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                                                                                       CÉLINE  ET  LES  ARTISTES

 

 

                                                             

 

 

* AIMABLE (Aimable PLUCHARD, accordéoniste qui a enregistré plus de 10 000 titres, 1922-1997): " C'est un fort bel album qu'Alphonse Boudard et Marcel Azzola consacrent à la Valse musette et l'Accordéon (Bals et Guinguettes). Né à Vienne vers 1830, l'accordéon a séduit le monde entier et connu la consécration des surnoms : piano à bretelles, boîte à frissons, etc... Avec ce ton familier qui lui est propre, Alphonse Boudard raconte cette saga où la littérature française a sa part.

  De Pierre Mac Orlan à Francis Carco en passant par Céline dont on connaît les deux chansons " Règlement " et " A noeud coulant ". On sait que c'est à Paul Chambrillon que l'on doit ses enregistrements. C'est en 1955 qu'il enregistra Céline à son insu alors qu'il venait de lui suggérer d'interpréter ces deux compositions. Dans cet ouvrage, Boudard révèle que c'est le célèbre AIMABLE qui se chargea d'accompagner Céline à l'accordéon lors du " rerecording ". Deux photos (dont une, superbe, de Céline souriant en compagnie de Michel Simon et Arletty) illustrent cette évocation. "
  (Céline et Aimable, BC n° 193, déc. 1998).

 

 

 


 

 

* Lucette ALMANZOR (future Mme Destouches, danseuse étoile) : " (...) J'ai une petite grâce à demander à Monsieur Rouché. Puis-je avoir l'audace de solliciter votre favorable appui ? Il s'agit d'une petite danseuse qui veut réintégrer l'Opéra -Comique après une tournée en Amérique. Cette petite s'appelle Lucette ALMANZOR, 3 ans de conservatoire, 3 ans d'opéra-comique - danseuse 1re catégorie (24 ans) - et Syndiquée. Il s'agit d'un petit coup de pouce en somme qui la replace dans le personnel et dans l'emploi. Vous voyez que je m'intéresse bien aux arts. Par le petit côté aussi bien que par le grand.

  Mais comme je suis impertinent ! J'arrive chez vous sans coup férir ! Je vous demande à présent de protéger mes créatures ! La honte me recouvre ! Enfin je sollicite en même temps votre indulgence, toute votre indulgence !... Je voulais voir Ramon avant mon départ. L'aiguillage vers la NRF prend tournure. Je pousse, croyez-le. J'en ai soupé de ma galère. Elle n'est que trous ! (...) très affectueusement et amicalement / (...) la petite s'appelle Lucette ALMANZOR, 108 boulevard Berthier. "
  (Lettre à Jeanne Fernandez, août 1936, Lettres Pléiade 2010).

 

 


 

 

 

 * Roy ANDERSSON (réalisateur suédois, reconnu pour ses cadrages fixes et ses plans séquences tournés en studio) : " Mon roman favori dans l'histoire de la littérature, c'est Voyage au bout de la nuit. On m'a proposé d'en faire l'adaptation et Gallimard avait obtenu l'autorisation des ayants droit. Mais je n'ai pas pu trouver l'argent pour cette énorme production. Il fallait en outre résoudre le problème de la langue.

    Pour moi il ne pouvait être tourné qu'en français, ce qui rendrait le projet encore plus difficile à financer. C'était il y a vingt ans ; aujourd'hui, j'ai définitivement renoncé.
 (Roy Andersson, Propos recueillis par Michel Ciment, Positif n° 652, mai 2015).

 

 

 

 

 

 

 * Thierry ARDISSON (animateur et producteur de cinéma et de télévision français) : " L'adjectif célinien va-t-il entrer dans le dictionnaire, à l'instar de dantesque, kafkaïen ou courtelinesque ? On peut l'imaginer lorsqu'on lit dans la presse qu'un directeur d'une chaîne de télévision française a demandé à l'un de ses animateurs, Thierry ARDISSON, de revoir la copie de son émission jugée par lui " trop célinienne ".

  Et le journaliste de préciser : " Traduisez : trop intellectuelle et quelque peu décadente " (!)
  (BC n° 125, février 1993, p.3).

 

 

 

 

 

   * ARLETTY (Louise Bathiat, actrice de cinéma, théâtre, opérette, 1898-1992) :  Lorsqu'on demande à ARLETTY pourquoi elle se met dans un pareil cas pour Céline, elle rétorque :

     " Parce qu'il est de Courbevoie, comme moi, qu'c'est un gars d'la laïque, et qu'il a un style qui m'boul'verse. Céline c'est un pote ". Et d'ajouter pour dissiper toute équivoque : " Les gens ? j'les em... Quand ils m'demandent de dire que le Gorgonzola est le meilleur des fromages, j'le dis. Alors ? j'peux dire que Ferdinand y sait écrire. Et puis m... comme on dit dans le monde, j'fais c'qui m'plaît ".
  (Juvénal, 26 novembre 1948). 


 

 

 

 

 

 * Junie ASTOR née Rolande Risterucci (comédienne, 1911-1967): " Je t'ai vue passer aux actualités ces jours-ci. Toute à la gloire et sophistiquée au possible et combien exclusive ! Tout ce qui s'est produit depuis Hollywood me paraît à peine réel... Et puis mariée et tout ! Fine comme tu es tu devrais jouer de grands rôles dans le monde nouveau où d'extraordinaires aventures vont sûrement se dérouler. Où la coulisse va réclamer de sérieux tempéraments.

  Mignonnes à vos pièces ! Je te téléphonerai un matin vers 11 h (je ne l'ai pas, ou au bistrot) en allant voir Denoël qui demeure par chez toi. Je passerai, il faudrait une chaise à porteur. Tout devient ardu à crever. Surtout que le tantôt je fais 4 h de médecine à Bezons, tu sais ce que cela veut dire - et aller et revenir !... / A toi bien affectueusement, / L.F. Destouches. / 4 rue Girardon. Ne donne pas mon adresse ni pour or ni pour argent ? Je ne te reverrais jamais. "
  (Lettre du Mi-avril 1942, Lettres, Pléiade 2010)

 

 

 

 

 

 

* Alexandre ASTRUC (réalisateur, scénariste, écrivain): " J'étais fasciné par une description publiée dans les Cahiers de l'Herne. Céline y parle de Zola et décrit les stands de l'Exposition de 1900. A travers des images fulgurantes, prises la caméra au poing, Céline montre que la défaite est déjà là. Le bal de la technique annonce la boucherie de 1914 ! "
 (Propos recueillis par Valérie Marchand, le Magazine Grand Prix, mai-juin 1996, dans L'Année Céline 1996).

 

 

 

 

 

 

* Michel AUDIARD (dialoguiste, scénariste et réalisateur de cinéma 1920-1985) : " Voyage au cinéma ? Dès 1933, une option est donnée à Abel Gance, Céline de son côté se démène : il contacte un réalisateur allemand, Carl Junghaus, puis demande à sa maîtresse américaine, Elizabeth Craig de sonder Hollywood. En vain. Peu avant sa mort, en 1960, un espoir, à nouveau se dessine. Un scénario est écrit pour Claude Autan-Lara. Mais celui-ci se dégonfle " pour des motifs pas très concluants ", écrit Céline à Roger Nimier qui, chez Gallimard, est en quête d'un producteur. Il propose Louis Malle, qui ne donne pas suite. AUDIARD, qui a connu Céline dont il est un disciple fervent, reprend le flambeau en 1964.

 Bardamu sera joué par Belmondo, qui amène Jean-Luc Godard dans le projet. AUDIARD envisage un film de quatre heures. Dix ans plus tard, il dira à la télévision française : " Quand j'étais jeune, j'embêtais les producteurs, je les traitais de n'importe quoi parce qu'ils ne faisaient pas le Voyage... Depuis j'ai compris... Un type qui s'y attaquerait serait ridiculisé pour la postérité. C'est un trop grand livre, c'est tout. "
 (BC, juin 2005).

 * " Le père Céline, on lui doit tout. Sans lui, aucun auteur actuel n'écrirait, ou alors comme Duhamel. Mais là-dessus, personne ne moufte, jamais. On n'admet pas. A la mort de Louis-Ferdinand, il y a eu dans les journaux des interviews charmantes. Tous les esthètes à combines y sont allées de leur couplet. Dans le genre surpris :
 - Céline... auteur important, certes... conduite déplorable sous l'occupation... mais romancier puissant, il faut reconnaître... trivial, mais puissant... Une influence sur mon œuvre, dites-vous ?... Non. Non. Vraiment je ne vois pas. Ce que j'écris est tellement différent...

 D'ailleurs, d'une manière générale, à la mort de Céline, la presse française s'est gentiment déshonorée. Les quotidiens de Paris ont annoncé la chose sur une petite colonne honteuse en cinquième page. Et avec des réserves sur la moralité du défunt, des pudeurs ultimes. Côté hebdo nouvelle vague, pas mal non plus. La disparition d'Ernest Hemingway (oui, grand écrivain, merci, je sais) ayant tragiquement coïncidé avec celle de Céline, c'est naturellement l'Ernest qu'on nous a placardé en couverture.
  Et encore un coup de pot qu'il n'y ait pas eu de décès concomitant chez les Zoulous ou chez les Balubas, car c'est pour le coup que l'on nous aurait refilé ça en quadrichromie à la façade des kiosques.
 (Michel Audiard, Paris-Match, 1965).

 

 

 

 

 

 

* Jacques AUDIARD (cinéaste) : " Jeune, j'ai lu D'un Château l'autre, de Céline, dans lequel l'écrivain raconte les tribulations des fidèles du maréchal fuyant en Allemagne. Je n'y comprenais rien ! Pourquoi ? Parce que mes manuels scolaires ne racontaient pas ça et qu'ils présentaient la France en lutte pendant la guerre, toute une France résistant aux nazis. "
 (Le Soir, Bruxelles, 22 mai 1996).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Hugues AUFRAY (auteur-compositeur-interprète, guitariste et sculpteur) : " Un autre jour, c'est Hugues AUFRAY qui téléphone à Frédéric Vitoux pour solliciter une visite auprès de Lucette. Ce dernier en parle à son amie, qui accepte avec enthousiasme.

 C'est ainsi que l'interprète de Dis-moi, Céline, accompagné par Frédéric Vitoux a pu prendre la route de Meudon et rencontrer la veuve de son écrivain favori.
 (David Alliot, Madame Céline, Tallandier, janvier 2018, p.312).

 

 

 

 

 

 

 

 

* Claude AUTANT-LARA (réalisateur de cinéma, 1901-2000) : " Des pressions ont été exercées auprès du cinéaste Claude AUTANT-LARA afin qu'il ne cite pas Céline dans son discours de réception à l'Institut de France. Cette tentative de censure s'est naturellement soldée par un échec, ce qui n'étonnera pas ceux qui connaissent le caractère indomptable du réalisateur de La Traversée de Paris. "

  Ce discours, paru sous le titre Le bateau coule, se termine par la citation de Céline : " Il faut tout dire, tout. Oublier, se taire, c'est trahir. "
 (National-hebdo, 2-10 mai 1989).

 

 

 

 

 

 

* Charles AZNAVOUR (né Chahnour Vaghinag Aznavourian, auteur-compositeur, interprète, acteur, 1924-2018)) : " Je lis environ 100 livres par an. Je lis vite, je lis beaucoup. Et je relis beaucoup, parce que j'ai lu des choses dont je n'ai pas gardé un vrai souvenir. Parmi mes relectures préférées, beaucoup de Louis-Ferdinand Céline, bien sûr, et beaucoup de Dos Passos. Je trouve qu'il y a une lointaine parenté entre eux : c'est la même époque, c'est la guerre et c'est la dépression. Et puis ce sont des gens qui ont transformé l'écriture dans leur pays respectif. Après Céline, un certain nombre d'auteurs français ont parus désuets. "
  (La Presse, Montréal, 6 août 1995).

* " Je lis, pour la troisième fois, le monument de Céline (Voyage). Mon écrivain préféré, avec Dos Passos. "
  (Nice-Matin interview 31 juillet 2000, L'Année Céline 2000, Du Lérot).

* " En 1959, Céline déclarait : " ... vous ne pouvez pas lutter contre AZNAVOUR : il a la midinette pour lui ! " Et parmi ces midinettes, Céline aurait certainement été surpris de trouver sa propre femme qui accueilli dans sa demeure, et par deux fois, le chanteur, qui n'a jamais caché l'admiration qu'il portait à l'écrivain. En effet, Charles AZNAVOUR avait demandé à François Gibault de rencontrer Lucette Destouches l'année de son centenaire. Malgré un agenda surchargé, un rendez-vous est fixé : " L'évènement eut lieu route des Gardes à Meudon, le 12 janvier 2012, à l'heure du déjeuner, en présence de deux ou trois armoires à glace, et de Marie-Ange David, suivi, début août 2012, d'une seconde visite, à laquelle assistait Véronique Robert.

 Quel bonheur que ces rencontres ! Lucette était aux anges et Charles, dont la joie de vivre est communicative, sous le charme de la centenaire, et frappé par la présence invisible de Céline qui a marqué à jamais cette maison où il écrivit D'un château l'autre, Nord et Rigodon, et dans laquelle il s'est éteint le 1er juillet 1961. AZNAVOUR-Céline, le choc a été fort, la maison en résonne encore. " On ignore toutefois si le " Grand Charles " et Lucette ont poussé la chansonnette...
 (Véronique Robert-Chovin, Lucette Destouches, Epouse Céline, dans Madame Céline, David Alliot, Tallandier, janvier 2018, p.329).

* " Elle a eu la visite surprise de Charles AZNAVOUR et de Fred Mella, un ancien compagnon de la chanson. Ils sont arrivés vers midi et tout de suite ils lui ont entonné à deux voix, en français et en anglais, Joyeux anniversaire. Ça lui a fait plaisir, elle adore les chansons. Souvent elle chante. "
 (Véronique Robert-Chovin, Lucette Destouches, Epouse Céline, p.14).

 

 

 

 

 

 

 

* Le BALAJO : " Le 7 juin 1991, Le BALAJO a fêté ses 55 ans. Cet illustre bal-musette fut inauguré le 18 juin 1936 en présence de Mistinguett et de Céline, l'ami d'Henri Mahé, décorateur de la superbe salle en forme de goélette. Dans une brillante allocution, le journaliste et chroniqueur Claude Dubois évoqua Céline et Mahé avant de donner le micro à Jo Privat et son accordéon.

