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ACTUALITES - INFOLETTRES
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UN EXTRAIT DE LA DERNIERE
LOUIS-FERDINAND CÉLINE
et
PIERRE MONNIER
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Pierre Monnier est décédé le 27
mars 2006 à Nice, où il s'était
retiré depuis plusieurs années.
Il allait avoir 95 ans. L'amitié
qu'il noua avec Céline après la
guerre mérite d'être mieux
appréciée. Dès que la nouvelle
se répandit, nombreux furent
ceux qui manifestèrent leur
émotion, amis connus ou
inconnus. Ceux qui l'ont connu
garderont de lui un souvenir
lumineux. Cétait un homme
attachant, loyal, fidèle à ses
convictions et d'une humeur
joyeusement roborative. Un être
d'exception que nous
n'oublierons pas. Il n'est que
juste de saluer ici sa mémoire.
(Marc Laudelout, Bulletin
célinien n° 275, mai 2006) |
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Bulletin célinien mai 2006 |
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Un
immuable sourire d'amitié... |
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Pierre Monnier dédicace ses
livres |
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Il aime la langue française et
Louis Armstrong, le dessin
d'humour et Céline. Le bon vin,
Braque et Matisse, Arletty et
Anatole de Monzie. Il faut le
voir arpentant de sa démarche à
la James Stewart, déambuler nez
au vent, crinière blanche en
bataille, teint rose et frais de
paysan gallo, avec aux lèvres un
immuable sourire d'amitié, de
gourmandise et de bonheur. Avec
ça une mémoire ! Trois quarts de
siècle pensez ! Ça a commencé
avec les festivités de
l'armistice à Bordeaux sans
jamais cesser. Chaque visage,
chaque scène, chaque mot est
gravé. Moins dans les petits
carnets ou les bouts de papier
que dans le cœur, le sang et la
chair de cet étonnant bonhomme.
(Nicolas Gauthier
9/12/1992). |
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SON PARCOURS
Un
homme d'amitié et de fidélité
D'origine nantaise, né en
1911, Pierre Monnier a quatre
ans quand son père, officier de
carrière, est tué à " la main de
Massiges ", durant les combats
de l'année 1915. Orphelin de
guerre... Voilà sans doute qui
contribuera à orienter son
engagement à la fois
nationaliste et pacifiste...
Souvent aux risques de
l'histoire !
Réfugié avec sa mère à Bordeaux,
le jeune Pierre révèle très tôt
un tempérament d'esthète, épris
de peinture et de littérature.
C'est à l'Ecole des Beaux-Arts
qu'à l'âge de dix-sept ans, il
se liera avec un autre
Bordelais, le futur dessinateur
Chaval, auquel il consacrera
plus tard un ouvrage, Avant
Chaval (Ed. de La Butte aux
cailles). Etudiant, Pierre
Monnier milite à l'Action
française. |
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C'est dans les rangs royalistes
qu'il rencontrera Thierry
Maulnier et Jean-Pierre Maxence,
avec lesquels il participera à
la fondation, en 1937, de
L'insurgé, hebdomadaire
vigoureusement opposé à la
coalition du Front populaire. |
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Cette période d'engagement à la
pointe du combat politique, dans
une époque de troubles et de
passions exacerbées, Pierre
Monnier l'a racontée avec brio
dans A l'ombre des grandes
têtes molles paru en 1987
aux éditions de la Table
ronde.
Dans ce livre il relate son
passage à la Cagoule et
l'aventure de presse mouvementée
que fut L'insurgé. Tout
cela sur fond de deux idéologies
en train de s'affronter :
communisme et fascisme.
Au passage l'auteur portraiture
de façon très vivante et très
colorée des hommes |
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qu'il a, durant cette période de
grande agitation, croisés,
approchés ou avec lesquels il
s'était lié d'amitié : Charles
Maurras, Thierry Maulnier,
Maurice Blanchot, Kléber
Haendens, Claude Roy, Pierre
Boutang, Robert Brasillach, et
quelques autres... Mobilisé en
1939, Pierre Monnier participe
durant l'Occupation à la
création et au développement des
" centres d'apprentissages de
jeunes Français ", crées par le
gouvernement de Vichy en zone
occupée..
