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						1926 
						 
						 Mission 
						médicale en Afrique pour le compte de la SDN. Divorce 
						d’avec Edith Follet.  
						
						   
						Mars 
						- Ces différents voyages lui font délaisser sa vie de 
						couple ; de Rennes, sa femme Edith entame une procédure 
						de divorce. 
						 
						 Avril-Mai 
						
						- Sénégal, Soudan, Côte 
						d'Ivoire, Guinée, Dahomey, Togo, Sierra Leone, Nigéria, 
						Gold Coast.  
						   Juin 
						- Retour à La Rochelle.  
						- A Rennes, 
						le 21 juin 1926, Edith obtient la prononciation du 
						divorce à ses torts. 
						- Fin 
						1926 : le Docteur Louis Destouches rencontre à Genève, 
						Elisabeth Craig, 24 ans, petite, rousse aux yeux verts, 
						sensuelle, américaine originaire de Los Angeles qui suit 
						des cours de danse classique. Elle y séjourne avec 
      
						 ses 
						parents. Une très grande passion va naître... Elle sera 
						la dédicataire de Voyage au bout de la nuit. 
						 A Oslo, le 
						prix Nobel de la paix est attribué au ministre français 
						Aristide Briand. A Giverny, meurt le peintre Claude 
						Monet. A Paris la censure interdit Le Cuirassier 
						Potemkine d'Eisenstein. Et à Genève il ne se passe 
						rien, sauf la rencontre d'un homme et d'une femme. 
						 
 Lui, a trente-deux ans. Il est grand, mince, les yeux d'un bleu très 
						clair. Il est élégant, et même un peu dandy, la mise 
						recherchée, veste de tweed et cravate assortie. Elle, 
						une très jolie femme, menue, ravissante, de petite 
						taille, le visage encadré d'une somptueuse chevelure 
						rousse. Arrêtée devant une librairie, il parle du livre 
						qu'elle admirait. Puis ils achètent à l'intérieur un 
						livre sur Paris qu'elle gardera des années durant. Il la 
						questionne : elle est américaine, danseuse, elle réside 
						avec ses parents, victime d'une atteinte de tuberculose 
						à Paris, les médecins lui ont conseillé pour un temps le 
						climat de la Suisse. 
						 Louis Destouches 
						après chacun de ses déplacements regagnent chaque fois 
						Genève où il a fini par s'installer dans un trois pièces 
						à Champel, au 35 d, chemin de Miremont, sur la rive 
						gauche, dans la banlieue de cette ville si sage, si 
						prospère, si neutre, si peu accordée à son tempérament, 
						lui qui n'est ni sage, ni prospère (il fait des dettes, 
						jette l'argent par les fenêtres), ni neutre non plus. 
						Autant dire qu'il est prêt à toutes les rencontres. Ou 
						mieux, toutes les aventures...  
						 La jeune fille : 
						son nom, Elizabeth Craig, elle est née en 1902. Son père 
						est juriste, sa mère a renoncé à de brillantes études 
						pianistiques. Un milieu américain bourgeois, pour autant 
						Elizabeth se veut danseuse, elle suit des cours, elle 
						noue des relations dans les milieux chorégraphiques 
						comme dans ceux du spectacle. On la retrouve, modeste 
						figurante, dans Les Dix Commandements de Cecil B. 
						DeMille. Avec d'autres ambitions, plus classiques. A 
						Paris, elle est venue danser avec la compagnie Albertina 
						Rasch, jusqu'à ce que des difficultés respiratoires la 
						contraignent à ce séjour en Suisse où ses parents sont 
						venus la rejoindre. 
						 Très vite 
						amoureux, ils se retrouvent dans les cafés, dînent 
						ensemble. Très vite, Elizabeth doit regagner Paris. Ses 
						parents on loué un appartement boulevard Raspail. Elle 
						espère rejoindre les Ballets russes pour mieux se 
						perfectionner. Il s'embarquera pour Paris pour la 
						retrouver, quelques jours plus tard. 
						
						- Toujours à Genève, il y laisse une 
						pièce de théâtre à l'état d'ébauche : il a écrit les trois 
						premiers actes de L'Eglise. Sorte de répétition 
						générale du Voyage, où il évoque déjà l'Afrique, 
						l'Amérique, le monde frivole et bouleversant des 
						danseuses et celui, misérable des banlieues ouvrières.
						 
