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DOUZE MÉTIERS, TREIZE MISÈRES
(Et premiers voyages à l'étranger)
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La mort de Céline Guillou va apporter de l'aisance au couple Destouches. Après une dure vie de labeur, la grand-mère laisse un patrimoine financier et immobilier conséquent. Bien entendu, pour Fernand et Marguerite, il ne s'agit pas de dilapider cet héritage en futilités, mais de le préserver pour pouvoir investir dans leur progéniture.
Autre changement notable, en 1905-1906, le jeune Ferdinand est retiré de l'école communale pour être placé dans un établissement scolaire privé. Sans trop de succès puisqu'il n'y restera qu'une année avant de regagner l'école publique, celle de la rue d'Argenteuil où il effectuera sa dernière année scolaire jusqu'au certificat d'études. |
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Entouré de ses parents, Fernand et Marguerite Destouches.
Il a 9 ans. |
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Première communion, 18 mai 1905,
à 11 ans |
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A l'instigation de sa mère, très croyante, le jeune homme reçoit également une éducation catholique et fera sa communion à l'église Saint-Roch que sa mère fréquente régulièrement. Hélas pour elle, sans plus de succès qu'avec l'école... " Dieu est en dérangement " écrira Céline plus tard.
L'année 1907 est aussi cruciale pour l'avenir du jeune homme. Le certificat d'études en poche, vers quelle carrière l'orienter ? |
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Le
matin
du
certificat,
ma
mère
a
fermé
sa
boutique
pour
pouvoir
mieux
m'encourager.
Ça
se
passait
à la
Communale
près
de
Saint-Germain-l'Auxerrois
dans
le
préau
même.
Elle
me
recommandait
en
route
d'avoir
bien
confiance
en
moi-même.
Le
moment
était
solennel,
elle
pensait
à
Caroline,
ça
la
faisait
encore
pleurnicher...
Tout
autour
du
Palais-Royal,
elle
m'a
fait
réciter
mes
Fables
et
la
liste
des
Départements... (Mort
à
crédit). |
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Si l'on en croit la parole de Céline - toujours à prendre avec précaution même si cette fois-ci, elle semble plausible - Fernand Destouches ne désirait pas que son fils poursuive de longues études, alors qu'il en avait la possibilité financière. Quant à sa mère, elle souhaitait que son Ferdinand devienne " acheteur de grands magasins ", ce qui, pour cette petite boutiquière, représentait le sommet.
Le père de Louis, s'il pestait contre les grands magasins, il avait tout de même bien compris qu'il n'y avait aucun avenir pour son fils dans le petit commerce. En revanche, le développement prodigieux des voies et des moyens de communication, les progrès de l'industrie et les conquêtes coloniales ne pouvaient à ses yeux que favoriser le commerce entre les nations.
Comme Louis avait du charme, beaucoup de gentillesse et de bagout, il ferait sans aucun doute facilement carrière dans le commerce, au contact de la clientèle. C'était aussi l'idée de Mme Destouches : " L'ambition de ma mère était de faire de moi un acheteur de grand magasin. Il n'y avait pas plus haut dans son esprit. " (Interview de Louis Pauwels, Cahiers Céline n°2, p.123). Il fallait donc qu'il commence comme vendeur dans une grande et solide maison de commerce, et puis ensuite... s'il en avait les capacités... une fois qu'il aurait mis le pied à l'étrier, il n'aurait plus qu'à gravir les échelons. (F. Gibault, Le Temps des espérances, p.72).
Il est décidé que le fiston travaillera dans le commerce, et, si possible, un commerce prestigieux et lucratif. Mais avant de le lancer dans le grand bain de la vie professionnelle, le couple décide de lui donner des chances supplémentaires en l'envoyant à l'étranger pour apprendre des langues. Un privilège rare que nombre d'enfants de l'époque n'imaginaient pas.
VOYAGES À L'ÉTRANGER
En 1909, Louis-Ferdinand va passer neuf mois dans une école publique à Diepholz, puis à Karlsruhe pour apprendre l'allemand. Et à nouveau l'année suivante, alors que la Seine déborde jusqu'à la gare Saint-Lazare, il est expédié en Angleterre, à Rochester pour étudier l'anglais. Avec succès puisqu'il maîtrisera toujours correctement les deux langues.