 

 

 

 

 



 

* Jean-François BALMER (acteur suisse, cinéma, théâtre et télévision) : " Seul en scène, il interprète avec générosité le personnage de Bardamu, héros de Voyage au bout de la nuit. Vêtu d'un manteau militaire, Jean-François BALMER sert le pauvre bougre traumatisé avec la générosité et la détermination qu'on lui connaît. Il lui prête sa gouaille et ses accents avec un naturel déconcertant, même si on le devine parfois hésitant. La faute à un emploi du temps chargé : les tournages de Mort d'un président, une fiction pour France 3 où il joue Pompidou, Boulevard du Palais, la série de France 2, et Henri IV, la pièce de Daniel Colas, le comédien n'a eu que trois semaines pour répéter le spectacle.

 Conscient de ses lacunes, il a salué avec une modestie louable le " talent " du public. Fort de son expérience et de son aura, il réussit à nous embarquer aux côtés de Bardamu dans l'horreur de la guerre, " une formidable erreur ", où le personnage sauve ses " tripes ", mais reste " marqué à la tête pour toujours ". Magnifiquement éclairé par Thierry Wilmort, les traits de Jean-François BALMER se confondent souvent avec ceux de Bardamu, bouleversé par l'absurdité de l'existence. Marchant dans ses pas, l'acteur nous entraîne à la rencontre de vrais personnages populaires, comme son fameux ami Robinson ou la gentille prostituée Molly qui tentera de lui redonner goût à la vie. On suit Jean-François BALMER jusqu'au bout du voyage, avec un mélange d'admiration et le désir de l'encourager à aller de l'avant. "
  (Nathalie Simon, Le Figaro, 4-4-2011).

 

 

 

 

 

* Brigitte BARDOT (actrice de cinéma, chanteuse, militante de la cause animale) : " Une rumeur a répandu la (fausse) information selon laquelle Lucette Almansor aurait décidé que désormais les droits d'auteur de Céline iront à la fondation animalière de Brigitte BARDOT.

  Ce qui a suscité cette interrogation amusée du Canard enchaîné (11 décembre 90) : " L'heureuse bénéficiaire va-t-elle débaptiser sa Fondation BB pour l'appeler Fondation Bébert, du nom du célèbre chat de Céline ? ".
  (BC n°114, mars 1992).

 

 

 

 

 

* Emily BARNETT (réalisatrice, scénariste) : " Si la dualité célinienne continue d'émouvoir autant, c'est donc peut-être qu'elle se joue ailleurs qu'entre le romancier génial et l'affreux bonhomme dont l'œuvre dégage encore une forte odeur de soufre. Céline, jeune, parfois enfantin, poli, désiré et désirable, tel donc qu'il se dessine à travers une intime correspondance de cinq décennies, héberge en lui la fureur et l'angélisme, la violence et la pureté.

 Tout cela fondu dans un même magma, à la source duquel se tient l'innocence trahie - la croyance originelle dans une forme d'amour et de fusion avec l'humanité, piétinée à jamais par le trauma des tranchées. "
 (Les Inrocks.com, 21 novembre 2009).

 

 

 

 

 

* Alain BARRIERE (né Bellec) :                    " Personne ne partage
                                                           Le voyage au bout de la nuit
                                                            On est seul et sans âge
                                                             Et jamais l'horizon ne luit... "

                                                                (Le Voyage, 1971).

 

 

 

 

 

 

* Guy BEDOS (humoriste, acteur et scénariste 1934-2020) : " La revue Médias publie un entretien avec l'amuseur Guy BEDOS qui, pendant des années, a caché que ses parents - son beau-père et sa mère - ne pensaient pas comme lui. Depuis quelques temps, il ne craint plus de raconter :

 " Parmi les livres qu'on trouvait à la maison, Bagatelle (sic) pour un massacre ou l'école des cadavres de Céline. Depuis, je me suis mis à Céline, mais je me contente de Mort à crédit et du Voyage au bout de la nuit illustrés par Tardi qui, lui, n'est pas suspect de penchants néo-nazis. "
 (Ma vie avec les médias, Médias, n°17, été 2008).

 

 

 

 

 

 

* Nicolas BEDOS (dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur, acteur et humoriste) : " Oui, je lis des livres tombés dans l'oubli, comme ceux de Drieu la Rochelle. Fabrice Luchini dit que je tiens un discours de gauche, mais que j'ai une bibliothèque de droite. Le " moi " est souvent expulsé chez les grands écrivains de gauche comme Sartre, bâtisseurs d'œuvres.

  La littérature de droite, elle, ne craint pas de raconter des histoires sentimentales, autobiographiques. J'aime le style de Paul Morand, de Louis-Ferdinand Céline. Je suis plus diverti par une histoire déchirante de Jacques Chardonne que par L'Être et le Néant.
 (Le Bien public, 3 novembre 2013, propos recueillis par Nathalie Chifflet).

 

 

 

 

 

* Marie BELL née Marie-Jeanne Bellon (tragédienne et comédienne, 1900-1985) : " Chère Marie, - Ne te désiste pas toi aussi ! Je compte plus sur ton cœur que sur les paroles des hommes... Un coup d'avion ! un coup d'aile ! et que je t'embrasse - ! Zoulou semble défaillir finalement... Depuis 3 ans on crève d'être à sec des brises natales !... Tu penses ! Tu ne verras pas des gens tristes ne redoute rien ! Pleins d'histoires marrantes au contraire et je t'assure bien inédites !

 Et puis aucun risque je t'affirme - Il y a des touristes français plein les rues de Copenhague. Je te cèderai mon lit s'il le faut j'irai recoucher en prison pour te faciliter les choses... au pire ! Mais l'Hôtel d'Angleterre et sa réputation mondiale sont là pour un coup j'imagine ! N'attends pas les froids... Bien entendu je ne dirai rien de ta venue, et tu sais que je peux me taire - autant que je t'aime. Ce n'est pas peu dire - Ton fidèle et bien affectueux. - Ferdinand. "
  (Lettres 2009, à Marie Bell, le 8 juillet 1947).

 

 

 

 

 

 

* Monica BELLUCCI (actrice de cinéma italienne) : " L'été avait commencé en fanfare pour Ferdinand, quand Monica BELLUCCI avait répondu à Madame Figaro : " Mon écrivain préféré, en France ? Louis-Ferdinand Céline ! "
  (Robert Le Blanc, Présent, 7 oct.2006).

 

 

 

 

 

 

* Jean-Paul BELMONDO (acteur de cinéma, comédien ) : " En 1963, Michel Audiard caressa l'espoir d'arriver à une conclusion favorable. L'espoir seulement... Brouillé avec Jean Gabin, il n'était plus question de lui parler de ce Voyage au bout de la nuit. Qu'à cela ne tienne. Michel avait un autre acteur sous la main, une vedette tout à fait épatante qui, elle aussi, avait lu Céline dans son adolescence : Jean-Paul BELMONDO. Et celui-ci lui amena un cinéaste parfait pour recréer l'univers de Céline : Jean-Luc Godard. Aussi étrange que cela puisse paraître, l'union entre le pape de la Nouvelle Vague et le symbole du cinéma de papa fut consommée : ils acceptèrent de construire ensemble l'adaptation du roman.
 (Philippe Durant, Michel Audiard, la vie d'un expert, 2001

* " Mes auteurs de toujours s'appellent Léautaud, Céline dont j'ai lu et relu Voyage au bout de la nuit et Rigodon. "
   (Entretiens avec Irène Dervize, Télé-7-jours, 12-18 déc. 1998, L'Année Céline 1998, Du Lérot.)

 

 

 

 

 

 

 * Bertrand BLIER (cinéaste, écrivain) : " Je lis Céline pour la mauvaise humeur, les autres pour la joie. Faut dire que les gens de mauvaise humeur, c'est quand même nettement plus rigolo que les souriants, non ?

 La mauvaise humeur c'est le carburant de l'artiste. C'est ce que j'admire chez Céline, cette mauvaise humeur chronique. Il y a deux personnes qui me remontent le moral quand ça va mal : Céline et Orson Welles. "
 (Charlie Hebdo, 18 août 1993).

 

 

 

 

 

 * Gus BOFA (né Gustave Blanchot, illustrateur et affichiste, 1883-1968) : " La découverte parallèle de Céline s'exprime plus vertement que celle de Gide. Elle est aussi plus totale et définitive. Ecœuré de l'Etat bourgeois, Céline a voulu croire au communisme russe. Déçu à nouveau sa haine et son dégoût du monde occidental se doublent désormais d'une haine et d'un dégoût semblable pour l'URSS. Il exprime ce double sentiment - à son ordinaire - par un feu d'artifice d'imprécations choisies, pleine de force et de couleur, qui étant cette fois admirablement en situation, prennent toute leur valeur littéraire. Le morceau me paraît atteindre au chef-d'œuvre du genre et mérite de figurer dans les anthologies.

  Au point de vue critique, on pourrait trouver à y reprendre. Il détaille et précise mal ses griefs et ses reproches. Mais il n'est pas dans la nature de Céline de spéculer, non plus que dans celle d'une mitrailleuse de faire des cartons à la foire. Parmi les éclats de tonnerre de son style, on discerne à peu près la solution que Céline propose au problème social. Il voudrait abattre sommairement la moitié des humains, et massacrer sans façon l'autre moitié. Ce remède, radical au moins en ce qui concerne le chômage, me semble mériter d'être longuement posé. "
 (Critique de Mea culpa, le Crapouillot, 15 février 1937).

 

 

 

 

 

 

 * Yves BOISSET (réalisateur, incarne un cinéma de gauche) : " La femme flic " : ce film offre la curiosité de présenter une longue scène où un " docteur Godiveau ", vieux médecin sans clientèle, à la tenue débraillée, dont la grille de jardin grince quand on sort de chez lui, tenant des propos racistes et antisémites, jadis " collabo " et " épuré ", accusé pour faire bon poids de pédophilie et de meurtre, appelle son chat " Gallimard ".
 (La femme flic, 1979, 30 avril 1995, 20h50, France 2, Année Céline 1995).

 

 

 

 

 

 

 * Eliane BONABEL (illustratrice et dessinatrice, 1920-2000) : " Accompagnée par son oncle Charles Bonabel au dispensaire de Clichy, Eliane BONABEL fait la connaissance du docteur Destouches à l'âge de 9 ans. Lors d'une visite chez les Bonabel, Louis-Ferdinand demande à la jeune Eliane ce qui la passionne. Elle répond : " le dessin ". Il insiste pour voir ses croquis et lui demande de dessiner son portrait qu'il lui achète. Une vocation est née ! Elle deviendra à la fin des années 30 une dessinatrice très connue.

 De Céline, Eliane BONABEL dira plus tard : " J'ai beaucoup voyagé, fréquenté de nombreux milieux, rencontré énormément de monde, Céline est pourtant, sans la moindre discussion possible, l'être le plus étonnant, le plus attachant que j'ai eu la chance de croiser dans ma vie. Je n'ai connu personne ayant une vision aussi juste, une analyse aussi rapide du monde qui l'entourait. "
  (franceartdiffusion.com, 2010).

 

 

 

 

 

 

 * Michel BOUQUET (acteur français) : lit Louis-Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit en 1965. Dans l'émission " Les blessés " du 18 décembre 1965.

 Emission du magazine mensuel de la Première Guerre Mondiale proposée et animée par Pierre Sipriot, réalisée par Philippe Guinard.
  (Le Petit Célinien, 1er août 2014).

 

 

 

 

 

 * Emmanuel BOURDIEU (scénariste, dramaturge, réalisateur et philosophe, fils du sociologue Pierre Bourdieu): " Nous avons pensé qu'il fallait renoncer à la ressemblance physique, se concentrer sur une autre forme de vérité. Avec Denis, nous avons travaillé sur les changements d'humeur de Céline, qui passe d'une colère horrible à une expression délicate puis grivoise, qui fait preuve d'une énergie colossale alors qu'il s'effondre physiquement. Il est à cette époque quelqu'un d'extrêmement fragile, et Lucette tente de le défendre contre lui-même. Seulement il ne peut s'empêcher de mordre la main qui lui est tendue, il est possédé par le démon de l'antisémitisme.

 Lucette tente de le mettre en scène, mais le comédien Céline est incapable de résister aux pulsions qui le portent à saboter le spectacle, alors il ressort toujours les mêmes numéros, souvent pas très bons. Au fil de son existence, il a adopté différentes postures : Céline pur artisan de la littérature, Céline paria. Je ne pouvais pas entrer dans le film grâce à Céline, qui me tient à distance tant par son génie littéraire que par ses idées abominables.

 C'est Milton Hindus qui me donne l'accès : lui aussi admire l'écrivain, lui aussi est confronté à cette dualité. Lorsqu'il lit quelques lignes de " Bagatelles pour un massacre ", il est bouleversé par leur beauté, mais il sait que l'homme suinte un fiel ignoble. La plupart des céliniens ont été très injustes avec Hindus, dont la correspondance et les choix littéraires montrent qu'il ne s'est pas trompé.
  Les idées de Céline étaient d'une grande bêtise. Quand il caricature la danse juive, il est juste stupide. Il se comporte comme un gamin incapable de penser. Mais il est un des plus grands écrivains du siècle. "
 (Céline crève l'écran, film d'Emmanuel Bourdieu, l'Obs, 3 au 9 mars 2016).

 

 

 

 

 

 * Georges BRASSENS (poète, auteur-compositeur, interprète, 1921-1981) : " Je n'admire pas forcément des gens admirables. Selon les circonstances ça peut-être Camus ou le balayeur du coin. Mais le plus grand écrivain du siècle, pour moi, c'est Céline. "
 (Paris-Presse, 1967).

 * " Merci, cher ami, pour ce livre remarquable que vous consacrez à Ferdinand Céline. Je suis en train de le lire avec délectation. Merci pour l'honneur - le trop grand honneur - que vous me faites en m'apparentant à ce grand bonhomme. Je souhaite à cet ouvrage tout le retentissement qu'il mérite et je vous prie d'accepter mon amitié. Georges Brassens. "
 (Lettre à Pierre Monnier du mercredi 27 février 1980 à la réception de Ferdinand furieux).

