						de Clémence, qui vient faire signer ses textes à 
						l'auteur, " le monstre de Montmartre ", avant que les 
						sympathisants gaullistes le " désossent " et/ou le " 
						pendent ". 
						  Notre lecture 
						interprétative en duo présentera non seulement un 
						exemple du " style émotif " célinien faisant partager 
						son émotion toujours à vif, mais offrira également une 
						certaine vision de Céline sur un ménage et sa 
						progéniture. 
						  Elle s'inscrira 
						aussi dans le contexte de la performativité de l'œuvre 
						célinienne dans son ensemble, et comportera un élément 
						audiovisuel.  
						    
						  
						  
						                   
						                   
						  
						  
						                
						 A 
						les entendre on aurait pu facilement voir Clémence et 
						son fils Pierre... Elle assise, là, devant sa table, son 
						fils resté debout... 
						  
						  
						  
						  C'est sur ces 
						belles scènes de théâtre que prend fin le XXIe Colloque 
						International de Varsovie. Et tous, en se quittant, 
						espéraient bien se retrouver dans deux ans à Paris. 
						 
						   
						 
						  
						  
						                                                                                                                 
						************ 
						  
						  
						  
						  
						  
						  
						
						
						 
						  
						  
						  
						  
						                      
      
            			                                                                   
						  
						  
						    C'est 
						dans un cadre prestigieux, la Fondation Singer-Polignac, 
						que le 20 ième Colloque International Louis-Ferdinand 
						Céline s'est déroulé du 3 au 5 juillet 2014. Son 
						président Yves POULIQUEN de l'Académie française et 
						François GIBAULT le président de la S.E.C. avaient 
						parfaitement orchestré ce bel évènement en invitant près 
						d'une vingtaine d'intervenants à proposer des 
						communications sur le thème choisi : " L'enfant 
						chez Céline " 
						  
						  
						       
						               
						                
						  
						                                                                 
						Entrée 43 Avenue Georges Mandel 75 116 Paris.                                                                                               
						Les deux présidents devisent. 
						  
						  
						  
						La Fondation  Singer-Polignac tient son existence à 
						la décision de Winnaretta Singer, princesse Edmond de 
						Polignac, de donner une forme juridique à l'action de 
						mécénat qu'elle entretenait depuis très longtemps, qui 
						en marqua, en 1928, définitivement la naissance, mais il 
						est plus juste d'y retrouver l'ultime conséquence de la 
						passion que la princesse entretenait depuis son 
						adolescence avec la peinture et la musique. 
  [...] Mais il y eut aussi l'attrait de Paris, d'où sa mère était 
						originaire et où il n'était guère possible d'être 
						célèbre, pour un artiste, sans y être reçu en ses 
						salons. Il y eut enfin la rencontre avec le prince 
						Edmond de Polignac, ce fin compositeur avec lequel elle 
						partagea, tant qu'il vécut, le goût immodéré qu'elle 
						avait pour la musique. Il y eut enfin ce désir de 
						construire ce bel hôtel particulier, sur les traces de 
						l'ancien, afin qu'il devînt l'un des lieux les plus 
						attrayants de la capitale. 
						  
						Il le fut au-delà de ce qu'elle espérait, pour les 
						musiciens tout d'abord, qui y exprimèrent souvent en 
						première audition des œuvres 
						que la princesse leur avait commandées, Fauré, Chabrier, 
						Ravel, Datie, de Falla et Stravinski en sont les phares 
						connus. Pour les amis de la princesse, en second lieu, 
						qui les conviait à ces concerts dont la presse faisait 
						écho, parmi lesquels Marcel Proust, Colette, etc. ne 
						furent pas les moins célèbres. 
						  
						Mais il fut aussi le lieu de rencontre que Winnaretta 
						Singer-Polignac offrit à tous ceux qui pensaient qu'elle 
						pourrait les aider dans leur vocation ou leur mission, 
						sculpteurs, peintres, hommes de sciences, architectes ou 
						responsables d'œuvres 
						charitables. Ainsi se définissait l'étendue du domaine 
						solidaire qu'elle avait créé, enclos en cet écrin 
						superbe, ce magnifique hôtel qu'à sa mort à Londres, en 
						novembre 1943, elle nous laisserait afin que survive la 
						mission qu'elle seule avait initiée. 
   
   (Avant-propos par le professeur Yves Pouliquen). 
						  
						  
						                                   
						                                                       
						  
						                             
						Winnaretta, princesse de Polignac et Colette dans le 
						jardin de l'hôtel.                               
						Le professeur Yves Pouliquen élu à l'Académie française 
						en 2001. 
						  
						  
						  
						Après cette présentation des lieux, revenons au colloque 
						lui-même, ce jeudi 3 juillet 2014, 14 heures. Son 
						ouverture, comme il se doit fut l'œuvre 
						du président de la S.E.C. Maître François Gibault qui, 
						après avoir présenté en quelques mots l'historique de 
						celle-ci, donna la parole à la première des 
						intervenantes.  
						 
  
						  
						    1ère 
						communication : 
						 Johanne 
						BÉNARD (Queen's 
						University, Kingston, Canada) - LIRE SHAKESPEARE 
						DANS GUIGNOL'S BAND : UN JEU D'ENFANTS ?  
						 La 
						première intervenante va se servir du thème du colloque 
						pour poursuivre sa recherche sur l'intertexte 
						shakespearien de Guignol's band. Elle veut 
						rapprocher Virginie et Miranda (La Tempête). Puis 
						Prospero et Prospero Jim. Elle rappelle les propos de 
						Céline dans l'interview accordée à Pierre Dumayet où il 
						insiste sur la lourdeur et le poids des hommes en 
						invoquant, in fine, Ariel et Caliban les deux enfants de 
						Prospero. 
  L'enfant, chez Céline, est un être pur à rapprocher du chant d'Ariel dans
						La Tempête. Elle va se servir de citations où 
						Céline joue subtilement des comparaisons de descriptions 
						des docks londoniens qui évoquent ceux de Shakespeare 
						dans La Tempête. Il faut aller vérifier Prospero 
						chez Shakespeare et Prospero Jim chez Céline. Mais 
						encore la tentative de viol de Caliban sur Miranda 
						comparée à celle de Ferdinand sur Virginie. 
  En conclusion, on peut s'imaginer : La Tempête a influencé Céline 
						dans Guignol's band mais aussi dans Féerie 
						pour une autre fois où sont bien évoqués le bien et 
						le mal,  Ariel et Caliban. 
						  
						  
						  
						   2ième 
						communication : 
						 Anne 
						SEBA-COLLETT (Université du Cap, Afrique du Sud) 
						- CELINE : D'UNE ENFANCE ABJECTE VERS UNE POESIE DU 
						DEPOUILLEMENT   
						 
      
						 
						" Elle a tout fait (sa mère), 
						pour que je vive, c'est naître qu'il aurait pas fallu. "
						(Mort à crédit). Une enfance mélancolique 
						parsemée de cette alchimie qui transforme la pulsion de 
						mort en sursaut de vie ; voila qui sera étudié : 
						l'aspect créatif d'une poésie dépouillée en parallèle 
						avec le pouvoir transformatif de la transgression. 
  Anne SEBA-COLLETT va reprendre l'enfance de Céline, l'affaire Dreyfus, sa 
						position sociale marquée par Courbevoie où le temps n'a 
						pas encore démarré, l'influence de sa grand-mère dont il 
						va reprendre le prénom. 
  L'accouchement est l'objet essentiel de l'écriture. Il sera envoyé en 
						nourrice quelque temps après sa naissance. La fin de 
						l'enfance marquée par la scène de la machine à écrire 
						avec son père.  
						Par la tendance à la transposition, la vérité de son 
						enfance se situe certainement quelque part dans 
						l'entre-deux des mondes vérifiables et romanesques.  
						Ainsi l'écriture de Céline, pour conjurer la mélancolie 
						qui remplissait le foyer de son enfance. 
						 
        
						 
        
						 
        
						 
          3ième communication : 
						 
       Anne BAUDART (Professeur de Lettres certifiée, 
		professeur de français et de latin) - CELINE - FELLINI : L'ENFANCE 
		DES VISIONNAIRES 
						 
       Quel rapport entre ces deux auteurs ? Le pamphlétaire 
		du Voyage, hanté par le mal et la mort et le cinéaste italien de
		La Dolce vita, né en 1920 ? Au début, pour les  
		deux on retrouve le même registre populiste. Céline dans le Voyage, 
		privilégie l'argot pour mettre en scène les gens du peuple. Fellini 
		participe au mouvement néo-réaliste qui explore la même veine : la 
		misère italienne. 
  Céline et Fellini ont parlé de l'enfance avec la même tendresse et ont 
		remis en scène leur propre enfance dans leurs œuvres 
		(Céline dans Mort à crédit, Fellini dans Huit et demi et 
		Amarcord). C'est à partir d'elle qu'a pu se développer ensuite 
		librement, dans les deux cas, la féerie, le fabuleux imaginaire qui a 
		fait d'eux les deux grands visionnaires du XXe siècle. 
  Anne BAUDART parlera ensuite de l'enfance chez ces deux génies, de ce 
		qu'ils en ont dit, de la manière dont ils l'ont réinterprétée dans leurs
		œuvres, de l'importance des premiers 
		spectacles auxquels ils ont assisté dans l'enfance, de leur propension 
		au rêve, de leur goût démesuré pour le mystère, le jeu, la fête, la 
		provocation, de leur incapacité à prendre la vie au sérieux et de leur 
		pouvoir de " miraginer "... 
  Ils nous ont entraînés en musique, chacun à sa manière, dans un " métro 
		émotif ", train pour Céline, toboggan magique chez Fellini. Ils ont 
		gardé tous deux intacts les pouvoirs de l'enfance, le propre des grands 
		artistes. 
						 
        
						 
        
						 
        
						 
           4ième communication : 
						 
       Isabelle BLONDIAUX (Docteur en littérature 
		française et comparée, philosophe, psychiatre,) - LA DANSE DES 
		MOTS OU L'ETRANGE MALADIE DE FERDINAND 
						 
       La 
		scène fantastique et euphorique qu'est la maladie étrange dont souffre 
		Ferdinand lors de son entrée à l'école communale (Mort à crédit), 
		va servir de support à  
      
             l'intervention d'Isabelle BLONDIAUX. Elle succède 
		à une autre scène, celle du guéridon et de la partie de cartes qui au 
		colloque de Milan (2008) avait été reprise par Suzanne LAFONT. 
  Ces deux séquences montrent avec quel art Céline sait faire revenir 
		l'esprit des morts aussi bien que celui des mots : " C'est pas 
		gratuit de crever ! C'est un beau suaire brodé d'histoires qu'il faut 
		présenter à la Dame. C'est exigeant le dernier soupir. " Cette 
		maladie commence par des vomissements, une forte fièvre (mécanisme 
		imaginatif). Des fantaisies, des " humeurs dans le cassis ", la maladie 
		empire et finit par des boutons. Le regard traduit les yeux du voyant, 
		du visionnaire (état d'hallucination). Cet état est un mécanisme 
		d'exploration de l'imaginaire et du fantastique. C'est l'effet 
		littéraire recherché d'un état hallucinatoire, que Baudelaire a utilisé 
		dans Les Fleurs du Mal.  
  Ses propres hallucinations entraînent l'imagination, la création, 
		l'influence. " Je ne pouvais plus bander... " La fièvre était une 
		fièvre initiatique. L'étrange maladie de Ferdinand est créative... On y 
		voit un embrasement créatif, un peintre créateur. Un mélange de doutes 
		et de délires, procédés qui donnent à voir et à vivre. Comme des 
		réparations de l'enfance. Mémoires créatives composées de perceptions et 
		de visions, processus d'incorporation... Le sexe à la base de 
		l'écriture... 
						 
       
  
						 
        
						 
            Fin de cette première journée. 
  