 Dans L'Eglise, il dressait un portrait guignolesque et hargneux de 
						la SDN - portrait largement teinté d'antisémitisme. Les 
						Juifs devenaient là les grands prêtres intéressés et 
						grotesques de cette nouvelle " Eglise " que représentait 
						à ses yeux la SDN. 
						 Plus tard, dans Bagatelles 
						pour un massacre, quand son antisémitisme aura 
						éclaté ou qu'il s'exprimera de façon plus avouée, Céline 
						donnera sa relation d'une telle lecture : 
  " Tel qu'il était il (Yubelblat, c'est-à-dire Rajchman), me plaisait 
						bien... j'avais même pour lui de l'affection... Bien sûr 
						il oubliait pas de m'arranger de temps à autre... de me 
						faire déguster une vacherie... Mais moi je me gênais pas 
						non plus... Y avait une petite lutte sournoise. Un jour 
						qu'il m'avait laissé comme ça trop longtemps à Genève, 
						dans les boulots imbéciles, à mariner sur les dossiers, 
						j'ai comploté dans mon genre, une petite pièce de 
						théâtre, c'était assez inoffensif, L'Eglise. Elle 
						était ratée, c'est un fait... mais quand même y avait de 
						la substance... Je lui ai fait lire à Yubelblat. Lui qui 
						se montrait dans la vie le plus éclectique des youtres, 
						jamais froissé de rien du tout, ce coup-là quand même, 
						il s'est mordu... Il a fait une petite grimace... Il a 
						jamais oublié... Il m'en a reparlé plusieurs fois. 
						J'avais pincé la seule corde qu'était défendue, qu'était 
						pas la bonne pour les joujoux. Lui il avait nettement 
						compris. Il avait pas besoin de dessin... "  
						  
						  
						 
						
                                        
						1927 
						  L'année 
						1927 fut une année d'ennui, d'oisiveté, entrecoupée de 
						pâles besognes administratives. S'il ne voulait plus de 
						la SDN, la SDN ne voulait plus de lui. Malgré l'appui de 
						Rajchman on le maintient à l'écart. Il se contenta de 
						dépenser son argent : il acheta des meubles, des tapis, 
						un cabriolet Citroën 5 CV, il reçoit chez lui de jolies 
						femmes. Les dettes laissées à Genève, couvertes 
						momentanément par Rajchman, seront laborieusement 
						remboursées par la suite. Mais il y a surtout Elizabeth. 
						    Avril 
						 
						- En 
						avril, il a obtenu de venir à Paris prétextant une série 
						de conférences sur la rage auxquelles il devait 
						assister.  
						   Mai 
						 Il repart à Genève le 6 mai, et revient en 
						juillet pour les vacances. Ecarté de la Société des 
						Nations, sans doute après avoir fait lire
						L'Eglise
						au Dr Rajchmann. 
						 
						- Il ne retournera pas en Suisse achever sa mission : au 
						début du mois de septembre, le professeur Léon Bernard 
						lui rédige un certificat médical de complaisance et 
						prescrit quatre mois de repos pour des complications 
						dues au paludisme, quatre mois calculés de telle façon 
						que la fin du congé coïncide avec la fin du contrat SDN, 
						le 31 décembre 1927 - contrat non renouvelé bien 
						entendu. 
 Il emporta de Genève les ferments d'un antisémitisme qui avait déjà hanté 
						sa jeunesse. L'ordre et la logique anonymes des 
						appareils qu'il lui avait été donné d'approcher là-bas, 
						cet ordre dont il ne cessa plus tard de stigmatiser 
						l'inhumanité, la bonne conscience abêtie ou criminelle. 
						Il l'assimila désormais - dans son délire encore 
						inavoué, par conviction autant que par prudence - à une 
						Internationale juive dont il croyait avoir surpris 
						certains responsables. 
						  
						-
						Il dépose un acte de candidature au poste de 
						médecin-conseil du Bureau parisien de la section 
						Hygiène, mais n’est pas retenu.  
						 
						- Il s’installe alors, à l’automne, à Clichy, au n° 36 de 
						la rue d’Alsace, un appartement de trois pièces et 
						il y ouvre un cabinet de médecine 
						générale. La plaque indique « Docteur Louis Destouches. 
						Médecine générale. Maladies des enfants. 1er 
						gauche ». Elizabeth Craig vit avec lui. 
  " Les gens du quartier sont venus la regarder ma plaque, soupçonneux. 
						Ils ont même été demander au commissariat de police si 
						j'étais bien un vrai médecin. Oui, qu'on leur a répondu. 
						Il a déposé son diplôme, c'en est un. Alors, il fut 
						répété dans tout Rancy qu'il venait de s'installer un 
						vrai médecin en plus des autres. " Y gagnera pas son 
						bifteck ! a prédit tout de suite ma concierge. Il y en a 
						bien trop des médecins par ici ! " Et c'était exactement 
						observé. " 
						  Ce n'est pas avec des 
						vieillards cacochymes, des chômeurs syphilitiques, des 
						ouvriers alcooliques, des concierges tuberculeuses ou 
						des enfants typhoïdiques que Louis Destouches risquait 
						de faire fortune. Et c'est eux qui constituaient 
						pourtant la presque totalité de sa clientèle. Pour la 
						première fois il se trouvait confronté à la misère 
						sociale la plus cachée, la misère prolétaire. 
 " Pendant des mois, j'ai emprunté de l'argent par-ci et par-là. Les 
						gens étaient si pauvres et si méfiants dans mon quartier 
						qu'il fallait qu'il fasse nuit pour qu'ils se décident à 
						me faire venir, moi, le médecin pas cher pourtant. J'en 
						ai parcouru ainsi des nuits et des nuits à chercher des 
						10 francs et des 15 à travers les courettes sans lune. " 
						