 * C'est dans son livre Ferdinand furieux que Pierre Monnier trace un parallèle entre Georges BRASSENS et Céline : " Même amour de la vie dans ses manifestations les plus humbles, les plus " quotidiennes ", même  scepticisme à l'égard des idées, des idéologies, des grands problèmes, même sensibilité, même sympathie pour les petites gens, même admiration pour l'héroïsme discret, secret, de ceux qui ne paraissent jamais, même sens de la dignité cachée, de la vraie grandeur enfouie... même enracinement au sol natal, même fierté aristocratique et populaire, même scepticisme affiché, même indulgence camouflée, même indifférence à certaines valeurs surfaites et même attachement à d'autres plus simples, les sabots d'Hélène et la tendresse de Molly.

 Enfin le style, les archaïsmes, les idiotismes français, quelquefois la langue verte... Qu'il s'agisse de la prose de Céline, ou des vers de BRASSENS, on assiste à l'éclosion d'un vocabulaire d'essence traditionnelle, populaire, riche en sève et très souvent à la limite de la désuétude. L'un et l'autre éternisent des mots que l'on jugerait démodés ou incongrus sans le raffinement et l'habileté avec lesquels ils sont imbriqués dans la phrase... [...] Céline et BRASSENS ne se sont jamais rencontrés.
  On peut supposer qu'ils auraient eu des goûts et des dégoûts communs. A coup sûr une même passion pour la langue française dans sa branche " mâle et débridée " comme  l'avait dit Léon Daudet à la parution de Voyage. "
 (BC n° 122, novembre 1992).

 

 

 

 

 

 * Arno BREKER (sculpteur allemand, 1900-1991) : " Avant la guerre je lui trouvais toujours une grande élégance. C'est seulement après celle-ci qu'il prit cette allure de bohémien du XIXe siècle. Comme on le sait, il était entouré d'une quantité de chats et de chiens, et il vivait dans une grande bâtisse un peu délabrée, à Meudon. C'est là que j'allai le voir, encore peu de temps avant sa mort, en 1961.

 L'atmosphère de sa maison était typiquement française. Les meubles et les objets qu'il avait autour de lui se distinguaient par un air d'immuabilité tant ils semblaient figés sur place depuis des décennies. La poussière et la patine du temps s'étaient mis à les couvrir d'un étrange silence.
  Cette après-midi là, Céline me regarda longuement dans les yeux, parla très peu, sembla véritablement avoir tout dit dans ses livres. Les quelques mots qu'il prononça eurent trait à l'existence humaine, à son passage sur terre, à l'éternité.
 
  Quand je pris congé Céline me dit : " Ce n'est pas un adieu, nous nous reverrons. " Lui prenant les mains, je lui réponds, ému. " Mon cher, mon grand ami, espérons. "
 (Hommage à L-F. Céline, La Revue célinienne, 1983).  

 

 

 

 

 

 

 * Aristide BRUANT (chansonnier, romancier 1851-1925) : " Figure montmartroise, il crée son propre cabaret en 1885 " Le Mirliton ". Homme de théâtre, spécialiste de l'argot, auteur d'un Dictionnaire français argot du XXe siècle (1901) - il est surtout connu pour ses chansons. Il se présente aux législatives en 1898 comme " socialiste, patriote et antisémite ", et ne fut pas élu. Céline, qui lui vouait une grande admiration, prétend avoir connu l'homme " un petit peu ", et définit son propre style en référence à l'argotier BRUANT : " ce que faisait BRUANT en couplets je le fais en simili prose et sur 700 pages. Si je devais appartenir à une lignée elle serait strictement française diantre !... Tallemant ?... BRUANT... peut-être ? " (Gaël Richard, Dictionnaire des personnages, Du Lérot 2008).

 " Je donnerais tous les Proust de la terre et d'une autre encore pour " Brigadier vous avez raison ", pour deux chansons d'Aristide ", écrira Céline dans Bagatelles. " Si vous rencontrez les Chansons d'Aristide Bruant je serais bien heureux de les avoir, elles me ravissent toujours. J'ai connu l'homme un petit peu ", écrira-t-il à Marie Canavaggia le 18 juin 1947. Et à Paraz le 10 septembre 1949 : " Ce que faisait Bruant en couplets je le fais en simili prose sur 700 pages... " Aucune communication savante n'a encore été publiée sur les rapports de Céline et Bruant. " Y soufflait quèqu'chose... on ne sait d'où/C'état ni du vent ni d'la bise/ça glissait entre l'col et l'cou/Et ça glaçait sous not'chemise ".

 Le chansonnier montmartrois, à la silhouette immortalisée par Toulouse-Lautrec, s'était présenté en 1898 aux élections législatives sous l'étiquette " républicain, socialiste, patriote et antisémite ". Sa profession de foi, affichée sur tous les murs de Belleville : " Tous les ennemis de la féodalité capitaliste et de la juiverie cosmopolite voteront pour le poète humanitaire, le glorieux chantre de Belleville. " Il ne fut pas élu. En 1923, il se produisit une dernière fois à l'Empire où le jeune Destouches a pu écouter ses chansons.
 (Eric Mazet, Céline avant Céline, Spécial Céline n°15, hiver 2014, p.33). 

 

 

 

 

 

 

 * Carla BRUNI (Carla,Gilberta Bruni Tedeschi, mannequin, auteur, compositrice, interprète, mariée au président de la République Nicolas Sarkozy) : Dans un livre consacré au couple présidentiel, on découvre qu'il y a quelques années : " Carla BRUNI rendit visite à Meudon chez Lucette Destouches en compagnie de son ami d'alors, Patrick Besson, et de François Gibault.
 (Carla et Nicolas, Ed. Scali 2008).

 * Philippe Vecchi, dans sa rubrique de l'Obs Télé de la semaine, nous rapporte les propos de Carla BRUNI (Sarkozy) parus dans VSD. L'épouse présidentielle y parlait de Louis-Ferdinand Céline. Elle indiquait que Céline " était dans la poésie " et comparable à Houellebecq, car ces deux là donnent " dans le romantisme et la douceur " au point d'aboutir à quelque chose de " presque intolérable de beauté. "
 (Lyon 6 sept. 2008, blog de Jean-Yves Sécheresse).

 * " Autre visiteur célèbre, qui prit le chemin du 25 ter, Mme Carla BRUNI - pas encore Sarkozy - qui se rend à Meudon dans la voiture du célèbre avocat pour dîner avec Lucette. François Gibault et quelques amis sont témoins de cette effusion : " Les deux femmes qui se sont jetées dans les bras l'une de l'autre, comme de vieilles amies, et ne se sont pas quittées de la soirée, jacassant comme des pies. "
 (Interview de J.F. Stévenin dans Télérama H.S. 2011, in David Alliot, Mme Céline, Tallandier, janvier 2018, p.327).

 

 

 

 

 

 * CABU (Jean Cabut dit CABU, caricaturiste, dessinateur de presse, auteur de bandes dessinées, né le 13 janvier 1938 assassiné le 7 janvier 2015 au journal Charlie-Hebdo) : le célinien peut légitimement se demander ce que vient faire un hommage au célèbre dessinateur dans son mensuel préféré. La réponse est simple ; à ma demande CABU a réalisé des caricatures de Céline, publiées dans deux de mes ouvrages. Le premier en 2006, dans mon Céline, la légende du siècle, le deuxième en 2011 dans mon Céline, idées reçues sur un auteur sulfureux.
  Lors de notre première rencontre, je lui explique quel genre de dessin je souhaite obtenir. Dans un premier temps CABU est dubitatif. Céline, ce n'est pas son auteur préféré. Certes, il avait lu naguère Voyage au bout de la nuit, et Mort à crédit, mais il était gêné par ses écrits antisémites et l'aspect ratiocineur du personnage. Mais comme CABU était tout sauf sectaire, il me questionna longuement sur le personnage, sa vie, ses romans, et me demanda de lui envoyer des textes. Au moment de partir, il me dit : " Repasse dans deux mois, je vais voir ce que je peux faire. "

  A l'entrevue suivante, il était en train de terminer le deuxième dessin : " Je t'en ai fait deux, comme ça tu choisiras le meilleur ". Tout en achevant son crobard, on évoqua Céline ensemble. CABU m'avoua avoir redécouvert avec beaucoup de plaisir " l'arrivée à New York " (ville qu'il adorait) dans Voyage, et qu'il avait été très ému par les premières lignes de la préface de Bezons à travers les âges :" C'était un poète ton Céline. A sa façon, certes, mais un poète quand même. "

 Il m'avoua également qu'il avait longuement hésité avant d'accepter de les faire : " Tu peux dire pourquoi un auteur qui écrit de si belles choses peut aussi vociférer des horreurs pareilles. " Et CABU de terminer le dessin : " Tu vas me faire virer du Canard avec des trucs pareils " me reprocha-t-il, avec un grand sourire et un clin d'œil. C'était ça CABU. "
 (David Alliot, BC n°371, février 2015).

 

 

 

 

 

 * Adry de CARBUCCIA (belle-fille du Préfet de Police de Paris Jean Chiappe, épouse d'Horace de Carbuccia, productrice de film, 1900-1994) : " Au milieu des diplomates en vestons noirs ou en uniformes de gala, l'arrivée d'Allemagne de Céline et de Gen Paul, vêtus comme des demi- clochards, ne passe pas inaperçue. Sous les lustres de cristal, on sert un excellent repas. Puis le ministre Schleier passe à l'attaque : pourquoi ne lit-on pas plus souvent d'articles du grand écrivain ? - Trêve de pommade, s'écrie brusquement Céline. J'ai fait de l'antisémitisme lorsque c'était mal vu... je retire mes billes. Le ministre s'étrangle à demi, évoque la politique grandiose du führer. Céline le coupe : Tout va de travers depuis que votre singe a clamecé. Nouveau sursaut de Schleier : " Vous insinuez que notre führer est mort ? - Je ne parle pas du ballot qui est en place, un bon à rien à ce qu'il semble. L'autre était un as, mais vous savez qu'il est dans la tombe depuis longtemps... Vous avez fait le mauvais choix avec ce bon à rien, ça va être la catastrophe.

  Plus personne ne mange ni ne boit. Céline baisse la voix pour une confidence : - Il veut quand même être agréable à ces gens qui l'ont bien nourri : Vas-y Gen Paul, fais leur voir ce que tu sais faire. Gen Paul sort de sa poche une petite moustache, la colle sous son nez, rabat une mèche sur son front, et se met à proférer des sons gutturaux. Bravo Gen, tu n'as jamais été meilleur... "
 (Du tango à Lily Marlène, Ed. France-Empire, avril 1987).

 

 

 

 

 

 * Frank CASTORF (metteur en scène allemand ) : " Quand il arrive en Allemagne, pays qu'il connaissait bien, il le scrute comme dans une vivisection. Il opère en quelque sorte le nerf à vif, et c'est très douloureux, pour tous ceux qui l'entourent mais aussi naturellement pour lui-même car lui aussi se fait bombarder, ou contrôler par les SS. Il en profite pour exprimer sa haine pathologique envers tous, dont Hitler qu'il détestait et qui était pour lui probablement pire que les Juifs ".
  Il se meut dans un environnement antisémite, qui n'est pas l'antisémitisme des nazis, mais beaucoup plus largement du racisme pur et simple, que partageaient beaucoup de gens à l'époque.

  Cela m'intéresse de voir comment on peut " opérer " sans scrupule comme le fait le docteur Destouches. Albert Döblin, médecin lui aussi, le critiquait en disant que Céline était un homme qui décrit les évènements du monde sans cœur et avec beaucoup de cynisme. On peut aussi faire référence à Dostoïevski lorsqu'il aborde la question de l'exil.
 Céline était un artiste dans une situation extrême, comme beaucoup d'écrivains dans les années 30-44, mais à la différence de beaucoup d'autres il s'est mis en scène et stylisé comme un marginal, et ce jusqu'à sa mort, de manière très consciente. Le principal but de mon travail est d'essayer de transposer de manière adéquate le roman biographique de cette Allemagne à feu et à sang, dans une adaptation pour le théâtre. Voilà ce qui m'intéresse. "
 (Présentation de Nord au festival d'Avignon, 6-8 juillet 2007, propos recueillis par J.F. Perrier, BC n°289).

 

 

 

 

 

 * Bernard CAVANNA (compositeur de musique) : " Entre 1995 et 2003, Ars Nova a joué une vingtaine de fois ma pièce Messe, un jour ordinaire, avec des ensembles vocaux professionnels mais aussi amateurs. Je voulais absolument créer A l'agité du bocal avec eux.
 
 
Comment vous est venue l'idée de mettre en musique A l'agité du bocal de Céline ?
 
  BC : J'avais au départ un peu de méfiance vis-à-vis de Céline, toujours très sulfureux. Je suis venu à ses écrits relativement tard, vers l'âge de 40 ans. Le premier texte que j'ai lu était A l'agité du bocal et j'ai ensuite lu pratiquement tous ses textes pour essayer de cerner le personnage, au-delà de son antisémitisme. J'ai choisi de transformer A l'agité du bocal en un style musical. Ce texte, qui est une réponse à Sartre accusant Céline d'avoir touché de l'argent des Allemands, est une suite d'invectives. Il me paraissait important que la douleur de Céline puisse transparaître, que cette œuvre ne se limite pas à être drôle ou violente. 

   Pour quel effectif avez-vous écrit ?

 BC : J'ai souhaité distribuer le texte à trois ténors : un léger, montant jusqu'au contre-ut, un presque verdien et un plus proche de la voix de baryton. J'utilise ces trois voix séparément ou simultanément, pour retrouver une certaine forme de démesure. L'ensemble comprend 18 musiciens, avec une couleur de foire, de cirque. J'utilise notamment deux cornemuses écossaises, un orgue de barbarie, un cor de chasse...
 (Propos recueillis par Antoine Pecqueur, Ars Nova, octobre 2012).