						 
        
						 
        
						 
             VENDREDI 4 JUILLET 
		:  
						 
        9h30, ouverture de la seconde journée de ce XXe 
		colloque International : 
						 
       
  
						 
         5ième 
		communication : 
						 
       Anna Maria ALVES (Enseignante au Département 
		de Langues Etrangères de Bragança, Portugal) - SOUVENIR D'ENFANCE 
		DANS MORT A CREDIT : LE DECES DE LA GRAND-MERE 
						 
       " Elle a voulu me dire quelque chose...
		Ça lui râpait la gorge, ça finissait pas... 
		Tout de même elle y est arrivée... le plus doucement qu'elle a pu... " 
		Travaille bien mon  
      
		 petit 
		Ferdinand ! " qu'elle a chuchoté... " 
						 
        Par le biais du regard d'enfant, 
		Ferdinand va raconter dans Mort à crédit, la mort de sa 
		grand-mère Caroline. Elle a énormément contribué à son éducation et on 
		va sentir par les témoignages qu'il apporte quel attachement et quelle 
		reconnaissance il lui doit. " Dans la journée j'avais grand-mère, 
		elle m'apprenait un peu à lire, elle-même savait pas très bien, elle 
		avait appris très tard, ayant déjà des enfants. " Plus même, c'est 
		une véritable complicité qui s'installe entre eux deux : " Elle se 
		rendait bien compte que j'avais besoin de m'amuser, que c'était pas sain 
		de rester toujours dans la boutique. D'entendre mon père l'énergumène 
		beugler ses sottises, ça lui donnait mal au cœur. 
		" 
  Cette relation privilégiée, avec la douceur, l'affection de sa 
		grand-mère va contraster avec la façon dont le père conçoit son 
		éducation. Contrairement à lui, grand-mère Caroline ne l'a jamais giflé, 
		lui achetait des magazines, l'emmenait voir le magicien Robert Houdin ou 
		bien au cinéma où ils pouvaient revoir jusqu'à trois fois le même film. 
		Elle lui laissait la possibilité de découvrir lui-même, de s'épanouir. 
  Le décès de Caroline va marquer fortement l'enfant qui va sentir là, pour 
		la première fois l'expérience de la mort. Ce sera son premier choc 
		émotionnel. Dans le roman le narrateur va se servir des réactions de 
		l'entourage qui vont lui permettre de renforcer encore son attachement, 
		son affection et son chagrin. Il y a aussi un sentiment de culpabilité 
		de l'enfant, mais aussi de tous les autres. Céline va jouer sur deux 
		oppositions, deux aspects : la violence et l'affection. 
						 
        
						 
        
						 
        
						 
          6ième communication : 
						 
       
		  
		Véronique FLAMBARD-WEISBART (Loyola Marymount University, Los 
		Angeles, U.S.A.) - DE L'EDUCATION DE FERDINAND ET DE SES TRACES 
		DANS L'OEUVRE 
						 
       Fils d'une réparatrice de dentelles 
		anciennes, ayant vécu toute son enfance dans un milieu de commerçants 
		petit-bourgeois, pour Céline le travail artisanal est prépondérant sur 
		l'intellectuel. Véronique FLAMBARD va jusqu'à rapprocher l'antisémitisme 
		que son père lui aurait inculqué dans sa jeunesse et dans lequel il 
		aurait très tôt baigné entouré de petits commerçants, avec le statut des 
		Juifs au Moyen-Âge qui les empêche de 
		pratiquer toutes activités matérielles et manuelles. Leur resterait donc 
		que les professions libérales ou financières. 
  Adulte, venant à l'écriture Céline va adopter nombre de valeurs de son 
		milieu. Il se dit " artisan-styliste ". Il considère le style 
		émotif non pas comme un objet d'art, mais plutôt comme un objet de 
		fabrication artisanale dont la vente lui permet " de tirer un honnête 
		bénéfice pour se payer un appartement. " Le 25 juillet 1957, 
		interrogé par Louis-Albert Zbinden il dira l'écriture " ça paye 
		".  
		L'intervenante va montrer la difficulté de l'écriture, le labeur, avec 
		la valeur à négocier, le travail réussi de l'artisan. L'écriture, au 
		lieu d'être considérée comme un travail libéral est au contraire 
		considérée comme un labeur, une somme à négocier, à vendre. A rapprocher 
		ici de la vente du manuscrit et des relations tendues avec son éditeur 
		Gallimard... L'écriture est soumise au droit du travail ; cinq ans de 
		boulot doit être négocié. 
  Cette reconnaissance est obsessionnelle à la fin de sa vie, traduite par 
		ses plaintes incessantes pour la parution dans la Pléiade. Il veut être 
		lu, faire connaître son œuvre, son travail, 
		son labeur.  
						 
        
						 
        
						 
        
						 
         7ième communication : 
						 
       Pierre-Marie MIROUX (Docteur ès lettres, 
		agrégé de lettres modernes ) - " BÉBERT 
		ET BÉBERT " 
						 
       Comparaison entre Bébert, l'enfant du
		Voyage au bout de la nuit de 1932, et le chat de Robert Le Vigan 
		laissé et adopté par Lucette et Céline en 1942, renommé par eux Bébert. 
		Ce chat qui deviendra le plus célèbre de la littérature française de 
		part sa participation à l'épopée de la trilogie allemande, s'éteindra 
		après son retour du  
		Danemark en 1952 à Meudon. 
  Pierre-Marie MIROUX va diviser son intervention en cinq grandes parties 
		pour cerner les traits communs à l'enfant et l'animal, deux êtres 
		féériques dont la mort fait à jamais de gentils fantômes de " 
		l'outre-là ", le chat du roman mourant " agile et gracieux ", 
		tandis que l'enfant Bébert, ressuscité dans la " cavalcade des morts
		" de Voyage, adresse un dernier signe au médecin qui l'a 
		accompagné jusqu'au bout de sa courte existence de misère. 
		- L'innocence : les deux, menacés dans ce monde de mort, le chat 
		sous les bombardements, et la lumière apportée par l'enfant " une 
		gaieté pour l'univers... "  
		- Les vadrouilleurs : l'enfant prend l'air, part en promenades, 
		va " vadrouiller " dans un cimetière. Le chat aussi se promène le 
		soir, si on lui cause. " Il était un vadrouilleur de nuit. " 
		- Le narrateur : l'enfant et le chat : " Les hommes ne me 
		donneraient pas l'infini... "  
		- La mort des deux.  
		- Céline et les deux Bébert : avec l'enfant : il propose un sirop 
		pour éviter " qu'il se touche "comme lui avec sa propre mère dans
		Guignol's band II. Avec le chat, celui-ci rumine comme lui. 
		Transposé, comme la danseuse qui saute et qui s'élève...  
						 
        
						 
        
						 
        
						 
           8ième communication : 
						 
        François-Xavier LAVENNE (Université 
		catholique de Louvain, Belgique) - L'ENFANCE, NOTRE SEUL SALUT : 
		LES UTOPIES CONTRE-EDUCATIVES CELINIENNES  
      
              
						 Dans
						Mort à crédit, Céline dresse un tableau critique 
						de l'institution scolaire qu'il apparente à 
						l'institution carcérale. Elle n'a d'autre but que de 
						saccager les possibilités de l'enfance pour produire des 
						adultes prêts à se couler dans le moule social et y 
						remplir leur fonction sans plus réfléchir. L'homme 
						contraint de s'écraser sous le poids, l'école 
						contraignante étouffe.  
						Elle forme des vieillards à l'âge de 12 ans. L'école 
						évoque un désastre des féeries. L'apprentissage scolaire 
						s'oppose à l'initiative, à la naissance de la fantaisie. 
   François-Xavier LAVENNE parle de la violence du monde des adultes 
						qui hiérarchise et normalise... Elle est déformatrice et 
						crée des monstres. A cette éducation-stérilisation 
						s'oppose l'utopie scolaire de Courtial du Familistère 
						Rénové de la Race Nouvelle. Une utopie de rénovation "
						une race nouvelle " qui va très vite tomber dans 
						le burlesque et les petits pionniers qui vivent de 
						rapines, loin d'être des hommes nouveaux deviennent de 
						petits voyous et la seule race que Courtial créera sera 
						celle d'asticots prêts à dévorer la terre entière. 
  Alors il faudra bien opposer à ces idées fantaisistes et anarchistes des 
						utopies réalistes et sérieuses. Ce sera le but de Céline 
						dans Les Beaux draps où la race doit être 
						affinée, améliorée et sauvegardée contre tous les 
						métissages culturels et biologistes. 
  La France, si elle doit être nettoyer des Juifs, il faut que " les 
						Aryens s'épurent d'abord ". 
  C'est alors l'enfance qui apparaît comme le recours, le seul salut. Il 
						faut mener une politique de recréation en partant de 
						l'enfance, retrouver la fantaisie, la spontanéité 
						perdues. 
   L'enfance cesse alors d'être considérée comme un passé pour 
						apparaître comme ce qui pourrait réensemencer l'espoir 
						de l'avenir. 
						  
						  
						  
						 
           Pause : 12h                                                                                      
						 
        
						 
      
                                                               
		                                    
		  
						 
       Tous les nombreux participants, comme les 
		intervenants surent apprécier à sa juste valeur la qualité du magnifique 
		buffet offert par la Fondation Singer-Polignac et son président Yves 
		POULIQUEN.  
						 
        
						 
        
						 
        
						 
           9ième communication : 
						 
      Emile BRAMI (Libraire, écrivain, biographe, 
		réalisateur de théâtre) - L'ENFANT COMME ENJEU POLITIQUE DANS LES 
		BEAUX DRAPS DE L.-F. CELINE 
						 
        Ecrit 
		à chaud après la défaite de juin 1940, publié fin février 1941, Les 
		Beaux draps n'est pas seulement, même s'il reste aussi cela, le 
		troisième pamphlet antisémite de Céline : il est son seul ouvrage 
		politique. Céline avait annoncé qu'une guerre contre l'Allemagne 
		tournerait à la catastrophe. Sa prophétie se réalisera très au-delà de 
		ses prévisions : la France connaîtra la plus grande déroute militaire de 
		son histoire.  
  Ne faisant confiance en rien en L'Etat Français qui a succédé à ce 
		désastre, parce qu'il le considère toujours autant enjuivé, Céline va 
		proposer à ce pays qui vient de toucher le fond, des reconstructions 
		toutes personnelles et particulières. Il intitulera l'ensemble : " le 
		communisme Labiche "...  
  Et ce sera en préservant l'avenir et la construction pérenne, 
		c'est-à-dire tournée et basée sur les enfants. Au préalable, un racisme 
		total, absolu. Embrigader et éduquer les enfants. " Tout recommencer par 
		l'enfant, pour l'enfant ". Les enfants aryens et les barrières 
		s'effaceront.  
  
   L'éducation ne doit plus être un lieu de tortures, un endroit de 
		sottises, c'est le plus grand crime d'enfermer des enfants pendant 5 ou 
		6 longues années. Il faut recréer l'école, sens 
		dessus-dessous. Favoriser partout le développement artistique, instaurer 
		la discipline du bonheur, trouver le salut par les Beaux Arts. 
  Emile BRAMI en conclusion, montre comment se dessine, dans Les Beaux 
		draps, une image rousseauiste de l'enfant qui naîtrait artiste et 
		des principes éducatifs qu'il conviendrait d'adapter afin que subsiste 
		chez l'adulte cette fragile aspiration à l'harmonie et à la beauté qui 
		conduirait à une France régénérée. 
						 
        
						 
        
						 
        
						 
            10ième communication : 
						 
       Pascal IFRI (Washington University, Saint 
		Louis, U.S.A) - L'ECOLE DANS L'OEUVRE DE CELINE : DE MORT A CREDIT 
		AUX BEAUX DRAPS 
						 
      Céline a été très marqué par son enfance et son adolescence 
		et a ressenti toute sa vie une profonde nostalgie pour cette période. 
		Ces années de son existence, restées  
		incrustées dans sa mémoire, ont nourri Mort à crédit où 
		apparaissent, romancés, personnages, paysages et évènements de sa 
		jeunesse. 
  Quoique l'école constitue d'habitude une partie importante de l'enfance, 
		elle occupe une place très secondaire dans le deuxième roman de Céline, 
		même si on prend en compte le fameux épisode du Meanwell College. 
		Pourtant, les rares remarques du héros-narrateur dans les quelques pages 
		qui la mentionnent impliquent de sa part un rejet radical de l'éducation 
		scolaire telle qu'elle existe et des idées bien arrêtées sur le sujet 
		qui laissent toutefois le lecteur sur sa faim. 
  
   Il faut en effet attendre l'Occupation et la parution des Beaux 
		draps pour comprendre ce que Céline, à travers son alter ego, 
		reproche à l'école. Parmi les institutions françaises qu'il attaque avec 
		virulence, figure en effet en bonne place celle-ci qu'il juge 
		responsable " du sabotage de l'enthousiasme, des joies primitives 
		créatrices, par l'empesé déclamatoire, la cartonnerie moralistique 
		".  
  Il propose lui, la gaieté, la danse. L'âme doit rejaillir de l'école et 
		laisser la place à l'émotion. Il préconise en priorité l'épanouissement 
		de l'enfant, tout en inscrivant ces idées dans sa vision du monde de 
		l'époque. 
						 
