Un Céline plus vrai que nature.
Féroce, drôle et émouvant. Un spectacle jubilatoire.
Au bout du voyage, Céline –
l’abominable homme des Lettres – se confie aux
derniers journalistes qui se risquent jusqu’à son
ermitage de Meudon. Attirés par le pittoresque
décati du personnage, ils sont les témoins de son
humour féroce et de sa lucidité impitoyable sur
l’homme en général et ses contemporains en
particulier.
Louis-Ferdinand Céline féroce, drôle
et émouvant
Tout y passe : l’enfance au passage
Choiseul, les années d’initiation, la vocation
médicale. Louis-Ferdinand Céline raconte aussi ses
débuts fracassants en littérature, les grandeurs et
misères du monde des Lettres et ses errements
idéologiques. Il nous livre son délire de
persécution, son rejet de la vie moderne et
décadente… jusqu’aux prédictions comico-apocalyptiques
de l’arrivée prochaine des Chinois à Cognac !
Extraits d’entretiens avec : DUMAYET,
PAUWELS, ZBINDEN, HANREZ
Beaucoup l'ignore : l'auteur du Voyage au bout de la
nuit (1932) a également écrit deux pièces de théâtre.
La première sera
éditée dans la foulée du succès de son premier roman
mais elle fut écrite (au moins les trois premiers actes)
en 1926 à Genève alors que le docteur Louis Destouches
avait été embauché par la section d'hygiène de la
Société des Nations. Cette comédie constitue une
première version théâtrale du Voyage mais avec
une tonalité moins autobiographique. Et le personnage
principal y porte déjà le nom de Bardamu.
La pièce a pour titre L'Eglise car c'est ainsi que Céline voyait
la S.D.N. avec ses dogmes et ses grands prêtres. Dans le
troisième acte, la pièce se transforme en une satire des
responsables juifs de l'organisation. Ce qui fera dire à
certains que Céline était antisémite dès les années
vingt. A noter que cela ne dérangeait apparemment pas
Sartre puisqu'il prit une phrase de cette pièce en
exergue de La Nausée.
Les thuriféraires sartriens
diront plus tard qu'il ne l'avait pas lue, ce qui est
peu plausible compte tenu de sa lecture passionnée de
Voyage au bout de la nuit. La vraie explication est
que, dans les années trente, le fait de brocarder ou de
dénoncer l'influence de ce qu'on n'appelait pas encore
le " lobby juif " était une chose répandue et pas
forcément répréhensible. La preuve c'est que, sous la
plume de Jules Rivet, le Canard enchaîné ne
trouva rien à redire à ce troisième acte qu'il trouvait,
au contraire, particulièrement savoureux.
Céline considérait cette pièce
comme ratée. Elle ne suscita d'ailleurs pas l'intérêt de
Charles Dullin qui l'eut entre les mains. " Je ne suis
pas un homme de théâtre, peut-être que mes dialogues les
feront marrer... En tout cas, il y a une technique
spéciale, des trucs, un certain nœud
qui m'échappe... ", dira Céline. Cette pièce fut
pourtant montée plus tard avec succès par François Joxe
à Paris, puis par Jean-Louis Martinelli, à Lyon, puis à
Nanterre.
La seconde comédie, Progrès, fut écrite en 1928 mais révélée
seulement à la fin des années 70. Cette farce en quatre
tableaux préfigure plutôt Mort à crédit. Elle fut
jouée une seule fois en province avec une réception
critique assez tiède. " On pointa l'aspect disparate de
la pièce sans en noter l'originalité et la bouffonnerie
", observa un céliniste.
Le paradoxe étant que, si
Céline est fréquemment interprété au théâtre, c'est son
œuvre romanesque qui y est
adaptée. Il s'agit le plus souvent de comédien seuls en
scène disant des extraits des deux premiers romans, tel
Fabrice Luchini, ou de la trilogie allemande, tel
Stanislas de la
Tousche. Le premier a fait découvrir
Céline à une foultitude de gens qui le considéraient à
tort comme un acteur populiste dans la veine
naturaliste. Le second, par sa ressemblance physique
avec Céline, a frappé les imaginations et montré avec
brio la puissance et la verve de ses trois derniers
romans.
Mais bien d'autres comédiens ont interprété Céline. Ils ne peuvent être
tous cités. Ces dernières années, il y eut surtout Denis
Lavant (dans une adaptation réalisée par
Emile Brami) et Jean-François Balmer qui s'est limité
(avec bonheur) à des extraits de Voyage.
Autant dire que c'est une
véritable gageure que d'interpréter Céline sur les
planches. Le piège à éviter étant d'en faire trop, de
surcharger le texte ou de hausser continûment le ton
alors que l'écrivain alterne vivacité et douceur. Pour
bien dire Céline, il faut au préalable avoir pris
conscience qu'il est avant tout un écrivain lyrique et
baroque. Et un authentique poète de l'oralité.
Cette langue n'est guère pratiquée dans les conservatoires et les
variations du style célinien ne sont pas toujours aisées
à appréhender. Dans sa pièce L'Eglise, Céline
fait dire à son personnage principal : " Moi, j'aurais
aimé à faire du théâtre, à en écrire plutôt ". A la
différence de son ami Marcel Aymé, il n'était pas doué
pour ce genre. Il n'empêche : il serait sans doute
étonné de faire aujourd'hui salle comble avec des
extraits ou des adaptations de ses romans.
Parmi les précurseurs, citons
Claude Duneton qui adapta, un an après mai 68, des
extraits des Beaux draps (1941) sans que cela
posât de problème. Et Jean Rougerie qui, lui, mit en
scène Entretiens avec le professeur Y quelques
années plus tard. Ce livre, dans lequel Céline expose,
avec une roborative vis comica, son esthétique,
se prête admirablement bien à une adaptation théâtrale
car il ne met en scène que deux personnages : l'auteur
et un interlocuteur un peu butor qui peine à comprendre
la tentative célinienne d'introduire en littérature
l'émotion du langage parlé.