 

 

 

 

 

 

 * Erik CHARRIER (artiste peintre, Exposition " Des couleurs pour Mort à crédit ", 40 huiles sur toile du 19 mai au 11 juin 2016) : " Adolescent, je refusais de lire Céline. Pas faute d'y avoir été invité. Mon voisin, ami d'enfance devenu sympathisant du Gud, se montrait insistant, endoctrinant. Deux raisons suffisantes pour bouder l'écrivain. Je me devais d'ignorer ce personnage raciste et pourvoyeur de haine. A la trentaine, Jean-Pierre, mon pote libertaire-communiste, éclectique, curieux, chic type, prince de la tolérance et de la rigolade m'adjura : " Toi, tu dois lire ça. C'est, de loin, le meilleur du XXe ! "

  Alors j'ai lu. Une fois, puis deux. Alors j'ai ri, alors j'ai plongé dans le puits de lucidité du misanthrope de Courbevoie, du passage Choiseul, de la butte Montmartre, de Sigmaringen, de Klarskovgaard, de Meudon. Alors j'ai relu, trois fois puis quatre. De ces mots des images prenaient corps, de ses phrases, de ses halètements, de ses pleurs, ma terre (mon argile) s'est reformée, remodelée. Je vis depuis sur une planète mikado où se mêlent au génie, à la folie de Céline, les pinceaux, le cœur et les pleurs de l'observateur que je suis. "
 (Erik Charrier, http://charrier-celine.weebly.com/.)

 

 

 

 

 

 

 

 * Pierre CHENAL (Pierre Cohen, réalisateur de films, 1903-1990) : " Je déjeune en 1985, avec Pierre CHENAL. Il me raconte qu'il a lu le Voyage au bout de la nuit dès sa parution, en 1932. Son ami, le comédien Robert Le Vigan, un pote de Louis-Ferdinand, lui arrange un rendez-vous avec l'écrivain. CHENAL voit déjà le film, il bande à mort. Dès l'entrée, Céline gronde contre les " youpins qui tiennent tout, y compris le cinéma français " (ça annonce France la Doulce de Paul Morand, Gallimard, 1934). CHENAL la ferme.

  Puis Céline désigne du doigt son propre nez. Moi, CHENAL, les youtres, je les renifle. Et de loin, j'ai le pif pour ça. CHENAL explose : " Céline, je m'appelle Cohen et je t'emmerde ". Il s'est levé et on n'en a plus parlé, du film.
 (Emile Brami, Céline et le cinéma, Les tentatives d'adaptation, Etudes céliniennes n°4, 2009)

 

 

 

 

 

 

 * Louis CHERVIN (peintre de la Marine, montmartrois, 1905-1969) : " A Montmartre il connaît tout le monde. Il fréquente particulièrement Gen Paul et André Utter, le mari de Suzanne Valadon, mais aussi Le Vigan, Marcel Aymé et Céline qu'il a probablement rencontré chez Gen Paul. Louis-Ferdinand Céline a donné à CHERVIN le surnom de Chaunard, comme le Schaunard des Scènes de la vie de Bohème. C'est sous ce nom de Chaunard, mais aussi de Blérois, que CHERVIN apparaît dans la version B de Féerie pour une autre fois, texte préparatoire au livre publié en 1952.

 Céline écrit dans cet ouvrage que chez Blérois/CHERVIN, " toute la France y monte, l'étranger aussi... ça les attire la Maison rose (où CHERVIN habite avec sa femme, sa mère et son frère)... c'est comme un bonbon pour les mouches... ils arrivent là-dessus par ribambelles, caravanes, cousins, cousines, grand-mères, touristes, des huit points de l'horizon... Blérois les attend, il leur refile ses aquarelles... Ils repartent heureux. Il travaille pas mal Blérois, enfin dans son genre, dans le vif, troussé, pittoresque... y a de la couleur, du tour de main, ça égaye une salle-à-manger... ça peut s'offrir, c'est frais à l'œil, c'est une fleur qui dure en somme, en forme de souvenir... "
 (André Galland, BC n°224, oct. 2001).

 

 

 

 

 

 * Maurice CHEVALIER (né Maurice Auguste Chevalier, chanteur, acteur, écrivain, parolier, danseur, imitateur et comique français, 1888-1972) : " Le 24 mars 1930, 65 rue Réaumur, est inauguré le dispensaire Maurice CHEVALIER, créé avec les fonds recueillis par l'artiste en Amérique. Céline dédicacera un exemplaire de Voyage à Maurice CHEVALIER, " notre compagnon de route, bien amicalement ". La Madelon de Voyage doit-elle son prénom au succès de la chanson interprétée en 1918 par le chanteur ? Maurice CHEVALIER avait fait la campagne de 1914 au 31e régiment d'infanterie et avait été grièvement blessé.

 Pendant l'Occupation allemande, maréchaliste au départ, il vivra avec Nita Raya et protègera les parents de celle-ci, chantera une fois en Allemagne dans le stalag où il avait été retenu prisonnier en 14, ce qui poussa Pierre Dac à l'accuser de collaboration et lui valut d'être condamné à mort par le journal Life Certaines chansons prêtaient à confusion, comme Ca sent si bon la France et La Chanson du maçon. A la Libération, il sera défendu par le Parti communiste et par Aragon lui-même. En 1946, il commencera la publication de ses mémoires sous le titre Ma route, mes chansons. "
 (Eric Mazet, Spécial Céline N° 15, Céline en son temps 1930, p.12).

* Maurice CHEVALIER débarque aussi en rade de Tunis avec Nita Raya pour présenter leur tour de chant dans un cinéma-music-hall. (...) La conversation s'aiguille sur la littérature. On parle de Céline. CHEVALIER, comme il dit lui-même, " n'a pas beaucoup d'éducation ", mais en revanche, il a de la finesse et de l'intuition. La verve célinienne l'épate ; il dit des choses justes et pertinentes sur l'impression de rogne que donne tout d'un coup l'auteur du Voyage au bout de la nuit. " On sent qu'il serre les mâchoires, qu'il s'emballe et qu'il ne s'arrêtera plus. La compagnie est divisée sur ce sujet. En général les femmes réprouvent le langage de cet écrivain et poussent des cris effarouchés.

 Mais Maurice ne se laisse pas impressionner par les arguments adverses. S'il s'agissait de Proust, passe encore. Mais la verve populaire, l'argot usuel ou imaginaire, ça le connaît. Il est de la partie et il défend très bien son opinion contre les assauts féminins.
 (Céline dans Candide 1937-1944, La ville, Maurice Chevalier déjeune chez Annibal, 10 mars 1938).

 

 

 

 

 

 

 * José CORREA (peintre, illustrateur et écrivain français) : " Mes premières lectures après la BD : Camus, cette lumière d'Afrique du Nord qu'il me semblait reconnaître. Puis Giono, Miller, Vian, Poe, Beckett... Epoque où je lisais goulûment. Céline n'était pas présent dans mon entourage. Son nom sonnait vieux, pour les vieux... Un truc sur la guerre, encore... La couve d'un Livre de Poche. Reconnu au premier coup d'œil, un dessin de Fontanarosa. La même patte que celle pour L'Etranger de Camus. Mélancolie noire qui en disait plus qu'une simple illustration pour livre de poche. Céline : Voyage au bout de la nuit. Evidemment troublé par cette lecture. Pas saisi sur l'instant l'énorme de l'œuvre. Au premier regard, les mots, les phrases ne s'enfilaient pas comme ce que je connaissais déjà. Sans vouloir déchiffrer, je m'attardais sur l'esthétique de chaque page. Comme la visite d'un musée. Profiter de chaque œuvre. Tout était différent : les espaces, le rythme, une vraie partition. Beau comme une partition.

  Et je ne sais pas lire la musique. La France en plein. Celle où j'avais débarqué ma valise pleine de soleil. L'atmosphère de ces familles glauques que j'avais ressentie quelques années plus tôt à l'écoute de Ces gens-là, la chanson de Brel Tout y était. Aucune lumière, aucune illusion. Ca se bouscule. Le tumulte jusque dans ses silences. Avec des VZZZ ! des BROUM ! dans des bulles BD. Violence d'un enfant qui raconte sa guerre. Au fil des lectures se dessinait un homme assis. Sentinelle qui voyait venir de loin avec une conscience aiguë de l'humanité. Malin, geignard, révolté toujours. Mais assis... "
 (Spécial Céline, février-mars-avril 2013, propos recueillis par E. Cian-Grangé, in D'un lecteur l'autre, Krisis, 2019, p. 251).

 

 

 

 

 

 

 * Jean COSMOS (de son vrai nom Jean Gaudrat, scénariste, adaptateur de pièces de théâtre, écrivain) : " Sont inadaptables, à mon avis, les œuvres littéraires très achevées. Proust, c'est pas très facile. Céline, je ne vois pas comment c'est possible. Ou alors, il faut que Godard s'en empare. Mais comme sa propre grammaire, ses propres tics, l'emporteront dans la matière cinématographique sur ceux de Céline, on verra du Godard.

 Céline, il fait vraiment partie des gens dont je pense que le cinéma ne peut leur rendre qu'un seul service : projeter aux entractes des cartons " Lisez Céline " . Mais pas l'adapter ".
 (Première, novembre 1996, Année Céline 1996, Du Lérot).

 

 

 

 

 

 

 * Elizabeth CRAIG (la dédicataire du Voyage) : " Il y a près de soixante dix ans, elle a vécu une passion exceptionnelle avec un homme qui privé de sa présence et de sa grâce, n'aurait peut-être pas écrit le Voyage et réduit à l'insignifiance  d'immenses pans de la littérature contemporaine (ce qu'on lui pardonne encore moins que sa prétendue collaboration ou " intelligence avec l'ennemi ").

  Quelle femme, cette Elizabeth CRAIG ! Quel magnétisme. Elle a été toutes les femmes dont Céline parle et qu'elle n'aime pas... Avec quelque chose en plus. Elle a été Lola, elle a été Molly, et toutes les autres. Aujourd'hui elle a quelque chose de la mère Henrouille, même vitalité, même optimisme, même mépris de la mort... 53 ans plus tard, à 86 ans Elizabeth CRAIG reste encore intensément liée à la littérature moderne, elle demeure le témoin du mécanisme de la création littéraire chez Céline. "
 
(Jean Monnier, Elizabeth Craig raconte Céline, BLFC, 1988)

 

 

 

 

 

 

 

 * Bernard CUPILLARD : " En novembre le comédien Bernard CUPILLARD a donné une lecture de Casse-pipe à Givors, à l'Auditorium de la Médiathèque municipale Max-Pol Fouchet.
  La presse en a écrit ceci : " Pendant une heure trente l'acteur a réussi à faire vivre sous nos yeux le " 17ème régiment de cavalerie lourde ", nous restituant à merveille cette langue très forte qui dépeint la guerre dans ce qu'elle a de physique, de violent et d'absurde.

 Le public a tout simplement été subjugué par cette lecture qui témoignait d'une intelligence rare du texte. "
 (Le Dauphiné libéré, 5 décembre 1993).

 

 

 

 

 

 

 * DALIDA (Yolanda Cristina Gigliotti dite DALIDA, 1933-1987, chanteuse et actrice française) : " Si l'immeuble de la rue Lepic est encore debout, l'appartement dans lequel Céline a écrit Voyage au bout de la nuit et quelques autres ouvrages n'existe plus en tant que tel. Selon Laurent Simon, il aurait été fusionné avec celui du quatrième étage et l'ensemble racheté par... DALIDA, qui vécut dans ce vaste duplex dont une entrée privative donnait sur le 11 bis, rue d'Orchampt.

  Si ce détail est à vérifier, cet étrange télescopage artistique entre le plus grand écrivain du XXe siècle et la mythique chanteuse des années 1970-1980, ne laisse pas indifférent.
 (David Alliot, Le Paris de Céline, Editions Alexandrines, janvier 2017, p.118).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Rodolphe DANA (comédien et metteur en scène coauteur en 2002 du collectif Les Possédés) : " C'est avant tout la découverte d'un style qui m'a profondément marqué, jeune lecteur. Je ne pensais pas qu'on avait le droit d'écrire comme ça, avec cette brutalité là... [...] Il écrit à un moment où la littérature française ronronne. Après lui, plus rien ne sera pareil. [...] Céline, c'est quelqu'un qui a écrit ce qu'il a vécu, tout se confond dans son écriture, le fond et la forme, ce qui fait que quand je lis son œuvre, j'ai envie de la lire à haute voix. C'est ça aussi qui m'a plu, ce n'est pas une écriture qui s'apitoie.

 C'est l'écriture d'un homme qui est en révolte contre la manipulation de cette Première Guerre mondiale, d'un homme qui découvre l'exploitation, l'esclavage en Afrique, la naissance de l'industrialisation à New York, du travail à la chaîne... Il est cet enfant innocent plongé dans un monde coupable et qui essaie de se débattre avec ça. "
 (Julie HO HOA, La Montagne, 10 mars 2014, in Rétrospective du Petit Célinien 2014).

 

 

 

 

 

 

* Jean-Gabriel DARAGNES (peintre, illustrateur, imprimeur, 1886-1950) : " Il n'y a pas de place dans notre société pour ceux qui  ne veulent pas jouer au jeu que notre civilisation nous impose. C'est pourquoi Céline, qui n'a pas voulu et ne veut pas prendre place dans ce concert absurde s'est heurté à une justice qui rebondit sur un dossier vide, mais ne veut pas tolérer tant d'indépendance.

 Il est certain qu'un des plus grands écrivains actuels, peut-être le plus grand depuis Proust est menacé dans sa santé, dans sa vie, dans son œuvre pour avoir été en rébellion contre une époque qui ne tolère pas la liberté de penser. Quels remords pour ceux qui auront frappé un homme accablé sous les plus abominables menaces.
 (Le Libertaire, 27 janvier 1950).

 

 

 

 

 

 

 

 * Marcel DELANNOY (compositeur, symphonie, ballet, opéra-comique, opérette, concerto, chant, musique de film, 1898-1962) : " Mon cher DELANNOY, / Ne pourriez-vous pas une bonne fois pour toutes penser français en même temps que musique ? et laisser Stravinski aux juifs et les moujicks nom de dieu ! et tant pis pour vous ! / C'est à vous d'en avoir ! Dépêchez-vous ! / Bien cord / LF Céline  /

  Quand aurez-vous les tripes racistes ? Délarbinisez-vous, foutre ! / Préparez-vous un concerto pour Litvinoff ?
 (1938-1941), l'emportement verbal et la thématique obsessionnelle, typiques de l'époque de L'Ecole des cadavres et des années qui ont suivi, nous permettent de proposer cette datation approchée, Année Céline 1998).

