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UN EXTRAIT DE LA DERNIERE
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JULES et ses CLIENTS
(Vis comica)
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Puisque Gen Paul se servait de leur histoire pour vendre des légendes aux Montmartrois, Céline en a fait un fabuleux personnage de roman, un demi-dieu ou un demi-diable, un fantastique satyre de sa mythologie. En réponse, on retrouve l’ambivalence qui est la marque du génie célinien.
En prison ... Il se souvient ... des " clients de Jules... "
" Là, dans mon trou, je réfléchis. C'est ça la prison : réfléchir... Je pourrais avoir des souvenirs aigres... Ah, j'en ai !... j'en ai !... mais question Jules ? J'y repense, j'y repense !... Je suis pas sûr qu'il me haïssait... il me jalousait voilà ! Certain !... et de la pire haine |
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des moments... il m'aurait bouffé... il me détestait, et tout de moi... ma médaille ! mes yeux ! mon " 7e " ! et Arlette donc ! et ses danseuses ! fallait qu'il lui sabote son cours... qu'il lui débauche ses élèves... de sa croisée, là, son tarin, il guettait l'heure...
- Psst ! Psst !... qu'elles traversent chez lui... qu'elles montent pas... "
Cours de danse par Lucette à l'étage. |
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Atelier de Gen Paul (années 1920)
[...]- Je serai le dernier céramiste !
Il moulait à même le plancher… plein de statuettes plein son parquet… il peignait aussi presque au sol… ses toiles juste posées contre le mur… il pouvait pas peindre au chevalet !... et comme il bougeait perpétuel, en toupie !... chassait après un litron !... un vernis !... un tube !... un pinceau !... il culbutait tout !... il écrasait ses maquettes… il crevait des toiles !
- Foutez-moi le camp, tous !
Si ils râlaient c’était la lutte ! la valse des fers ! les cannes ! les pots ! par la fenêtre ! frondes ! fallait qu’ils reviennent chargés de présents… qu’ils se fassent pardonner… qu’ils trouvent du champagne… et glouglou !...
[…] D’autres étaient déjà plein la porte… ils obstruaient… admirateurs, amateurs, cons, mondains, modèles, marchands… C’était un peu tous les ateliers… ça sort, ça rentre… c’est mouche, c’est bignolle… c’est au ragot, c’est à la fesse, c’est à la fiche… mondains, vinasseux, quolibets, flics, cacas…
- Je travaille dans une auge , Ferdinand !
Il se rendait compte.
- Un coup de blanc, Jules ?
Subit, il refuse ! il veut plus de vin ! il charge dans le tas ! à toutes roulettes !... les amateurs !
- Tout le monde dehors ! |
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Cul-de jatte à roulettes
Mais ils sont trop… la porte peut pas !... ils s’écrabouillent !... Sauve qui peut ! Ils sautent sur les chaises, sur le sofa… et sur les femmes ! les femmes nues ! Ces cris !
Il a décidé d’être seul ! tout seul ! Il veut réfléchir voilà ! Il veut être seul !... l’inspiration…
Il s’en prenait aux clients… il se vengeait sur les clients !... […] Toujours plein de curieux à ses fenêtres… bobines, massacres, pipes, demi-lopes, touristes, bignolles…
Où je l’ai vu vraiment sourcilleux je peux dire, dépérissant, c’est quand il butait sur une gouache… qu’il restait sur une énigme d’art… Il vous aurait tué ! surtout en période des chaleurs… au mois de Juillet Août par exemple, terrible le Juillet Août de la Butte !... L’Avenue Gaveneau à cuire des œufs !... les trottoirs fumaient !...
Du coup il faisait sa crise alpestre !... En avant les montagnes !... les glaces !... Il voyait plus que cimes d’Engandine… sommets bleutés… tout à fait un autre jeu de couleurs !... il employait des blancs terribles !... tellement toxiques !... des « morts aux rats » !... et il en suçait ! lichait !... L’inadvertance !... Il se cramponnait à sa gondole… s’agrippait, beuglait… la colique ! les douleurs le prenaient d’un coup ! fallait qu’il se rince… encore ! encore !... ça pouvait se rincer qu’au champagne !... alors l’S.O.S. !... et caca plein sa gondole !... |
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Gen Paul : Louis-Ferdinand Céline
- Champagne ou je meurs !
Fallait que les amateurs foncent, les potes, les modèles, les marchands, retournent Paris ! lui trouvent du « Mumm » !... et que du « Mumm brut » !...
Ils y en ramenaient !... le tyran !... certaines personnes privaient les leurs, leurs parents, leurs mères !... qu’en avaient gardé pour un cas… pour une maladie… d’autres dévalisaient des relations ! Tout pour Jules ! et pas un merci ! rien ! Il se l’enfilait sec !... Glouglou ! Un rot ! C’était tout !... Les curieux de la fenêtre montaient, ils avaient soif eux aussi !... Ils se permettaient une remarque… un mot, un autre… la bataille !
Très délicat de le raisonner.
- Cul-de-jatte de la Marne, tout de même !... 140 pour 100 t’as ! la rente !... La Légion d’Honneur !...
- Ta gueule !
Je protestais…
- Mais dis ma tête moi ! mon bras !