        
						 
        
						 
        
						 
          11ième communication : 
						 
       Florence DE MÈREDIEU 
		(Ecrivain, Maître de Conférences honoraire, Université de Paris I) 
		- ARTAUD/CELINE. DESTINS CROISES : " LA GUERRE CONTINUEE " 
		 
						 
        Antonin Artaud (1896-1948) et 
		Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) appartiennent à la même génération : 
		celle qui aborde ses 20 ans en 1914-1916. A deux ans 
		 d'intervalles, 
		ils auraient pu se croiser sur ces champs de bataille des Flandres et de 
		la Somme auxquels ils furent confrontés de manière brève mais intense. 
  Tous deux furent marqués de manière indélébile par cette guerre. Leurs 
		parcours, leurs œuvres respectives ne 
		cesseront de véhiculer les impressions, les fantasmes et les 
		monstruosités de ce conflit qu'ils vécurent comme une mise à l'épreuve 
		de leurs nerfs et qui constitua ensuite le trauma récurrent de leurs 
		existences chaotiques. 
  En 1936, ils se rencontrent à un dîner chez leur éditeur commun Robert 
		Denoël et Steele. Rapportés par l'écrivain et scénariste Carlo Rim, les 
		quelques propos  qu'ils y échangèrent sont tout ce que l'on connaît 
		de la relation des deux hommes. 
  Au-delà des divergences, politiques, culturelles et esthétiques qui les 
		animent, ils se retrouvent sur quelques points fondamentaux, dont 
		l'importance accordée à ce conflit de 14-18. 
  Pour l'un comme pour l'autre, cette guerre ne s'achève pas avec la 
		signature de l'armistice. Elle se prolonge et se perpétue dans la 
		société civile, sous la forme de ce que Michel Foucault, retournant une 
		célèbre proposition de Carl van Clausewitz, nommait un processus de " 
		guerre continuée ".  
   L'entre-deux guerre (1919-1939) n'apparaît, dans cette perspective, 
		que comme la lente et méthodique préparation de la Deuxième Guerre 
		mondiale. La guerre - l'état guerrier, la guerre comme état de fait 
		permanent - constitue le creuset qui sous-entend, alimente et entretient 
		les façons d'être au monde d'Antonin Artaud et de Louis-Ferdinand 
		Céline. Les principales lignes de force seront analysées ici. 
						 
        
						 
        
						 
        
						 
           Fin de la deuxième journée. 
  
						 
        
						 
        
						 
         SAMEDI 5 JUILLET : 
						 
        9h30 : troisième et dernière journée de ce XXe 
		colloque International : 
						 
       
		 
  
						 
           12ième communication : 
						 
       David FONTAINE (Journaliste au Canard 
		Enchaîné, agrégé de philosophie) - CELINE ET LE CONTE POUR ENFANTS 
						 
       Ça a débuté comme 
		ça... A l'occasion du centenaire de sa naissance, Paris-Match 
		publie le 31 mars 1994 un conte pour enfant intitulé L'histoire du 
		Petit Mouk. Ce conte  
		avait été fait pour sa fille Colette. Interviewée par l'hebdomadaire, 
		Colette Turpin-Destouches, âgée de 73 ans à qui on 
		demandait quel premier souvenir conservait-elle de son père répondait : 
		- " J'avais 3 ans, à Rennes, en l'absence de mes parents j'avais joué 
		à des déguisements toute la journée avec les robes de maman. Plusieurs 
		en étaient déchirées. En rentrant mon père m'a dit : - Tu n'as jamais eu 
		de fessée tu vas voir... - Et j'ai reçu la plus mémorable des fessées. A 
		la même époque, j'avais été éblouie par la lecture du premier livre de 
		mon père, un conte intitulé L'histoire du Petit Mouk, que ma mère avait 
		illustré.  
  Il est un pari incertain qui consiste à croire que ce conte est le 
		premier livre écrit par Céline. Car s'il est bien l'auteur de 
		l'histoire, rien du point de vue du style ne porte sa marque. On peut 
		penser que ce texte a pu être repris et improvisé oralement par Céline. 
		Il est repris à l'identique du conte de l'allemand Wilhelm Hauff qui 
		porte d'ailleurs le même titre Les aventures du Petit Mouk. Un 
		prince arabe dans le désert, des jolies dames aux seins nus, des palais, 
		des intrigues, avec comme thème central : le personnage du roi et la 
		vengeance des courtisans... 
  David FONTAINE va alors comparer plutôt ce conte avec le synopsis de 
		dessein animé Scandale aux abysses (1944) et les arguments de 
		ballets qui s'adressent en un sens à la part d'enfance de tout un 
		chacun. Recroisée avec certains contes classiques, cette lecture permet 
		de montrer des permanences thématiques, telle la jalousie féminine comme 
		moteur de l'intrigue, la mélancolie du héros nostalgique, l'appel de la 
		mer, des sirènes, du fond des océans qui ouvrent justement une 
		échappatoire. 
  Céline semble revisiter certains mythes et légendes, en les façonnant à 
		sa manière, en les subvertissant de l'intérieur même, pour mieux 
		transmettre sous les atours de la fable certaines de ses préoccupations 
		du moment, si ce n'est encore ses obsessions cruciales. 
						 
        
						 
        
						 
       
  
						 
            13ième communication :  
						 
       Sven Thorsten KILIAN (Freie Universität, 
		Berlin, Allemagne)  - UN IMAGINAIRE DU DEBUT DU SIECLE : LA LEGENDE DU 
		ROI KROGOLD ET L'HOMME-ORCHESTRE  
      
		  
						 
       Toutes les œuvres de 
		Céline, notamment Mort à crédit sont largement imbibées d'un 
		imaginaire d'enfance. L'intervenant va analyser l'origine de la 
		transformation romanesque et pamphlétaire de cet imaginaire. 
    On voit que La Légende du roi Krogold et des 
		personnages des films d'enfance réapparaissent chez Céline comme des 
		drogues ou des rêves censés remédier à la " manie " d'écrire de 
		l'auteur. 
  C'est avec le cinéma de Georges Mélies et les lectures des Belles 
		images que le petit Louis découvre son inspiration pour La 
		Légende du roi Krogold. Henri Godard le confirme également, La 
		Légende du roi Krogold est bien le reflet des lectures des Belles 
		images comme des films, souvenirs d'enfance avec sa grand-mère 
		Caroline. " On y restait 3 séances... " Cela datait des années 
		1902, 1906 et 1907. 
   Les traditions chevaleresques (Bagatelles pour un massacre) 
		et les personnages fabuleux d'une certaine historiographie française 
		font partie de cet imaginaire. Sven Thorsten KILIAN, précise en 
		conclusion qu'on peut détecter et analyser une stratégie d'auto-mystification 
		de la genèse des textes de Céline à travers les citations et les 
		micro-récits intercalés dans la narration. 
						 
        
						 
        
						 
       
  
						 
           14ième communication : 
						 
       Christine SAUTERMEISTER (Université de 
		Hambourg, Allemagne) - ENTRE APOCALYPSE ET UTOPIE : LES SCENES 
		D'ENFANT DANS LA TRILOGIE ALLEMANDE 
						 
       Dans l'épopée de ce que l'on appelle la 
		trilogie allemande, les trois derniers romans de Céline, la débâcle est 
		parsemée de scènes d'enfants qui représentent des moments de répits, de 
		détente et surtout des moments d'espoir.  
  A côté de Sigmaringen: des enfants, ce sont des nourrissons, une 
		trentaine est décédée, pour Céline c'est un meurtre. Il va évoquer dans 
		diverses situations les enfants. Sans abri, au milieu de troupes qui 
		arrivent de partout, rien à bouffer. Des " mômes ", dans le 
		train, des ministres de Vichy crèvent de faim et de froid et les wagons 
		sont pris d'assaut par les enfants qui les piétinent. 
 Des scènes très drôles, c'est la pagaille, les gosses se jettent sur les 
		ministres pour les dépouiller : les enfants ont pris le pouvoir. Plus 
		loin, une femme enceinte devient la priorité : l'enfant c'est l'avenir. 
		Dans Nord, un village où des protestants français ont trouvé 
		refuge. Des bombardements se préparent. La foule les envahit avec des 
		enfants. On découvre un petit polonais avec un jouet, une poupée au bras 
		cassé qui veut jouer avec Bébert. 
  Rigodon montre l'Allemagne où le train est pris d'assaut par les 
		enfants. Ils sont au moins 15, ils s'installent, ils hurlent, les mômes 
		jouent et crient, c'est l'anarchie. Un tout petit, 
		emmailloté, laissé là par une mère, prend la place d'un maréchal 
		allemand. Il pue, personne n'a rien pour le changer, il rit, il est 
		sain. C'est avec des chemises du maréchal qu'on va changer le bébé. Ces 
		scènes d'enfant représentent l'énergie, elles défient la destruction et 
		la mort, elles font ressortir l'absurdité. Handicapés, ce sont des 
		victimes qui fuient la mort. Fonctions, réparatrice du régime allemand 
		partisan de l'eugénisme ou de la sélection naturelle, et salvatrice qui 
		sauve des enfants pour se sauver lui-même. 
  Avec leur énergie et leur joyeuse vitalité, les enfants se jouent de la 
		catastrophe,  ils suscitent l'étonnement et l'admiration du 
		médecin-narrateur. En observant les petits mongoliens confiés à ses 
		soins, celui-ci va même jusqu'à leur donner, malgré l'apocalypse et un 
		pessimisme grandissant, une perspective d'avenir : " des vioques rien 
		à espérer n'est-ce pas ? mais des mômes, tout... " 
						 
        
						 
        
						 
       
  
						 
           15ième communication : 
						 
        Alice STASKOVA (Freie Universität de Berlin, 
		Allemagne) - LA POETIQUE DU GESTE DANS NORD ET LA QUESTION DE LA 
		THEATRALITE  
						 
       Le succès considérable des 
		mises en scène réalisées par Frank Castorf (Nord, Volksbühne 
		Berlin et Voyage au bout de la nuit, Residenztheater Munich, 
		2013-2014) pose de nouveau la question, souvent traitée par la recherche 
		célinienne, de la théâtralité des œuvres du 
		romancier. 
   
 Alice STASKOVA dans sa communication propose d'étudier le gestuel dans 
		Nord, en le comparant avec les œuvres de 
		Frank Kafka et de Jaroslav Hasek qui aussi se trouvent souvent 
		transformées en pièces de théâtre. 
   
		Son hypothèse part du fait que les œuvres en 
		question ne disposent pas d'un caractère " dramatique ". Leurs 
		théâtralité relève donc d'un registre différent : le genre narré et 
		narratif les rend particulièrement intéressantes pour les formes du 
		théâtre expérimental, plus précisément, en l'occurrence pour celui de 
		Castorf, d'un théâtre " post-dramatique ".  
						 
        
						 
        
						 
        
						 
           13h -14h : BUFFET - DEJEUNER 
						 
        
						 
      
                                                                           
		                                
                  
		  
						 
                                                                                                             
		Les tables étaient excellentes, et les appétits aiguisés... 
						 
       
  
						 
        
						 
        
						 
             16ième communication : 
						 
        Bianca ROMANIUC-BOULARAND (Stanford 
		University, U.S.A.) - JEUX DE CACHE-CACHE AU PIED DE LA LETTRE 
		DANS VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT  
						 
       En employant certains mots dans leur sens 
		étymologique alors que la langue n'utilise couramment que le sens plus 
		lointain, plus impropre, plus détourné, Céline invite le 
		lecteur de Voyage à une constante mise en tension ludique, et le 
		convie à un parcours interprétatif qui souvent relève d'un jeu de 
		cache-cache : certains sens ne se cachent que pour mieux se montrer. 
  Deux effets relevant du fonctionnement poétique dans ce contexte seront 
		particulièrement mis en valeur : l'ambivalence sémantique, qui joue sur 
		l'activation du sens étymologique et du sens de la langue tout aussi 
		pertinents, et sur un effet de recomposition de ces sens, et l'ambiguïté 
		allusive, qui se construit sur un jeu de disjonction entre le sens 
		étymologique et le sens de la langue, entre le sens allusif et le sens 
		dénotatif. 
  Seront impliqués dans ces jeux non seulement des mots qui présentent une 
		racine commune, mais également, et de manière surprenante, des 
		homonymes. Mais le ludique n'est chez Céline qu'une façon de rejoindre 
		le poétique.  
  Le besoin constant de raviver des sens originaires, de jouer avec des 
		sens possibles ou tout simplement oubliés, est en quelque sorte le 
		symbole de l'idéal poétique, qui cherche à créer une autre langue, une 
		langue qui révèle la vérité du mot, une langue plus proche des essences. 
  Grâce à ces " mots coupés à la racine ", qui placent le texte " 
		à même la langue ", comme l'exprime Roland Barthes, le texte 
		célinien prend immanquablement les allures d'une écriture poétique. 
						 