 

 

 


 

 

 

 * Stanislas de la TOUSCHE (acteur, comédien) : " Le président Sarkozy n'était pas là. Pas plus que son ministre de la culture Frédéric Mitterrand. Mais faute de commémoration officielle, une soixantaine de " céliniens " ont tenu à participer à une cérémonie officieuse sur la tombe de Louis-Ferdinand Céline, au cimetière de Meudon, en ce 1er juillet 2011, cinquantième anniversaire de la disparition de l'auteur de Voyage au bout de la nuit.
  A la sortie du cimetière, quelques proches se sont retrouvés dans le jardin du 25ter, route des Gardes, le pavillon où Céline vécut les dix dernières années de sa vie et où réside toujours Lucette. A travers la vitre de ce qui fut jadis le bureau du génial romancier, on devine, dans une grande cage, un perroquet, Toto (qui a succédé au célèbre Toto évoqué par Céline dans ses derniers livres).

  Et puis soudain, alors que chacun bavarde une coupe de champagne à la main, monte du jardin la silhouette de... Céline ! Même coiffure, même gibecière en bandoulière, même traits émaciés. L'assistance est saisie. L'homme s'approche : " Bonjour, Stanislas de la Tousche, je suis comédien, je vais présenter un spectacle autour de Louis-Ferdinand Céline à Avignon, en juillet. "
 Nous aurons donc vu le fantôme de Louis Destouches à Meudon. Cela vaut toutes les commémorations officielles. "
 (Jérôme Dupuis, L'Express, 1er juillet 2011, à 16h).  

 

 

 

 

 

 

 * Lucienne DELFORGE (pianiste internationale, écrivain, 1909-1987) : " Lucienne DELFORGE était au centre de toutes les manifestations mondaines. Pianiste, mais aussi nageuse, escrimeuse, ancien capitaine d'une équipe de basket-ball, critique musicale, conférencière, écrivain, cette femme avait toujours été d'une activité prodigieuse. "
 (François Gibault, Céline, Cavalier de l'Apocalypse, 1981).

 * Dans son " Céline, le voyeur voyant ", Buchet-Chastel, 1973, Erika Ostrovsky a tracé un parallèle entre Lucienne et la Nora de Mort à crédit : " Même Lucienne, aux mains magiques, aussi douée sur le clavier que sur les pics montagneux (...) perfection de l'art et la grâce du corps et dont le portrait (bien que prénommée Nora) illuminerait le sombre manuscrit qu'il écrivait alors : " Ils étaient terribles ces doigts... Nora, elle jouait toujours son piano en nous attendant... Elle chantait même un petit peu... à mi-voix... Elle s'accompagnait... un murmure... une petite romance... On attendait qu'elle interrompe, qu'elle chante plus du tout, qu'elle ferme son clavier... "
 (BC, n°249, janvier 2004).

 

 

 

 

 

 

 * Gérard DEPARDIEU (comédien) : " C'est Michel Audiard qui a redonné sa chance à Jean Carmet. C'était en 1969 ou 1970. Audiard, ça ne pouvait pas mieux tomber pour lui. Ils étaient de la même race. Eux partis, c'est une certaine France qui disparaît, à mi-chemin des photos de Doisneau et des romans de Céline. "
 (Paris-Match, 5 mai, 1994).

 * Vos auteurs préférés ?
 Céline et Marcel Aymé. Je pense qu'ils représentent l'esprit de tous les Français. Ce que l'on n'ose pas dire. L'écriture de Céline, c'est la ponctuation.Ça s'écoute, c'est de l'oreille. Ce qui m'intéresse dans le cinéma, c'est que je ne décide de rien. Je ne sais pas comment on va réagir avant et après l'action. L'acteur qui est dans la lumière attaque toujours trop tôt. Moi, d'abord, je sens, renifle. J'attends les silences pour intervenir. "
 (Extrait d'interview par Anthony Palou, Le Figaro, 28/03/2011).

 

 

 

 

 

 

 * Franck DESMEDT (comédien, directeur de théâtre et metteur en scène, nominé Molière en 2016, Molière du meilleur second rôle en 2018) : " L'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches... " Chef-d'œuvre de fulgurances, le voyage est une véritable dissection sans concession de l'âme humaine ; une recherche absolue de la vérité faite de chair, de miasmes et de sang.

 Descendre dans l'âme. Descendre toujours plus bas, toujours plus profondément pour que, dans le noir absolu, surgisse une lumière, douce, pénétrante, inattendue... Voilà le pari de cette mise en scène. "
 
   En dépit de tous ces obstacles, Franck DESMEDT l'a fait ! Amoureux de Céline, il a lu et relu sa prose rageuse et tragique pour en extraire un suc aussi noir que brillant. L'espace d'une heure sur la scène du théâtre de la Huchette.
 (Théâtre de la Huchette, Voyage au bout de la nuit, Syma News, sept. 2018).

 

 

 

 

 

 

 * Lorant DEUTSCH (de son vrai nom Laszlo Matekovics, acteur et écrivain) : " Dans un livre à paraître le 3 septembre prochain, Patrick Buisson et Lorant DEUTSCH nous ferons revivre le Paris de Louis-Ferdinand Céline. Classé en catégorie " beaux livres " l'ouvrage retracera, selon l'éditeur Albin Michel, " les parcours insolites d'un des plus grands écrivains du XXe siècle. Des images rares ou inédites, des vues contemporaines, des anecdotes surprenantes et des citations choisies font revivre tout un Paris disparu, ses figures, ses décors, ses personnages et son langage. "
 Infatigable arpenteur de la ville lumière, passager clandestin de ses mondes souterrains, Céline est un romancier de la modernité urbaine.

 Cet album part à la découverte de " son " Paris : au Passage Choiseul, la Belle époque s'offre en spectacle au jeune Louis-Ferdinand... A Clichy, la banlieue " paillasson " aux portes de la capitale, le docteur Destouches fait son premier voyage au bout de la misère... A Montmartre, poulbots, peintres, écrivains et comédiens sont le théâtre d'inspiration de Céline...
 A Meudon enfin, l'écrivain maudit se retranche à la villa Maïtou avec son perroquet et ses chiens, tel un clochard misanthrope. Le DVD (Paris Céline) à l'origine de ce livre était sorti en avril dernier. Après Métronome, Lorant DEUTSCH remet ça avec cette fois une autre vision de la ville lumière, celle de Céline. De quoi faire à nouveau rugir les élus du Parti de Gauche ?
 (Christophe Lings, Le Bréviaire des Patriotes, 18 juin 2012).

 

 

 

 

 

 

 

* Jacques DEVAL (dramaturge et scénariste 1895-1972) : " La rumeur courait depuis des décennies Louis-Ferdinand Céline aurait joué dans un film de l'entre-deux guerre. Mais les recherches étaient restées vaines. Jusqu'à ces derniers jours, où, tard au Cinéma de Minuit sur France 3, un célinien physionomiste croit identifier l'auteur du Voyage au bout de la nuit dans Tovaritch un film de Jacques DEVAL sorti en 1935. Identification confirmée par Marc Laudelout : c'est bien Céline qui apparaît quelques secondes dans l'une des premières scènes du film où on le voit sortir d'une épicerie.

 Jacques DEVAL, célèbre auteur de théâtre des années trente, un temps installé aux USA était un grand ami de Céline, lequel habitera chez lui à Beverly Hills en 1934, à l'époque où il tentait de faire adapter le Voyage par Hollywood. Cette apparition à l'écran est donc un clin d'œil amical. "
 (BC n°316, février 2010).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Léa DRUCKER (actrice française) : " Je ne suis pas une menteuse, mais je dissimule. Si, il y a une chose sur laquelle je mens : quand on parle d'un livre que je n'ai pas lu, je fais semblant. Ça vient d'un complexe lié au fait de ne pas avoir fait beaucoup d'études. pendant des années j'ai prétendu avoir lu Voyage au bout de la nuit.

 Lorsque je l'ai finalement fait, ça été pour moi un évènement majeur. Mais je me souviens de moi, dans des dîners : " Ah oui, Voyage au bout de la nuit ! "
 (Léa Drucker, Marie Claire, 7 février 2018, dans Spécial Céline n°28, avril-mai-juin 2018).

 

 

 

 


 

 

 * Jean DUBUFFET (peintre, sculpteur et plasticien 1901-1985) : " Je ne sais si Céline ressent ou non de la méfiance pour les juifs et de l'estime pour les Allemands (il ne serait pas le seul) ni si de telles opinions se trouvent dans ses écrits - ses très admirables écrits - clairement énoncées. Je voudrais qu'on ait, dans notre pays, quand on éprouve de la méfiance ou de l'estime pour qui que ce soit, le droit de le dire. Céline est un des plus merveilleux poètes de notre temps. L'exil très pénible auquel l'ont obligé depuis tant d'années des factions françaises est tout à fait affligeant. Il faut y mettre fin. Il faut l'absoudre complètement, lui ouvrir grands tous les bras, l'honorer et le fêter comme un de nos plus grands artistes et un des plus fiers et incorruptibles types de chez nous. Nous n'en avons plus tant. "
 (Le Libertaire, 20 janvier 1950, Année Céline 1992).

 * " Je tiens Céline pour un génial inventeur, un poète... d'ampleur considérable, pas seulement à mes yeux le plus important de notre temps, mais de plusieurs siècles qui forment les temps modernes, une des plus grandes charnières de l'histoire de l'écrire. "
 (Cahiers de l'Herne n° 5, 1965).

 

 

 

 

 

 

 

 * André DUNAND : " André DUNAND, qui n'a pas vocation littéraire, ne s'y est pas trompé, en cherchant l'émotion avant tout : le Voyage est poème autant qu'épopée où l'on pleure et  l'on rit comme au cinéma, où la poésie ne s'oppose au réel mais chante la vie de tous les jours. L'émotion n'est pas un sentiment mièvre pour Céline, mais ce qui nous transporte au cœur même de la vie. L'ultime étape du pèlerinage de DUNAND est New York, cette ville " raide à faire peur " comme le pratique, l'or, la logique.

 Le spectacle s'achève sur l'évocation de la tendre Molly, et André DUNAND a le bon goût de ne pas parler à sa place, laissant le spectacle libre d'imaginer la voix de ce rare idéal féminin : " La vie vous force à rester beaucoup trop souvent avec des fantômes. Pour la quitter il m'a fallu certes bien de la folie et d'une sale et froide espèce. " Comment mieux exprimer que Céline était de ces hommes pour qui vivre sans misère constitue une trahison, pour qui les hommes ont plus la couleur de leurs songes que de leurs idées ? "
 (Eric Mazet, l'Extraordinaire épopée de Louis-Ferdinand Bardamu, Le Roseau Théâtre, 27 février au 5 mai 1990).

 

 

 

 

 

 

 

 * Pierrette DUPOYET : Pierrette DUPOYET a su éviter les écueils. Elle nous explique - en femme, en mère - l'erreur des hommes, avec émotion, conviction. Voix dramatique, voix pathétique, elle communique espérance et désespoir. Seule face au monde elle devient Semmelweis cherchant à démasquer la mort. Pierrette DUPOYET danse la ronde infinie de la mise au monde. Extrême pudeur, énorme présence. Quelle trouvaille que ce cordon ombilical qui n'en finit pas de sortir de son ventre !

 En donnant une voix et des gestes aux mots, Pierrette DUPOYET sut faire partager l'admiration de Céline pour l'intuition de Semmelweis. Et les applaudissements enthousiastes nous le prouvèrent après la conclusion dite par Daniel Ivernel : " Demain l'audace bruyante, vite épuisée, ne sera plus d'aucun prix, il faudra pour être vraiment fort respecter la vie, et c'est, en réalité, le propre des femmes qui anticipent dans le monde actuel les destinées de l'avenir. " Leçon qui n'avait pas été oubliée. " La femme est l'avenir de l'homme... "
 (Eric Mazet, Semmelweis, Avignon, 1991).

 

 

 

 

 

 

 

 * Jacques DUTRONC : " Ma première grande découverte a été Céline, Mort à crédit et Voyage au bout de la nuit, mais aujourd'hui encore, je suis incapable d'expliquer mon engouement pour ces livres. "
 
(Lire, janvier 1984).

 * J'ai découvert Céline avec Voyage au bout de la nuit ou Mort à crédit, je ne me souviens plus. Je l'ai lu pour la première fois à Saint-Cast, en Bretagne. Un mec m'avait filé ça à lire, parce que je ne lisais pas grand-chose. Alors lorsqu'on ne lit pas grand-chose, justement, ça rentre dans la gueule. La ponctuation, déjà... Et par la suite, sa femme danseuse, Lucette m'a écrit. Elle m'envoyait régulièrement des cartes postales pour me dire que j'étais le seul acteur capable de jouer son mari si un jour un film se faisait.

 Je ne l'ai jamais rencontrée, je ne suis jamais allé à Meudon ! Plus tard, elle ne pouvait plus écrire, donc c'était ses copines, qui devaient avoir 90 ans, qui rédigeaient ses lettres pour elle. J'étais très flatté, mais rien ne s'est fait. Je ne vois d'ailleurs pas trop comment il serait possible d'adapter un livre de Céline au cinéma.
 (Le Figaro-Magazine, vendredi 17 et samedi 18 novembre 2023)).

 

 

 

 

 

 

 

 * Pierre DUVERGER (photographe, acteur, éditeur, 1920-1992) : " On doit à ce grand professionnel les plus belles photographies couleur de Céline. " Je l'ai rencontré j'avais une vingtaine d'année, en 1943, au marché aux poissons de St-Malo. Requis, la même année pour le STO, c'est grâce à Céline que j'y échappa. En quelques jours, j'avais des papiers tout ce qu'il y a en règle qui me permirent de rester à Montmartre jusqu'à l'arrivée des alliés. Je lui dois une grande reconnaissance mais je ne suis pas le seul. "

 L'homme était courageux et ferme dans ses convictions : il raconte les propos tenus par Céline, dans sa cuisine, à Meudon, alors qu'il l'aidait à éplucher des pommes de terre : " Dans quelques générations, la France sera complètement métissée, et nos mots ne voudront plus rien dire. Que ça plaise ou non, l'homme blanc est mort à Stalingrad. "
 (Photo Duverger, BC janvier 2004).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Julien DUVIVIER (réalisateur, scénariste et producteur français des plus importants, 1896-1967) : " Nous apprenons sans enthousiasme que le Voyage au bout de la nuit, de Céline serait porté à l'écran. Il semble bien même que la chose ne fasse plus de doute. Alors qu'il se rendait à New York, au mois de juillet dernier, Céline faisait à bord du Champlain, la connaissance de Julien DUVIVIER.

