LOUIS-FERDINAND
CÉLINE, SES AMIS
: PIERRE
DUVERGER
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Né dans un
milieu modeste,
Pierre Duverger
a suivi dans les
années trente
les cours de
l’École des
Chemins de fer
mais sa première
vocation était
le métier de
comédien. Ayant
échappé à la
mobilisation, il
participe à
l’encadrement de
Chantiers de
Jeunesse au
début de
l’Occupation.
Dans le même
temps, il se
produit dans
divers
music-halls. Il
rencontre sa
femme Geneviève
en 1942 et
s’installe à
Montmartre.
Il rencontre
Céline à
Saint-Malo, qui
l'aide à
échapper au
Service du
Travail
Obligatoire et à
trouver un poste
dans
l'Organisation
Todt, à Jersey,
dans les
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transmissions.
En 1946, avec sa
femme, il se
lance dans une
petite
entreprise de
tissage à main.
Par la suite, il
se prend de
passion pour la
photographie,
passe
professionnel,
sa femme
s’acquittant
avec brio des
tirages de
clichés. Il
poursuit
cependant une
carrière de
seconds rôles au
théâtre et
cinéma,
entreprend un
raid en 2 CV, en
décembre 1957,
jusqu’au Cap de
Bonne-Espérance,
qui lui vaut le
Prix Citroën.
Dernière
passion de
Pierre Duverger
: l’édition.
Outre quelques
éditions
confidentielles,
il se consacra
notamment à la
réédition des
textes de
Gustave Le Bon . |
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" Ça remonte à
1943, au marché
aux poissons de
Saint-Malo...
Une tête qu'il
me semblait
avoir vue
parfois avenue
Junot... de
longs cheveux...
un beau
visage... un
pantalon qui
tenait par une
ficelle,
vraiment aucun
souci
vestimentaire,
ce qui faisait à
mes yeux homme
sérieux.
" En d'autres
temps,
n'habiteriez-vous
pas Montmartre ?
"
C'était lui...
le docteur
Destouches.
L.-F. Céline, le
monstre sacré :
c'était aussi
la première fois
que je voyais un
homme |
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Le marché aux
poissons |
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Service du
Travail
Obligatoire |
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majuscule. Jeune
homme, ses
livres m'avaient
giflé tout
d'abord : c'est
en revenant
dessus que j'en
avais compris le
sens. En fait
c'était le seul
écrivain qui ne
soit pas
illusionniste.
Il voyait
derrière les
façades.
Avoir 20 ans au
début d'une
guerre ; il
avait connu ça
avant moi...
C'est peut-être
pour cela qu'il
me prit en
amitié... il
était né à
Courbevoie, moi
à Saint-Ouen...
l'horizon est le
même. Toujours
est-il que je
dois à son
expérience et à
ses conseils
d'avoir échappé
aux "
engagements ",
aux vérités
absolues
passagères...
décoré
aujourd'hui,
fusillé demain,
ou inversement.
Il avait coutume
de me dire : "
L'expérience
est une lanterne
qui n'éclaire
que celui qui la
porte. " |
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Classe 40,
comment
comprendre seul
ce fléau qui
s'abattait sur
des jeunes
gens sortant à
peine de
l'enfance et
pris d'office
comme acteurs
meurtriers
dans des
évènements qui
ne les
concernaient
absolument pas ?
Mais, pour
ceux qui
s'intéressaient
à réparer les
sottises
politiques de
leurs aînés, ils
pouvaient
choisir, en
1943, leurs
uniformes :
feldgrau ou
field-jacket...
personnellement,
je me sentais
doué pour la vie
civile et
Céline, je peux
bien
l'avouer n'eut
pas beaucoup de
peine à me
convaincre. Il
habitait à ce
moment près du
casino, juste
devant la mer
qu'il a toujours
aimée. |
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Organisation
allemande au
cœur de la
collaboration. |
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Avenue Junot,
Montmartre
Pratiquement
tous les jours
j'allais le voir
et il me
racontait des
choses que je ne
comprenais pas
toujours : "
Le monde est
parti pour des
guerres de plus
en plus féroces
qui ne sont pas
près de finir,
après cette
guerre civile
entre blancs, ce
sera la guerre
des races... la
vraie... la
définitive.