       
  
						 
        
						 
        
						 
            17ième communication : 
						 
       François GIBAULT (Avocat, biographe, président 
		de la S.E.C.) - CELINE DANS LA CORRESPONDANCE MORAND - CHARDONNE  
						 
       La première partie de la correspondance 
		entre Paul Morand et Jacques Chardonne, qui vient d'être 
		publiée chez Gallimard, couvre la période de 1949 à 1960, comprenant peu 
		de lettres pendant les premières années, mais qui se multiplient à 
		partir de 1955 et 1956. 
  C'est une époque charnière de l'Histoire de France, le passage de la 4e à 
		la 5e République, alors que les remous de l'épuration ne sont pas 
		achevés. Beaucoup de lettres, surtout celles de Morand, contiennent du 
		reste des relents de vichysme et d'antisémitisme. 
  On y découvre l'apparition d'une nouvelle génération d'écrivains, Bernard 
		Frank, Michel Déon, Kléber Haedens, Antoine Blondin, Stephen Hecquet, 
		Roger Nimier, Françoise Sagan, et les difficultés qu'éprouvent les 
		écrivains de l'entre-deux-guerres à rebondir. 
  Les deux hommes portent des jugements sévères sur leurs contemporains, 
		Gide, Montherlant, Mauriac, Aragon et beaucoup d'autres et réservent un 
		sort particulier à Céline, revenu en France en 1951, et sur le devant de 
		la scène littéraire, après la publication, en 1957, de D'un château 
		l'autre, roman apprécié différemment par Morand et par Chardonne. 
  Cette correspondance, balayant toute la vie littéraire française de 
		l'après-guerre, justifie l'étude de la place très particulière qu'y 
		tient Céline aux yeux de ces deux grands écrivains. 
		 
  
						 
        
						 
        
						 
          Débat entre Pierre ASSOULINE et Christine 
		SAUTERMEISTER animé par François GIBAULT sur le thème de SIGMARINGEN : 
						 
       Avant de clôturer ce colloque International, 
		Maître GIBAULT propose à l'assemblée " une confrontation amicale 
		" entre deux auteurs qui ont écrit tous deux sur Sigmaringen. 
  Christine SAUTERMEISTER qui intervient la première, " honneur au 
		sexe faible ", dixit le président de la S.E.C. (quelques 
		toussotements dans la salle...), précise qu'elle n'est pas historienne 
		et que son intérêt pour Céline se situe au niveau du style et de son 
		vocabulaire. Pour préciser une conférence sur D'un château l'autre, 
		elle s'est rendue à Sigmaringen pour y effectuer des recherches. Elle y 
		a rencontré le directeur des archives du château qui a écrit lui-même 
		sur les divers personnages de Sigmaringen. Elle pu avoir accès au 
		journal des collaborateurs qui paraissait La France, et aussi et 
		surtout au " Journal " de Marcel Déat.  
  Elle s'est vu pressée alors d'écrire un livre. Après avoir relu plusieurs 
		livres d'Histoire, notamment celui d'Henri Rousso et bien sûr à nouveau
		D'un château l'autre, " Céline à Sigmaringen " est paru. 
		 
						 
       Pierre ASSOULINE est historien et écrivain. Il a 
		écrit plus d'une vingtaine de livres, notamment Le Fleuve Combelle 
		où Céline est largement évoqué, il est membre de l'Académie 
		Goncourt. Il vient de publier un roman qui se situe  
		actuellement parmi les meilleures ventes de librairie : Sigmaringen. 
  Il indique, dès son intervention, que contrairement à Christine 
		SAUTERMEISTER qui a apporté dans son livre des regards sur les 
		personnages ayant existés, le sien est celui d'un historien certes, mais 
		celui aussi et surtout celui d'un romancier.  
   Passionné par cet époque, ce n'est ni Céline, ni Sigmaringen qui 
		l'a motivé, mais le point de vue sur le phénomène de huis-clos... 
		Comment, des gens qui se détestaient, tous Français, qui avaient choisi 
		le mauvais camp, ont-ils pu vivre pendant 8 mois en champ clos ?... Il 
		n'a pas voulu travailler en historien mais en romancier, estimant que 
		travailler sur des archives a des limites : " Il arrive un moment où 
		on ne peut aller plus loin, cela dépasse l'état des archives, les 
		documents ".  
  Autre fait déterminant : le constat que les Français ne connaissaient pas 
		l'histoire de Sigmaringen, alors qu'ils sont pourtant passionnés par 
		l'Occupation, Vichy et la Deuxième Guerre mondiale. La plupart croit que 
		la fin de la guerre coïncide avec la Libération de la France ! Non, il 
		faudra attendre encore 8 mois. 
  Le personnage principal, le majordome, a été trouvé à travers des films 
		revus, " La règle du jeu " de Jean Renoir (8 fois...), " Le 
		vestige du jour " où deux niveaux de société coexistent, les maîtres 
		et les serviteurs, avec le comte et son majordome, et également des 
		vieilles séries anglaises de la B.B.C. 
  L'idée ce sera donc l'histoire racontée par un majordome, et un majordome 
		allemand...    
						 
        
						 
        
						 
                                                  
		              
		  
						 
        
						 
        
						 
                              
		                                                       
		  
						 
          
						 
            Après cet ultime débat qui 
		clôtura un 20 ième Colloque Louis-Ferdinand Céline parfaitement riche et 
		passionnant, tous les participants eurent bien du mal à se quitter et 
		les conversations allaient, j'en suis sûr, toutes dans ce sens... 
						  
						  
						                                                                                                                       
						 *********** 
						  
						  
						  
						  
						  
      
						
                                                    
		19ième colloque 
		International 
						
                                                                          
		Louis-Ferdinand  CELINE  
						
                                                                         
		BERLIN   6-8 juillet 2012. 
						
        
						
        
						
        
						
        
		
                  
		 La Société d'études céliniennes et 
		son président François GIBAULT ont choisi, pour leur dix-neuvième 
		colloque, la ville de BERLIN avec 
		comme thème : CELINE et l'ALLEMAGNE.  
						
        C'est ainsi que dans la magnifique 
		bâtisse du Frankreich-Zentrum, dans un quartier résidentiel où se 
		succèdent parcs et splendides sous-bois, intervenants et participants 
		furent accueillis de façon exceptionnelle par l'équipe aguerrie de 
		Madame Margarete ZIMMERMANN, grande responsable du Frankreich-Zentrum 
		der Freien Universität Berlin. 
						
         - " Ce colloque fait partie 
		du programme qui a démarré à l'automne 2010 et qui est intitulé " 
		Histoire et littérature ". Il se propose de mettre en lumière les points 
		d'articulation entre ces disciplines dans les champs universitaires français et allemand 
		", nous expliqua-t-elle.  
						 
						
         C'est à 10h15, le vendredi 6 
		juillet que débuta le colloque, ouvert par François GIBAULT. 
						
       
 Dans sa présentation celui-ci tint à préciser que l'Ambassade de France 
		refusa de prêter son concours et de cautionner cette initiative, que 
		cela était bel et bien une première pour les responsables de la SEC, et 
		que l'on se devait de le déplorer. 
                  
      
						
        
						
        
						
        
						
         
		
                  
      1ère communication : 
            			 
						
       
		Ana Maria ALVES (Instituto Politécnico de Bragança, Portugal) - CELINE et les RAPPORTS FRANCO-ALLEMANDS. 
						
        Elle se proposa de 
		démontrer que contrairement aux propos céliniens, l'auteur eut plusieurs 
		rapports avec l'occupant, Abetz, Achenbach, Klarsen, Bickler ou Schleier. 
		Elle  indiqua que Céline fut reçu à trois ou quatre reprises par des 
		représentants allemands, à sa demande. Il reçut Abetz à son domicile et 
		l'ambassadeur éprouvait beaucoup d'admiration pour l'écrivain.  
						
       Il fut reçu par lui à l'ambassade où 
		la question de son or planqué à Copenhague fut certainement évoquée. 
		Elle signala de nombreuses fréquentations à l'Institut allemand pour 
		rendre visite à Epting. Céline intervint pour d'autres auteurs français, 
		notamment pour " Les Mouches " de Sartre.  
						
       Elle mit l'accent sur le sentiment de 
		dépréciation ressenti envers l'auteur pour son style hystérique, 
		ordurier ou vulgaire et son délire antisémite d'une part, et d'autre 
		part le sentiment partagé lui, entre nausée et admiration pour sa verve, 
		" sa création hallucinante d'un monde dominé par les forces destructives 
		de la mort et de la folie. "  
						
						
          
						
        
      
						
        
						
         2ième communication : 
		
            			 
						
          Christine SAUTERMEISTER (Université de Hambourg, Allemagne) -
		D'UN CAFE 
		L'AUTRE : CELINE et MARCEL DEAT à SIGMARINGEN. 
						
         Puisant dans un " Journal de guerre " laissé par Marcel 
		Déat, écrit presque au jour le jour et qui se termine à la fin de son 
		séjour en Allemagne, avant sa fuite en Italie, l'intervenante montra de 
		nombreuses allusions comiques répertoriées dans Nord et D'un 
		château l'autre. (Les propos de Mme de Brinon qui était juive, sur 
		son mari, lui, antisémite, et sur la politique souhaitée véritablement 
		par Doriot). 
            			 
						
       On y retrouve certains noms connus 
		dans la trilogie : le Dr Haubold, Hermann Bickler, le Dr Knapp ou un 
		certain professeur Göring de Berlin.  
						
        Les rapports de Céline avec Déat se 
		révèlent dans ce " Journal " cordiaux au-delà des rapports de 
		travail. 
						
        Si le Dr Destouches dîne un soir au 
		château avec ses collègues médecins et pharmaciens pour une réunion de 
		spécialistes, il vient par ailleurs plusieurs fois avec Lucette prendre 
		le café chez les Déat... 
                  
						
      
						
        
						
        
						
        
						
        
                  
						
      3ième communication : 
						
        Pascal IFRI (Washington 
		University, Etats-Unis) -   L'ALLEMAGNE et les ALLEMANDS dans la 
		CORRESPONDANCE de CELINE (1907-1939).  
		 
						
        Les rapports de Céline avec 
		l'Allemagne sont particulièrement complexes. Il y a effectué des séjours 
		linguistiques durant son enfance, un an environ entre Diepholz et  
		Karlsruhe. 
						
        Il semble avoir soutenu le régime 
		nazi et défendu certaines thèses durant la Seconde guerre mondiale, mais 
		il a été un héros de la Première sous l'uniforme français. 
						
        Il n'a jamais rejoint la 
		Collaboration pendant la période de l'Occupation et a souvent affiché 
		son mépris pour les collaborateurs comme envers les nazis. Il est 
		difficile de se faire une idée avec les propos quelquefois 
		contradictoires de l'écrivain. 
						
        Une lecture attentive de sa 
		correspondance, notamment à des juives allemandes avec lesquelles il 
		correspond entre 1932 et 1935, - Cillie Ambor, Annie Reich et Anny Angel 
		- montre qu'il pressentait la catastrophe à venir et qu'il n'éprouvait 
		que dégoût pour le nazisme.   
						
      
						
        
						
        
						
        
						
        4ième communication : 
		 
						
       Margarete ZIMMERMANN (Freie 
		Universität de Berlin, Allemagne) - REPRESENTATIONS de BERLIN dans 
		NORD.  
						
       Elle 
		énuméra pour commencer les multiples citations d'écrivains sur Berlin et 
		notamment celle, devenue célèbre, de Céline : " Pluie, soleil, ou 
		neige Berlin a jamais fait rire, personne ! " Ceux-ci, depuis la 
		chute du Mur, que ce soit Christian Prigent (Berlin deux temps trois 
		mouvements), Jean-Yves Cendrey (Honecker 21), ou Julien 
		Santoni (Berlin trafic), prirent la capitale allemande pour le 
		point de chute de nomades modernes en mal de crise identitaire. 
						
       Ce dernier livre, paru chez Grasset, 
		décrit les errances à travers Berlin, la mort, la drogue, la 
		prostitution et rappelle étrangement Guignol's band. 
						
       L'intervenante évoqua ensuite le 
		Berlin des voyageurs, le Berlin fantômatique de l'été 44. Les quartiers 
		dont Céline parle lors de ses déplacements avec Lucette et le chat 
		Bébert : la villa de Haubold-Harras en 1940.  
						
       Les errances de ses personnages dans 
		cette ville mourante, à travers cet univers urbain en dissolution 
		renvoient alors à une poétique du mouvement tout à fait particulière.
		 
						
      
						
        
						
        
						
       
  
						
                  
						
         
		5ième communication :
		 
						
        David FONTAINE (journaliste au 
		Canard enchaîné)  -  Le BERLIN de CELINE. 
						
       Céline dans Berlin, après ses premiers 
		séjours tout jeune et ses voyages pour travaux médicaux financés par la 
		SDN en 1929 et 1932. 
						
       A la fin de l'été 44, il n'est resté 
		que huit jours dans cette capitale, mais la transposition saisissante 
		qu'il en donne dans Nord 
		occupe près d'un cinquième du volume. Et là, on le suit comme " touriste 
		" du désastre. Sont cités des lieux magiques comme la Porte de 
		Brandebourg, La Chancellerie, la station de métro Tiergarten, Unter den  
		Linden avec aussi des hôtels aux noms savamment modifiés.  
						