Comme le répétait Céline, cela suppose une transposition ardue et
délicate à la fois. Curieusement ce livre a rarement été
porté à la scène alors qu'on y retrouve un Céline au
mieux de sa forme. Il s'agit en quelque sorte d'une
défense de son art poétique présenté de manière amusante
et enlevée.
Amoureux de la danse (et des danseuses), Céline écrivit plusieurs ballets.
A son grand dam, ils ne furent jamais montés. De telle
sorte que, peu de temps avant sa mort, il les réunit,
désabusé, sous ce titre éloquent : Ballets sans
musique, sans personne, sans rien.
Dans les archives
sonores de l'Institut National de l'Audiovisuel, on
trouve de véritables trésors : au cours de leur
carrière, plusieurs grands comédiens furent invités à
lire Céline dans des émissions littéraires,
essentiellement sur France Culture. Les lectures de
Michel Simon, Pierre Brasseur et Arletty sont connues
pour avoir été immortalisées sur disques microsillons
dans les années cinquante. Mais savez-vous que bien
d'autres comédiens français de renom ont prêté leur voix
au natif de Courbevoie ? Citons pêle-mêle Jean-Louis
Barrault, Michel Bouquet, Marcel Bozzuffi, Alain Cuny,
Julien Guiomar, Guy Marchand, Henri Virlojeux, Michel
Vitold... Ce dernier est l'un des plus impressionnants :
il était capable de dire avec véhémence un extrait de
Bagatelles, puis, avec une grande émotion, un
passage de Féerie pour une autre fois dans lequel
l'auteur évoque la mort de sa mère alors qu'il était en
exil au Danemark.
Une suggestion aux dirigeants
de Radio France : éditer, sous la forme d'un disque
compact, une anthologie de ces textes lus par
quelques-uns de ces grands comédiens. On peut toujours
rêver...
Marc
LAUDELOUT
(Présent, Hors-Série, septembre-octobre 2018).
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Au théâtre de Nesle
ENTRETIENS AVEC LE PROFESSEUR Y
Du 4 au 28 octobre 2018, du jeudi au samedi à 21h,
le dimanche à 17h.
Cette adaptation du roman éponyme
de Céline publié en 1954/1955 est signée Jean
Rougerie et interprétée par La Compagnie
du Monôme. Elle a été créée en 2016.
Sur scène, on retrouve les comédiens Jack Gallon, dans le rôle du Professeur
Y et Rémy Oppert, dans celui de Céline. Rémy Oppert signe
également la mise en scène de la pièce.
"
Entretiens avec le Professeur Y " a été publié
en plusieurs épisodes dans la revue N.R.F. A l'époque où
ses romans se vendaient mal, Gaston Gallimard, l'éditeur
de Louis-Ferdinand Céline, lui aurait
demandé d'écrire un nouveau texte pour revenir dans
l'actualité littéraire.
C'est alors que Céline a écrit ce court roman où, en réalité, il se parle
à lui-même à travers un personnage fictif, le
Professeur Y, envoyé par Gallimard pour
l'interviewer.
Un rendez-vous qui ne se passe pas comme prévu vu le caractère excessif
de l'écrivain sulfureux. Un entretien qui va vite
tourner à l'affrontement.
On y retrouve un Céline caustique,
polémiste, pas dénué d'humour dans un texte burlesque
qui tourne à la profession de foi.
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THEATRE DE LA HUCHETTE
VOYAGE
AU BOUT DE LA NUIT
Du 11 au 29 septembre 2018 – Du mardi au samedi à
21h00
De
Louis-Ferdinand CÉLINE
Interprété et mis en scène par Franck DESMEDT
Adaptation de Philippe DEL SOCORRO
« L’amour
c’est l’infini mis à la portée des caniches… »
Chef -d'œuvre de fulgurances, le Voyage est une
véritable dissection sans concessions de l’âme humaine ;
une recherche absolue de la vérité faite de chair, de
miasmes et de sang.
Descendre dans l’âme. Descendre
toujours plus bas, toujours plus profondément pour que,
dans le noir absolu, surgisse une lumière, douce,
pénétrante, inattendue… voilà le pari de cette mise en
scène.
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Voyage au bout de la
nuit
L.F. Céline / Ph.
Sireuil
Théâtre
Un de nos plus grands
hommes de théâtre s’empare d’une œuvre
incontournable de la littérature du 20ème
siècle.
Paru en 1932,
Voyage au bout de la nuit est l’une
des pierres angulaires du roman
contemporain, une révolution littéraire,
comme un long cri déchirant qui continue
de nous ébranler. Ce voyage est celui de
Bardamu à travers la Première Guerre
mondiale, le colonialisme triomphant ou
encore la misère des banlieues.
Céline livre une critique virulente de la cruauté et de l’absurdité de la
guerre, de toutes les formes
d’exploitation et de destruction de
l’homme par l’homme. L’auteur y invente
un langage nouveau, parlé et argotique,
rythmé, chatoyant, raffiné et
extrêmement construit, qui continue à
nous surprendre.
Philippe Sireuil et Hélène Firla s’emparent des premiers chapitres de
cette œuvre monumentale (ceux consacrés
à la Grande Guerre) pour en offrir une
adaptation scénique sobre et percutante;
lui à la mise en scène et elle… sur
scène. Car c’est bien à une femme que ce
grand homme de théâtre belge a choisi de
confier le rôle du anti-héros, trop
sensible, doté sans doute de trop
d’imagination pour s’accrocher avec
confiance aux tromperies d’un
patriotisme aveugle.
Comment
rendre mieux la détresse, la fragilité
et la douleur de Bardamu si ce n’est par
la voix et le corps d’une femme ?
Coiffée d’un chapeau melon, engoncée
dans un costume trois-pièces, cigarette
aux lèvres, la comédienne suisse crée
l’illusion, éructant, sanglotant,
vomissant les mots âpres de Céline sur
un plateau dépouillé de tout
accessoire, dépeignant la boucherie de
14-18 et les convulsions d’un monde en
mal de repères. Le nôtre ?