" Moi, je
trouvais qu'il
exagérait... les
gens n'étaient
pas tellement
méchants... la
preuve, lui, il
me payait des
crêpes bretonnes
avec un œuf
cassé dedans...
c'était quelque
chose à cette
époque. |
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|
Il avait une
petite moto et
une grosse paire
de gants fourrés
reliés entre eux
par une ficelle
(toujours)
passant derrière
le cou. Au
rendez-vous
qu'il m'avait
fixé dans Paris
en l'hiver 43-44
il arriva sur le
ventre, ayant
raté son dernier
virage avant le
trottoir, la
moto d'un côté
lui de
l'autre... ce
n'était rien et
nous pûmes
revenir, moi
derrière, sur la
Butte. Céline
était un homme
qui demandait
souvent des
services, mais
jamais pour lui.
En quelques
jours, j'avais
des papiers tout
ce qu'il y a en
règle qui me
permirent de
rester à
Montmartre
jusqu'à
l'arrivée des
alliés. Je lui
dois là une
grande
reconnaissance
mais je ne suis
pas le seul.
|
 |
St
Malo,embarquement
pour Jersey |
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Le Service du
Travail
Obligatoire me
baladait sur la
côte. Je dus
m'embarquer vers
Jersey.
Ferdinand
m'accompagna
jusqu'au bateau.
Je le vois
encore se
rapetisser sur
le quai dans des
" au revoir ".
Il aurait voulu
aussi venir à
Jersey, mais il
me fut
impossible de "
trouver
quelque chose
" comme il me
l'avait demandé.
Quelques mois
plus tard, de
retour à
Montmartre et en
situation pas
tellement
régulière, il
m'évita le S.T.O.
en Allemagne.
Il avait une
petite moto et
une grosse paire
de gants fourrés
reliés entre eux
par une ficelle
(toujours)
passant derrière
le cou. Au
rendez-vous
qu'il m'avait
fixé dans Paris
en l'hiver 43-44
il arriva sur le
ventre, ayant
raté son dernier
virage avant le
trottoir, la
moto d'un côté
lui de
l'autre... ce
n'était rien et
nous pûmes
revenir, moi
derrière, sur la
Butte.
Céline était
un homme qui
demandait
souvent des
services, mais
jamais pour lui.
En quelques
jours, j'avais
des papiers tout
ce qu'il y a en
règle qui me
permirent de
rester à
Montmartre
jusqu'à
l'arrivée des
alliés. Je lui
dois là une
grande
reconnaissance
mais je ne suis
pas le seul. |
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Katyn, 4404
polonais
massacrés |
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Je crois que
c'était le
mercredi que sa
maman venait le
voir, je le
raccompagnais
parfois au bas
de l'avenue
Junot et elle me
parlait de son
Louis, si
courageux, si
travailleur :
" Il en a
passé des nuits
à apprendre son
argot. "
Elle devait
inclure l'argot
dans l'énorme
documentation
qu'il avait
réunie et
consultée. Cet
homme
extraordinaire
qui aurait pu
être mon père
n'était pour
elle que son
gosse. Elle est
morte pendant
son exil.
Comme tous les
hommes de renom,
il fut sollicité
durant la guerre
par les
Nationaux-Socialistes
comme il le fut
par la gauche,
qui avait cru
reconnaître un
des siens à la
sortie du "
Voyage ".
J'étais là quand
des gens vinrent
le trouver au
moment de
l'affaire de
Kätyn. On
l'emmenait en
voiture de chez
lui à là-bas,
bien soigné,
bien payé, juste
raconter ce
qu'il avait vu,
avec sa
signature en bas
de l'article. |
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Un grand voile
de discrétion
est tombé sur
cette affaire...
des milliers
d'officiers
polonais
massacrés : 1 -
par les Russes ;
2 - par les
Allemands (selon
l'année). Céline
refusa. Céline
refusait
toujours de
s'inclure ou de
s'engager dans
un mouvement
quelconque, il
n'appartenait à
rien, ni à
personne. C'est
dur d'être seul.