       Dans cette ville amputée et saignée à 
		blanc, Berlin n'apparaît plus que comme un " décor ", avec des tas de 
		petites maisons dans les rues. L'hôtel Zénith, réduit à deux 
		étages suspendus entre deux trous de bombe, devient l'emblème de cette 
		ville désolée. 
						
        On découvre que certains de ces 
		traits du Berlin célinien préexistent à l'écriture du roman, notamment 
		dans ses lettres écrites en 1946, du fond de sa prison danoise.  
						
       L'intervenant fit ressortir de façon 
		pointue et avertie, le parallèle que Céline fait entre sa perte 
		d'équilibre - il ne peut plus marcher droit, ce qui nécessite l'achat de 
		deux cannes - et sa " titubation " narrative, sa façon de raconter " de 
		bric et de broc ". Images en " zigzag ", celles de sa technique 
		romanesque...  
						
        Il conclut en précisant que l'aura de 
		cette ville dans l'œuvre doit sûrement aux précédents séjours qu'il y 
		avait faits, évoqués au tout début de son intervention. 
						 
      
						
        
						
       
  
						
        
                  
						
      
        6ième communication : 
						
       André DERVAL (IMEC) -  
		ALLEMANDS et ANGLAIS entre MUSIQUE et CHARABIA. 
						
      
		  Il est évoqué les séjours 
		linguistiques du jeune Destouches en Allemagne (1907-1908) puis en 
		Angleterre (1909). 
						
       L'intervenant 
		relève les très nombreuses références à la musique de la langue dans les 
		premiers écrits. Si l'on peut considérer que le " Journal de Diepholz " 
		écrit en français, est la première marque d'écriture littéraire chez 
		Céline, celle-ci est bien moindre que la place réservée à l'Angleterre 
		ou au monde anglophone. La lecture de Voyage au bout de la nuit, Mort 
		à crédit et bien sûr Guignol's band permet de le vérifier 
		aisément. 
						
        Il est recensé les diverses 
		appréciations dans l'œuvre. Négatives, lorsqu'il s'agit de qualifier 
		l'allemand : langue détestable, tapageuse, grondante, de commandement, 
		et beaucoup plus nuancées pour l'anglais, notamment le " snappy " du 
		théâtre, du jazz, du ragtime à la musicalité recherchée.  
						
       Cette opposition se retrouve dans le 
		bruit des avions de guerre avec les innombrables onomatopées qui se 
		succèdent.  
						
       En conclusion, Céline rejette les " 
		types " anglais et allemand dans une même détestation mais s'intéressera 
		et puisera dans leurs littératures : Shakespeare, Defoe, Chamisso, 
		Fontane... 
                  
						
      
						
        
						
        
						
        
						
       
		7ième communication : 
						
       Anne SEBA COLLET (Journaliste, 
		Le Cap, Afrique du Sud) -  CELINE en BATAILLE avec... la GUERRE : 
		l'ALLEMAGNE : CATALYSEUR d'un PACIFISME.  
						
       Céline en bataille avec la guerre. 
		L'intervenante rentre dans les origines des conflits, les dangers, les 
		risques. 
						
       La lutte double de Céline pour la 
		réconciliation de son pacifisme s'est déroulée sur deux fronts. 
		L'externe, avec la volonté de réunir une grande armée franco-allemande 
		qui évitera la deuxième guerre mondiale qui se dessinait. Puis celle, 
		intime, pour réconcilier les deux parties rivales de son " Moi " suite 
		aux traumatismes subies à Poelkapelle dans les Flandres en 1914. 
						
        Sont évoqués les conflits en 
		remontant au Traité de Verdun de 843, le Sedan de 1870 et plus près de 
		nous, celui de Verdun de 1916. 
						
        Avec la Seconde guerre mondiale, 
		Céline avait perdu sa bataille externe. Mais par la création de sa prose 
		poétique, féerique même, par le truchement des figures du Double dans 
		son œuvre, combien a-t-il réussi dans sa seconde bataille !... 
						
       Et c'est bien nous, les lecteurs, qui 
		goûtons cette réussite et ces chefs-d'œuvre en accédant à cette prose 
		célinienne qui nous ouvre la porte de cet autre-là, pierre de 
		touche de l'œuvre. 
						
      
						
        
						
       
  
						
                  
						
            Samedi 7 juillet , deuxième 
		journée de ce 19ième colloque International. 
						
            
						
        
      
						
         
  ... et 8ième communication : 
						
       Bianca ROMANIUC-BOULARAND -  Un 
		PHENOMENE STYLISTIQUE CELINIEN : La RECURRENCE FORMELLE et SEMANTIQUE. 
						
       C'est Voyage au bout 
		de la nuit qui est analysé ici. Le texte est traversé d'un bout à 
		l'autre d'un bruissement sonore incessant, par des " échos " phoniques, 
		denses et permanents. 
						
      
		  
		L'effet de rappels sémantiques exploité par Céline crée des doubles 
		d'une grande richesse. La répétition créée par la multiplicité de 
		signifiés autour d'un signifiant engendre un effet poétique inégalé, 
		exploité merveilleusement par l'écrivain. 
						
       Cette musique joue également dans 
		l'harmonie avec des effets comme l'équivoque, le calembour, la 
		paronomase, la figure dérivative.  
						
        L'auteur fabrique, en utilisant un 
		même signifiant dans un sens concret, puis dans un sens abstrait, des 
		constructions personnelles... Les compléments se répondent en échos... 
						
        L'argot aussi, est utilisé, comme le 
		régime familier et populaire, qui lui permet d'élargir la gamme 
		sémantique, où un même signifiant peut vouloir dire des choses 
		différentes. 
						
       Ce travail met en avant l'antanaclase, 
		pour faire résonner dans le texte, la multiplicité des acceptions 
		polysémiques d'un mot ou bien les sens totalement différents de ce même 
		signifiant par le pur hasard de l'homonymie. 
						
        Pour conclure, ce n'est pas le 
		moindre talent de l'intervenante, qui a donné à l'assistance des séries 
		d'exemples, tous plus riches, plus amusants et des plus cocasses dans le
		Voyage... 
						 
      
						
        
						
        
                  
						
        
      
						
       
		9ième communication : 
						
       Alice STASKOVA (Freie 
		Universität de Berlin, Allemagne) -   FIGURE et ESPACE ENTRE la " 
		TRILOGIE ALLEMANDE " et FEERIE pour une AUTRE FOIS I. 
						
        Il s'agit ici d'analyser comment les 
		figures (tropes) participent à la constitution de l'espace représenté, 
		et comment celles-ci font avancer le récit.  
						
        L'intervenante montra que dans les 
		trois romans de la trilogie, D'un château l'autre, Nord et Rigodon, les 
		personnages se mouvant à travers l'Allemagne, privilégient les tropes au 
		sens horizontal et qu'on pourrait ainsi les nommer figures de transfert. 
						
        Par contre, dans Féerie pour une 
		autre fois I, elles jouent mais cette fois dans la verticalité ; c'est 
		l'espace clos de la prison danoise qui apporte cet effet. 
						
       L'utilisation soutenue de la 
		métalepse, figure par laquelle on attribue à l'auteur le pouvoir 
		d'entrer lui-même dans l'univers de sa fiction, est longuement 
		développée ici. Le récit, alors, dépasse ses propres seuils. 
						
       On pourrait la rapprocher, en 
		poursuivant la comparaison, en narratologie, où l'écrivain stoppe son 
		récit pour mettre le lecteur ou lui-même sur le devant de la scène. 
						
       Elle conclut en expliquant qu'une 
		analyse des relations entre tropes et espaces met en relief des aspects 
		essentiels de la poétique de Céline, et permet en outre, des variations 
		dans le développement de son style.  
						 
      
						
        
						
        
						
        
                  
						
       10ième communication : 
						
       Suzanne LAFONT (Université de 
		Montpellier) - Des COLLABOS aux BALUBAS : Le MIROIR SONORE de 
		l'HISTOIRE dans la TRILOGIE ALLEMANDE (l'exemple de D'un château 
		l'autre). 
						
						
						
       Une bien amusante contribution nous est donnée là. 
		Dans D'un château l'autre, on compte une abondance d'exclamations 
		et d'onomatopées en langue française, comme en langue étrangère, bien 
		que le récit soit de narration plus classique si on le compare aux 
		romans précédents comme Féerie. 
						
        De 
		façon plus étonnante on constate la fréquence de mots à redoublements : 
		fifis, froufrou, glouglou, cache-cache, coupe coupe, et d'autres à " 
		échos " : méli-mélo, queue leu leu, Lili, Bébert... 
						
        Ce ne sont pas des accidents ou des procédés de 
		style pour dynamiser les normes de l'écrit, mais de la matrice même de 
		l'écriture célinienne. L'auteur compose une langue où s'entend un babil 
		d'avant l'emprise du sens, une langue " babélisée " peuplée d'idiomes 
		étrangers, qu'il qualifie de " petit nègre " 
      
						
         Reviennent dans son dispositif, les échos et 
		rumeurs, faisant des retours sur l'histoire dans un " bric à brac " où 
		se mêlent les souvenirs de sa petite enfance, ses apprentissages 
		linguistiques, ses séjours africains, avec des évènements pressentis, 
		oubliés ou en gestation.
						
        Céline ne se contente pas de " blablater " sur un 
		passé en passe de devenir ancien, il fait " miraginer ", grâce au miroir 
		sonore disposé par son écriture, les potentialités de l'histoire 
		présente et future. 
						
        Les années 50 rentrent en résonnance avec la Seconde 
		guerre mondiale, elle-même hantée par celle de 1914 et les guerres 
		coloniales. 
						
        Il n'y a pas si loin des collabos à la fin du Reich 
		en Allemagne aux balubas du Congo. D'ailleurs, conclut-elle, Céline 
		n'avait-il pas, dès L'Eglise, confié sa succession au petit noir 
		Gologolo ?  
						 
      
						
        
						
        
						
        
                  
						
         
            11ième communication : 
						
						
       Véronique FLAMBARD-WEISBART (Loyola Marymount, 
		Etats-Unis) - La TRAVERSEE de l'ALLEMAGNE en TRAIN.  
                  
      
						
						
        En s'appuyant sur le métro magique et les rails " 
		tout à fait spéciaux " décrits dans Entretiens avec le Professeur Y, 
		l'intervenante va les rapprocher des manifestations littérales et 
		figurées du voyage à travers l'Allemagne.
                  
						
        C'est le transport magique qui intervient, celui qui 
		mène au féerique où sont exposés les épisodes de la locomotive à 
		l'envers dans les nuages : " ... une locomotive à l'envers... perchée... 
		et pas une petite je vous dis, une à douze roues !... en l'air et à 
		l'envers... sur le dos ! soufflée ! au sommet !... " 
						
        Il nous est montré alors comment cette métaphore de 
		la locomotive, comme celle du métro émotif, entrainent le lecteur vers 
		le transport des sens selon les règles de sa " petite musique " 
		polyphonique, car " Pas d'air grandiose sans contrepoint !... " 
						
         
                  
      
						
        
						
        
						
                  
						
         Les pauses méridiennes permettent de 
		sustenter les participants, mais aussi de créer des contacts impromptus, 
		évocateurs et souvent chaleureux... 
						
        
						 
      
						
         
						
      
              
						
						
      					 
                  
						
      
                                                                       
               
                  
						
						
        
						
						
         
		
						
						
      Quelques uns de ces moments... où les discussions 
		varient, mais ne s'éloignent jamais très loin de l'ermite de Meudon. 
		
      
            			
						
                  
      
						
        
						
						
        
						
      
                                                                    
                                                                          
		                                                                                                                            
		
						
                  
                  
						
						
        
						
        
						
						
        
                   
                  
						
						
      12ième communication :
						
						
                  
      
             François-Xavier LAVENNE -   
            ORPHEE en ALLEMAGNE : 
		La TRILOGIE à TRAVERS les ENFERS et QUÊTE de 
		l'ECRITURE. 
						
						
       La fuite dans l'Allemagne en feu, l'exil et 
		l'incarnation au Danemark constituent des évènements qui bouleversent la 
		posture célinienne. 
                  
      
						
						
						 
      
						
						   La gestion de l'identité de l'écrivain passe alors 
		par la narration, et plus particulièrement par la reprise de canevas 
		mythiques... Ceux-ci, utilisés en contrepoint, permettent à l'exilé de 
		donner une portée métaphysique au traumatisme de son expérience vécue.
						
						
      
		  
		Dans Féerie pour une autre fois, le lieu de vie (son appartement 
		au-dessus de Paris), s'oppose à la prison, lieu de mort, enfouie, lui, 
		sous la terre. L'écrivain est le damné ; c'est Sisyphe envoyé aux 
		Enfers. C'est Adam chassé du paradis. 
						
       Plus atténué est la posture du " Pline de l'ère 
		atomique ", l'explorateur curieux mais imprudent. 
						