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Schule - Diepholz
A la fin du mois d'août 1907, les Destouches envoyèrent donc Louis dans une petite bourgade du Hanovre, Diepholz, où il suivit les cours de la Mittelschule.
Le paysage était triste et maussade, l'enfant ne parlait au début pas un seul mot d'allemand, il logeait en ville chez un particulier, Hugo Schmidt.
Ses parents l'avaient accompagné à Diepholz. A la Toussaint, sa mère vint le voir. A Noël, ce fut son père qui fit le voyage.
(F. Gibault, p.75). |
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University School de Rochester
En février 1909, Fernand Destouches accompagna son fils à Rochester, dans le Kent. Il l'avait inscrit à l'University School, une bâtisse formée de deux maisons mitoyennes que tenait un couple, M. et Mme Toukin.
Autant Céline n'évoqua jamais ses voyages d'enfant en Allemagne, autant il donna de ses premiers séjours en Angleterre des relations longues, passionnées et délirantes.
L'University Scool devint dans Mort à crédit le fameux " Meanwell College ".
(Frédéric Vitoux, La vie de Céline, Belfond, 1978). |
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Le
jeune
étudiant
en
Angleterre
Il
s'agit
alors
de
placer
l'enfant
comme
apprenti.
Mais
la
famille
Destouches
cultive
une
certaine
honorabilité
et a
des
exigences.
De
retour
d'Angleterre
et
muni
- on
imagine
bien
la
scène
-
d'un
tombereau
de
recommandations,
le
jeune
homme
est
"
placé
"
pour
six
mois
dans
des
établissements
du
quartier
: "
Dans
le
commerce,
bien
représenter
c'est
tout
à
fait
essentiel.
Un
employé
qui
se
néglige,
c'est
de
la
honte
pour
ses
patrons...
Sur
les
chaussures,
vous
êtes
jugés
!...
Ne
pas
faire
pauvre
pour
les
arpions
! "
(Mort
à
crédit,
Romans
I,
p.634). |
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De septembre 1910 à avril 1911, on retrouve le futur écrivain rue Royale, comme garçon de course chez le bijoutier Robert (le " Roger Puta " de Voyage au bout de la nuit), où il touche son premier salaire, trente francs par mois ! Et voilà le futur écrivain sillonnant le centre de Paris à pied afin d'économiser le prix du ticket de métro, paquet sous le bras pour livrer les commandes de son employeur. |
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A 16 ans il entra donc comme apprenti chez Robert qui était joaillier au 16 de la rue royale à l' angle de la rue du faubourg Saint Honoré (photo ci-dessus).
A la fin de son premier emploi, l'adolescent semble donner satisfaction et, d'avril à octobre 1911, il est placé chez Wagner, (le " Gorloge " de Mort à crédit), bijoutier au 114 rue du Temple, au cœur du Marais, où il effectue peu ou prou, les mêmes déplacements, comme il le raconte : " Ça consistait à porter des marmottes et puis d'aller... les marmottes c'est des grosses caisses en cuir dans lesquelles on mettait les modèles, les modèles étaient en plomb, inutile de vous dire, alors on portait la marmotte de maison en maison, et je faisais, nous faisions de la rue du Temple à l'Opéra. On faisait toutes les bijouteries du boulevard avec la marmotte, et on se retrouvait, tous les placiers se retrouvaient sur les marches de L'Ambigu, vous savez, les marches qui descendent, là. On se retrouvait tous là, et on avait mal aux pieds parce que les chaussures... j'ai toujours eu mal aux pieds, moi. Parce qu'on changeait pas de chaussures souvent, alors les ongles étaient tordus, ils sont encore tordus, nom de Dieu ! à cause de ça, quoi. " (Jean Guénot, Jacques d'Arribehaude, in Céline et l'actualité littéraire, Paris, Gallimard,1976, p.164).
Une fois de plus le jeune Ferdinand est un garçon sérieux, et un nouveau certificat de bonne conduite vient compléter la collection. |
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Lacloche frères, bijoutier prospère, 15 rue de la Paix. à Paris. |
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Enfin, d'octobre 1911 à mai 1912, il est à nouveau pris comme apprenti chez Jacques Lacloche, bijoutier au 15 rue de la Paix.