						- En même temps il présente chez Gallimard le manuscrit 
						d’une pièce de théâtre, L’Eglise, écrite en 
						partie à Genève dans les mois précédents. Le manuscrit 
						est refusé : " 
						 
						De la vigueur satirique, mais manque de suite. Don de la 
						peinture des milieux très divers. 
						" 
						    
						 Mai 
						  
						 
      
						  C’est en 
						mai 1927 
						également qu’est rédigé un autre essai théâtral, farce 
						en trois tableaux et quelques divertissements, intitulé
						Périclès, réunissant quelques-uns des familiers 
						de Destouches : sa mère, douce et boitant légèrement – 
						première ébauche de la Clémence de Mort à crédit 
						-, sa grand-mère, son père « impuissant et passionné », 
						tous évoluant dans un climat petit-bourgeois volontiers 
						politicard et où sont fustigés milieux financiers et 
						francs-maçons. 
						 François Gibault précise que sur le brouillon du 
						manuscrit qu’il a pu consulter, le titre Périclès 
						a été modifié en Progrès de la main de 
						l’écrivain. Sa rédaction survient après celle de
						L'Eglise, Céline ayant soumis cette dernière aux 
						Editions Gallimard et la maison l'ayant refusée, il ne 
						tentera pas sa chance avec Progrès. 
  Les Editions Mercure de France publieront la pièce en 1978 ; sous titrée 
						" Farce en trois tableaux et petits divertissements ", 
						cette pièce présente d'évidentes imperfections, mais a 
						le mérite de porter en elle de nombreux points communs 
						avec le futur Mort à crédit. 
						   
						   
						               
						1928 
						
						 L’atelier d’Henri Mahé, rue Paul-Albert 
						devient trop exigu pour recevoir tous les amis. Une 
						péniche tronquée est en vente. Mahé l’achète et la 
						baptise La Malamoa – du nom d’une île de la 
						Société où Doderet a situé son dernier roman du même 
						nom. Elle mesure vingt-cinq mètres, contient un atelier 
						sous verrière, un salon avec un Pleyel à queue, 
						d’anciens meubles bretons et une chambre décorée de 
						fresques. Point de moteur ni d’électricité. On s’éclaire 
						à la lampe à pétrole. Pour les déplacements, on a 
						recours au remorqueur. 
						
						- Des activités médicales 
						essentiellement en 1928. 
						   
						Mars-Avril 
						- Il est reçu à la Société 
						de Médecine de Paris. Son adhésion à la Société de 
						médecine de Paris ne modifia pas son statut social. Le 
						Dr Destouches, avec les dettes de Genève à rembourser, 
						se retrouva vite en faillite. Il appela à l'aide le Dr Rajchman qui le recommanda au Dr Léon Bernard, titulaire 
						de la chaire d'hygiène de Paris, qui l'accueillit dans 
						son service de l'hôpital Laennec. 
						   
						Mai 
						- Il rédige une communication : " 
						A propos du service sanitaire des usines Ford ". 
						  
						Juillet 
						- La Vie de Semmelweis 
						est refusé par Gallimard. 
						 Il entre au laboratoire " La 
						biothérapie ", rue Cambronne, comme collaborateur ; il y 
						restera attaché jusqu'en 1937. 
						  
						  
						
						                
						1929 
						 
						Janvier 
						 
						- Le 
						manque de clientèle l'oblige à fermer son cabinet. Après 
						son stage à l'hôpital, il se vit offrir une vacation régulière au 
						nouveau dispensaire municipal de Clichy, 10 rue Fanny, sous la direction du Dr 
						Grégoire Ichok, un juif né en Lituanie. Une hostilité et 
						une méfiance réciproque régna très vite au dispensaire 
						où le personnel prenait partie soit pour l'un ou pour 
						l'autre des deux hommes. 
						 
  Sa consultation quotidienne de médecine générale a lieu l'après-midi, de 
						cinq heures à six heures et demie. Il est également consultant au 
						dispensaire Martin-Brandès, avenue de Saint-Ouen. 
						 
						Février 
						- Il n'avait pas rompu tous les liens avec 
						la SDN, il sollicite du bureau d'hygiène des subsides 
						pour effectuer en Angleterre une enquête sur la médecine 
						de dispensaire. Ludwig Rajchman lui donne satisfaction. 
						  
						Mars 
						 
						- A la fin mars, Louis quittait Paris. Il n'adressa 
						jamais de rapport à la SDN... Ce qui ne l'empêcha pas de 
						réclamer une nouvelle aide pour d'autres visites en 
						Europe, en novembre-décembre. 
						 
						- Printemps 1929, début de la rédaction de Voyage au 
						bout de la nuit.  
						 
						 Août 
						 
						- Emménage avec Elizabeth Craig, 98 
						rue Lepic à Montmartre.  
						 
						-
						La Malamoa gagne le quai d’Anjou en 1929. C’est la 
						vie de bohème. 
						  