18 novembre 2016 20:00 /
PBA / Studio Danses
complet
19 novembre 2016 20:00 / PBA / Studio
Danses
ticket
PBA / Studio Danses
- Palais des Beaux-Arts
Place du Manège
Accès par l'Atrium et/ou La Rotonde
6000 Charleroi
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LA BALLADE DU SOLDAT INCONNU. Musée Genève.
D'après
VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT De Louis-Ferdinand
Céline
Mise en scène Eric Salama
Avec Frédéric Polier
mardi 16 janvier 2018 - 15h
le jeudi 18 janvier 2018 - 15h
dimanche 21 janvier 2018 - 14h30
au Musée international
de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Quelle chance !
Bardamu est revenu à Genève. Cette fois-ci c'est un
comédien dynamique, puissant, à la carrure d'un
cuirassier qui s'attèle aux passages du VOYAGE AU BOUT
DE LA NUIT, dans lesquels il est question de la guerre
de 1914.
Il se nomme Frédéric POLIER. Sa verve, sa faconde, la force de sa
voix font revivre ces textes bien connus qui paraissent
encore plus puissants quand ils sont dits de vive voix.
Le soldat, le cuirassier est là. Il rugit. Il s'emballe. Il se calme.
Avec finesse il
évoque : " ces longs fils d'acier que tracent les balles
qui veulent nous tuer " et qui passent à quelques
millimètres de sa tête. Celui qui ne se trompe pas c'est
le public : il a froid dans le dos. Lorsqu'il raconte le
cavalier : " qui n'avait plus sa tête, rien qu'une
ouverture au-dessus du cou avec du sang dedans qui
mijotait en glouglous comme de la confiture dans la
marmite. " Un soupir d'effroi flotte, on revoit ses
souvenirs d'enfant et l'image de la confiture qui
bouillonne dans le chaudron de la grand-mère. L'émotion
est au zénith. Puis on le sent soulagé quand il parle
d'un autre commandant : " Il s'appelait Pinçon ce
salaud-là. Le commandant Pinçon. J'espère qu'à l'heure
actuelle il est bien crevé (et pas d'une mort pépère) "
Avec délicatesse
il décrit la jeune fille qui ouvre de nuit la porte de
sa maison, lui vend une bouteille de bon blanc et lui
fait voir le petit cadavre de son jeune frère, au ventre
transpercé par une baïonnette ennemie. Merveilleusement
il dit : " Mon cœur au chaud, ce lapin, derrière sa
petite grille de côtes, agité, blotti, stupide. "
Comme point
d'orgue à cette excellente prestation je cite ce que le
comédien a dit tout au début : " De la prison on en sort
vivant, pas de la guerre. " Tout est dit, là, pour bien
comprendre Céline.
Christian SENN.
LUTRY.
**********************
L'OBS
Bibliobs -
Actualités
·
Luchini, Gallienne, Balmer, Podalydès... qui dit le
mieux Céline?
Jean-François Balmer dans le
rôle de Bardamu, en 2012 (Delalande/Sipa)
Denis Lavant
l'incarne au cinéma, mais il n'est pas le seul comédien
fasciné par l'auteur du “ Voyage au bout de la nuit
”. Loin de là.
Idée pour
lutter contre l'insomnie, au moment où
Denis
Lavant incarne Louis-Ferdinand Céline pour la première
fois au cinéma:
compter les acteurs qui gravitent autour du “ Voyage au
bout de la nuit ” et de son auteur. Est-ce parce que ce
cabot ne détestait pas poser en comédien et martyr ? Ça
ne date pas d'hier.
Michel Simon
fut un des premiers à bougonner le magistral incipit du
« Voyage ». Et l'amie Arletty, qui avait aux yeux
de Céline la grande qualité d'être née comme lui à
Courbevoie, sans doute la première à mettre en boîte
quelques
pages de « Mort à crédit »(Françoise Fabian et Judith Magre, elles, se sont
contentées de fréquenter
sa
maison de Meudon).
Mais il
faudrait encore citer le vieux pote Robert Le Vigan qui,
des années après le sinistre séjour à Sigmaringen en
1944, enregistrait des extraits de « Nord ». Et
Pierre Brasseur dès 1955, et Michel Bouquet en 1965, et
Michel Piccoli en 1986, ou encore Guy Marchand, pas plus
tard qu'en 2012 (on
peut tous les écouter sur
lepetitcelinien.com).
Ça ne date pas
d'hier, mais ça ne cesse de gagner du terrain. Parce que
Céline mimait à la perfection la confession de comptoir,
son lyrisme truffé d'interjections fait de l'œil aux
diseurs de mots comme l'Everest attire les alpinistes.
Du
spectaculaire Denis Lavant
à Rodolphe Dana, qui était en février au Théâtre de
la Bastille avec sa version du « Voyage », on
se bouscule désormais pour interpréter la fameuse
«
petite musique » du
grantécrivain maudit.
Fabrice
Luchini est passé par là. Dans cette curieuse confrérie,
qui tourne à l'épidémie, c'est lui le patron. Aucune
sifflante, aucune allitération, aucune nuance de la
partition célinienne n'échappe à son élocution
athlétique. Il sculpte chaque relief du texte, le fait
claquer et pleurer comme un montreur d'ours qui passe du
fouet à la caresse.
Chez Luchini,
ça a débuté comme ça, en 1986: 12 représentations
étaient prévues, il y en a eu plus de 900; puis d'autres
spectacles ont suivi, jusqu'à
«
Poésie », l'an passé,
où il mixait Céline avec Rimbaud, La Fontaine et même
Johnny.
Un triomphe
pareil avait de quoi donner des idées. De 2011 à 2014,
Jean-François Balmer a campé sur scène un Bardamu
chevelu, tantôt dans une vareuse de soldat, tantôt sous
un casque colonial, qui donnait au « Voyage »
l'allure un peu attendue d'un lamento rageur et
crépusculaire. C'est le piège, avec Céline. Faut-il se
laisser emporter par ses excès ou leur tenir la bride?