Là, le travail du jeune homme change de dimension. Désormais payé 150 francs par mois, Louis-Ferdinand Destouches entre dans le " grand monde " de la profession.
Joaillier prospère, les établissements Lacloche disposaient d'une clientèle de grand standing et le bijoutier avait des succursales un peu partout en France, dans les lieux de villégiature de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie française. Rien à voir avec la clientèle du passage Choiseul ! |
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Une
fois
de
plus,
l'apprenti
donne
pleine
satisfaction
et,
signe
de
la
confiance
qui
lui
est
accordée,
il
est
envoyé
travailler
à la
succursale
de
Nice
à
partir
de
décembre
et
jusqu'en
mai
1912.
La
flèche
indique
où
se
trouvait
Lacloche
à
NIce
au 6
avenue
Masséna. |
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DOUZE MÉTIERS, TREIZE MISÈRES
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Jacques Lacloche parle alors de l'embaucher : on imagine sans peine la fierté des parents. Une belle carrière pouvait s'ouvrir à lui ; cependant le commerce avec ses hiérarchies, ses obséquiosités et ses mesquineries quotidiennes, ne suscitent pas de vocation chez le fils Destouches, à lire les pages acerbes que l'écrivain a consacrées à ses anciens employeurs dans Voyage au bout de la nuit et dans Mort à crédit.
A la fin de sa vie, Céline n'hésitera pas à noircir encore cette période en forgeant une légende d'apprenti maltraité par ses employeurs avec cette formule : " douze métiers, treize misères ", et faisant croire à ses interlocuteurs qu'il avait passé son bachot en révisant dans les toilettes à ses moments perdus...
On sait aujourd'hui qu'il n'en est rien . Comme l'a bien dit Céline, " une biographie, ça s'invente " ; et de sa tranquille jeunesse au passage Choiseul il n'y avait objectivement rien à tirer.
Une famille de petits bourgeois conformistes qui prennent soin de leur enfant unique, privilégié au regard de ce qui pouvait se passer en province et dans les milieux moins favorisés. C'est là qu'interviendra le génie de l'écrivain : transformer une banale jeunesse en épopée fantastique et hilarante. Ce sera chose faite en 1936 avec la parution de Mort à crédit, certainement son roman le plus extraordinaire - et le plus incompris à sa sortie. |
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Aujourd'hui
paraît
MORT
À
CRÉDIT |
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Il y
avait
longtemps
que
les
lettres
françaises
n'avaient
retenti
de
pareils
accents.
Le
roman
de
L.-F.
Céline
renoue
avec
la
tradition
mâle.
La
grande
tradition
du
XVIe
siècle.
Il
plonge
droit
dans
la
vie,
il
n'est
même
que
vie
brassée
et
rebrassée.
L.-F.
Céline
s'y
montre
à la
fois
satiriste
d'une
verve
et
d'une
vigueur
incomparables,
historien
exact
de
l'avant-guerre
et
poète
tragique,
on
pourrait
même
dire
visionnaire
à la
manière
des
peintres
flamands
de
la
Renaissance.
Mort
à
crédit
est
le
grand
livre
de
l'époque.
(
vol.
700
p.
25
fr.
En
vente
partout.
Envoi
franco
contre
mandat
ou
remboursement
;
Ed.
Denoël
et
Steele,
19
rue
Amélie,
Paris.)
L'Intransigeant,
14
et
15
mai
1936 |
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Mais nous n'en sommes pas encore là. En cette année 1912, on parle de carrière et de commerce avec une embauche chez Jacques Lacloche comme perspective. Toutefois, un obstacle se dresse devant ce beau projet : le service militaire, d'une durée de deux ans à l'époque ! Comme il est hors de question pour le rejeton d'une si honorable famille de s'y soustraire, autant accélérer les choses en devançant l'appel au moyen d'un engagement.
Après avoir minutieusement pesé le pour et le contre, c'est finalement le 12e régiment de cuirassiers de Rambouillet qui est choisi. Un corps d'élite, qui s'était couvert de gloire |
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à
Solférino
puis
à
Reichshoffen
au
siècle
précédent.
Et
puis
un
fils
de
bonne
famille
en
grand
uniforme
de
cuirassier,
cela
en
impose
!