Il vivait de
façon spartiate,
comme un sage.
Il ne buvait
jamais d'alcool,
n'avait jamais
fumé.
. Sur une
photographie
datant de 1914,
il avait une
cigarette à la
bouche... je le
taquinais. "
Non, non,
c'était pour la
photo, tous les
copains en
avaient, j'ai
reposé la
cigarette après
la pose.
" |
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La cigarette
juste comme les
copains |
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Sa
morale était
intransigeante,
même pour lui.
Le jour où je
lui annonçais
vouloir quitter
mon épouse pour
une autre plus
neuve fut pour
moi le sujet
d'une magnifique
engueulade...
même au
téléphone il m'a
poursuivi pour
m'empêcher de
faire la bêtise
" qu'il avait
faite lui-même.
"
Je crois
pouvoir affirmer
qu'il n'aimait
pas beaucoup les
journalistes en
général. J'ai
assisté une fois
à une
visite-interview
à Meudon et je
l'ai entendu
affirmer sans
rire exactement
le contraire de
ce qu'il
pensait. Le rire
venait après le
départ de
l'interviewer.
Bien sûr, ce que
je dis n'est
certainement pas
valable pour
tous les
journalistes
ayant publiés
sur lui, mais il
serait imprudent
de juger Céline
au travers de
certaines
conversations
avec des gens "
plus ou moins
flics ". Il est
vrai que le
lyrisme peut
déformer la
réalité.
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Objets du Maquis
: cercueil
destiné aux
collabos |
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Je lis souvent
des sottises
concernant son
attitude pendant
l'occupation.
Moi, je le vois
toujours avec
des cartes de
pain achetées "
au noir " pour
donner à des
paumés, lui qui
a toujours payé
comptant, ses
services comme
ses idées. Par
discrétion, il
prenait un ton
bourru pour
donner, il
cachait son bon
cœur sous des
gros mots. Ses "
outrances "
linguistiques
n'étaient qu'un
débordement de
patriotisme que
les Français ne
surent
comprendre ; ils
prirent pour de
la haine ce qui
n'était qu'un
surplus d'amour.
Les petits
cercueils
succédèrent aux
lettres de deuil
de l'A.A.A.
(Association
Anti-Axe).
Au soir du 6
juin 1944,
j'allais le
saluer, devant
partir le
lendemain en
bicyclette voir
ma famille
réfugiée en
Touraine et je
ne pus répondre
affirmativement
à sa demande de
l'accompagner
dans un exil, au
Danemark,
pensait-il. Je
me serais
embarqué dans
une sacrée
galère, mais il
m'arrive de
regretter cette
aventure. " |
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Quand
il revint,
effectivement du
Danemark, mais
via Sigmaringen,
les choses
avaient bien mal
tourné pour lui.
En si peu
d'années, un
vieil homme
avait succédé au
bel athlète de
1944, mais tous
ses amis ne lui
tournaient pas
le dos. Chacun
l'aida dans la
mesure de ses
moyens, ce qui
n'était pas
toujours
facile... il ne
fallait pas le
froisser. Devant
une même douleur
chacun souffre
différemment,
lui plus que
d'autres. Ses
deux ans de
détention, la
haine à son
égard qui n'en
finissait pas,
le replièrent
sur lui-même et
sa fidèle
compagne. |
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La médecine à 5
francs la
consultation ne
rapporte pas de
quoi avoir un
train de
maison... et
puis un médecin
qui n'a pas
d'automobile, ce
n'est pas un bon
médecin.
Désormais, les
chiens, les
chats, les
oiseaux et
quelques rares
copains d'avant
furent ses
compagnons. Il
avait appris à
son perroquet à
siffler "
Dans les steppes
de l'Asie
Centrale ",
terminus du
convoi des
Français. De son
coteau il
explorait Paris
à la lorgnette,
se demandant par
quelle porte les
Chinois
entreraient dans
la ville...
c'était pour
rire, bien sûr.