Christophe Malavoy, qui cherche en vain à
le porter à l'écran depuis des années, lui a consacré un
roman et une BD dispensables. Il ferait mieux de le lire
puisqu'il le fait très bien, avec une voix de
contrebasse qui sait marquer les silences pour raconter
l'agonie
de la chienne Bessy,
peut-être un des plus beaux passages figurant dans «
D'un château l'autre ».
Guillaume Gallienne présente un autre cas
d'école. Lui qu'on imagine plutôt dire Proust (il l'a lu
aussi) a servi
Céline
sur France Inter
avec des manières douces-amères, l'acteur-réalisateur de
« Guillaume et les garçons... » prenant ici un
ton rêveur, presque petit doigt en l'air, pour évoquer
le cauchemar des tranchées («
On est puceau
de l'horreur comme on l'est de la volupté »),
et retrouvant là les humiliations de l'enfance pour
faire entendre celles de « Mort à crédit » («
Je fondais comme une fille, je me trouvais infect »).
Mais le plus étonnant reste
peut-être la performance de Denis Podalydès, qui a
enregistré l'intégralité du « Voyage » en 16 CD
(Frémeaux).
Loin de la gouaille de Michel Simon comme des éruptions
jubilatoires de Luchini, ce sociétaire de la
Comédie-Française lit Céline comme il lirait du La
Bruyère. Soudain très grand siècle, avec une sobriété
qui confine à la pureté, le saisissant bavardage de
Bardamu y devient ce qu'il est aussi : un immense texte
classique, qui oppose la beauté d'une langue à la
trivialité du monde.
Post-scriptum.
Pour ceux que ça intéresse, il faut ajouter à cette
Céline Académie le nom de Stanislas de la Tousche, qui
tourne dans toute la France depuis cinq ans avec " Y
en a que ça emmerde qu'il y ait des gens à Courbevoie
?... ", un spectacle mis en scène par Géraud Benech
et tiré des derniers romans, lettres et interviews de
Céline. Il est par exemple à l'affiche au Théâtre de
La Forge, à Nanterre, du 16 au 20 mars 2016.
Adaptation
: Nicolas Massadau d'après l'œuvre
de Louis-Ferdinand Céline
Mise en scène :
Françoise Petit - Avec : Jean-François BALMER
Nominé au Palmarès du Théâtre
Et au bout en fait, la
lumière sur la profonde humanité dont l'écrivain
polémique s'ingéniait à nous faire croire qu'il était
dépourvu.
Il suffira à
Ferdinand Bardamu d'assister à un défilé militaire pour
s'engager aussitôt sous les drapeaux. Plongé au cœur
de l'horreur de la grande guerre, il sera blessé puis
réformé. Survivant à jamais " cabossé ", il s'embarque
pour l'Afrique et commence un long périple.
Dans le personnage de Bardamu on voit le reflet d'un Céline naïf ; un
candide révolté et marqué par son obsession de la mort
qui teinte ce mythique "
Voyage au bout de la nuit ".
L'adaptation de Nicolas Massadau, élaborée à partir
d'extraits majeurs du roman, bénéficie de l'émouvante
interprétation d'un Jean-François BALMER,
tout en finesse et en tendresse, qui parvient à rendre
grâce à l'éblouissante sincérité des mots de l'écrivain,
sans pour autant se laisser enfermer dans les rets de sa
mélodie stylistique volontiers provocatrice. Plus que
sur un artiste, le rideau s'ouvre sur un homme, ses
failles, ses doutes et ses inextinguibles
interrogations.
Etonnant Céline, que l'on
identifie souvent à un matamore arrogant, toisant du
haut d'une suffisance d'artiste le monde qui l'entoure,
et qui se révèle en fait un homme fragilisé par une
quête continuelle de vérité, d'une compréhension absolue
du monde en question et de la place qu'il y occupe.
L'aimerez-vous ? Sans doute pas tous ses écrits. Mais vous ne pourrez
plus détester l'homme devenu artiste de génie parce
qu'il évaluait son monde à l'aune de ses propres peurs
et incompréhensions. N'est-ce pas ce que nous faisons
tous ?
UNE LECTURE THEATRALISEE DE
CELINE les 29 et 30 mars 2014 à Douarnenez.
Marcel
Jouannaud proposera une lecture des deux premiers
chapitres de Voyage au bout
de la nuit les 29 et 30
mars 2014 à L'Ivraie de Douarnenez. Souhaitant
depuis longtemps se plonger dans les horreurs de la
première guerre mondiale, le texte de Céline est "
arrivé comme une évidence et j'ai décidé de m'y lancer
et d'en faire ma création de l'année ", affirme
l'artiste.
Accompagné de quelques airs
d'accordéon, Marcel Jouannaud veut faire
découvrir au public " le style unique qui fait de Céline
cet écrivain unique, dans ce conte monstrueux et
désopilant ".
Samedi 29 à 21 h et dimanche 30 mars à 17 h
Librairie-café L'Ivraie
Rue Voltaire
29100 Douarnenez
Réservations
09.73.65.03.73
On raconte qu'Homère allait de village en
village et qu'il était aveugle. Moi aussi, je raconte
des histoires et parfois je joue un peu de musique. Là,
ce sont celles des deux premiers chapitres du Voyage au bout de la nuit
que je vous propose.
Ferdinand Bardamu est au cœur de l'évènement qu'on dit fondateur de notre
société qu'on dit moderne : la grande guerre. On n'a pas
trouvé mieux. Et dans le style unique qui fait de Céline
cet écrivain unique, dans ce conte monstrueux et
désopilant, on n'a pas fait mieux non plus pour dire ce
que c'est, la guerre.
On oublie
tellement vite... Ou bien c'est celle des autres,
là-bas... Pour cela et pour l'évidente oralité de son
récit avec laquelle, il faut le reconnaître,
l'interprétation est jouissive, Céline est un nouvel
Homère. (Le Petit Célinien, 25 mars 2014).