       Mais c'est avec le mythe d'Orphée, que l'auteur 
		utilise comme matrice signifiante illustrant son parcours, que 
		l'intervenant va ravir l'assistance. On sait comment l'aède de Thrace 
		descendit aux Enfers pour en ramener Eurydice son épouse. Il ne devait 
		la regarder qu'à sortir du royaume des Morts... Ne résistant pas, il 
		provoqua pour elle une seconde mort... 
						
        La descente aux Enfers, le parcours de l'écrivain, a 
		pour but d'éviter la mort promise à Paris. Cette descente, pour lui, en 
		trois étapes, s'accompagne de la transformation physique de l'auteur 
		devenant mi-mort, mi-vivant. 
						
        Ce sont les châteaux, Sigmaringen, le Brenner et 
		Zornhof qui traduisent cette plongée. 
						
        L'intervenant ajoute ici, une nouvelle scène pour 
		renforcer encore cette identification à la descente aux Enfers. Celle du 
		début d'Un château l'autre où Céline descend vers la Seine qu'il 
		voit en Styx. Là, il fait la rencontre de Caron et sa barque. Il ramène 
		le passé en revenant dans sa villa, ce passé arraché à la mort, que doit 
		ressusciter l'écriture. 
						
       Et la conclusion s'impose alors. Le motif du tombeau 
		d'Orphée introduit en effet la conception du texte comme le lieu de 
		survie spectrale de l'auteur dont chaque lecture réanime la voix. 
						
      
						
        
						
        
						
        
						
        
		13ième communication : 
						
       Sven Thorsten KILLIAN (Université de Potsdam, 
		Allemagne) -
                   L'ALLEMAGNE, ce MONSTRE. 
						
       En 1938, Céline attribue à l'Allemagne, dans une 
		fausse citation, l'épithète de " monstrum ". 
						
						
        
						 
						
						Vingt ans plus tard, son voyage forcé à travers 
		celle-ci est évoqué en termes mythologiques qui font imaginer une vision 
		cauchemardesque de l'Europe centrale. 
						
       L'intervenant, jeune chercheur ayant préparé sa thèse 
		de doctorat après avoir vécu de longues années à Paris, va analyser le 
		mode fantastique et la fonction pragmatique de cette stratégie 
		textuelle. 
						
        Car, l'écrivain, ne s'est-il pas lui-même mis en 
		scène comme monstre dans ses romans, et avec ses apparitions publiques 
		des années 50 ? Et dans la prison danoise, quand il parlait allemand aux 
		détenus de la dérive nazie, pour cyniquement leur remonter le moral ? 
						
        Il explique alors, froidement, que les textes 
		montrent dans leur réalité télévisuelle un jeu de doubles et de masques 
		rempli de sous -entendus. 
						
       Pour lui, l'Allemagne de Céline est plus qu'un 
		référent historique et culturel. Le schéma du pays monstrueux sert ici, 
		à travestir les modes d'énonciation, à simuler et à dissimuler l'affect, 
		et à provoquer de manière " psychapersuasive " une réaction publique 
		convulsive. 
						
        Le monstre Céline a décrit la monstruosité de 
		l'Allemagne à travers ses propres écrits. Déconstruction de la 
		construction d'un monstre...   
						
                  
      
						
        
						
        
						
        
						
						
        
                   
      
                  
						
      14ième communication : 
						
        Anne BAUDART -  CELINE et l'ALLEMAGNE. 
						
       Céline écrira à son amie Evelyne Pollet 
		qu'il va aller voir à Anvers, en 1933 : " Moi-même flamand par mon père 
		et bien breughelien 
		d'instinct, j'aurais du mal à ne pas délirer entièrement du côté du Nord 
		" et en 1937, dans une autre lettre : " Vous serez gentille de me donner 
		quand je vous verrai quelques renseignements sur la vie de 
		 Jérôme Bosch. 
		Juste quelques idées. " 
						
        Céline s'intéresse à la peinture et il est, lui-même 
		un grand peintre de l'apocalypse, dans la lignée de Bosch, de Breughel, 
		de Goya.  
						
        Il dira à son ami Elie Faure, parlant de la hideur 
		du genre humain :
                  " Il faut se placer délibérément en état de cauchemar 
		pour approcher du ton véritable. " 
						
        En témoignent ses tableaux de la guerre dans le 
		Voyage et dans la Trilogie Allemande, sa vision inouïe des 
		bas-fonds, des prostituées dans Guignol's band, la fulgurance de 
		couleurs de son tableau du bombardements de Paris dans Féerie pour 
		une autre fois.  
      
						
      
            
              L'intervenante, après avoir distribué à l'assistance 
		des photocopies de tableaux illustrant son développement, rapprochera l'œuvre 
		picturale et le parcours de Céline de ceux d'un autre rescapé de 1914, 
		de l'autre côté du Rhin celui-là, l'expressionniste allemand Otto Dix... 
						
            			
                  
						
        
            Lui aussi a peint " la hideur du genre humain " avec le même 
		pessimisme. Il a abordé les mêmes thèmes : l'horreur de la guerre, 
		l'univers glauque des prostituées pour les opposer à l'harmonie de la 
		musique et de la danse... 
                  
       
            			 
						
						
        
						
        
						
        
						
                  
						
      
       15ième communication : 
						
						
      
       Johanne BENARD (Queens's University, Canada) 
                  
            -
                  
            Le THEATRE dans la TRILOGIE ALLEMANDE : l'ENVERS du DECOR.  
						
						
         Notre intervenante commença par la distribution 
		de trois feuillets qui aideront l'assistance à suivre son exposé avec 
		des citations sur les différents thèmes concernant 
		les auteurs de théâtre.
						
        En se servant du débat bien connu, sur la question 
		de la théâtralité dans les derniers romans, entre Robert Llambias et 
		Philip Watts, Johanne BENARD, sans trancher celui-ci, expliquera que le 
		théâtre de Céline, et notamment dans les scènes évoquées dans la 
		Trilogie allemande, lui permet de se moquer de l'Histoire (avec un grand 
		h). 
						
        Le discours célinien va au-delà de l'inconscient, de 
		l'affect... c'est son théâtre. Son utilisation lui permet d'éviter 
		l'histoire, de s'en démarquer et de ne pas endosser les responsabilités 
		qui pourraient être les siennes. 
						
        Alors la guerre et l'histoire sont des spectacles. 
		Son récit est la passerelle qui permet de passer aisément de l'histoire 
		au spectacle. 
						
        Et pour conclure, de citer Watts, qui rapproche les 
		scènes shakespeariennes de Guignol's band où le théâtre, se confondant 
		avec le rêve, nous ramène justement au réel et à l'histoire.  
						
          
						
        
						
             La seconde journée de ce colloque se 
		termina donc sur cette intervention, toute tournée vers le théâtre. 
						
                  
      
						
        
						
        
						
       
                  
            Mais les participants étaient loin d'en avoir 
		terminé avec ce thème, puisqu'ils allaient être conviés à devenir, à 
		leur tour, des véritables acteurs de l'épopée célinienne... 
						
                  
						
        Ici, sur place, à Berlin, à une demi heure de là, 
		invités au théâtre, à visiter l'Histoire... celle de la Trilogie 
		allemande... celle de Nord. 
                  
						
        Grâce au talent très apprécié de notre hôte, Madame Margarete ZIMMERMANN, la visite d'un lieu mythique fut négociée avec 
		leurs propriétaires, et c'est ainsi qu'une vingtaine de céliniens 
		allaient, soixante-cinq ans après Céline, Lucette, Le Vigan et Bébert, 
		fouler le sol du domaine du Professeur HARRAS... 
                  
            			 
						
        Ils avaient laissé derrière eux le " Zenith Hotel " 
		et une seule obsession Grünwald ! arriver à Grünwald !...  
						
        " ... nous suivons... c'est d'abord un très grand 
		jardin, même plutôt un parc... plein de décombres, ici, là... d'autres 
		villas, sans doute ?... ce qu'il en reste ! et des morceaux de stèles et 
		statues... et couvertes de ronces et de barbelés... ah, une très haute 
		serre, mais plus une vitre... on passe dedans... l'officier avance tout 
		doucement... peut-être est-ce miné ?... je lui demanderais bien... " 
						
        Et puis, la grenade ? trouvera-t-il un endroit pour 
		s'en débarrasser ? 
						
       " ... je voyais bel et bien ma poche, grenade et 
		goupille nous envoyer plus haut que les arbres ! Il se doutait, l'S.S... 
		? lui qui faisait si attention à ce qu'on s'écarte pas du petit 
		chemin... sûr, il avait peur des mines... mais ma poche moi, un petit 
		peu ?... ce parc était immense, rocailles, futaies... presque tous les 
		arbres ébranchés... je cherchais voir, droite, gauche, un endroit 
		d'eau... je pourrais envoyer mon afur !... j'avais vu plusieurs mares, 
		bien bourbeuses, herbues, vaseuses... mais bien trop loin de ce sentier 
		! " (...) Pendant que l'S.S. nous explique combien ces bains sont 
		toniques, qu'il en prend lui-même, etc. etc. j'extirpe ma foutue grenade 
		du fond de ma vague et je la pose sur le rebord du trou, qu'elle glisse 
		à pic... je la pousse ... tout doucement... vlof ! elle plonge ! " 
                  
      
						
        
						
        
						
         
						
        
						
        
                   Voilà ce qu'est devenu le domaine du Professeur HARRAS... après de multiples ventes et reconstructions ...  Une 
		superbe maison de maître appartenant aux propriétaires des porcelaines 
		MEISSEN, parmi les plus belles et chères au monde... 
						
						
        
						
        
						
        
						
        
						
         Nous 
		n'avons pas trouvé la grenade, ni vu des souterrains, bien évidemment, 
		mais un certain frisson est passé parmi nous, en contemplant ce parc, 
		derrière la somptueuse bâtisse... 
						
						
        
						
        
						
        
						
         Dimanche 8 juillet 2012, troisième et 
		dernière journée. 
                   
            			 
						
						
        
						
        
						
						
           16ième communication :
						
                   
       Pierre-Marie MIROUX
                  - Le NORD CHEZ CELINE : Des 
		RACINES et des AILES.
						
      
		 
		
                  
						
						" Mon père est Flamand ma mère est Bretonne... " 
						
       L'intervenant, partant du principe qu'il n'apparaît 
		que quelques notes éparses et succinctes sur les origines de 
		Louis-Ferdinand Destouches - dans la biographie de François Gibault et 
		de Gaël Richard dans l'Année Céline 2007 - va étudier dans le moindre 
		détail la généalogie de sa famille. 
						
       Il découvrit que l'arrière grand-père paternel de 
		Céline s'appelait François Joseph Delhaye et sa grand-mère : Hermense 
		Destouches, née Delhaye. 
						
       Puis, dans un deuxième temps, il montrera comment 
		dans la Trilogie allemande notamment, il existe véritablement une sorte 
		d'aimantation vers le nord comme lieu de féerie. 
						
        Le Danemark, alors lieu si cruel, où il renaîtrait 
		en fantômes dans un monde qui serait aussi celui des origines d'avant la 
		naissance, car dans ce monde construit de misères et de catastrophes, 
		rappelons-le, conclut-il " c'est naître qu'il aurait pas fallu ! " 
						 
      
						
        
						
       
  
                  
						
       
  17ième communication 
		: 
						
      
             Marie-Pierre LITAUDON
                   - GUIGNOL'S 
		BAND... AU PASSAGE.
                  
						
       Guignol's band, c'est le séjour londonien du 
		héros Ferdinand.  L'histoire est introduite dans les quatre 
		premiers chapitres, par  
		le bombardement du pont d'Orléans en juin 40, et se prolonge par une 
		série de " pronostications " à l'adresse des lecteurs. 
						
       Ce " prologue narratif ", en marge de l'histoire mais 
		qui introduit le roman, procédé reproduit dans Mort à crédit et 
		d'autres romans, joue bien le rôle d'un sas mémoriel.   
						
        Dès lors que le bombardement d'Orléans opère en 
		prolepse narrative, l'histoire rapportée s'inscrit dans une durée 
		nouvelle, celle d'entre-deux-guerres, avec un creux de vingt-deux années 
		de paix, réduites au silence.  
						
        Cette contraction confère une force programmatique 
		au premier chapitre, véritable Apocalypse signant la fin des temps. 
		L'anticipation devient prémisse du récit à venir, piégeant la vie de 
		Ferdinand dans un cycle de malédictions voué à la géhenne.  
						
        Mais cet entre-deux-guerres et ses catastrophes 
		s'appréhendent aussi comme un lieu de passage entre deux " mondes ", 
		espace volitif d'un franchissement problématique.  
                   
      
						
       
		 
  
						
        
						
						
						
       
		  
                   
						
		18ième communication :
						
      
						 Louis BURKARD
						
						
						- Les PAMPHLETS de CELINE 
		et leur INTRODUCTION en DROIT. 
                  