Le
28
septembre
1912,
Louis-Ferdinand
Destouches
signe
un
engagement
de
deux
ans
à la
mairie
du
IIe
arrondissement
de
Paris.
Le 3
octobre,
il
est
incorporé
à
Rambouillet.
Après
deux
longues
années
de
service
militaire,
c'est
la
déclaration
de
guerre
et
la
mobilisation
générale.
Le
cuirassier
Destouches
est
envoyé
sur
la
Marne
avec
son
régiment.
Il
en
reviendra
couvert
de
gloire,
mais
blessé
au
bras,
dégoûté
à
jamais
de
la
guerre
et
des
hommes.
(David
Alliot,
Le
Paris
de
Céline,
Editions
Alexandrines,
janvier
2017). |
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NOUVELLES DE LA S.L.C.
La Société des lecteurs de Céline (S.L.C.), perturbée comme bien d'autres associations par l'épidémie du Covid 19, n'avait pu réunir ses membres ni son Conseil d'administration depuis bientôt deux ans.
L'extraordinaire évènement crée par l'apparition des 6000 feuillets qui avaient été volés en 1944 lors du départ précipité de Céline et la première édition de " Guerre " par les Editions Gallimard, ont permis aux membres du C.A. de se retrouver, le 3 juin dernier pour une séance de travail suivie d'une visite groupée à la Galerie Gallimard, 30/32 rue de l'Université à Paris 7ième. |
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A
cette
occasion,
ils
découvrirent
plusieurs
de
ces
feuillets
extraits
des
liasses
des
manuscrits
retrouvés,
ceux
de
Guerre particulièrement
mis
en
valeur,
comme
ceux
de
Londres,
de
Casse-pipe
ou de
La
Volonté
du
roi
Krogold.
Des
documents
plus
intimes
(lettres,
cartes
postales,
portraits,
tirages
d'époque...)
tirés
d'archives
de
l'écrivain,
avec
ses
médailles
militaires
exposées
comme
le
journal
de
marche
de
son
régiment,
des
sources
biographiques
en
lien
entre
Louis
Destouches
et
ses
parents,
ont
passionné
tous
ces
céliniens
réunis
à
Paris.
On
reconnaît
(de
gauche
à
droite)
: le
professeur
Jean
Monnier
venu
des
USA,
Marc
Van
Dongen
(Belgique),
Valéria
Ferretti
(Italie),
Marc
Laudelout
(Belgique),
Gérard
Silmo
(France),
Marc
Hanrez
(Belgique)
et
le
président
de
la
S.LC.
Christian
Mouquet
(France). |
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CÉLINE
DÉCADENT
De
Nietzsche
à la
mystique
Céline
a lu
Nietzsche.
Ce
livre
comble
une
lacune
des
études
céliniennes
:
aucune
monographie
n'a
jusqu'ici
décrit
précisément
le
rapport
complexe
que
Céline
a
entretenu
avec
la
pensée
de
Nietzsche.
Guidé
par
le
fil
conducteur
de
la
décadence,
le
lecteur
suit
l'évolution
de
la
pensée
de
Céline
depuis
un
décadentisme
fin
de
siècle
jusqu'à
une
mystique
noire
dont
l'antisémitisme
est
le
culte.
Céline
prend
ainsi
place
au
sein
d'une
génération
d'intellectuels
européens,
tous
héritiers
d'un
dix-neuvième
siècle
marqué
par
des
interprétations
variées
de
Nietzsche.
Grâce
à de
nombreuses
études
sur
Céline
ou
Nietzsche
écrites
en
allemand,
et
traduites
ici
pour
la
première
fois,
la |
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confrontation des deux corpus permet de mieux comprendre les sources et les causes du décadentisme célinien.
· Date de publication : 2 mai 2022
·• 406 pages - 39,00 Euros
Auteur : Timothée Pirard |
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PRÉSENT
JUIN-JUILLET
2022
HORS
SÉRIE
43
CÉLINE
" Y
EN A
QUE
ÇA
EMMERDE
? "
UN
HOMME
DE
GAUCHE
QUE
LA
DROITE
ADORE
?
UN
HOMME
DE
DROITE
QUE
LA
GAUCHE
AIME
DÉTESTER
?
En
kiosque |
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