 Celui qui mit en scène Poil de Carotte et Céline sympathisèrent. DUVIVIER prit aussitôt une option et intéressa un groupe de financiers à l'affaire. Dès qu'il aura terminé la réalisation de Maria Chapdelaine, Julien DUVIVIER tournera le Voyage au bout de la nuit. "
 (Gazette de Lausanne, 24 septembre 1934, journal des débats politiques et littéraires, in site d'Henri Thyssens sur R. Denoël).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Leny ESCUDERO (auteur, chanteur, compositeur, interprète) : " Céline a écrit des livres ignobles, mais Mort à crédit et le Voyage, ça a été un choc. "
  (Libération, 21 avril, 1994).

 * Moi, quand j'ai lu Céline, c'était quelqu'un qui écrivait comme je hurlais dedans. Ça a été un éblouissement dans ma vie, Céline. "
  (Itinéraire, Autoportrait, 2007, E. Mazet, Spécial Céline n° 7).

 

 

 

 

 

 

 

 * Françoise FABIAN (comédienne, artiste, de son vrai nom Michèle Cortes de Leon Fabienera) : " Pendant les répétitions du " Pirate ", je me suis liée d'amitié avec ma partenaire Judith Magre, qui m'apprit qu'elle faisait du yoga chez Lili, l'épouse de Céline à Meudon. Piquée par la curiosité, je décidai de l'accompagner... J'avouai à Céline que je n'avais pas lu ses livres. - Ça viendra, disait-il. Vous êtes un peu jeune. Les livres c'est comme les histoires d'amour. Il y a des âges pour certains amours et des âges pour d'autres. J'ai souvent remarqué que les gens intelligents savent écouter les autres. Ce sont les imbéciles qui sont inattentifs.
  Céline m'écoutait et m'interrogeait parfois. Je lui racontais mes rencontres, mes amours et mes découvertes. Nous buvions du café au lait. Des fils tendus nous servaient à accrocher avec des pinces à linge les dernières pages qu'il avait écrites.

 Je suis allée une dizaine de fois chez lui. Il m'a dédicacé Nord. Un après-midi, nous avons pris un train qui allait de Meudon à Clamart, ou à Sèvres, puis un autobus jusqu'à Paris. Le Dr Destouches allait rendre visite à un ami à Montmartre. J'ai fait tout le voyage avec lui. Il avait la tête des photos, un visage buriné et pensif, une dégaine de SDF. Il était parti en pantoufles, vêtu d'un pull-over troué, avec une ficelle en guise de ceinture et un stéthoscope pendu à son cou. "
 (In Le Temps et rien d'autre, Ed. Fayard, 2006, Télérama Hors-série, 2011).

 

 

 

 

 

 * Léo FERRE (auteur-compositeur-interprète, pianiste et poète, 1916-1993) : " Le  voyage, c'est extraordinaire ! Ca a été un gros choc ! j'y ai pris un plaisir inouï, parce que c'était la première fois qu'on pouvait lire des phrases pareilles, des mots aussi bien agencés. J'avais seize ans, j'étais en deuxième et j'avais un ami qui a beaucoup fait pour moi, parce qu'il était plus âgé que moi d'une dizaine d'années. Il me parlait de tas de choses, et il m'avait dit, dès sa parution : " Léo lis ça, c'est le bouquin ! "

 J'ai acheté ça et puis je l'ai pris avec moi. Je me rappelle, je l'ai lu à la messe, en coupant les pages, et en le mettant dans le livre de messe ! Parce que sinon, je ne pouvais pas le lire !... un livre comme ça on ne me l'aurait jamais laissé lire. C'est le chef d'œuvre de la littérature du 20ème siècle... "
 (Dans Vous savez qui je suis, maintenant ?, recueil d'entretiens publié par La Mémoire et la mer, 20 février 2010).
 

 

 

 

 

 

 * Luc FOURNOL (photographe, 1931-2007) : " Quand je me suis lancé dans une carrière de photographe professionnel, c'est mon ami Arletty qui m'a aidé à mes débuts. Un jour, elle me propose - avec son inimitable accent des faubourgs - de l'accompagner chez Céline : " Viens avec moi on va voir Ferdine à Meudon, tu pourras l'photographier. " J'étais pour le moins dubitatif.

 En 1958, Céline sentait encore le soufre... Comme tout le monde (ou presque), j'avais lu Voyage au bout de la nuit que je trouvais formidable, mais à l'époque, et pour l'opinion publique, il restait l'auteur de Bagatelles pour un massacre... Pour un photographe de stars, franchement, il y avait beaucoup mieux que Céline ! "
 (Propos recueillis par David Alliot, 13 janvier 2006).

 * En octobre et novembre, Luc FOURNOL, qui fut durant trente-deux ans photographe à Jours de France, exposa à la Galerie Laurent Teillet-Laurent de Puybaudet Paris), quelques clichés de célébrités dont Céline et Arletty qu'il photographia en 1958 à Meudon. " Céline, c'était un type tellement introverti, que, seule, Arletty arrivait à le dérider. Il suffisait de les réunir... "
 (BC n° 89, janvier 1990).

 

 


 

 

 

 

 * Igor FUTTURER (comédien, metteur en scène) : " Et en y réfléchissant, bingo !, j'ai compris immédiatement qu'il n'y avait qu'un texte qui correspondait à mon état du moment et qui se prêtait à cet exercice : c'était Entretiens avec le professeur Y de Louis-Ferdinand Céline. Pour le retour en arrière d'une langue retranscrite de l'oral à l'écrit et qui repasse à l'oral je passe la main aux comédiens car la tâche est ardue.

 J'ai une passion pour Céline par rapport à l'écriture dont j'ai fait une lecture " panachée ". J'ai voyagé en fait dans l'œuvre de Céline, de Voyage au bout de la nuit aux Entretiens puis à Nord à Mort à crédit sans tenir compte de la chronologie. C'est une œuvre forte au niveau de style, ce qui, pour moi, est capital. Un style que l'on retrouve chez Michel Audiard, chez Frédéric Dard, chez Alphonse Boudard et tant d'autres qui l'ont transcrite d'une façon plus perverse et moins honnête. [...] Je pense que la façon que j'ai retenue, amener sur le métro, embrasse la pensée célinienne et je pense avoir trouvé le système de convergence par rapport à ce qui est l'idée du regard social de Céline dans sa technique de captation de l'oral et sa volonté de retranscription stylistique sur l'écrit. "
 (Théâtre Clavel, La Nord-Sud, d'après Entretiens avec le professeur Y, BC n°309, juin 2009).

 

 

 

 

 

 

 

 * Jean GABIN (Jean-Alexis-Gabin Moncorgé, acteur, 1904-1976) : " En 1967, Michel Audiard profita de ses retrouvailles avec Jean GABIN (NDLR : scénario et dialogues du film Le Pacha de Georges Lautner) pour lui reparler de son cheval de bataille : Céline.

 Cette fois, plus question de s'attaquer au Voyage au bout de la nuit, puisque ses précédents élans s'étaient englués dans la déconfiture, mais Mort à crédit, ce qui n'était pas beaucoup plus aisé. L'acteur donna son accord de principe, sachant que cela aiderait à trouver le financement. "
 (Philippe Durant, Michel Audiard, la vie d'un expert, 2001).

 

 

 

 

 

 

 * Abel GANCE (réalisateur, scénariste et producteur de cinéma, né Abel Eugène Alexandre Perthon, 1889-1981) : " Une autre grande œuvre littéraire convoitée depuis longtemps par les cinéastes mais jamais portée à l'écran est le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline. Michel Audiard, Rémo Forlani, Sergio Léone s'y sont intéressés tour à tour sans parvenir à convaincre un producteur, et surtout Madame Lucette Almanzor, la veuve de l'écrivain.

 Dès la parution du livre, en 1932, un projet avait failli voir le jour, celui d'Abel GANCE. Enthousiaste, Céline avait écrit lui-même l'adaptation. Celle-ci existerait toujours mais serait la propriété d'un particulier qui en a hérité et ne veut pas s'en défaire. Comme beaucoup d'autres, ce projet d'Abel GANCE ne vit jamais le jour faute de trouver un financement. Faute aussi de trouver l'équivalent visuel de ce que Céline appelait son " gros tambour mortuaire " : une musique, une émotion... "
 (Présent, 24 février 1984).

 

 

 

 

 

 

 

 * GEN PAUL (Eugène Paul, dit Gen Paul, peintre expressionniste, 1895-1975) : " Popol c'est un vieux Montmartrois, il est pas venu de sa Corrèze, pour découvrir le maquis. Il a été préconçu dans les jardins de la Galette, un soir de 14 juillet, c'est le Montmartre " de ses moins de neuf mois ". Alors c'est un " pur de pur ". Je sais qu'il aime bien le bourgueil, je lui en monte un petit flacon, question de le mettre en bonne humeur. Je veux qu'il me cause ! Il est peintre, c'est tout vous dire, au coin  de l'impasse Girardon.

 Il barbouille quand il pleut pas trop, quand il pleut trop, ça devient trop sombre dans son atelier. Quand il fait beau par exemple, on est alors bien mieux dehors, sur le banc de l'avenue Junot à regarder les petits oiseaux, les petits arbres comment qu'ils poussent, qu'ils se dépêchent pour pas crever du mazout. On prend le soleil comme des vieux piafs. "
 (Bagatelles pour un massacre, p. 56).

 


 

 

 

 

 

* Francis GIACOBETTI (photographe) : " Les premières photos que j'ai faites dans ma vie étaient des photos des personnages de ce siècle.

 La toute première photo, c'était celle de Céline. Après il y a eu Camus. "
 (Infomatin, 21 décembre 1994).

 

 

 

 

 

 

 * Jean-Luc GODARD (cinéaste franco-suisse, réalisateur, scénariste, dialoguiste) : " C'est le seul film que je regrette de ne pas avoir fait. Il y a des films que j'ai refusés et qui ont marché, mais pour ceux-là je n'ai aucun regret puisque je n'avais pas envie de les faire. Michel Audiard tenait beaucoup au Voyage au bout de la nuit, le projet était parti de lui. C'est mon livre de chevet, j'adore ce livre. "
 (Philippe Durant, Michel Audiard, la vie d'un expert, 2001).

 * " Jean-Luc GODARD revient sur l'origine du titre de son long métrage, " Pierrot le fou ", c'est un surnom d'abord parce que le personnage principal que joue Belmondo s'appelle Ferdinand. Je l'ai appelé Ferdinand en souvenir de Louis-Ferdinand Céline car l'aventure de ce Ferdinand-là est une sorte de voyage au bout de la nuit. Et c'est la fille avec qui il est qui s'entête à l'appeler Pierrot, et du reste, ils font pas mal de folies, d'où le titre Pierrot le fou. C'est Pierrot et Colombine aussi. Pour moi, c'est un film sur la vie. La vie est noire et rose.
 (Panorama, magazine de cinéma se rend le 18 juin 1965 sur la côte varoise où se tourne le dernier film de Godard, Pierrot le fou).

 

 

 

 

 

 * Florence GOULD (née La Caze, femme de lettres américaine qui épousa le milliardaire Frank Jay Gould, 1895-1983) : Céline emprisonné au Danemark écrit à l'avocat Thorvald Mikkelsen se souvenant qui pourrait œuvrer en sa faveur. " Cette hurluberlue (pas tant que ça !) a subventionné à Paris le Grand Institut prophylactique du Dr Vernes (dont elle était la maîtresse). Vernes lui-même très riche. Elle chasse dans le génie. Que pourrait-elle pour moi en ce moment ? Elle s'est énormément compromise avec la Lufwaffe - où elle comptait au moins 3 jeunes amants elle était chez elle à la kommandatur - mais bien entendu elle travaillait aussi pour le " Secret Service ", etc...

 [...] mais elle pourrait en Amérique décider de hautes personnalités artistiques, littéraires, bancaires, politiques même à se joindre à la croisade que cet avocat américain veut déclencher en ma faveur. La première tâche est de la retrouver. Elle vit à Paris - Avenue de Messine - (Avenue du Bois) ou à Cannes avec son mari (à peu près gâteux) elle possède d'immenses propriétés sur la Côte d'Azur - ou à Long Island - New York... Je vais mettre mon bon ami le Dr Jacquot sur la piste de cette cocotte. Il va la repérer. Ensuite nous engagerons la correspondance. "
 (Lettres 2009, à Thorvald Mikkelsen, 7 déc. 1946).

 

 

 

 

 

 

 

 * Sacha GUITRY (comédien dramaturge, metteur en scène de théâtre, réalisateur et scénariste, 1885-1957) : " Mon cher ami, / Attention aux exactitudes. GUITRY n'a jamais été sali par la France au travail ni par La Gerbe - il en était au contraire chéri. Il a été accusé de Juiverie par le Pilori et le journaliste du Pilori a été sommé par la Propagandastaffel d'aller présenter ses excuses à GUITRY.
 GUITRY fit d'ailleurs sur cette circonstance - entrevue avec son diffamateur - un article triomphant dans la France au Travail d'Oltramare, GUITRY fut l'un des premiers collaborateurs de la France au Travail. Blablabla du reste ! assidu de l'ambassade etc... adulé par les Abetz !

  Ceci dit son livre est excellent et je l'applaudis des 2 mains ! Mais si l'on vient aux précisions - je deviens plus chatouilleux... Sur les origines juives ou pas de GUITRY, le doute subsiste. Il s'est vanté d'origines nobiliaires sous l'Occupation, de sang bleu. J'ai entendu mille choses. Rien de précis. Il a été fabriqué par les Bernheim marchands de tableaux. Cela est sûr il est leur enfant adoptif (il n'en parle plus guère).  Ils lui ont monté son théâtre. Les écrits de GUITRY sont tendancieux, lacunaires. Eh foutre il a bien raison ! Il se défend comme il peut. Parfaitement... / Votre bien amical / L.F.C. "
 (Lettre à Charles Deshayes du 21 avril 1949, Lettres, Pléiade 2010).