Après-guerre, Pierre Monnier se
consacre, sous le pseudonyme de
Chambri, au dessin de presse. Il
collabore notamment à
l'hebdomadaire de Paul Lévy,
Aux Ecoutes. Puis, il crée
les éditions Frédéric Chambriand,
dont le premier objectif était
de publier des écrits de
Louis-Ferdinand Céline, proscrit
parmi les proscrits, alors en
exil au Danemark.
Céline, autre grande affaire
dans la vie de Pierre Monnier. "
Je suis de ceux qui ont lu le
Voyage au bout de la nuit
à l'appel de Léon Daudet dans
L'Action française du 22
décembre 1932. " Depuis, son
admiration pour l'écrivain
Céline et son affection pour le
docteur Destouches ne se sont
jamais démenties. La
conspiration de la haine judéo
stalinienne contre l'auteur de
Mort à crédit et de
Bagatelles pour un massacre
durera onze années : de 1944 à
1955. |
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Avec 313 lettres de L-F Céline |
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Il lui a écrit son " Arletty " |
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Onze
années durant lesquelles,
raconte Pierre Monnier dans son
Ferdinand furieux, " nous
avons formé une équipe minuscule
de fidèles, connus ou inconnus,
attachés, avec bien du mal, à le
sauver de l'oubli : Albert Paraz,
Daragnès, Marcel Aymé, André
Pulicani, Arletty... " De cette
dernière, il deviendra également
l'ami, le confident et le
biographe : Arletty (chez
Stock).
C'est
d'ailleurs la grande comédienne
qui le poussera à écrire
Ferdinand furieux (1979 à
L'Age d'Homme), livre-culte
parmi les céliniens. Il contient
les 313 lettres que, de son exil
danois, Céline a envoyées à
Pierre Monnier. Des lettres qui
nous dépeignent, dans sa crudité
et quotidienneté, le Céline de
l'exil en proie à l'amertume, au
délaissement et à ses
ruminations dont, sa vie durant,
il tira la littérature de génie
que l'on sait. Une époque où, à
gauche comme à droite, qu'on le
déplore ou non, " l'invective
avait force de loi ". |
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Les années " Frédéric Chambriand
" sont aussi celles de sa
rencontre avec un autre monstre
sacré de la littérature : Marcel
Jouhandeau.
Pierre Monnier édita Marcel
Jouhandeau et ses personnages.
Et lui-même consacra à l'auteur
des Journaliers une
plaquette intimiste : En
écoutant Godeau (Ed. du Lérot).
Au début des années 50, notre
dilettante impénitent eut
brusquement charge de famille.
Le dessin et l'édition ne
suffisant plus pour subvenir
pécuniairement à sa nouvelle
situation, Pierre entra, à 42
ans comme cadre commercial chez
L'Oréal, où il demeura
vingt-cinq ans. |
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Une expérience racontée dans
Irrévérence gardée (1999)
avec beaucoup de verve.
J'avais fait la connaissance de
Pierre Monnier en 1980, sous les
auspices de Philippe Colombani (Aramis).
Pierre se partageait alors entre
Nice et Paris. Puis, au fil des
ans, ses séjours dans la
capitale se firent plus rares. A
Nice, Pierre avait instauré une
sorte de rite : chaque matin il
faisait sa revue de presse en
prenant son café dans un petit
bistrot de la place Barel,
Présent toujours largement
déployé. C'est là que souvent
ses amis le rejoignaient, comme
l'écrivain Raoul Mille ou le
libraire Jean-Pierre Rudin. |
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Dans le vieux Nice, on déguste
la " socca ". Alphonse, Louis et
Pierre au soleil…
Et bien sûr, lorsqu'ils
séjournaient à Nice, Louis
Nucéra et Alphonse Boudard.
Alphonse surtout, l'ami intime,
le " pote inoxydable " qui avait
trouvé chez Pierre et Renée
Monnier comme un second port
d'attache. Point central de
cette géographie de l'amitié
(tous ou à peu près habitaient
le vieux Nice), le petit bistrot
de la place Barel était aussi le
passage obligé des amis venus de
Paris (n'est-ce pas, Roger
Granjean, Philippe Colombani,
Serge de Beketch ?) ou
d'ailleurs.