						Septembre 
						- Il fait allusion à un projet de roman dont 
						une partie se passe à Londres, dans une lettre à Joseph 
						Garcin (né en 1894, blessé et décoré comme lui, familier 
						des milieux du proxénétisme à Londres et à Montmartre).  
						    A 
						cette époque, il fréquente les théâtres, écrit à Dullin, 
						va voir des opérettes. Il fréquente la danseuse Karen 
						Marie Jensen, la comédienne Nane Germon. Il rencontre le 
						peintre Henri Mahé, décorateur de boîtes de nuit, breton 
						vivant sur une péniche, La Malamoa, amarrée à 
						Croissy puis quai de Bourbon et quai des Tuileries, où 
						viennent des écrivains, des artistes et des gens du 
						music-hall. La femme d'Henri Mahé joue de l'accordéon, 
						ils ont des amis dans " le milieu ". 
						
						
						
						 Après avoir écrit une seconde pièce (après Des Vagues) 
						: " Progrès ", la rédaction de Voyage au bout 
						de la nuit est vraisemblablement commencée, et le 
						principal personnage Bardamu, semble être à la fois un 
						double de l'auteur et également inspiré par Joseph 
						Garcin.  
						
						   
						Octobre  
						  
					    - C’est en octobre que Germaine Constans et Aimé Barancy, 
						journaliste à L’Intransigeant, présentent le 
						docteur Destouches à Mahé, qui va devenir un ami.  Avec 
						Mahé, Louis Destouches découvre ou, tout au moins, 
						pénètre mieux cette bohème parisienne qu’il fréquentera 
						quelques années. 
						   
						 
						Dans un texte inédit que Mahé avait écrit en guise de 
						préface à La Brinquebale avec Céline et qui fut 
						finalement retiré, on trouve bon nombre d’expressions 
						qui permettent de comprendre pourquoi Abel Gance, 
						rencontrant les deux hommes, ses amis, s’exclamait : « Tiens ! 
						Verlaine et Rimbaud… » Lui : Etait médecin chez les 
						pauvres. L’autre : Décorait un bordel chez les riches. 
						Lui : Nichait, tout en haut, 98 rue Lepic. L’autre : 
						Pénichait tout en bas, en aval, à Croissy, sur la 
						Malamoa… » 
						 
    Qui sont ces familiers de La Malamoa en octobre 1929 ? 
						Destouches n’est pas indifférent à ce milieu. Il a 
						commencé le roman qui dépassera parfois son imagination, 
						le videra de sa substance et fera de lui l’écho de 
						monstres inavoués jusqu’alors. Il retiendra dans ses 
						livres : Paul Azaïs, qui joue dans Les Croix de bois 
						avec Antonin Artaud ; la pétulante Aimée Barancy, qui 
						critique concerts et spectacles au Courrier musical 
						et à L’Intransigeant, dans un style syncopé ; 
						Béby, qui fait rire les enfants des quais et qui parle 
						dix langues ; Martine Belinko, qui chante et danse aux 
						Bouffes-Parisiens sous le nom de Moussia, et qui 
						deviendra la marquise de Breteuil ; Philippe-André 
						Crozier, dit « Pip », qui a ses entrées  chez les 
						Gould ; Denizoff, avocat excentrique, émigré de Russie ; 
						Maurice Dufrêne, qui révolutionne l’art décoratif ; 
						Yolande Fièvre, peintre de Nantes, qui se lancera dans 
						l’art brut ; Emery Garay, échotier mondain, photographe 
						des artistes et neveu du fondateur de l’agence Keystone ; 
						Nane Germon, qui joue les soubrettes, mais que Jouvet va 
						remarquer ; Marie Hémon, couturière bretonne à Paris ; 
						Roger Lecuyer, fils d’épiciers de la rue de Buci et 
						représentant chez Rivoire et Carré, qui compose des 
						chansons ; M. Lubbé, riche Américain, influent dans le 
						cinéma ; Marcel Pierre, garagiste aux armées, que l’on 
						déguise en charbonnier ; Raphaël, dit « Zozo », 
						mi-proxénète mi-comédien ; André Saudemont, avocat des 
						acteurs du Français, qui chante si bien et qui écrit 
						pour Lys Gauty et Johnny Hess ; Eliane Tayar, de père 
						libyen et de mère nantaise, déjà veuve, et qui a joué 
						dans six films, dont L’Argent de L’Herbier, avant 
						d’être assistante de Carl Dreyer pour Vampyr ; 
						Titaÿna, enfin, romancière, reporter pour 
						L’Intransigeant, qui lance la revue Jazz avec 
						Carlo Rim et Louis Querelle. 
						   