******************
Mercredi 19 février 2014
Théâtre
: « Voyage au bout de la nuit » par le collectif
Les Possédés (2014)
Le
collectif
Les Possédés
proposera une adaptation de
Voyage au bout de la nuit
de Céline lors d'une tournée en France de mars à mai
2014. Une adaptation de Rodolphe Dana et Katja Hunzinger.
Lumières Valérie Sigward, son Othello Vilgard. De la
guerre de 14, en passant par l'Afrique et l'Amérique,
jusqu'au retour en France...
Tout au long du voyage, le collectif
Les Possédés
accompagne l’anti-héros de Céline dans sa quête
d’absolu. Loin de toute redondance, Rodolphe Dana rend
aux mots leur puissante charge d’évocation et épouse
avec subtilité cette langue explosive et jubilatoire.
Un voyage dans les tréfonds d’une humanité sublime et grotesque avec, dans
les bagages, l’humour noir, le lyrisme et la truculence
de Céline.
http://lespossedes.fr.
MARS
Les 13 et 14 mars 2014, Théâtre
Jean Lurçat, Avenue des Lissiers, 23200
Aubusson. 05 55 83 09 09.
AVRIL
Du 1er au 4 avril 2014,
Théâtre de Nîmes, 1 Place de la Calade,
30017 Nîmes.
Du 9 au 11 avril
2014, La Ferme du Buisson, Scène
Nationale de Marne la Vallée, 77186 Noisiel.
MAI
Du 28
avril au 7 mai 2014, à 20h, Théâtre national
de Bordeaux, Place Renaudel, 33032 Bordeaux.
05 56 33 36 80.
Les 15 et 16 mai 2014, Scène Watteau, Place
du Théâtre, 94130 Nogent-sur-Marne.
(Le Petit Célinien, mercredi 19 février 2014).
*******************
THEATRE ANTOINE
- FABRICE LUCHINI lira CELINE sur
scène en 2014.
Fabrice
LUCHINI lira de nouveau CELINE sur
scène en 2014. Le théâtre ANTOINE l'accueillera à
partir du 7 janvier pour 20 représentations d'un
spectacle joué pour la première fois en 1985.
Sous la direction artistique de Cathy Debeauvais, l'acteur reprendra des
extraits de VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT.
Théâtre
: «
Voyage au bout de la nuit
»
par la Cie Le Talent Girondin
du 19 au 24 nov. 2013
La Compagnie "
Le Talent Girondin"
proposera du
19 au 24 novembre 2013
à l'INOX de Bordeaux une adaptation de
Voyage au bout de la nuitréalisé par Philippe del Socorro, mise en scène et avec
Franck Desmedt.
Du 19 au 24 novembre 2013
à 20h30 - 16h le dimanche
L'INOX rue Philippart 33000 BORDEAUX
Réservations
05.56.79.39.56
Oser mettre en scène une telle œuvre, relève du défi.
Mais que sait-on, au fond, du Céline qui, en 1932, avec
le " Voyage au bout de la nuit ", rate de peu le
prix Goncourt et se console avec le Renaudot ? Le
Voyage est un chef-d’œuvre, anarchiste, anti-tout et
pourtant universellement tragique. Véritable dissection
sans concessions de l'âme humaine. C'est avant tout une
recherche absolue de la vérité faite de chair, de
miasmes et de sang.
C'est aussi une descente dans les profondeurs abyssales de l'âme.
Descendre toujours plus bas, toujours plus profondément
pour que, dans le noir absolu, surgisse une lumière,
douce, pénétrante, inattendue : voilà le pari de cette
mise en scène. Osez ! venir voir Bardamu, l'anti-héros
par excellence, perpétuellement en fuite, ce voyageur
immobile à grands pas, dans son numéro de funambule de
la vie qui n'est que vertige et vacillement. L'enjeu, le
seul enjeu, l'enjeu véritable, c'est de tenir et rester
debout. Tenir encore.
Théâtre :
Voyage au bout de la nuit avec
Jean-François BALMER en tournée en 2014
Salué par la critique en 2012, Jean-François
Balmer reprendra sur scène en 2014 Voyage au bout de
la nuit. Une adaptation de François Massadau mise en
scène par Françoise Petit précédemment présentée au
public parisien au Théâtre de l'œuvre.
De
nombreuses dates sont déjà prévues partout en France et
en Suisse pour 2014 :
- Les 14 et 15 janvier 2014 au Théâtre L'Odyssée de
Périgueux à 20h30.
.
- Les 23 et 24 janvier 2014 au Théâtre d'Angoulême.
www.theatre-angouleme.org.
- Les 6 et 7 février 2014
au Théâtre de Narbonne
à 19h30.
- Mardi
18 février 2014 à 20h30 au Théâtre
du Palais des Congrès de Saint-Raphaël.
- Jeudi 20 février 2014 au Théâtre municipal de Grenoble à
20h30.
-
Les 3, 4 et 5 mars 2014 au Théâtre Tête d'Or à Lyon.
-
Le jeudi 13 mars 2014 à 20h00 au Théâtre Equilibre
(Place Jean-Tinguely 1, Fribourg, Suisse).
-
Le 18 mars 2014 au Théâtre de l'Octogone de Pully
(Suisse).
-
Du 8 au 12 avril 2014 au Théâtre du Gymnase de
Marseille.
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Le 29 avril 2014 au Théâtre Croisette de Cannes à 20h30.
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Le samedi 24 mai 2014 à 20h30 à Angers.
(Le Petit Célinien, mercredi 3
juillet 2013).
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VOYAGE
AU BOUT DE LA NUIT
par la compagnie Möbius-band
(2012-2013)
La compagnie Möbius-band proposera une adaptation
théâtrale de Voyage au bout de la nuit de
Céline entre novembre 2012 et novembre 2013.
Avec Elise Roth, Clara Chabalier, Jean-Christophe Laurier,
Hedi Tilette de Clermont-Tonerre, Basile Ferriot
(musique, son et batterie) et Benjamin Jarry
(violoncelle, basse). Mise en scène Pauline Bourse.