Je me souviens tout
particulièrement d'une matinée
solennelle du mois de juin 1993,
avec, autour de la même table,
Pierre Monnier, Alphonse Boudard,
Louis Nucéra, et, rentrant tous
deux de Nouvelle-Calédonie,
bronzés comme des statues de
vieil or, A.D.G. et Pierre
Durand. De cette assemblée
cordiale et rieuse, je suis
aujourd'hui le seul survivant. A
un certain âge, disait Céline,
votre carnet d'adresses commence
à ressembler à un cimetière.
Adieu, Pierre ! "
Jean COCHET
(Présent, 8 avril 2006).
Ses
visites à l'exilé
Septembre 1948. A l'occasion
d'une tournée folklorique au
Danemark, Pierre Monnier, Victor
Soulencq et Jean Hugou rendent
visite à Céline et Lucette. " La
voiture chemina longtemps à
travers la lande contournant de
petits bois, longeant des haies
sauvages dans un décor pour le
Roi Lear avant de stopper à
quelques mètres de la Baltique
devant une misérable masure au
toit de chaume que nous avait
désignée une paysanne d'un seul
mot : Fransk, le Français ! La
porte s'entrouvit, il apparut,
grand, large, malgré
l'affaissement des épaules sous
le poids de la maladie
contractée en prison. Première
rencontre qui dura trois heures.
" Au moment de partir dans le
taxi, nous nous retournons.
Geste d'amitié... Ils sont là
tous les deux, droits sur le pas
de la porte... Et ils nous
semble qu'ils ont été heureux de
notre visite." |
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Pierre Monnier, Victor Soulencq,
Céline, Lucette et la chienne
Bessy |
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L'hebdomadaire
" Aux Ecoutes ". Rencontre
Chamberlain-Hitler, 17-09-1938. |
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De retour à Paris, Pierre
Monnier va s'employer à lever le
silence qui pèse sur Céline dans
la presse. Le 13 octobre, Céline
lui adresse une première lettre
: " Vos lettres, vos photos
sont bien émouvantes. Je n'ose
vous conseiller. Faites ce que
vous croyez bien. Si j'ai des
amis, tant mieux. J'ai tant de
haines. "
Monnier a souvent raconté
comment il eut l'audace de
parler à Paul Lévy, directeur
d'un hebdomadaire qui s'appelait
Aux Ecoutes, et pour
lequel il travaillait en tant
que dessinateur de presse. Le
but était de faire passer des
échos en faveur de l'exilé.
" Paul Lévy, grand patron de
presse, est juif. Il a souffert
pendant quatre années |
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d'errance, comme il l'a raconté
dans son Journal d'un exilé.
" Et pourtant la réponse est
sans ambages : " Comment
peut-on faire tant de mal à cet
homme ! Cet immense écrivain qui
a le droit de tout dire ! Faites
tous les échos que vous voudrez
dans Aux Ecoutes et dites
à Céline que je mets cent mille
francs à sa disposition. "
Celui-ci, bien sûr, n'accepta
pas l'argent, mais il fut ému
par tant de courage et d'amitié,
précise Monnier. " Ce Lévy a
plus d'honnêteté que les Aryens
habituels » , lui
écrira-t-il. |
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Pierre Lévy caricaturé par
Chambri (alias Pierre Monnier). |
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A la fin de l'année 1949 il se
rend de nouveau à Klarskovgaard
pour un séjour qui va durer
cette fois quatre jours : " En
arrivant près de la maison,
j'aperçois Louis-Ferdinand dans
sa houppelande. Il est debout
devant le seuil et regarde
Lucette sauter à la corde comme
un boxeur. Il fait bien froid.
Ferdinand a sur lui cinq
chandails, plus une sorte de
cape très longue de berger
montagnard. Il sourit : "
Vous voyez où cela mène de faire
l'artiste. "
(...) Au mur, il a accroché une
photo du Moulin de la Galette
qui était à quelques mètres des
fenêtres de son appartement, rue
Girardon. (...) Ce soir, quel
froid ! Dans la petite pièce du
premier étage où je couche il y
a de l'eau glacée le long des
murs. Lucette m'a fait chauffer
deux briques entre lesquelles je
me suis calé. |
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Céline avec sa chienne Bessy |
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Je couche avec deux lainages et
deux paires de chaussettes.