   A cette longue liste il faut ajouter les personnes que Destouches 
						amènera sur la péniche et dont nous connaissons les noms 
						par sa correspondance : la danseuse Drena Beach, issue 
						du Cotton Club de New York ; Georges Bloch, propriétaire 
						de la minoterie des Blés de France, qui assiste aux 
						ébats de sa femme avec la très jeune Moana ; Marcel 
						Brochard, le jeune ami de Rennes ; Germaine Constans, 
						représentante en pharmacie, au bel accent méridional ; 
						« l’Impératrice », évidemment, Elizabeth Craig, dont le 
						portrait trône dans le salon de La Malamoa ; 
						Colette Destouches, dix ans, venue là en vacances ; 
						Fernand Destouches même un peu ébahi ; Robert Gallier, 
						le pharmacien de Montparnasse ; Helen Howell, une 
						Hawaïenne qui a épousé Hebert Harger, son professeur de 
						danse acrobatique ; Erika Irrgang, étudiante allemande 
						en détresse ; Paulette Ladoux, jeune Bretonne, ouvrière 
						à Clichy et prête à tous les jeux avec les amis des deux 
						sexes ; la petite Pallas, que sa mère a prostituée, et 
						qui cherche une place d’ouvreuse ; enfin, Margaret 
						Severn, danseuse américaine, célèbre pour ses danses 
						avec masques, un vrai « trois-mâts » qui fait escale au 
						Marigny avec Mona Doll, une autre danseuse venue 
						d’Amérique.
						
						   
						Décembre 
						- Fin 
						décembre : voyage d'études à Berlin, Hambourg, 
						Copenhague, Oslo, Stockholm. Il parcourt Pays-Bas, 
						Danemark, Suède et Allemagne... 
						  
						  
						
						                    
						
						1930 
						
						 
						 Février 
						
						   En 
						rentrant de Norvège, en février 1930, Mahé lui annonce 
						qu’il va décorer une maison close le « 31 », Cité 
						d’Antin. Cet « hôtel privé » était tenu par M. Supper et 
						Mme de Lisy. Maurice Dufrêne, Gabriel Sébastien et 
						Raymond Nicolas, tous trois membres de la Maîtrise, ont 
						proposé à Mahé d’égayer l’escalier par une série de 
						fresques. 
  Mahé choisit comme thème « l’Histoire amoureuse ». Treize épisodes 
						s’enchaînent, avec des légendes écrites, dans une 
						guirlande de couleurs. Au dernier étage, Mahé a peint 
						son autoportrait : il joue de l’accordéon devant 
						Elizabeth Craig qui danse pour le docteur Destouches, 
						peint de profil. 
						  
  Destouches se rend parfois au « 31 », accompagné de 
						Craig ou de Drena Beach, et aime se placer derrière la 
						glace sans tain. Il retrouve souvent le peintre pour 
						manger avec « les filles ». 
						
						- Collaborateur des laboratoires Gallier 
						(boulevard du Montparnasse ), il rédige des prospectus 
						pharmaceutiques et met au point un médicament, la " 
						Basedowine ". 
						   Mars 
						- " La santé publique " 
						dans Monde, hebdomadaire de gauche dirigé par 
						Henri Barbusse.  
						  
						Juin-Juillet 
						
						-
						Du 28 
						juin au17 juillet, voyage de trois semaines, Louis 
						Destouches visite Dresde, Prague et Vienne. 
						  
						  
						                 
						1931 
						 
						Janvier 
						- Il 
						accomplit une mission médicale à Genève du 8 au 11 
						janvier 1931. Il semble qu’Elizabeth Craig l’ait 
						accompagné. Il revient par les Alpes et Megève. 
						
						 
						
						  
						Février 
						-
						En 
						février, il sert de guide à plusieurs médecins étrangers 
						envoyés à Paris par la SDN. 
						 
   A partir de 1931, le docteur Destouches assura un service au dispensaire 
						Marthe-Brandès (du nom de la comédienne morte à Paris le 
						27 avril 1930), où il soigne beaucoup d’anciens 
						combattants et notamment des blessés du poumon. 
						 Au 
						printemps 1931 une secrétaire du dispensaire de Clichy, 
						Aimée Paymal, commence la dactylographie de Voyage au 
						bout de la nuit.  
						 
						Mars-Avril 
						 
						
						En 
						1931, Mahé décore encore le Joubert, maison close de la 
						rue Joubert, tenue par M. Gallon, où ses fresques 
						rendent hommage au chevalier de Bouflers. On comprend 
						pourquoi Destouches écrit en avril à Joseph Garcin, 
						proxénète londonien : « Mahé est un grand connaisseur 
						des collégiennes en cavale […] Ensemble nous 
						encourageons les danseuses, entrée des artistes. […] 
						Nous travaillons pour le délire […] je connais tous les 
						bobis de Paris, cette humanité du derrière me chaut. » 
						 Mais la consécration vient pour Mahé, le genre pictural 
						n’est pas son seul registre : au cinéma Elysées-Gaumont 
						de Bernard Natan, inauguré aux Champs-Elysées en mars, 
						il exécute une dizaine de fresques décoratives qui 
						s’enchaînent sur plusieurs étages et dont certaines 
						rendent hommage à Drena Beach et André Doderet. 
						 
						  
						Décembre 
						  
						-  Mahé expose des paysages et des portraits à la Galerie 
						de la Renaissance, rue Royale, chez Mme Lapauze, avec 
						Auricoste, Bouisset, Délaurier, Moussempès et Max Jacob. 
						Il composera des vignettes publicitaires pour la 
						Kidoline et le Basedowine, deux médicaments inventés par 
						le docteur Destouches. 
						  