Durée 1h20.
Dates
Les 24 et 26 novembre 2012 à « Lilas en scène
23 bis rue Chassagnolle, 93260 Les Lilas.
Les 21, 22, 23 et 24 janvier 2013 au Théâtre
Universitaire de Nantes à 20h30.
Les 29 et 30 janvier 2013 à 20h30 à La Pléiade de La
Riche, 154 rue de la Mairie, 37520 La Riche.
En novembre 2013 au Théâtre de Chinon.
Contacts
Pauline Bourse
06 64 64 91 66
pauline.bourse@gmail.com
Compagnie Möbius-band
Le Bocal, 95 rue Deslandes, 37 000 Tours
cgniemobiusband@gmail.com
En réponse au titre magique et prometteur du roman, nous
proposons au public de voyager ensemble dans l’écriture
et le mythe de Céline, loin des préjugés et des
appréhensions, pour en révéler toute la puissance
révolutionnaire et poétique.
Avec cette écriture éminemment libertaire qui explose les règles,
déroute en affirmant que l’on peut se moquer de tout et
tout remettre en question, Céline nous invite à nous
interroger sur notre liberté individuelle et à prendre
position. Sommes-nous heureux dans cette société ? Ne
sommes-nous pas entravés par des valeurs morales
collectivement admises? Quelle est notre marge de
manœuvre en tant qu’individu ? Avons-nous la parole,
dans quelle mesure pouvons-nous penser et nous révolter
contre l’ordre établi ?
Ce
roman inaugure symboliquement la mise en place de notre
société moderne, l’avènement du capitalisme et le
sentiment d’horreur lié à la boucherie humaine rendue
possible par la mécanisation des moyens militaires.
Bardamu, nouvel Ulysse profondément humaniste, ne
cherche plus à rentrer chez lui, mais à trouver sa place
et à comprendre un monde agressif et délétère. Le mettre
en scène aujourd’hui permet d’offrir sur l’actualité un
éclairage nouveau et entre en résonance de façon
inattendue avec un monde toujours plus disparate et dur,
méfiant et individualiste, qui relance les débats sur
l’identité nationale, paupérise certaines classes de la
société et cherche à détruire toute entraide.
Si, comme le roman, la scène répond à notre besoin de
fiction, elle permet également de remplir un rôle
politique plus fort et nécessaire. En mettant en scène
l’errance et la désillusion d’un Bardamu idéaliste et
iconoclaste nous cherchons à penser collectivement la
place de l’homme dans la société, en célébrant le rire
dadaïste créatif qui sous-tend l’œuvre de Céline.
(Le Petit célinien, samedi 22 sept. 2012).
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Jean-François Balmer
proposera une adaptation de Voyage au bout de la nuit
de Céline
au théâtre de
l'œuvre
à Paris
à partir du 6 décembre 2012.
Il se produira aussi à Sceaux les 30 novembre et 1er décembre 2012.
Je n’avais pas beaucoup de choses pour moi, mais j’avais
certes de la bonne tenue on pouvait le dire, le maintien
modeste, la déférence facile, et la peur toujours de ne
pas être à l’heure, et encore le souci de ne jamais
passer avant une autre personne dans la vie, de la
délicatesse enfin …
Ça c’est mon Céline, c’est celui qu’il faut approcher pour aborder «
Voyage au bout de la nuit » un homme naïf et délicat
qui va traverser un abattoir international en folie et
dont il va s’échapper vivant mais pas indemne. On parle
de plus en plus de Céline. Peut-être parce qu’on en a
fait une lecture-spectacle aux Gémeaux l’année
dernière ? !
Ça lui a donné de la maturité, ça a allégé les préjugés roboratifs
sur lui. Et pourquoi pas ? On refait des représentations
aux Gémeaux pour notre plus grand plaisir, avant
de le jouer dans un théâtre à Paris.
Maintenant c’est un Spectacle. Comme je connais Céline un tout
petit mieux, je n’ai plus envie de parler de Lui, il
m’est devenu familier, proche. Je sais sa musique
maintenant. Il ne me reste plus qu’à apprendre le
solfège.
Jean François BALMER
Théâtre de l'Œuvre
55 rue de Clichy
75009 PARIS
01 44 53 88 80
Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi à 21h00
Samedi à 17h
Dimanche à 16h
www.theatredeloeuvre.fr
Mise en scène et scénographie: Françoise Petit
Avec : Jean-François Balmer
Adaptation : Nicolas Massadau
Images : Tristan Sebenne
Lumières : Nathalie Brun
Son : Thibault Hédoin
Production Les Gémeaux / Sceaux / Scène Nationale & le
Théâtre de l'Œuvre. (Le Petit
célinien, jeudi 22 nov. 2012).
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La
Compagnie AB & CD Productions
proposera une adaptation de
Voyage au bout de la nuit de
Louis-Ferdinand Céline au théâtre du Pont Neuf de
Toulouse du 30 novembre au 8 décembre 2012.
Avec : Antoine Bersoux (comédien) et Gahé Bama (danseur), mise en scène
Chloé Desfachelle, création lumières Clélia Tournay.
Durée 1h15.
Après avoir réussi à s’échapper de « cet abattoir international
en folie », (la guerre de 14/18 selon la formule
célinienne), Bardamu découvre l’Afrique, ce continent
noir de l’imaginaire. Entre fausses découvertes et
vraies désillusions l’Afrique lui donne la fièvre et
fait ressurgir Robinson, cette sorte de double qui le
précède partout dans la nuit.
Au lieu de la richesse attendue c’est la découverte de la
colonisation, de l’Afrique et de son bruit
assourdissant, de l’esclavage. Le « nègre », tout comme
lui est tout en bas de l’échelle sociale et se retrouve
exploité par les actionnaires des compagnies
commerciales et par les « nègres » eux-mêmes. Le monde
ne se découpe pas en blancs et noirs mais entre
exploitées et exploiteurs.