(...) Nous avons essayé de
mettre au point un plan pour
faire repartir ses livres et
tenter de briser le mur du
silence. On va voir ce que cela
va donner. Demain je reprends le
train de Paris. (...) Sur le
quai de la gare, où ils m'ont
accompagné... Ferdinand bavarde
et s'amuse comme un enfant de
tout ce qui nous entoure. Le
train manœuvre. Aux fenêtres des
wagons-lits sont accoudés les
conducteurs, l'un d'eux a un
visage un peu inquiétant...
Ferdinand me pousse du coude et
toujours en riant me dit à
mi-voix : " Regarde celui-là...
Et bourrique !... Et donneur
!... » |
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Faire
l'éditeur...
De retour en France, Pierre
Monnier a pris la décision
d'éditer Céline. Ce sera
Casse-pipe, puis Mort à
crédit, enfin Scandale
aux Abysses. D'autres
livres, une quinzaine au total,
dont ceux de Lucien Combelle,
René Barjavel et Alain Sergent.
Plus tard, Pierre Monnier
notera : " Sans la volonté de
relancer Céline, je n'aurais
jamais été amené à " faire
l'éditeur ". Et de préciser : "
J'écris ça comme on dit " faire
l'artiste " ou " faire le con
".
M.L.
(Bulletin célinien n° 275,
mai 2006). |
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Pierre Monnier a été le parrain,
l'âme, l'inspirateur du Libre
Journal qui est donc, très
modestement, un enfant mal élevé
de L'insurgé qu'il anima
aux côtés de Maxence et
Maulnier. Il m'a ouvert la porte
de la vraie culture populaire,
m'a fait aimer Matisse, Maillol,
et découvrir la poésie. Il m'a
légué la devise du Connétable du
Guesclin : " Puisque sommes
vilains, serons bien hardis ".
Lui aussi était un être fort,
lumineux, patient, délicat. Un
pédagogue, un modeleur d'âme, de
goût, d'idées. Sans aucun
argument d'autorité. Avec son
seul sourire, sa formidable
culture non pas acquise mais
comme co-naturelle à son être,
son bon goût si profondément
français et cette délicatesse,
cette discrétion qui, jamais,
n'imposait rien, mais forçait
l'attention et l'interrogation.
Je me souviens de son sourire
indulgent et de son mouvement de
tête, cette belle tête aux yeux
vifs et couronnée de |
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Serge de Beketch et son Libre
Journal. |
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Pierre Monnier et son "
Irrévérence gardée " |
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boucles blanches, lorsque je
pérorais, jeune crétin, sur
Céline que j'avais décrété
illisible (pour ne pas dire
comme ADG qui l'idolâtrait). Il
savait bien que ça ne pouvait
pas durer. Nous avions fondé un
club ultra-secret et
ultra-sélect puisque nous en
étions les deux seuls membres :
le Cercle Apollinaire où la
seule condition d'adhésion se
résumait à être Français
d'origine étrangère... ou pas.
Le " ou pas " était une
concession imposée par
l'évidence que Pierre était
totalement, irrémédiablement,
absolument, radicalement,
incurablement, magnifiquement
Français. |
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Pierre était avant tout un
homme d'une rigueur morale
absolue. Lorsque je préparais le
numéro du Crapouillot sur
" Mitterrand très secret ", je
le taraudais, sachant qu'il
avait approché de très près la
mystérieuse Cagoule, pour
qu'il me dise une bonne fois si
oui ou non le vieux satrape
avait été, dans sa folle
jeunesse, membre du mouvement de
Deloncle.
- Nous avons juré de ne
jamais révéler l'appartenance
d'un membre, me répondait-il.
- Mais enfin, Pierre, ce serment
a cinquante ans, c'est de
l'histoire ancienne !
- J'ai juré, tu sais. Ce
fut tout ce que j'obtins.
Serge de BEKETCH, Le Libre
Journal, 5 avril 2006
(Le BC n° 275, mai
2006)
Son
plaisir d'écrire... |
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[...] Fils de cette terre
nantaise où mes pays chantent "
Catholique et français
toujours ! ", je veux
affirmer ma joie et mon orgueil
d'être, en tenant une plume, le
très humble, le très petit, le
très pauvre, le minuscule
frangin de ceux-là, les Français
dont les écrits les plus simples
ont le pouvoir de me bouleverser
bien plus que les concepts les
plus élaborés... C'est Louise
Labé qui murmure : " Bien je
mourrais, plus que |
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En tenant une plume, très
humble... |
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Brassens : la belle était si
petite qu'une seule feuille a
suffi... |
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vivante, heureuse.