						  
						                  
						1932  
						  
						Mars 
						
      - 14 mars, mort de son 
						père, Fernand Destouches d'une congestion cérébrale. 
						Louis écrit à Mahé : " Mon père est mort. Je ne t'ai 
						pas fait venir. J'aime à réduire le chagrin au minimum. 
						Ce n'est pas facile. Je suis à un âge où plus rien ne 
						s'oublie. " 
   Fernand Destouches, fier de son fils médecin, ne connaîtra pas son 
		succès d'écrivain. Pour aider Marguerite Destouches sa mère (photo en 
		train de lire le Voyage), qui n'a plus que de modestes revenus, 
		Céline lui fera reverser jusqu'à sa mort, en 1945, les revenus qu'il 
		touchait sur l'invention de la Basedowine et lui obtiendra une place de 
		visiteuse médicale au laboratoire Gallier. 
						
       
		 Avril 
						 
						
		- Le 14, le manuscrit de Voyage au bout de 
						la nuit est remis à la NRF chez Bossart, Figuière, en 
						lecture, sans réponse. Décidemment, 
						Gallimard allait s'obstiner à 
		méconnaître Céline. Le 
						manuscrit traîna là-bas. Benjamin Crémieux le qualifia 
						de roman " picaresque ". Malraux et Berl prirent 
						connaissance du texte. Il sera quelques jours plus tard 
						accepté par les Editions 
						Denoël (maison d’édition moins connue, mais qui avait 
						publié le roman d’Eugène Dabit, Hôtel du Nord). 
						Robert Denoël, un jeune belge est enthousiasmé par sa 
						lecture. 
						   
    André 
						Malraux explique : « Ce n’est pas vrai. Il n’y a pas 
						eu de refus. Voici quelles ont été les circonstances : 
						Céline avait envoyé à Gallimard le texte du Voyage 
						en manuscrit c’est-à-dire non pas dactylographié mais 
						recopié par un copiste. Cela faisait un tas de feuillets 
						gros comme ça. J’ai lu ce manuscrit. J’ai donné un avis. 
						Gaston Gallimard a alors passé ce « monstre » à Benjamin 
						Crémieux. Dans sa note de lecture, Benjamin Crémieux a 
						dit que c’était très bon mais que c’était trop long. Il 
						était en faveur de la publication mais avec des 
						coupures. Or, Céline avait donné son manuscrit en même 
						temps à Denoël et celui-ci lui  
      
						 avait donné son accord 
						sans réserve. Entre un éditeur qui demandait des 
						coupures à son texte et un éditeur qui l’acceptait sans 
						remaniements, Céline a dit : « Je choisis celui qui me 
						laisse tranquille. » 
						 Robert 
						Denoël était un jeune éditeur belge récemment installé 
						avec son associé Bernard Steele, un Américain d'origine 
						juive, dans une chapelle désaffectée de la rue Amélie.
						L'Hôtel du Nord d'Eugène Dabit publié en 1929, 
						avait assuré sa réputation. Deux ans plus tard, le prix 
						Renaudot attribué à Philippe Hériat la confirma. 
  
   Le manuscrit du Voyage fut déposé rue Amélie par une voisine 
						de Céline. Denoël le trouva en rentrant du théâtre. Il 
						le lut dans la nuit et durant toute la journée du 
						lendemain. Fébrilement. Il le fit lire à mesure à ses 
						collaborateurs qui se transmettaient les feuillets. Ce 
						fut le coup de foudre. Bernard Steele dut convaincre les 
						financiers américains qui géraient sa fortune de lui 
						libérer les capitaux. Mais qui était cet auteur 
						mystérieux et introuvable ? Le manuscrit dactylographié 
						ne portait que le nom de la voisine... 
   Finalement Louis Destouches fut identifié par un échotier et se 
						présenta rue Amélie. 
						
						- Avril : lors d'un séjour aux 
						Etats-Unis d'Elisabeth Craig, il rencontre Erika Irrgang, 
						une jeune allemande en détresse, qu'il héberge pendant 
						quelques semaines, qu'il reverra et avec laquelle il 
						restera en correspondance. 
						 
					 
						  
						Maurice Dufrêne fait à nouveau appel à Mahé pour 
						décorer, avec l’équipe de la Maîtrise, le cinéma Le 
						Rex de Jacques Haïk, boulevard Poissonnière. Le 
						Rex est un temple élevé à la gloire du cinéma. Les 
						travaux durent dix mois. La Malamoa est amarrée 
						quai des Tuileries. Les Galeries Lafayette prêtent au 
						peintre un entrepôt de la place Blanche. Mahé choisit 
						pour thèmes « l’Homme-orchestre », « la Mère 
						Michel à sa fenêtre », « les Trois de Paris », 
						« le Moulin de la Galette », « Visite d’un 
						Chinois au 31 Cité d’Antin », « le Voyage en 
						ballon montgolfière » et « le Père Lustucru ». 
						Il ajoute les portraits de Missia et de Lécuyer à ceux 
						des Harger et de Charlot dans un « Hommage au 7ième 
						art », fresque de l’entrée qui montre un abordage de 
						flibustiers dans un studio de cinéma. Auricoste écrira : 
						« L’originalité de sa conception était d’une 
						nouveauté exceptionnelle. Mais la luxuriance, la santé, 
						la fantaisie de sa peinture étaient d’un classicisme 
						scandaleux pour notre époque. »
						  
						Juillet 
						 
						- 
						Louis Destouches se rend dans la première quinzaine de 
						juillet dans le sud de la France, à Marseille en 
						particulier. 
						  Août 
						- 
						Séjour en Bretagne. 
						 