Après avoir monté le premier volet de « Voyage au bout de la
nuit » de L. F. Céline (La guerre, l’arrière, la
traversée à bord de l’Amiral Bragueton) en 2010,
la
compagnie AB & CD Productions attaque la partie
africaine de l’ouvrage. Une partie qui forme à la fois
un voyage initiatique et une plongée dans l’Afrique
coloniale du début du siècle.
L’enjeu restant toujours de faire entendre la verve
célinienne où le tragique côtoie sans cesse l’absurde et
le burlesque... Pour rendre compte de cette
trajectoire africaine, un blanc et un noir comme un
double l’un de l’autre, comme deux continents qui se
rencontrent.
Théâtre du Pont Neuf
8 Place Arzac
31300 TOULOUSE
05 62 21 51 78
www.theatredupontneuf.fr
Représentations
Vendredi 30 novembre et Samedi 01 décembre à 21h00
Du Mardi 04 au Jeudi 06 décembre à 19h30
Vendredi 07 et Samedi 08 décembre à 21h00
Répétition publique
Jeudi 15 novembre à 19h30, entrée libre.
Presse
Aujourd'hui.fr Toulouse, 4 septembre 2012
La Dépêche, 4 septembre 2012
(Le Petit célinien 2012)
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« Une nuit avec Céline »
: une adaptation théâtrale de
Guignol's band à Neuchâtel (Suisse) en 2012
La troupe Das Joconde Tanzfest proposera du 22 au 25 novembre 2012
à Neuchâtel une adaptation théâtrale de Guignol's
band.
Avec Flavien Mauler (Boro, le pianiste amateur de
bombes artisanales), Fabien Purro (Cascade, le maquereau
français),
Hillynca
Gagnebin (Angèle, la femme de Cascade), et Isabelle
Markwalder (Joconde, la prostituée espagnole). Mise en
scène par Maya Hirsch, musique de Flavien Mauler.
Théâtre du Passage
4, passage Maximilien-de-Meuron
Neuchâtel
Du 22 au 25 novembre 2012
Jeudi, vendredi, samedi à 20h30
Dimanche à 17h00
Réservations
032 717 79 07
" Une nuit avec Céline "… cette adaptation inédite de Céline, performance
scénique à l’image d’un écrivain hanté par la danse et
la musique, fait figure d’événement. Qui en effet aurait
pu imaginer voir ressusciter sur scène l’orageux
Louis-Ferdinand, lui dont l’œuvre est presque toujours
restée confinée à l’intérieur des livres.
Ce Guignol’s band décoiffant, qui nous emmène dans
les errances nocturnes de l’auteur à travers le Londres
de la Première guerre, est mis en en scène et incarné
avec pétulance par une troupe neuchâteloise, avec l’aval
des éditions Gallimard.
Beuveries, pianos déchainés, descentes de police,
chorégraphies aériennes dans maisons closes… Entre flics
et maquereaux, migrants et filles de joie, c’est toute
une époque révolue qui se dessine en filigrane dans la
fumée des pubs et la brume des rues londoniennes. Celle,
aventureuse et rocambolesque, d’un Céline en exil : une
époque de vacarme, de bagarres, de chants et de fureur.
L’occasion unique de découvrir sous un jour nouveau une
des plus vivantes et des plus grandes plumes du siècle
dernier et que celui-ci a trop souvent occulté. (Le
Petit célinien, jeudi 11 oct. 2012).
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FAIRE BOUILLIR le CHEVREAU
dans le LAIT de sa MERE : CELINE et PROUST
en AVIGNON
( 7 au 28 juillet 2012 ).
Mise en scène et éclairages d'Ivan Morane
Décor er costumes, Emilie Jouve
Avec : Silvia Lenzi (musicienne), Ivan Morane (comédien) et les voix de
Marie-Christine Barrault et Marina Vlady.
Du
7 au 28 juillet 2012 - 19h, Chapelle Sainte Claire, rue
du roi René - durée : 1h - Relâche le 17 juillet.
L'idée de départ est de rapprocher, confronter, opposer,
les deux plus grands auteurs français du XXe siècle ! Et
ce à partir
de leurs mamans et grands-mamans. L'angle du spectacle
étant d'évoquer le judaïsme qui lie - qu'on le veuille
ou non - Proust à Céline.
Proust,
juif par sa mère, et partiellement en conflit avec ses
origines. Céline, antisémite maximaliste. Au tout début
de la Recherche, le narrateur évoque les rapports
complexes entre sa mère, sa grand-mère et la fameuse
bonne, Françoise. Celle-ci étant décrite comme rigide,
et obéissant à des règles connues d'elle seule, et
Proust glisse là une allusion à la cacherout... Il écrit
à propos de Françoise : " la déranger dans ses
habitudes était comme " faire bouillir le chevreau dans
le lait de sa mère ".
Cette
allusion, placée dès le début de la Recherche,
est en réalité, à notre avis, un commentaire de l'auteur
sur ses rapports filiaux... En choisissant cette phrase
de Proust comme titre du spectacle, non seulement la
Compagnie se situe dans la continuité du précédent (sur
Céline avec Denis Lavant) : " Faire danser les
alligators sur la flûte de pan " (phrase de Céline),
mais nous inscrivons surtout les rapports mère-fils dans
une forme de cannibalisme saturnien fort intéressante
(également renversable, car on peut se demander, dans le
cas de ces deux auteurs, si ce ne sont pas les fils qui
dévorent les mères ?...
" Mort à crédit " de Céline répond, à notre sens,
à cette interrogation ! Concrètement, le spectacle est
composé d'une alternance de textes de Céline et de
Proust liés, reliés, soutenus par des interventions
musicales pour violoncelle, viole de gambe, percussions,
accordéon... Lorsqu'il s'agit de textes, lettres des
mamans et/ou grands-mamans, les voix de deux comédiennes
sont diffusées.