" Et Charles d'Orléans : " Ce
qu'il lui plut de m'accorder
quand me donna le nom d'ami.
" Villon : " Je suis pêcheur,
je le sais bien, pourtant ne
veut pas Dieu ma mort... "
Et Guillaume Apollinaire : "
Mon beau navire, ô ma mémoire...
" Et Brassens : " ...
Mais la belle était si petite
qu'une seule feuille à suffi...
" Et tous les autres, et ceux de
la chansonnette : " On dirait
que le vent s'est pris dans une
harpe ! " Et celui qui
chante : " Elle était si
jolie que je n'osais l'aimer...
" |
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[...] Mais c'est avec les miens
que je m'enrichis le plus.
Maurras m'incite à réfléchir,
comprendre et ne pas me laisser
entamer, Céline à regarder,
discerner jusqu'au plus secret
tout en éclatant de rire,
Léautaud à simplifier
l'écriture. Ceux-là me soufflent
les réponses à vos questions.
Ils exigent aussi que je
m'engage à mon tour. Pourquoi
écrire ?...
Il y a bien aussi quelques
raisons sérieuses. Tenez, voici
le point de la |
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Demos, Kratos ; pouvoir du
peuple, balivernes ! |
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question, en vitesse. Je pense
qu'il faut dire leur fait à ceux
qui nous bernent depuis deux
cents ans. Leur Démocratie n'est
qu'un leurre. " Demos, Kratos;
pouvoir du peuple, balivernes !
» Le peuple avec ses bulletins
de vote est toujours couillonné.
Le vrai pouvoir est exercé sous
le paravent des constitutions
par des associations occultes et
toutes puissantes, groupes de
pression, lobbies, etc., les
vrais, les seuls maîtres, ceux
qui déclenchent les guerres dans
lesquelles vous mourez.
Ça prend aujourd'hui des
proportions monstrueuses, avec
leur entreprise au double visage
d'un gouvernement mondialiste et
la destruction des patries
auxquelles ils prétendent
substituer de petites entités
faciles à dresser les unes
contre les autres. On en
prévoit deux cent trente environ
pour la seule Europe. Alors
voilà ! J'écris parce que je ne
veux pas de leur " Plouto-tribalisme
" abrité derrière le mensonge de
leur Démocratie. Je ne vous fais
pas un dessin. Et puis un mot
encore. Parce qu'il faut aussi
le dire... J'écris pour cette
raison impérative que vous avez
à coup sûr discernée, l'amour de
l'écriture, et puis cette valeur
des valeurs... Pourquoi
écrivez-vous ?... Ben ! Pour le
plaisir... Pardi !
Pierre MONNIER (Présent,
5 février 1997
(Bulletin célinien n° 275,
mai 2006).
Ecrire... sur Céline |
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d'un peu d'honnêteté
intellectuelle... |
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Je connais peu de choses plus
difficiles que d'écrire une
vingtaine de lignes sur
Louis-Ferdinand Céline.
L'accumulation, depuis soixante
ans, des cris d'horreur et de
haine, des calomnies, des
mensonges, des opinions sans le
moindre fondement, des ragots,
des appels au meurtre et des
sottises dont il est accablé
finissent par donner une image
brouillée, totalement
indéchiffrable.
Et pourtant, il suffit d'un peu
d'honnêteté intellectuelle pour
le découvrir dans son admirable
unité : celle d'un homme qui
regarde le monde et les autres
hommes avec le souci de donner à
ce qu'il voit la forme la plus
rigoureuse et la plus
clairvoyante. |
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Je
dirais ici, en toute simplicité,
que Céline est l'écrivain de la
vision claire et de l'écriture
parfaite et exhaustive. Il en
ressort un style aussi fort
qu'original, que l'on peut fuir
ou admirer sans réserve (mon
cas). Je vous donne ici une
opinion pertinente, celle de
Maurice Bardèche : " Le génie
poétique de Céline, c'est la
formidable charge de courant
poétique et émotionnel qu'il
fait passer dans l'assemblage
bizarre des mots, leur bercement
et leur cadence. "
Pierre MONNIER
(D'un antre l'autre,
Louis-Ferdinand Céline, 2005) |
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un homme qui regarde le monde |
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ET PUIS C'ÉTAIT... MON AMI
!...