C’était vrai aussi !
- Toi t’es 75 pour 100 ! si t’étais comme moi homme gogue ! |
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Lui je vous fais remarquer le Jules, puisqu'on parle de ce sale chiard, c'est meurtrir les gens qu'il s'amuse ! la différence de nos natures !... deux caractères !... Un ange serait descendu chez lui qu'il l'aurait traité pis que poisson !... Fallait qu'il humilie les belles, les vexe... il mélangeait une jeune une vieille, encore une Mythologie !...
- Pas beaucoup nerveuses mes Déesses !... Serrez-vous !... serrez-vous, louloutes !...
Des poses impossibles. |
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- Faudrait les faire en navets, t'entends ! navets ! pas en bronze ! pas en Saxe ! navets ! Ah mon Olympe ! qu'est-ce que ça donnera au four !
Il voyait ses modèles qu'au four ! un client l'interrompait... l'œil-là... la fenêtre...
- Alors quoi ?... quoi ?... vous ?... satyre ?... une miche ?... un jambon, vous voulez ? toute la belle ? non ?... Monsieur aime pas la plastique ?... pas de plastique !... Un géranium alors ?... Une gouache ! Monsieur s'en fout !... Monsieur dérange.
Et il refonçait sous son sofa... c'était sa réserve des gouaches... il criait de dessous :
- Une procession de la Mer Rouge ?... Quel sujet ? dites !... Quel sujet ?... Des couleurs vives ?... Des Bleus ? des jaunes ? vous aimez mieux du pâle ?... du blême ?... Gî ! là ! des nymphes ! |
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Ah, mais fallait pas que ça lambine !
- Deux mille !... vous verrez le qui du quoi chez vous !... le temps des artistes a pas de prix !... vous comprenez rien !... s'il faut que je renseigne et que je vende !... et puis les manières ! ces dames sont nues ! vous voyez pas ?
La décence !
Je connaissais de ses clients qu'il avait chassés, dix ! vingt fois ! des clients vraiment méritants ! des personnes d'une gentillesse !... qu'étaient navrés du genre de Jules !... de ces muffées qu'il prenait... pires ! pires ! qu'il les reconnaissait même plus ! des fois... qu'il les insultait d'autor !... et des vraiment férus de son art !... qu'avaient des salons entiers de lui ! qu'avaient que des œuvres à lui chez eux ! des centaines de statuettes... des fresques !... ils lui trouvaient des excuses... ils lui passaient tout, presque tout... |
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Je les apercevais en attente... ils osaient pas monter là-haut, ils se postaient à l'angle d'une rue, certains faisaient trois fois le tour de Butte... avant de se risquer à sa fenêtre... beaucoup de ses clients me connaissaient... ils m'attendaient square Vintimille, ils me guettaient... je remontais du Dispensaire...
- Comment est-il aujourd'hui ?
- Ignoble !
Des personnes qui l'adoraient.
- Il est ivre encore ?
- Ah, là là ! |
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Je prenais toujours la rue Custine... l'Impasse Pilon... Vintimille... ils me remerciaient... si ils tombaient dessus un autre jour, pas trop saoul... dans un de ses moments de bonne humeur :
- Entrez ! Messieurs dames ! Entrez !
J'offre le filtre ! le café comme Abetz a pas ! Je régale !
Et c'était exact ! Du moka !... mais les personnes osaient pas trop !... une amabilité du Jules !... ils préféraient la croisée... la dégustation debout...
- Oh ! il est parfait monsieur Jules !
- Je suis content que vous appréciez !
Le bel usage. |
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Statuettes de Tanagra
Ah, mais pas qu'ils s'appesantissent !
- Allez ouste ! ce petit Tanagra ! Je vous le ferai cuire après la guerre ! Prenez-le tel ! Il est mou ?... mou quoi ? mou ? mou ? vous êtes dur vous ?... votre pognon qu'est mou !... votre pognon !...
Qu'ils dèchent et qu'ils se sauvent ! Hop ! salades !
(Féerie pour une autre fois, Folio, avril 1985, p.229). |
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La S.L.C.
(Société des Lecteurs de Céline)
se tient au courant de l'actualité
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Ce lundi 4 septembre a eu lieu dans une annexe de la 1ère chambre civile du Tribunal judiciaire de Nanterre l'audience consécutive à l'assignation en justice des ayants droit de L.F. Céline par sept descendants de l'écrivain représentés par un de ses arrières petit-fils Guillaume Grenet.
Ceux-ci dénoncent l'exploitation des milliers de feuillets dérobés, en 1944, puis retrouvés en 2021. Ils en revendiquent le droit de divulgation et l'exercice du droit moral (60 ans après la renonciation de l'héritage par la fille unique de Céline et son mari Yves Turpin).
Les avocats de François Gibault, de Véronique Robert et d'Antoine Gallimard ne se sont pas déplacés, seul celui des descendants était présent.
S'agissant d'une procédure de mise en état et suite à un report demandé par Véronique Robert, le procès est reporté sine die.
(Etaient présents, Christian Mouquet le président et Françoise Suberville la trésorière adjointe de la S.L.C.) Merci à Gérard Silmo pour cette information que nous attendions tous. |
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