En l'aidant à
éplucher ses
pommes de terre,
au sous-sol,
j'entends encore
sa
voix et
l'entendrai tant
que je vivrai :
" La
révolution...
mais nous y
assistons tous
les jours... la
seule, la vraie
révolution,
c'est le facteur
nègre qui saute
la bonne... dans
quelques
générations, la
France sera
métissée
complètement, et
nos mots ne
voudront plus
rien dire... que
ça plaise ou
pas, l'homme
blanc est mort à
Stalingrad.
" |
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Encore moins
pour celui qui
porte lui-même
les poubelles |
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L'engagé de
1912, le
cuirassier et le
mutilé de 1914,
le volontaire de
1939 ne
parvenait pas à
digérer
l'article 75.
S'il ne fut
qu'intelligent
avec l'ennemi,
il le fut trop
avec les
Français qui
avaient là un
écrivain
au-dessus de
leurs moyens. Le
côté peu ou mal
connu de cet
homme était son
amitié fidèle et
ses traditions "
Vieille France "
dans les bonnes
manières dont il
déplorait la
disparition. Ce
Destouches avait
un côté
chevalier. Je
crois qu'il
regrettait
d'avoir chargé
le visage nu. "
J'ai tenté de
dire aux
Français de ne
pas aller par
là, d'aller
plutôt de ce
côté-ci...
regardez-moi...
dans quel état
ils m'ont mis.
"
Il me parlait
souvent de la
cassure de cette
Grande Guerre
dont la France
ne s'est jamais
relevée. "
Lorsque mon père
alla voir mes
futurs
beaux-parents
pour la première
fois, il avait
mis des gants
blancs : si l'on
pouvait définir
la différence
entre avant 1914
et maintenant,
c'est
qu'autrefois il
y avait la
naïveté. " |
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Il
était plein
d'attentions et
de petites
gentillesses,
très curieux de
savoir si " j'y
arriverais ", ce
que je faisais,
l'état de mes
projets. Une
fois, alité
depuis plusieurs
jours, avec une
fièvre inconnue,
il vint me voir
et je fus fort
surpris de son
attitude ; en
effet, ce
n'était plus
l'ami qui me
rendait visite
mais le docteur
Destouches qui
consultait.
Chose
remarquable, il
avait un col et
une cravate pour
venir de Meudon
à Montmartre...
j'étais devenu
un malade comme
il en avait vu
des milliers...
pas d'autres
sujets que ce
dont je
souffrais ne
furent même
effleurés.
Pendant
plusieurs
saisons je fis
de la voile dans
la Manche, près
de Dieppe, qu'il
connaissait
bien. Après
chaque week-end
en mer, je
devais tout lui
dire : l'heure
du jusant, le
cap, l'amure, la
force du vent,
les grains. |
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Les lendemains
de mes
navigations, par
la pensée, il
partait avec moi
sur le petit
voilier... je
crois même qu'il
partait avant
moi... un
nostalgique de
la marine à
voile.
En 1957-58, je
parcourus en 2
CV l'Afrique
australe pendant
6 mois, curieux
que j'étais des
problèmes
africains. A
chaque poste
restante j'avais
une lettre de
Céline
m'expliquant ce
que j'avais vu
et ce que
j'allais voir
maintenant de
prendre garde à
l'eau, aux
moustiques, aux
noirs, aux
blancs, à tout.
L'on a souvent
dit de Céline
qu'il était un
visionnaire :
c'est le plus
mauvais
adjectif que
l'on puisse
accoler à son |
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|
L'afrique en 2
chevaux citroën |
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|
nom... le
visionnaire a
des
communications
surnaturelles,
c'est la bergère
simple d'esprit,
ou un pape avant
son trépas. Lui,
avec sa tête qui
dépassait, il
était
épouvantablement
lucide, il avait
diagnostiqué son
époque malade,
et pour sa
guérison, avait
conseillé des
remèdes à des
sourds
volontaires. Les
conséquences
venaient d'elles
-même... il le
savait et les
attendait...
simple bon sens.
Socialement il
n'était pas
assuré... il a
payé comptant la
maladie des
autres.