Habitant à Nice durant de
nombreuses années, tu as eu la
chance de bien connaître Pierre
Monnier qui y a pris sa
retraite. Voudrais-tu évoquer
cette rencontre et dire ce
qu'elle t'a apporté ?
Je n'ai pas rencontré Pierre à
Nice, mais à Paris, lors d'une "
Journée Céline " que le
Bulletin célinien
organisait alors chaque année
depuis 1991. Ma bibliothèque
célinienne s'était étoffée
depuis des années passées dans
les Pyrénées, à Carcassonne, en
Lozère et, à cette époque, à
Nice où je venais d'être muté.
Montant à Paris pour
accompagner mon épouse,
dentiste, qui durant quelques
jours assistait au " Salon
dentaire ", je joignais l'utile
à l'agréable en écumant les
bouquinistes des quais (bonjour
André Bernot et Jacques Giraudo
!...), Saint-Michel,
Saint-Germain et tout le
quartier Saint-Sulpice.
Abonné au Bulletin célinien,
je connaissais l'existence de
Pierre Monnier et son rôle
éminent joué auprès de Céline,
tant au Danemark qu'après son
retour avec Gaston Gallimard,
mais je l'ai rencontré pour la
première fois en 1995 pour la "
Journée Céline " où le
professeur Juilland était
l'invité vedette. |
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Intimidé, j'avais osé, lors
d'une pause où je venais
d'acheter Ferdinand furieux,
lui demander de le dédicacer en
lui disant quelques mots de
respect et de sympathie. Il me
dit alors qu'il se partageait
entre Paris et Nice, où il se
promettait de prendre sa
retraite et nous sommes vite
tombés d'accord pour se
retrouver soit place Cigalusa,
tout en bas de chez lui ou bien
à mon bureau de poste sur les
quais du Port Lympia où
j'exerçais depuis trois ans
maintenant.
Débuta là une merveilleuse et
attachante amitié, forte
d'histoires, d'histoires de
notre France, remplie
d'anecdotes vécues, de faits
historiques, politiques, narrés
dans leur contexte avec la
précision d'un historien
paternel. Comme tout cela me
permit enfin de comprendre
pourquoi et comment les chapes
de plomb se referment
inexorablement sur tel auteur et
pourquoi et comment les portes
de la renommée sont offertes à
tel autre !...
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Que de soirées passées ensemble
avec sa charmante épouse,
Renée... Que de magrets au feu
de bois dégustés au " Vieux Four
" !... Il avait été surnommé, je
ne sais plus par qui " le James
Stewart dégingandé ". Lumineux,
enjoué, merveilleux conteur, il
rayonnait, pétillait de finesse
et d'intelligence. Il
connaissait tout, avait tout
vécu : la guerre, le Front
Populaire, le 6 février 34,
l'Action Française, le
journalisme avec Thierry
Maulnier et L'Insurgé,
Vichy, puis le dessin de presse
chez Paul
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Tenue de gala |
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Levy, directeur de Aux
Ecoutes, avant de terminer
brillamment sa carrière chez
L'oréal.
Imaginez un seul instant mon
état d'esprit lorsqu'il évoquait
celui qu'il appelait
Ferdinand...
- " Pierre, comment était-il
dans la vie, réellement ? "
- Tu sais, c'est difficile de
décrire un tel génie. Il avait
connu tellement d'évènements, de
bouleversements des mœurs avec
le désarroi des petits
commerçants devant la révolution
technologique, la guerre surtout
(clef de son œuvre...), la S.D.N.
où il avait démasqué " les
tireurs de ficelles ",
l'Afrique, l'Amérique, sa
médecine, la Fondation
Rockefeller, la montée du Font
Populaire, les dessous de la
2ième Guerre Mondiale, la gloire
en 32, l'URSS et ses horreurs,
la trouille pour sa vie,
Sigmaringen, la prison, tant
d'années...
C’était surtout un homme de
contradictions, il connaissait
l'existence de son talent.
Imaginer les champs de bataille
se remplir à nouveau de milliers
de cadavres français lui était
insupportable, il lui fallait
réagir.
(Propos recueillis par Marc
Laudelout, BC n° 345, octobre
2012).
(Remerciements
à Sophie et Michiko Monnier pour
les photos qui ont permis
d'illustrer tous ces hommages). |
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