Un rapprochement encore jamais osé entre ces deux "
monstres " de la littérature française qui, nous
l'espérons, provoquera le rire, engagera à la réflexion,
éclairera leurs œuvres sous un angle novateur, et
donnera tout simplement l'envie de les (re)lire ! (Le
Petit célinien 2012).
Stanislas de
la Tousche a été récemment l'interprète, à Paris puis
Avignon, de textes de Céline rarement mis en scène comme
Féerie pour une autre fois ou D'un château l'autre.
Entretien.
Commençons cet entretien par une question
préliminaire : qui est Stanislas de la Tousche ?
Ce montage en " dentelle Célinienne " est issu d'une
collaboration de trois années avec Gérard Bénech, dans
une vraie complicité et complémentarité de travail. Il
est aussi historien, c'est plus que précieux, quand on
aborde le bonhomme.
"
D'un château l'autre ". Ce livre a été un enchantement.
L'intimité de Céline tisse avec nous, la fluidité de la
langue, une autodérision rare chez nous - il doit être
Celte, non ?!!... Et puis ces pages extrêmement
émouvantes sur " sa " malade, Madame Niçois, une
peinture unique de la solitude de la fin de vie, le
cancer... Il y a les marques d'une bonté, masquée
derrière l'humour et le sarcasme.
Pourquoi
avoir pris la résolution de faire résonner la prose
célinienne ? Qu'est-ce qui peut motiver une telle
décision ?
Qui
est cet homme qui redonne vie à la langue, avec l'unique
souci de l'émotion, en se pliant au style le plus
élaboré ? Tel était notre point de départ. Une fois sur
cette trace, l'acteur s'émoustille et songe : comment, à
mon tour, vais-je réussir à retransposer pour faire
sonner oralement cette écriture faussement orale ?
Votre
spectacle s'appelle " Y en a que ça emmerde... ? ".
Pourquoi avoir fait le choix d'un tel titre ? Ne
craignez-vous pas de perdre tout sens critique en vous
plaçant sous la tutelle rhétorique de l'auteur ?
Avouez,
il reflète bien Céline, non ?!!... Et son image dans
l'époque, particulièrement en ce moment... Nous ne
perdons pas de vue l'objectif final : éclairer les
complexités du bonhomme, sans concession.
Il
y a un trop plein d'humanité chez lui, et il n'opère pas
dans le champ de la morale. Cette même approche
physiologique que Céline avait avec son matériau, nous
voulons l'avoir avec lui, explorer ses nerfs, sa rage,
son humour, sa mauvaise foi, son égocentrisme, sa
tendresse, sa méchanceté.
Le
choix des textes semble donner du sens à votre démarche.
N'avez-vous pas le sentiment d'être davantage le
porte-parole de l'homme que de son œuvre ? Pourquoi ne
pas avoir sélectionné des écrits plus fédérateurs ?
Avec
Géraud, notre accord premier est fondé sur notre "
obsession " à traquer cette zone incertaine où l'homme
et l'œuvre paraissent se confondre... Et notre étoile,
c'est le fameux " rendu émotif ", lequel apparaît
davantage dans les derniers écrits de Céline, notamment
la " trilogie allemande ", que dans les deux
célébrissimes romans d'avant-guerre.
Mettre
en parole Céline revient à faire des choix. Quel genre
d'interprète avez-vous choisi d'être ?
Au
cours du travail du plateau, il est vite devenu évident
pour nous deux que le personnage de Céline de Meudon,
vieillissant, était le bon point de départ pour
restituer les textes que nous avions envie de donner au
public, tirés de Féerie, Rigodon, Château,
lettres et interviews... le plus susceptible
d'accueillir toute la gamme des sentiments, même les
plus chargés d'enfance.
Et
à chaque spectacle sa vérité. Il me faut mêler une
technique, disons " cinéma ", avec un véritable
engagement théâtral. Cette contrainte est passionnante
car nous avons affaire à des textures très différentes,
de la salve proférée dans la veine de Villon (Féerie)
aux " causeries " typiques de Château, pour finir
par l'écriture somnambulique du final de Rigodon.
J'épouse le plus Céline, vocalement compris, dans les
interviews.
Le
recours à des artifices lors de vos spectacles - tenues
de scène, enregistrements musicaux, postures corporelles
- peut sembler incongru à ceux qui estiment que le texte
est autosuffisant. Comment justifiez-vous de telles
options artistiques ?
Nous
assumons nos choix, fruits autant d'intuitions que de
réflexions. Céline était environné de sons,
d'acouphènes. Nous explorons cette voie avec parcimonie,
de même que pour le piano. Chopin ? Céline parle d'un "
mystère " Chopin. Nul romantisme à l'eau de rose dans
cette " Etude révolutionnaire " d'ailleurs.
Le
costume célinien, ainsi que le fauteuil, c'était o-bli-ga-toire
!... Céline entretient !... Mais nous jouons bien sûr
avec les codes. Tout cela reste sobre, je ne nourris
aucun chat sur scène... Au final, c'est toujours le
texte, l'écriture qui prédominent, et donc la
profération.
Pour
clore cet entretien, il peut sembler intéressant d'avoir
votre avis sur le degré de résistance au temps de l'œuvre
célinienne. Qu'est-ce qui est susceptible de décliner le
plus rapidement ? Les idées ? Le style ?
Il
est plus aisé de répondre à cette question après avoir
côtoyé le public du festival d'Avignon pendant un mois
entier, au théâtre ou dans la rue... L'œuvre gêne
toujours autant, pas seulement à cause de la dérive
antisémite pathologique de Céline. Sa littérature est
d'autant plus dérangeante que le nouveau moralisme
ambiant se glisse en silence dans les consciences.
Je retiens cette sidération de notre public devant les
audaces de sa pensée, toujours chargée d'émotion,
toujours en style, impérieuse.
Et
il y a cette chose très touchante : les passionnés de
Céline sont très questionnés par lui, sincèrement, sans
posture. C'est plutôt bon signe, non ? " (Propos
recueillis par Emeric Cian-Grangé, Le Petit Célinien,
3/9/2011).