 

 

 


 

 

 * Adèle HAENEL (actrice, égérie du cinéma d'auteur) : " Quand il s’agit de Céline, Adèle Haenel sait très bien séparer l'œuvre de l'artiste. Dans une interview donnée à Télérama en 2014, l'actrice déclarait que Louis-Ferdinand Céline était son " auteur préféré ". Ce 28 février 2020, à l'annonce du prix du meilleur réalisateur remis à Roman Polanski, la stupeur a frappé la salle Pleyel, où se déroulait la cérémonie des César. La maîtresse de cérémonie, Florence Foresti s'est dit " écœurée " par un tel choix, et l'actrice Adèle Haenel a décidé de quitter les lieux, en criant sa " honte ". Honte de voir remettre un prix récompensant une œuvre artistique à un réalisateur accusé et condamné pour viol.

 « J’aime beaucoup Louis-Ferdinand Céline »

Seulement, dans une interview donnée à Télérama en 2014 (à 7'20 dans la vidéo), en marge du Festival de Cannes, la même actrice, alors âgée de 25 ans, semblait plus encline à séparer l’œuvre de l’artiste. Au journaliste qui l’interrogeait alors, elle déclarait : « J’aime beaucoup Louis-Ferdinand Céline. Enormément. C’est, je pense, maintenant, mon auteur préféré ». Elle était alors capable de faire la différence entre Céline le romancier, et Céline l’antisémite. 
 (valeurs actuelles.com, mardi 3 mars 2020).

 

 

 

 

 

 * Johnny HALLYDAY (de son vrai nom Jean-Philippe Smet, chanteur, compositeur, acteur, 1943-2017) : " Marc-Edouard Nabe relatera la rencontre entre Lucette et Johnny HALLYDAY, l'idole des jeunes, ainsi que celle de Bernard-Henri Lévy - ce qui est plus surprenant - lors d'un cocktail, au théâtre des Amandiers, qui faisait suite à la première de l'Eglise.
 (Madame Céline, David Alliot, Tallandier, janvier 2018, p.311).

 * " Un soir du 15 juin, on était derrière la maison, tout en haut du terrain, avec les chiens. Nous y parvenaient les effluves sonores de Johnny HALLYDAY, qui sonnait ses 50 ans dans un méga-concert au parc des Princes. Elle : " Pour jouer Céline au cinéma, il serait bien, lui... votre ami le chanteur. Il a le même genre d'allure un peu... western et le regard... Clint Eastwood ne serait pas mal non plus. Des anges nous effleurent dans le ciel de Meudon avec le grand Johnny pas loin, qui rugit jusqu'à nous. "
 (Interview de J.F. Stévenin, Télérama H-S, 2011, in Madame Céline, D. Alliot, janvier 2018, p.314).

 

 

 

 

 

 

 

 * Françoise HARDY (chanteuse, auteur compositeur interprète) : " Le style et l'univers de Céline me causèrent un choc indicible. Je dévorai Mort à crédit et Voyage au bout de la nuit qui, étrangement, me firent penser à Jacques Dutronc, avec lequel ma relation venait de commencer. Comme si ces deux êtres hors normes appartenaient plus ou moins à la même famille.
 La misanthropie de l'auteur ou son besoin irrépressible de provoquer, de transgresser, de choquer, évoquaient-ils l'homme de ma vie ? Pas seulement.

 Depuis, j'ai lu beaucoup de choses sur le sulfureux et néanmoins génial Céline, j'ai même dîné avec sa veuve dans leur maison de Meudon, mais à l'âge où l'on préfère la relecture des chefs-d'œuvre qui ont ponctué l'existence à la découverte des auteurs contemporains que leur prolificité rend suspects, je n'ai jamais pu relire les livres évoqués, dont l'univers trop noir m'indispose. "
 (Avis non autorisés, Equateurs, 2015, dans BC n°374, mai 2015).

 

 

 

 

 

 

 

 * HERGE (né Georges Prosper Remi, auteur belge de bandes dessinées francophone, 1907-1983) : " HERGE aurait puisé certains jurons du capitaine Haddock dans un pamphlet antisémite de Céline. Emile Brami a confié la primeur de ses recherches au magazine Lire qui l'a interviewé pour son numéro de l'été. Tous les jurons de Haddock relevé dans l'album " Le crabe aux pinces d'or ", sur les 35 restant, 14 se trouvaient dans Bagatelles pour un massacre. "

 L'auteur reconnaît toutefois, qu'on ne sait pas si HERGE a lu " Bagatelles pour un massacre ". Mais, relève-t-il " dans les années 30, il évoluait dans une mouvance très à droite, naturellement antisémite, qu'un tel livre ne pouvait pas choquer. " Emile Brami affirme que son " but n'est en aucun cas de détruire le mythe " Tintin. " Au terme de mon enquête, je ne possède aucune certitude absolue mais je dispose d'un extraordinaire faisceau de présomptions. Comment imaginer que trois générations de Français ont peut-être appris à lire à leur insu dans le pamphlet antisémite du siècle ?
 (Lire, Entretien avec E. Brami, été 2004).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Francis HUSTER (acteur, metteur en scène, réalisateur et scénariste) : " Je suis très attiré par Guitry et par ce qu'il a représenté dans la littérature. J'aimerais bien comprendre pourquoi cet homme, tellement aimé du public, est aussi tellement sous-estimé.

  Si on cherche l'inverse de Guitry, on trouve Céline. "
  (Le Parisien, 15 janvier 1994).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Daniel IVERNEL (acteur, 1920-1999) : " Ces deux paumés sont en fait des personnages très forts. Tout comme cette Molly, putain au grand coeur qu'il croise dans un bordel de Détroit. La langue de Céline est superbe, ses formules d'une actualité étonnante. Toutes les générations sont capables d'être touchées. Beaucoup de contemporains d'ailleurs, l'ont lu et en ont subi l'influence. J'ai fait la mise en scène en pensant au travail de Marcel Marceau.

 Il ne fallait presque rien, le verbe, des projecteurs, quelques déplacements. Mais c'est un gros travail. Un travail d'équipe où Eve Bricaire, Saudray et moi-même avons passé quasiment six mois pour bien choisir et ajuster les textes. Si nous sommes mauvais, nous n'avons pas d'excuse. "
 (Colère et tendresse de Daniel Ivernel et L-F. Céline, Théâtre le Petit Montparnasse, 10 septembre 1991).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Roger-Lazare IGLESIS (réalisateur à la télévision française) : " Céline était un homme amer, triste, qui avait l'air d'un clochard, des yeux clairs, lumineux, une voix traînante à l'accent parigot : un jour que je lui parlais du style en général, il lève les bras au ciel en disant :

 - " Un style, monsieur, il n'y en a qu'un par génération ! " - Sans doute pensait-il au sien. "
 (La Montagne, 22 août 1994).

  

 

 

 

 

 

 

 

 * George JEAN (courtier en tableaux) : " C'est vers 1933 que George JEAN fit la connaissance de Céline, dans l'atelier du peintre Gen Paul, à Montmartre. C'est sur le conseil de Paraz qu'il rendit visite à Céline. Il a relaté cette rencontre : " Quand je l'ai revu, il avait l'air d'un aviateur anglais. - George, tu tombes bien, tu vas m'aider, me dit-il. - Il était juché sur une échelle, occupé à accrocher, avec des fils de cuivre, des petits morceaux de lard dans les branches, pour les mésanges... Ensuite, il m'a proposé du thé.

 C'est alors qu'il m'a dit : - George, je te remercie pour les journaux que tu m'as envoyés au Danemark. En février, je lui avais rendu une autre visite. C'est alors que je lui avais demandé une consultation car je toussais beaucoup. Céline était farouchement contre la cigarette. Je possède encore l'ordonnance qu'il m'avait établie. Je me souviens lui avoir donné dix francs. Il a refusé. En 1954, le tarif était cinq francs cinquante. Il n'a pris que ça... "
 (18 mai 1954, Entretien recueilli par Régine Longobardi)

 

 


 

 

 

 

 

 * Karen Marie JENSEN (danseuse étoile) : " Darling Karen, / Il ne faut pas vous soucier à ce point. Je vous aime bien Karen et vous aimerai toujours. Seulement à votre arrivée à New York vous êtes devenu folle comme cela vous arrive de temps en temps. Votre jolie nature féminine et au surplus artistique vous rend alors soudain tout à fait méchante pour les vieux affectueux dans mon genre et vous me faites alors beaucoup de chagrin.

 [...] Vous parlez de gaîté, je ne connais rien de plus déchirant, de plus sinistre que l'Amérique, ce pays absolument dépourvu de vie profonde dès qu'on cesse de s'y exciter et qu'on commence à y réfléchir - d'où l'absolue inexistence de tout ce grotesque " Art circle " - des gens qui ne soupçonnent même pas le point sensible, organique de la naissance des choses. Une impuissance spirituelle inouïe. Un lyrisme de Galeries Lafayette - des enthousiasmes d'ascenseur. L'âme pour eux c'est un trombone à coulisse et qui brille. Plus on a de projecteurs dessus et plus on est amoureux - une totale inversion, perversion, dépravation de toutes les mystiques. Une nation de garagistes ivres, hurleurs et bientôt complètement Juifs / Votre vieux / Louis. "
 (Lettre, 7 février 1935, dans Lettres Pléiade 2010).

 

 

 

 

 

 

 

 * Marcel JULLIAN (dialoguiste, écrivain, réalisateur, 1922-2004) : " Céline est avec Rabelais l'écrivain le plus considérable car ils ont violé la langue française. Ils ont utilisé savamment, simplement et courageusement la langue-mère en y introduisant des audaces, des néologismes.

 Ce sont les deux écrivains qui ont le plus fait avancer la langue en la décorsetant. La langue la plus inventive de l'écriture française du XXe siècle est celle de Céline, et aussi de Mac Orlan. Ils ont préparé le cinéma, le dialogue... "
 (Nous étions des gens libres, L'Opinion indépendante, Toulouse).

 

 

 

 



 

 

 

 

 * Sarah KALISKI (artiste peintre belge) : " Etrange fascination exercée par Céline sur ceux qui ne l'aiment pas pour des raisons parfois bien compréhensibles. Ainsi, on annonce un livre de Sarah KALISKI, artiste juive (sœur du dramaturge belge René Kaliski), meurtrie très jeune par la perte des siens durant la Seconde guerre mondiale. - " Quel est ton nom petit ? Louis-Ferdinand Céline. "

 Cette œuvre, à la fois graphique et littéraire, se présente comme un portrait fantasmé de Céline. Sarah KALISKI porte sur lui, nous dit-on, " un regard amoureux et violent ", parvenant à dépasser sa " douleur pour exalter le génie d'un créateur. "
 (Quel est ton nom petit ? Louis-Ferdinand Céline, Fata-Morgana, 2005).

 

 

 

 

 

 

 

 * Anselm KIEFER (sculpteur et peintre allemand) : " Le prix de la paix des libraires allemands va être décerné pour la première fois de son histoire à un sculpteur et peintre, l'Allemand Anselm KIEFER, grand admirateur de l'œuvre de Céline. Un des plus prestigieux prix décernés en Allemagne, il lui sera remis le 19 octobre 2008 à la fin de la foire du Livre de Francfort, en l'église Paulskirche.

 Anselm KIEFER, âgé de 63 ans, vit à Barjac,  près de Nîmes. Il avait été choisi, en 2007 pour la première exposition Monumenta au Grand Palais de Paris. Il y avait crée une composition monumentale en hommage à Louis-Ferdinand Céline et son Voyage au bout de la nuit. Lors d'un récent entretien à Paris avec Serge Lemoine, président du Musée d'Orsay, KIEFER a réaffirmé son admiration pour Céline, qu'il a lu à l'âge de dix-huit ans déjà, et dont ce qu'il appelle la " logique du pire " a fortement influencé son œuvre. "
 (Claude Haenggli, BC, juillet-août 2008).

 

 

 

 

 

 

 

 * Emir KUSTURICA (cinéaste, acteur et musicien serbe, également de nationalité française) : " Mon livre favori, c'est Voyage au bout de la nuit. C'est un livre qui reprend l'héritage de la littérature du début du siècle, avec des auteurs comme Joyce ou Proust, mais dans une forme que je trouve plus abordable. C'est un roman fondamentalement sérieux dans les descriptions et les observations, mais avec toujours une sorte de cynisme que j'adore.

 J'ai découvert Voyage au bout de la nuit à l'âge de 24-25 ans. C'était à Prague, à l'époque où j'étais étudiant en cinéma. J'ai tout de suite été séduit par la manière dont Céline avait structuré son récit. C'est un procédé qui est très difficilement adaptable au cinéma - qui est moins souple que la littérature - mais néanmoins... j'ai essayé de le faire. Je crois y être assez bien parvenu dans Le temps des gitans et, d'une certaine manière, dans " Arizona Dream. "
 (Studio Magazine, Paris, novembre 1995).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Catherine LABORDE (présentatrice Télé, écrivain et comédienne) : " Catherine LABORDE suit une formation au Conservatoire d'Art Dramatique de Bordeaux qui lui permettra de jouer dans la première pièce de théâtre l'Eglise de Louis-Ferdinand Céline.

 En 1989, elle devient présentatrice météo sur TF1, où elle présente également l'émission Télé Vitrine depuis 2003. En 1997, Catherine LABORDE se lance dans l'écriture avec son roman Des soeurs, des mères, des enfants. Début avril 2009, elle publie son quatrième roman Maria Del Pilar. "
 (Le Petit Célinien, n° 17, septembre 2009).

 

 

 

 

 

 

 

 * Marc-Henri LAMANDE (pianiste, acteur) : " Une saisissante rencontre loin des consensus et des coquetteries littéraires avec Louis-Ferdinand Céline, qui, seul sur scène, répond aux questions qui lui furent posées par les intellectuels de l'époque. Face aux spectateurs appelés ici à être confidents privilégiés, Céline parle de sa vie, de son enfance, de ses dramatiques prises de position politique mais aussi et surtout de ce style fameux qui bouleversera la littérature...