						
      
		 
		 
                  
						
            Le futur avocat précisa d'entrée la volonté de Céline de faire 
		rééditer ses pamphlets pendant toute la guerre. En 1951, quand il 
		renégocie ses droits, il récupère ses droits d'édition (un an sans 
		parution). 
            			 
						
       Dès son retour d'exil, devant la délicate question de 
		l'interdiction  en droit des pamphlets antisémites, Céline a bien 
		montré sa volonté de ne pas voir ces trois livres réédités. Celle-ci est 
		catégoriquement prolongée par sa veuve. 
						
        Qu'elle s'appuie sur les droits patrimoniaux plutôt 
		que sur le droit moral, elle n'en reste pas moins fondée sur le droit 
		d'auteur. Ce sera jusqu'à 70 ans après la mort de l'écrivain, soit 
		jusqu'au 1er janvier 2032. 
						
        Et là donc, dès lors qu'un tribunal les jugera digne 
		d'un intérêt historique et documentaire, dûment accompagnés de préfaces 
		et de postfaces, ils pourraient éviter les sanctions prévues dans le 
		cadre d'appel à la haine raciale. 
						
       Diverses questions permirent de conclure cette 
		intervention, en évoquant principalement la particularité de Mea 
		culpa, qui échappe à cette interdiction, de par le " laisser faire " 
		de Lucette et la réédition " à l'étranger " ?...  
						
      
						
        
						
      
       
  
						
        
						
						
       
  
						 
                  
                   
						
       19ième communication
						:
						
        
						
      
						Isabelle BLONDIAUX 
      
						-
						POURQUOI LIRE CELINE ?
		
      
						
      
						 
						
						
         La dernière intervenante de ces trois 
		jours de colloque, va expliquer à l'auditoire que la lecture attentive 
		de l'œuvre célinienne invite à questionner la manière dont lecture naïve et lecture 
		critique peuvent coexister et s'articuler. 
						
        Céline, même réprouvé, est bel et bien devenu un 
		classique. 
						
        Lecture naïve ou lecture critique ? Derrière cette 
		question, elle montra tous les enjeux idéologiques engendrés... 
						
        Ainsi, le lecteur, s'il sait résister à la 
		fascination, perdra très vite son innocence. Il se trouvera dès lors, 
		confronté à la nécessité d'une lecture critique.  
						
        Lire donne à penser, et la lecture thérapeutique 
		proposera une pensée de la lecture qui peut faire modifier l'être. 
						
        Elle conclut en distinguant deux fonctions dans la 
		lecture critique : pour apprendre à lire et là, ne pas succomber à la 
		seule séduction, et pour apprendre à écrire et l'on rejoint la question 
		" qu'est-ce qu'un artiste ?, à laquelle elle a déjà tenté de répondre 
		dans Portrait de l'artiste en psychiatre, qui est l'autre volet 
		de la question " pourquoi écrivez-vous ? "  
						
        
						
        
						
          
       
                  
      Ainsi se terminait le 19ième colloque International de Berlin, 
		organisé par la S.E.C. 
  
						
        
						
        
						
       Le président, François GIBAULT réunit aussitôt son 
		Assemblée générale statutaire pour esquisser, entre autres, le prochain 
		lieu où se déroulera en 2014, le 20ième ... Des bruits circulaient : la 
		Sorbonne, le Couvent des Récollets, la Fondation Dubuffet, la Fondation 
		Singer-Polignac... 
						
        Mais avant de se quitter et de rejoindre, qui son 
		hôtel, qui son avion... TOUS souhaitaient remercier le plus 
		chaleureusement qu'il soit, celle, sans qui ce colloque n'aurait pas été 
		ce qu'il fut : un grand moment culturel, de convivialité et d'émotion, 
		Madame Margarete ZIMMERMANN.   
      
						
        
                  
						
       
      
						
        
						
        
						
        
						
                      
		Remerciements.                                                                                                                                                                      La Freie Universitäte de Berlin 
                  
						
						  
						  
						  
						                                                                                                                        
						 *********** 
						
						  
						  
						  
						
						 
                                                                                          
						4-5   février 2011. 
						
						
						  
						                                              
						                    
						  
						
						
						  
						
      
                                                                           
						                                                 
						  
						
						  
						  
						  
						
						  
						
						 
						Ouverture 11h15 - 11h30. 
						  
						 Patrick Bazin absent, André Derval 
						ouvre le colloque avec le biographe François Gibault. 
						  
						11h30 - 13h00. Dr Destouches et M. Céline. 
						  
						Isabelle Blondiaux, médecin et chercheur ; Céline 
						et la médecine. 
						  
						Gaël Richard, chercheur ; Les traces d'une vie, 
						recherches biographiques. 
						  
						François Gibault  meuble en évoquant l'absence 
						de Viviane Forrester.  PAUSE. 
						  
						
      
                                                                                    
						                         
						  
						                                                                    
						 I. Blondiaux, F. Gibault, G. Richard 
						  
						  
						  
						14h30 - 17h30. Controverses et reconnaissances 
						internationales. 
						 André 
						Derval va présenter successivement :  
						 Christine 
						Sautermeister, Université d'Hambourg ; La 
						redécouverte de Voyage au bout de la nuit. 
						 Yoriko 
						SUGIURA, Université de Kobé ; 
						Céline au Japon depuis 50 ans : traduction réception et 
						recherche. 
						 Olga 
						Chtcherbakova, Ecole nationale supérieure, Paris 
						;  D'Elsa Triolet à Victor Erofeev : les avatars 
						russes de Céline. 
						 Greg 
						Hainge, Université Queensland ; Céline chez les 
						fils de la perfide Albion.  
						  
						                                                  
						                          
						  
						                                                                       
						 André Derval                                                               
						Johanne Benard 
						    
						 " Faurisson apparaît, passe inaperçu, prend la 
						parole. Se dit Ecossais. Cite un passage sur son pays 
						(Applaudissement candide d'un public en manque 
						d'exaltation. " (alainzanini.com). 
						 Entretien 
						avec Philippe Bordas, écrivain.  PAUSE. 
						  
						  
						 
						18h30 -20h00. Spectacle. Faire danser les 
						alligators sur la flûte de Pan. Choix de la 
						correspondance établi par Emile Brami, interprété 
						par Denis Lavant.   
						  
						                                                   
						                       
						  
						                                                                         
						Denis Lavant.                                                      
						Très apprécié du public. 
						  
						  
						               
						 SAMEDI 5 février. 
						  
						14h - 16h00.  Céline et l'histoire. 
						  
						Patrick Bazin revient, s'excuse car il a dû défendre 
						l'intérêt des bibliothécaires dans une assemblée... 
						 
						Marie Hartmann, Université de Caen ; La 
						falsification de l'histoire contemporaine dans D'un 
						château l'autre.  
						 
  N'a pas l'air de porter Céline dans son cœur. 
						Parle de l'antisémitisme de Céline. Il falsifie 
						l'histoire. Le lecteur ne peut pas s'identifier à lui. 
						Reparle de son racisme. 
						 
						Daniel Lindenberg, historien. 
						 Il 
						admet qu'il n'est pas très célinien, moins que le public 
						ici présent. Parle aussi de l'antisémitisme, du 
						révisionnisme. Il regrette que les écrivains-collabos 
						soient plus étudiés que d'autres. Marie Hartmann vient 
						l'aider : " Comme Sartre, qui lui, a résisté... " 
						(le public se réveille). 
						- Marie Hartmann : " Chut !... Chut !... " (le 
						public se réveille encore). 
						- Marie Hartmann : " Mais taisez-vous !... " 
						 Jean-Pierre 
						Martin, écrivain, essayiste.    
						 Il 
						commence par un petit texte de fiction écrit pour nous. 
						Parle de non réhabilitation de Céline, de son 
						aveuglement politique, de son antisémitisme. Evoque le Y 
						du professeur, qui signifierait Youtre ou Youpin. Il 
						indique que les céliniens sont une " bande d'aveuglés " 
						et va citer un homme qu'il aime bien Doubrovsky : " 
						Que vouliez-vous que je fasse, moi, juif, d'un écrivain 
						qui voulait mon extermination ? Si je n'ai pas été gazé à 
						Auschwitz, c'est malgré Céline. " (le public est 
						réveillé et commence à tousser...) 
						 
						Yves Pagès, écrivain, éditeur. 
						 De 
						mieux en mieux. Pour lui, il enseigne à ses élèves qu'on 
						aime le texte et non pas l'auteur. Les pamphlets sont 
						une chose abjecte, il n'a pu finir la lecture de 
						L'Ecole des cadavres. (Dans le public, quelqu'un : " 
						Moi, si !... " ). Si Céline a écrit Bagatelles 
						c'est pour hurler avec les loups en 1937, parce qu'il 
						n'avait plus rien à dire. Après 1941, il a peur et il 
						s'arrête. Il a bien été collabo, fasciste et a vendu son 
						âme. Plus tard il s'est constitué un personnage de 
						clochard irresponsable.  
						  
						Puis le public est autorisé à poser quelques questions, 
						courtes... 
						 Marie 
						Hartmann veut s'entretenir avec Delfeil de Ton, 
						le journaliste-célinien quand Faurisson demande le 
						micro, intervient en se plaignant d'avoir été quelques 
						instants plus tôt privé de parole (C'est lui, 
						l'Ecossais...). 
						 
						- Faurisson Robert, moqueur : " Ai-je le droit de 
						poser une seule question ? (Silence à la tribune...) 
						" Que veux dire Bagatelles pour un massacre ? 
						Massacre de qui ? "  
						- Hartmann : " C'est moi qui vais répondre. " 
						- Delfeil de Ton : " C'est le massacre qui se 
						prépare. " 
						- Hartmann : " Voilà, bien sûr. " 
						- Faurisson : " C'est le massacre de la prochaine 
						guerre qu'il veut éviter. Céline est furieux, il voit 
						autour de lui des organisations juives, françaises, 
						américaines et autres qui poussent à la guerre contre 
						Hitler. " 
						- Hartmann : " Non, non, non. " 
						- Yves Pagès : " Maintenant c'est FINI... Stop. "
						(Le micro est repris).  
						- Faurisson, sans micro : " CENSURE !... CENSURE 
						!... " 
						- Yves Pagès : " Dire que les juifs poussent au 
						crime, c'est insupportable !... "  
						 
						Marie Hartmann termine avec Delfeil de Ton. Celui-ci 
						indique qu'il aime bien Céline, qu'il a tout lu de lui, 
						pamphlets compris. 
						  
						
						 
  PAUSE.  
						  
						  
						Au sous-sol, on assiste à un regroupement animé où on 
						devine Philippe Alméras en conversation avec Robert 
						Faurisson. 
						  
						 
						16h00. Projection : entretien audiovisuel de 
						Céline avec Pierre Dumayet pour la sortie de D'un 
						château l'autre. Réalisation : Jean Prat, collection 
						: Lecture pour tous, INA. 
						   16h30 
						-18h00. Un autre Céline. 
						  
						Sonia Anton, Université du Havre ; Quand la 
						correspondance fait œuvre. 
						 Elle 
						évoque la correspondance de Céline. Elle y note son 
						humour et aussi des outrances. 
						 
						Emile Brami, écrivain ; Céline au cinéma. 
						 Il 
						insiste sur la volonté de mettre en scène le Voyage 
						de Céline. Liste tous les projets avortés. Ceux de 
						Michel Audiard, de Pialat, de Sergio Léone, de Stévenin... 
						Il se rit de Yann Moix qui souhaitait placer Bardamu 
						sous les tours du World Trade Center. François Gibault 
						intervient pour évoquer les références à Céline dans le 
						cinéma que Brami connaissait.  
						  
						
      
                                                                                                                                                     
						  
						                                                                                                                            
						                      Sonia Anton. 
						  
						  
						Tonia Tinsley, Springfield (USA) ; Le langage de 
						l'intimité des choses : la synthèse du féminin chez 
						Céline. 
						  
						Johanne Bernard, Université Queen's Canada ;  
						Céline au théâtre. 
						 Elle 
						précise pourquoi Céline appréciait Molière et 
						Shakespeare. Evoque les nombreux projets d'adaptations 
						théâtrales de l'œuvre 
						célinienne. PAUSE. 
						  
						 
						18h30 - 19h00. Lecture d'extraits par Fabrice Luchini. 
						 La 
						salle salive déjà pour le clou de la journée mais aussi 
						du colloque de deux jours. On éteint les portables 
						(recommandations...). Le public frémit du premier au 
						dernier rang dans une salle comble.  
 Il arrive par derrière. Il paraît s'étonner du peu de chaleur qui émane de 
						la salle. Il la trouve apathique. 
      