						Septembre 
						
						- Il rencontre Cillie 
						Ambor, 27 ans, qui dirige des classes de gymnastique à 
						Vienne. Elle vit avec Destouches deux semaines rue Lepic 
						; ils continueront à correspondre jusqu'en 1939. 
						   Octobre 
						
      -
						  Europe et 
						les Cahiers du Sud publient des " bonnes feuilles " 
						de Voyage. Le livre est tiré à 2000 exemplaires 
						et se vend peu au départ, malgré un article favorable de 
						Georges Altman dans Monde puis une interview de 
						l'auteur dans Paris-Soir. 
						
						 
    Mahé échoue en juin au prix Blumenthal. Tous sursis 
						militaires épuisés, il est appelé, à vingt-cinq ans sous 
						les drapeaux. Incorporé à la météo militaire il amarre 
						sa péniche à Saint-Cloud en octobre et achète un chien à 
						Maguy – Major, bouvier des Flandres 
						-, pour qu’elle ne soit pas seule à bord. Les travaux du
						Rex l’ont épuisé. Le docteur Destouches 
						diagnostique une sclérose pulmonaire. Mahé est 
						hospitalisé au Val-de-Grâce. Il a pour voisin de lit un 
						jeune ouvrier marbrier, Georges France, dit 
      
						 Jojo, 
						qui vient d’acheter un hôtel. Le Charonne’s Hôtel 
						deviendra un jour le refuge d’un certain milieu.  
						 
						- 
		Voyage au bout de la nuit est mis en vente le 20 
						octobre 1932.
						
       
		 Novembre 
						  
						- Le 30 novembre 1932, les Dix du jury Goncourt se 
						réunissent pour un déjeuner préparatoire. C’est avec 
						chaleur que le retour de Lucien Descaves est accueilli 
						par ses collègues. Descaves serre la main de Jean 
						Ajalbert scellant la réconciliation. Mais après les 
						retrouvailles, les tractations : dans l’ensemble les 
						jurés sont favorables au livre de Guy Mazeline. Lucien 
						Descaves sait se montrer convaincant, car les deux 
						Rosny, Léon Daudet et Jean Ajalbert se déclarent pour 
						Céline. Dorgelès hésite…Raoul Ponchon, Léon Hennique et 
						Gaston Chérau campent sur leurs positions. Léon Daudet 
						demande de procéder au vote. Proposition rejetée, la 
						presse n’étant pas prévenue. Les jurés se séparent et se 
						donnent rendez-vous le 7 décembre. 
						 
						   
   Au même moment, la saison des prix commence : le 30 novembre, Ramon 
						Fernandez obtient le Fémina et le 2 décembre 
						l’Interallié est attribué à Simonne Ratel. 
						 La rumeur se répand auprès des journalistes, Céline est 
						le favori. Denoël fait même imprimer des bandeaux avec 
						la mention « Prix Goncourt 1932 » aujourd’hui très 
						prisés. Le premier tirage est épuisé et une réimpression 
						de 10 000 exemplaires est réalisée. Aux éditions 
						Denoël c’est la cohue. Léon Daudet, seul juré disposant 
						d’une tribune dans un journal a (presque) annoncé la 
						victoire de Céline dans L’Action française. 
						
         Décembre 
						
      - Le 6 décembre, le lancement du Voyage 
		est assuré par un tonitruant article de Léon Daudet dans L'Action 
		française : " Un  
		ouvrage truculent, extraordinaire, que beaucoup trouvent révoltant parce 
		qu'il est écrit dans un style cru, parfois populacier, mais de haute 
		graisse. "    
						 
 - Le 7 décembre, les Dix se réunissent comme d’habitude chez Drouant et 
						procèdent au vote. Le Goncourt est décerné à Guy 
						Mazeline… au premier tour ! Par six voix contre trois, 
						au détriment du Voyage au bout de la nuit.  
						  Le décompte est simple : Lucien Descaves, Léon Daudet 
						et Jean Ajalbert sont restés fidèles à leur choix. Raoul 
						Ponchon, Léon Herrique, Pol Neveux et 
						Gaston Chérau ont voté pour Mazeline. Restent les trois 
						autres jurés. Par amitié Rosny aîné a voté pour le livre 
						d’un ami Les Forniciens de Raymond de Rienzi qui 
						ne figurait sur aucune liste. Roland Dorgelès qui était 
						hésitant a rallié Mazeline et Rosny jeune a également 
						voté pour celui-ci. 
						  Que s’est-il passé entre le 30 novembre et le 7 
						décembre ? Il est probable que des considérations 
						commerciales aient primé sur des considérations 
						littéraires. En 1932, Gallimard qui publie Mazeline est 
						distribué par les très puissantes et influentes 
						messageries Hachette qui ne souhaitent pas voir échapper 
						la manne que représente le Goncourt. 
						   