La guerre de
1914, ce
massacre forcené
et imbécile
entre gens de
qualité l'avait
marqué à
jamais. Avec un
égoïsme normal
et standard, il
aurait vécu
heureux dans
l'opulence et la
réussite
respectée. A
tirer sans cesse
la sonnette
d'alarme, il a
fait un bruit
ennuyeux qui
venait troubler
les digestions.
Il ne faut
jamais s'occuper
de ses
compatriotes
surtout pour
leur bien. Ce
conseil, souvent
donné, j'aurais
mieux fait de le
suivre, mais
c'est agaçant
ces gens qui ont
toujours
raison."
(Témoignage
donné au
Magazine
littéraire, mars
1967, BC n°25,
sept. 1984).
Marc Laudelout
lui avait rendu
visite |
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" Je le
rencontrai, la
première fois,
chez lui, à
Montmartre.
C’était en 1979.
Je préparais un
numéro spécial
de feue La
Revue célinienne
qui se proposait
alors de
commémorer, en
1981, le
vingtième
anniversaire de
la mort de
Céline. Il
m’avait alors
très
cordialement
accueilli et
remis,
gracieusement,
une série de
photographies de
sa très riche
collection pour
illustrer ce
numéro.
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|
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À chacun de mes
séjours
parisiens, je ne
manquais pas
d’aller le voir,
rue Gabrielle,
parmi ses
trésors dont
cette édition
dédicacée sur
Lafuma de
Bagatelles
ou la dernière
page manuscrite
de Rigodon
qu’il avait
encadrée, près
de son bureau. À
plusieurs
reprises, je lui
fis raconter
dans quelles
circonstances il
avait rencontré
Céline.
Il avait alors
une vingtaine
d’années.
Cela se passait
en 1943, au
marché aux
poissons de
Saint-Malo. La
même année, ce
jeune Français
de la classe 40
fut requis pour
le Service du
Travail
Obligatoire.
C’est grâce à
Céline qu’il y
échappa : "
En quelques
jours, j’avais
des papiers tout
ce qu’il y a en
règle qui me
permirent de
rester à
Montmartre
jusqu’à
l’arrivée des
alliés.
Je lui dois une
grande
reconnaissance
mais je ne suis
pas le seul.
" |
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Naturellement,
Pierre Duverger
est surtout
connu des
céliniens pour
ses remarquables
photographies de
Céline. Son
talent et une
splendide
lumière de
soir d’été sont
à l’origine de
ce petit
miracle. C’était
en juillet 1960,
un an
exactement avant
la mort de
l’écrivain.
Il me racontait
aussi comment le
Docteur
Destouches le
soigna, en 1956,
lorsqu’il était
cloué au lit
depuis quinze
jours par une
très forte
fièvre. Il
fallait que
Céline éprouvât
une solide
amitié pour
Pierre Duverger
car il vivait
alors reclus à
Meudon, ne
sortant quasi
jamais. La
dernière fois
que je le vis,
c’était à
Bruxelles où il
nous fit
l’amitié d’être
des
nôtres pour la
troisième
édition de notre
Journée Céline.
Le soir, un
amical dîner
devait nous
réunir, avec un
autre ami cher,
le regretté Paul
Chambrillon. |
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Rappelons enfin
qu’avec Marcel
Aymé, Robert
Poulet et Jean
Bonvilliers, il
fut
l’un des quatre
fidèles qui,
dans la nuit du
3 au 4 juillet
1961, veillèrent
le corps de
Céline pour sa
dernière nuit
passée route des
Gardes.
L’homme était
courageux et
ferme dans ses
convictions. Il
est l’un de ceux
à
n’avoir jamais
renié celui qui
lui avait "
sauvé la mise "
dans une période
difficile.
Il le défendait
même avec audace
et rappelait les
propos tenus par
Céline dans
sa cuisine, à
Meudon, alors
qu’il l’aidait à
éplucher des
pommes de terre
:
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"
Dans quelques
générations, La
France sera
complètement
métissée, et nos
mots ne voudront
plus rien dire.
Que ça plaise ou
non, l’homme
blanc est mort
à Stalingrad.
"
M. L.
Meudon,
4 juillet 1961,
sortie du
cimetière :
Roger Nimier,
Nadine Nimier,
Marcel Aymé et
Claude Gallimard |
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