      					  
						- " Je suis bien en présence d'admirateurs de Céline  
						? "  
						 
 Il va s'énerver encore contre des gens en retard puis contre un gars 
						qui tousse. Il précise : 
						- " C'est toujours comme çà lorsque c'est gratuit... 
						et qu'il a fait fissa pour arriver car il récitait du Philippe Muray 
						tout l'après-midi !.. "  
  
						 
						La salle est interdite et ne sait comment réagir... 
						Puis, insensiblement, un, puis deux, puis trois 
						applaudissements crépitent alors, 
						et soudain, deux cents 
						personnes tapent dans leurs mains, vibrent avec l'artiste. 
						 
  Son numéro est réussi.
						 
  Il sourit, pose sa veste, la remet, la repose, la remet. Et Ferdinand est 
						devant nous, là, sur la scène c'est bien lui.  
  Quarante minutes de communion...    
						            
						 
                                                                                                         
						*  *  * 
  
						  
						Le colloque " Céline, réprouvé et classique " fut 
						une réussite. Durant deux jours, la " petite salle " 
						(158 places) du Centre Pompidou était comble et les 
						organisateurs peuvent se targuer d'avoir obtenu, en 
						guise d'heureux épilogue, la participation (gracieuse !) 
						de Fabrice Luchini. 
  La veille, le spectacle conçu par Emile Brami et magistralement 
						interprété par Denis Lavant, remporta un égal succès. 
						Bémol : à la différence des colloques organisés par la 
						seule Société des Etudes céliniennes, quasi aucun apport 
						nouveau ne fut délivré dans les diverses communications, 
						les orateurs ayant puisé la teneur de celles-ci dans 
						leurs contributions antérieures (parues en livre ou en 
						revue). Une faiblesse de l'organisation - rien n'était 
						prévu le samedi matin - contraignit certains orateurs à 
						condenser leur texte au moment même où ils le lisaient. 
						Ce fut parfois dommage... 
						  
						L'originalité de ce colloque fut de donner la parole à 
						des anti-céliniens patentés : Jean-Pierre Martin, qui 
						signa naguère un mémorable Contre Céline (1997), 
						et Daniel Lindenberg, auteur d'une belle contrevérité : 
						" Sous l'Occupation, Céline alla jusqu'à poser très 
						sérieusement [sic] sa candidature au Commissariat 
						général aux questions juives "1.
						Ces deux universitaires ont 
						comme point commun d'avoir communié jadis dans la même 
						ferveur maoïste. L'un à la GP (Gauche prolétarienne), 
						l'autre à l'UJCML (Union des jeunesses communistes 
						marxistes-léninistes). Cette expérience militante leur 
						permet assurément de juger avec acuité la dérive 
						totalitaire de romanciers ayant été aussi des écrivains 
						de combat. 
						  
						La nouveauté consiste à relier Céline à Auschwitz. 
						Ainsi, J.-P. Martin cita, pour l'approuver, Serge 
						Doubrovsky : " Que vouliez-vous que moi, juif, je 
						fasse d'un écrivain qui voulait mon extermination ? Si 
						je n'ai pas été gazé à Auschwitz, c'est malgré Céline
						2. "
						Jamais auparavant de tels 
						propos ne furent tenus dans un colloque consacré à 
						l'écrivain. Les céliniens qui font autorité ont écrit 
						exactement le contraire : " Céline, mieux que tout 
						autre, savait qu'il n'avait pas voulu l'holocauste et 
						qu'il n'en avait pas même été l'involontaire instrument
						3. 
						" Dixit François Gibault. Quant à Henri Godard, il a 
						toujours considéré que, si l'antisémitisme de Céline fut 
						virulent, il ne fut pas meurtrier 
						4. " Et Serge Klarsfeld 
						lui-même tint ce propos lors d'une soutenance de thèse 
						consacrée précisément aux pamphlets : " Malgré leur 
						outrance insupportable, ils ne contiennent pas 
						directement d'intention homicide 
						5. " 
						  
						En cette année du cinquantenaire, une étape a donc été 
						franchie. Il s'agit de faire d'un antisémite 
						incontestable un partisan des camps de la mort. En 
						décembre 1941, lors d'une réunion politique, Céline se 
						rallia à un programme préconisant la " régénération 
						de la France par le racisme ". Il précisait ceci : "
						Aucune haine contre le Juif, simplement la volonté de 
						l'éliminer de la vie française 
						6. 
						Il suffira désormais de supprimer ces 
						quatre derniers mots pour faire de Céline un partisan du 
						meurtre de masse. 
                                                                                            
						M.L. 
						 
						1/Daniel Lindenberg, " Le 
						national-socialisme aux couleurs de la France. II. 
						Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, Esprit, 
						mars-avril 1993, p.209. 
						2/Michel Contat, " Serge Doubrovsky au stade ultime de 
						l'autofiction ", Le Monde, 3 février 2011. 
						3/François Gibault, Préface à Lettres de prison à 
						Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen, Gallimard 
						1998. 
						4/Henri Godard, " Louis-Ferdinand Céline " in 
						Célébrations nationales 2011, Ministère de la 
						Culture, 2010.  
						5/Propos tenus le 16 octobre 1993 à l'Université Paris 
						VII lors de la soutenance de thèse de Régis Tettamanzi (Les 
						pamphlets de Louis-Ferdinand Céline et l'extrême-droite 
						des années 30. Mise en contexte et analyse du discours). 
						6/Céline et l'actualité, 1933-1961 (Les Cahiers de 
						la Nrf) (Gallimard 2003, réed.) p.143-146. 
						 
 (BC. n° 328 mars 2011). 
						                                                                                                         
						*  *  * 
						  
						Lors du colloque Céline qui s'est tenu au Centre 
						Pompidou en février dernier, il s'est produit un 
						incident pittoresque. Se présentant à la fois comme 
						membre de la Ligue des Droits de l'Homme et de la 
						Société des Etudes céliniennes depuis des décennies, un 
						auditeur s'est dit accablé par les réquisitoires dont 
						Céline était l'objet, ne reconnaissant pas l'écrivain 
						(dont il est un lecteur assidu) dans le portrait 
						totalement à charge qu'on faisait de lui. 
  Il faut dire que Martin, Lindenberg, Hartmann et Cie ne firent pas dans 
						la dentelle, présentant Céline comme le chantre des 
						camps de la mort. Assertion que même un Henri Godard, 
						peu suspect de complaisance envers Céline, a toujours 
						récusée : " Il n'y a, dans les textes, 
						correspondances ou propos mis au jour jusqu'à présent 
						aucune attestation d'une connaissance de la réalité du 
						processus de solution finale. "  
 (Notice de Guignol's 
						band dans Romans III, Gallimard, coll. Bibliothèque de 
						la Pléiade, 1988, p.945, in BC n°330, mai 2011). 
						 
						  
						  
						 
						 
                                                                              
						SUR UN 
						COLLOQUE OUBLIE 
						  
						
						  
						Plusieurs céliniens rêvent d'un colloque sur Céline qui 
						serait organisé au Danemark. Savent-ils que les 14 et 15 
						septembre 1984 un tel colloque se tint à Klarskovgaard, 
						sur les lieux mêmes où Céline vécut en exil ? 
						 Ce 
						colloque, " Influence de l'exil danois sur l'œuvre de 
						L.-F. Céline ", était organisé par les services 
						culturels de l'ambassade de France au Danemark 
						1. Etrange retour des choses si 
						l'on se souvient du zèle de l'ambassadeur Guy Girard de 
						Charbonnières à faire extrader Céline... 
  Malheureusement les actes de ce colloque n'ont jamais été publiés et 
						l'enregistrement des communications, réalisé par une 
						équipe technique de France Culture, a apparemment 
						disparu. Pour en conserver la trace, nous en donnons ici 
						les intitulés : " La vie de Céline au Danemark " 
						(François Gibault), " Céline et Helga Pedersen " 
						(François Marchetti), " L'exil linguistique de L.-F. 
						Céline " (Jacques Cellard), " La Volonté d'exil chez 
						Céline " (Marie-Christine Bellosta), " La Belle ouvrage 
						". Montages sonores sur la voix de Céline " (Claude 
						Duneton), " Ecrits intimes et écrits publics " (Jean 
						Guenot) et " Le Danemark dans les premières versions de
						Féerie pour une autre fois " (Henri Godard) 
						2.  
						 Rendant 
						compte de ce colloque dans le quotidien Politiken 
						(19 septembre 1984), Michel Olsen, professeur émérite à 
						l'Université de Roskilde (île de Seeland), relevait que 
						" les participants au colloque avaient pu s'assurer 
						de visu que les choses n'étaient pas aussi 
						pitoyables que Céline avait bien voulu les rapporter. " 
						Et d'ajouter : " Restait à essayer de comprendre la 
						description que Céline avait donnée du Danemark telle 
						qu'elle apparaissait dans Féerie pour une autre fois 
						et D'un château l'autre. Pour commencer, l'avocat 
						Thomas Federspiel fit visiter aux congressistes les 
						lieux où Céline avait vécu si longtemps. Puis la vie de 
						Céline au Danemark fut évoquée par le biographe de 
						l'écrivain, François Gibault, après quoi les raisons qui 
						poussèrent Helga Pedersen à écrire son livre furent 
						expliquées par le traducteur français, François 
						Marchetti. Mais l'accent allait dès lors être mis sur 
						les rapports de l'artiste avec le langage. Le parler 
						populaire que Céline utilise dans ses romans fut 
						analysé, à l'aide d'enregistrements, par le spécialiste 
						de l'argot, Claude Duneton. Marie-Christine Bellosta et 
						Jacques Cellard (ce dernier tenant la rubrique " Langage 
						" au journal Le Monde), analysèrent le rôle de 
						l'exil. Jean Guenot (spécialiste de la communication et 
						lui-même auteur) se pencha sur le vaste registre 
						stylistique de l'écrivain, tandis que, pour terminer, 
						l'éditeur des œuvres de Céline, Henri Godard, traitait 
						des ébauches des romans de Céline en montrant que cet 
						auteur ne se met vraiment à composer (et à déformer) que 
						lorsqu'il a pris ses distances d'avec la matière : tant 
						que Céline resta incarcéré à Vestre Faengsel, il ne 
						parla de sa situation qu'en termes brefs et sobres. " 
						 Jacques 
						Cellard (1920-2004) et Claude Duneton (1935-2012) nous 
						ont quittés depuis. Ce dernier était également présent 
						pour réaliser une émission, " Céline au Danemark ", qui 
						sera diffusée l'année suivante sur France-Culture. Il 
						interviewa diverses personnalités dont le journaliste 
						communiste Samuelson (qui fit pression sur Charbonnières 
						pour que Céline soit extradé) 3 
						et Denise Thomassen, née Wever, qui tenait une librairie 
						française à Copenhague. La personnalité de Thorvald 
						Mikkelsen fut souvent évoquée, d'autant que ce colloque 
						était co-organisé par la Fondation Paule Mikkelsen. Deux 
						ans avant sa mort, l'avocat danois avait évoqué son 
						célèbre client dans une interview accordée au quotidien 
						danois Berlingske Tidende (20 février 1960). 
 Parlant de Klarskovgaard, il confia qu'il en avait tiré beaucoup de joie : 
						" Quand je pense à tous ceux qui sont venus là ! Mes 
						amis et, après la guerre des alliés. Et l'écrivain 
						français Céline, mon ami, mon ennemi. Père de la " 
						littérature noire ". Pas un talent : un génie. Il a été 
						accusé de trahison pendant la guerre, a fui ici, a été 
						arrêté, emprisonné, et a écrit ses souvenirs avec haine 
						contre le Danemark, mais le résultat se son séjour se 
						reflète néanmoins le mieux dans la dédicace d'un de ses 
						derniers livres : " Aux malades, aux animaux et aux 
						prisonniers ". Quand il mourra, il deviendra un 
						classique français. " 
						                                                                                                                                                                                                    
						M.L. 
						1. Ce 
						colloque était organisé par Pierre Chantefort, 
						conseiller culturel à l'Ambassade de France au Danemark, 
						d'une part, et par Thomas Federspiel, administrateur de 
						la Fondation Paule Mikkelsen, d'autre part. 
						2. Julia Kristeva avait été pressentie pour participer à 
						ce colloque mais déclina l'invitation. Diverses 
						personnalités danoises déclinèrent également cette 
						invitation : Hans Boll Johansen (Université de 
						Copenhague), Ole Michelsen (producteur à la radio 
						danoise), Einar Tassing (Université de Copenhague) et 
						Ole Vinding (journaliste et écrivain). 
						3. Après avoir été correspondant de l'A.F.P. à 
						Copenhague, Samuelson travailla pour le quotidien 
						communiste Franc-Tireur. 
						 
 Merci à François Marchetti qui a traduit les articles parus dans la presse 
						danoise et qui nous a fourni la documentation relative à 
						ce colloque. 
 (Bulletin célinien n° 419, juin 2019). 
						  
						   
						  
						  
      					
						   
                            
                           
                                                                                   
                            
                                                                                   
                
                          
                         |