   Révolté par ces magouilles éditoriales, Lucien Descaves quitte les 
						membres du jury, raconte aux journalistes le déroulé des 
						évènements – en précisant avec cette phrase qui sera 
						reprise dans de nombreux journaux : « J’étais 
						retourné avec plaisir à l’académie Goncourt, mais je 
						n’avais pas pensé devoir être obligé d’arriver à la 
						salle à manger en passant par la cuisine » et 
						rejoint les membres du jury Renaudot qui déjeunent dans 
						une autre pièce.  
						- Après 
						d’âpres discussions, le prix Renaudot 1932 est 
						finalement attribué au Voyage au bout de la nuit.
						 
						   
  Cette non-attribution sera la cause d’un violent scandale qui durera 
						toute l’année 1933. Les Dix sont attaqués et pris à 
						partie par la presse. Le Voyage se vendra à plus 
						de 100 000 exemplaires, le double des Loups. La 
						mairie de Clichy, très honorée de compter 
						un écrivain primé parmi ses employés, vote une 
						subvention de 5 000 francs (l’exact montant de la 
						dotation du Goncourt) à son bénéfice. Bien que touché 
						par le geste, il déclinera l’offre.  
						 
						- L’inauguration du Rex a lieu le 8 décembre dans un faste 
						extravagant. Mahé va se reposer à Camaret où il 
						rencontrera celle 
       qui sera sa seconde épouse, Madeleine Drévillon, sa « petite sirène ». Avec l’argent gagné au
						Rex, il fait construire un petit cotre, l’Enez 
						Glaz, sur lequel il pourra naviguer seul. 
						
      					 
						
						 - Après quelques rencontres avec 
						divers journalistes, Céline quitte Paris pour Genève, où 
						sa mère le rejoint. Elle va l'accompagner dans un voyage 
						professionnel en Autriche et en Allemagne. Mission que 
						le docteur Rajchman lui avait réservée. 
						- Le 22 décembre, Léon Daudet récidive 
						après le scandale, cette fois dans Candide : " 
						Voici un livre étonnant, appartenant beaucoup plus par 
						sa facture, sa liberté, sa hardiesse truculente, au XVIe 
						siècle qu'au XXe, que d'aucuns trouveront révoltant, 
						insoutenable, atroce, qui en enthousiasmera d'autres et 
						qui, sous le débraillé apparent du style, cache une 
						connaissance approfondie de la langue française, dans sa 
						branche mâle et débridée. [...] Le titre du livre, 
						Voyage au bout de la nuit, vous indique de quoi il en 
						retourne : la nuit, c'est le bas-fond de l'être humain, 
						ce marais des instincts troubles, où barbotent, autour 
						de la peur, viscosité centrale, les grenouilles, têtards 
						et serpents d'eau de la basse concupiscence, de l'envie, 
						de la cupidité, du vol et, finalement, du meurtre. 
  Bardamu est une fiction tirée du réel, qui n'a point d'autre rapport avec 
						l'auteur, M. Céline-Destouches, que l'imagination de 
						celui-ci. Les assimiler l'un à l'autre, comme le font 
						quelques critiques imbéciles, c'est assimiler 
						Shakespeare à Falstaff, c'est le rendre responsable du 
						crime de Macbeth, c'est accuser Sophocle d'inceste à 
						cause d'Oedipe-Roi, c'est identifier Molière à Tartuffe. 
						Une telle façon de voir et de juger limiterait vite la 
						littérature française à des ouvrages de patronage [...] 
						les lettres ne sont point un divertissement de jeunes 
						filles ni de frères lais, et la vraie bibliothèque n'est 
						pas rose. La vraie littérature, c'est la vie fixée et 
						non plus seulement coulante. " 
						 Il faut signaler 
						l'immense succès du livre après un tel scandale : " 
						il ne faudra pas moins de trois imprimeries pour faire 
						face à la demande et fournir les libraires " précise 
						Emile Brami.   
  
 -25 décembre : Breslau, Erika Irrgang. 
						-28 décembre : Vienne, Cillie Ambor. 
						Il rencontre Anny Angel. 
						- A son retour, il rédige un article : "
						Pour tuer le chômage, tueront-ils les chômeurs 
						? " 
						
						   Mais la grande
peine de  Louis Destouches en 1932 demeure la mort de Fernand, son père,
le 14 mars... 
						  Les fréquentations de Céline se diversifient et il
commence à entretenir quelques correspondances avec Léon Daudet, Lucien Descaves, mais aussi Elie Faure, Georges Altman, Elisabeth Porquerol.
						
      					 
						   
						   
                            
                           
                                                                                   
                            
                                                                                   
                
                          
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