 Ce spectacle est sidérant d'intelligence... Tout concourt à faire surgir l'écrivain en personne et c'est stupéfiant. Car, pour jouer Céline, entrer dans sa voix, dans sa peau, il faut un sacré culot, un sacré travail et un sacré courage. Marc-Henri LAMANDE possède tout cela. Il ne se prend pas pour Céline mais il l'interprète comme on dit d'une partition musicale. L'effet est saisissant. On se croirait vraiment face au reclus de Meudon. Et l'on goûte pleinement ce texte aussi saignant qu'une viande au croc. "
 (Dieu qu'ils étaient lourds... !!! Théâtre Moufletard, Laurence Liban, l'Express, blog de L. Liban, 21 juillet 2009)

 

 

 

 

 

 

 

 * Emmanuel LARCENET (dessinateur et scénariste français de bandes dessinées) : " J'ai lu Voyage au bout de la nuit à l'âge de trente-cinq ans, tout abruti que j'étais de l'ignorer à cause de son antisémitisme. Depuis, je n'ai jamais pu terminer un autre roman.

 Ce livre a placé la barre tellement haut sur le fond et la forme... Il exprime un désespoir que je ressentais alors profondément et que je n'avais jamais réussi à canaliser. "
 (France Inter, 23 avril 2011).

 

 

 

 

 

 

 * Denis LAVANT (acteur, mime et comédien) : " Faire danser les alligators sur la flûte de pan... " C'est ainsi que Louis-Ferdinand Céline définissait sa conception de la littérature. Aussi lorsqu'Emile Brami a décidé de s'attaquer à la forteresse Céline, c'est par sa correspondance qu'il a souhaité empoigner le problème. Trente ans de correspondance. Et, vendredi Denis LAVANT seul sur scène donnera ce texte tout entier voué au culte et au savoir-faire du grand écrivain. Car en matière de danse d'alligators, Louis-Ferdinand Céline s'y connaissait. C'est le moins que l'on puisse dire.

 Sans chercher à gommer les aspects inacceptables de ses pensées, ni idéaliser sa personnalité, le spectacle porté par Denis LAVANT, plonge dans trente années de correspondance. Des textes pour la plupart inconnus - qui n'ont en tous cas jamais été dits sur une scène de théâtre - où le Docteur Destouches laisse libre cours à sa férocité et à son humour. On redécouvre l'écrivain, sa fidélité à lui-même, et comment il a creusé, avec ses griffes, l'empreinte toujours aussi fraîche de son passage, cinquante ans après sa mort. Car l'auteur du Voyage au bout de la nuit, qui se voyait comme un musicien, a inventé une nouvelle langue, féroce, sans concession, à vif. Il a tout simplement, en plus de faire danser les alligators, révolutionné la langue française.
 (Des alligators et une flûte de pan à Montbéliard, LePays.fr, 12/01/2011).  

 

 

 


 

 

 

 * Bernard LAVILLIERS (chanteur) : " - Quels sont vos projets ?
 - Je rêve de mettre en musique le fantasque Georges Fourest, les poèmes de sa Négresse blonde (il récite son pastiche du Cid, qui s'achève par " Qu'il est joli garçon, l'assassin de Papa ! ").
 
J'en ai d'ailleurs lu quelques-uns à l'Olympia.

 J'adorerais reprendre les chansons de voyous et de marins de Louis-Ferdinand Céline, le Noeud coulant, par exemple.
 (Thierry Clermont, Bernard Lavilliers chante Cendrars, Le Figaro, 4 décembre 2013).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Sergio LEONE (réalisateur et scénariste italien, 1929-1989) : " Oui, je porterai à l'écran Le Voyage au bout de la nuit. Je considère Céline comme le prophète de notre temps. Il a tout prévu avec quarante ans d'avance. "

  Et il ajoute qu'il : " songe à Belmondo pour le rôle de Bardamu comme Audiard avant lui.
 (Le Figaro, 22 décembre 1975).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Philippe LEOTARD (acteur, poète et chanteur, 1940-2001) : " Aragon et Céline sont de tels génies qu'on peut les prendre en leur entier. Bagatelles pour un massacre n'est pas seulement ce qu'on en dit.

 C'est un grand livre. Il contient de belles pages dont on ne parle jamais. "
 (France-Inter, 9 septembre 1997).

 

 

 

 

 

 

 

 * Robert LE VIGAN (nom de scène de Robert-Charles Coquillaud, 1900-1972) : " Acteur né... Vous lui disiez : " La Vigue t'as tué la maman ! " Gi ! pote ça y est !... Vous le voyiez tout changer devant vous !... en monstre aux assises... la mine, la dégaine...

 " Maintenant t'es Javert !... maintenant Valjean !... Il changeait d'être !... "
 (L'Avant-Scène, 1er novembre 1978).

 

 

 

 

 

 

* Daniel LINDE (artiste peintre) : Dans le prolongement de son exposition de novembre/décembre 2012, l'artiste Daniel Lindé a choisi de présenter son travail dans une version papier. Il publie donc Ferdine's suite, un album regroupant les quatorze portraits de Céline, accompagnés de textes et poèmes de Lydie Bénard, Pierre Ordioni, Pascal Fauvel, de lui-même et de Céline (un volume de 42 pages).

 Le travail de Daniel Lindé peut être qualifié de peinture expressionniste, partant de la présence du corps de l'homme comme objet central. Fouillant dans son intériorité et dans les replis de la chair pour observer les vibrations du vivant. Tentative d'introspection de la " tripe de l'artiste " au service d'une figuration libre de l'humain. Vision iconique de l'instant de vie, renvoyant à la permanence d'une pensée du monde. Jeu de massacre des apparences et prise de risque total dans le chromatisme.
 (Le Petit Célinien, mercredi 16 octobre 2013, Exposition Ferdine's suite, décembre 2012, Saint-Malo).

 

 

 

 

 


 

 * Corinne LUCHAIRE (Rosita Christiane Yvette Luchaire, dite Corinne LUCHAIRE, actrice présentée avant ses vingt ans comme la nouvelle Greta Garbo, 1921-1950) : " Je voyais également Lucienne Delforge et Mercadier ; Robert Le Vigan faisait d'infructueux essais de speaker à la radio inaudible de mon père. Je voyais aussi parfois Lucien Rebatet, l'auteur des Décombres, qui était furieux de se trouver engagé dans cette galère et qui avait un très mauvais moral. Il y avait également Louis-Ferdinand Céline, qui se souvenant assez peu qu'il avait été un grand homme de lettres, était redevenu simplement le Dr Destouches et donnait des consultations à la colonie française avec un autre médecin venu de Remiremont, le Dr Jacquot. Quant à moi, j'étais horriblement fatiguée et je pensais que tout cela finirait très mal.

 J'avais essayé, mais vainement, de passer en Suisse avec ma fille. Sur ces entrefaites, j'attrapai une grippe, et tout de suite le thermomètre se mit à battre des records d'altitude. Il ne manquait plus que cela. Céline venait me soigner et le Dr Jacquot également, mais ils ne semblaient pas comprendre ce que j'avais, car la fièvre ne faisait qu'augmenter. Finalement Suzanne Abetz, qui était venue me voir, décida de me faire mettre à l'hôpital allemand. Là, du moins, je pourrais me reposer, je pourrais échapper à cette atmosphère d'intrigues. "
 (Corinne Luchaire, Ma drôle de vie, Sun, 1949, p.209).

 

 

 

 

 

 

 

 * Fabrice LUCHINI : " On m'a dit que j'ai fait découvrir Céline à certains. J'en suis fier. J'ai joué sept cent vingt fois ce Voyage au bout de la nuit, je ne m'en serais jamais lassé. "
 (Le Parisien, 8 novembre 1994).

 

 

 

 

 

 

 * Fabrice LUCHINI : " Se perdra-t-il un jour dans Céline, sera-t-il phagocyté par lui ? Je ne sais. Son entreprise tient du vertige. Nous participons à une fascination. LUCHINI se promène sur les terres du Voyage où le monde entier est contenu, comme un explorateur ébloui. Aujourd'hui, il aborde l'Amérique qui est sans doute la part la plus apaisée du livre, la plus émue, la plus sentimentale, la plus accommodante aussi. Le vieux trimard, qui dégoûte et qui pue, un instant pose son sac. Il a cessé d'effrayer.

 Rarement comédien et acteur furent dans une telle symbiose. Ce qui rend ce spectacle de quatre-vingt-dix minutes si fascinant. On y voit un fantôme, l'ombre d'un homme. Non pas Céline, mais la substance de Céline, ce côté humain, trop humain, si dérangeant chez lui, si douloureux, si désastreux, bref une ressemblance calamiteuse avec une part de nous-mêmes. C'est par quoi Fabrice LUCHINI nous tient. Par la tendresse aussi, si intime, et qui est la marque secrète du misanthrope. Sans compter cette absence de hauteur qui fait à jamais de Céline un étranger aux hommes de lettres. "
 (Pierre Marcabru, Le Figaro, 20 janvier 2001).

 

 


 

 

 

 

 * Enrico MACIAS (né Gaston Ghrenassia, chanteur, compositeur et acteur) : " Je n'ai jamais compris comment on pouvait dissocier un homme de l'artiste. Quand on me dit " Céline est un très grand écrivain ", c'est incontestable, mais quand on voit le contenu de ses livres et les idées qu'ils véhiculent, pour moi, autant l'homme que l'artiste, c'est zéro.

   Donc l'homme et l'artiste doivent être le même, alors moi que je sois Gaston Ghrenassia ou Enrico Macias, pour moi c'est pareil. J'essaye d'être au service de ce qu'on m'a baptisé. "
 (Vidéo Louis-Ferdinand Céline par Enrico Macias, 1993).

 

 

 

 

 

 

 * Judith MAGRE (de son vrai nom Simone Dupuis, actrice de cinéma et comédienne de théâtre, Molière de la Comédienne en 2000 et 2006) : " C'étaient des cours tout à fait merveilleux parce que Lucette était elle-même... Enfin, je dis, avait été, puisqu'elle ne pratiquait plus en tant que danseuse... Mais elle avait le physique type de la danseuse, les proportions, le cou, le joli visage, les pommettes hautes... Elle était tout à fait magnifique et absolument immaculée, d'une netteté, d'une beauté, enfin... Au-delà de la propreté, c'était assez hallucinant de voir ces deux personnages qui vivaient ensemble...

 C'est Marcel Aymé, qui était un grand ami, qui m'avait fait d'abord lire le Voyage au bout de la nuit, ça a été un choc, un éblouissement, ensuite Mort à crédit, re- éblouissement, peut-être encore plus fort. Et un jour Marcel Aymé m'a dit : " On va aller chez Céline... " J'étais extrêmement impressionnée... Donc j'ai le souvenir de cette maison ou de ce jardin avec plein d'animaux, avec les chats... Il y avait toujours Bébert, il y avait les chiens, et puis Céline !

 Alors là, c'était impressionnant... D'abord, il avait un visage absolument magnifique, des yeux extraordinaires. Il était ... mais c'était au-delà de la saleté, il avait du noir dans toutes les rides du visage... Il avait une sorte de veste en peau lainée, qui tenait debout tellement elle était crasseuse, un pantalon... Enfin c'était inimaginable...
 Un jour est arrivée une petite chienne tout à fait ravissante et Céline ne pouvait pas la garder, c'était une chienne trouvée, il y avait déjà d'autres chiens, et pour des histoires de chiennes déjà en chaleur, de mâles qui se... Enfin bon, sexuellement, ça ne pouvait pas aller. Une nouvelle petite chienne ne pouvait pas arriver chez Céline. Et il m'a dit : " il faut que vous la preniez ! " Il aurait pu me l'imposer et j'aurais pu la donner à quelqu'un d'autre, mais en même temps c'était une sorte de cadeau qu'il me faisait, enfin... qu'il m'imposait. Et j'ai été très heureuse avec cette chienne... "
 (Témoignage de Judith Magre, dans Céline à Meudon, documentaire Nicolas Crapanne, 2009, in D'un Céline l'autre, D. Alliot, Robert Laffont, 2011, p.952).  

 

 

 

 

 

 

 * Henri MAHE (peintre, auteur de La Brinquebale avec Céline, 1904-1975) : " Hier je fus avec Paul chez Super (Cité d'Antin) admirer tes décorations. Tu sais que Paul est un fervent de ton art. Il te trouve supérieur aux meilleurs et directement de haute lignée Gauguin, Lautrec. Il a dit tout ceci en grands termes pertinents. "
 (Lettre à Henri Mahé, 1935).

 * " Un homme jeune que c'était le patron, un fantaisiste. Il aimait les bateaux qu'il nous a expliqué encore... Le patron de la péniche, je l'ai examiné de plus près, il devait bien avoir dans la trentaine. (...) C'était un artiste le patron, beau sexe, beaux cheveux, belles rentes, tout ce qu'il faut pour être heureux ; de l'accordéon par là-dessus, des amis, des rêveries sur le bateau... "
 (Voyage au bout de la nuit, 1932).

 


 

 

 

 

 

 * Marguerite MAHE (née Malosse, pianiste, accordéoniste, 1905-1995) : " En 1930, sur la Malamoa, on recevait tous les samedi les gars des Beaux-Arts, auxquels se mêlaient le prince Albert d'Urach, fils du roi de Bavière, Carmen Visconti, modèle de Rodin, Nicole Vattier, l'épouse de " Monsieur Brun ", le marquis Pierre d'Arcanges, l'accordéoniste Léon Raiter, l'éditeur Marcel Scheur, l'écrivain érotique Charles-Etienne, Michel-Marie Poulain, le peintre transsexuel, l'avocat André Saudemont qui écrivait des chansons pour Lys Gauty... Des marginaux, des excentriques... Pas mal d'homos et de lesbiennes... Destouches était heureux de m'écouter jouer du piano, ou d'écouter les chansons de marins et les vieilles chansons 1900.

  Destouches et Mahé avaient en commun une crudité de langage, un verbe haut, des idées anti-bourgeoises, marginales. C'était une escalade verbale qui n'avait pas de limites. Les mots bouillonnaient. Ils se montaient la tête. Leurs dialogues étaient une suite de ripostes. Ça se terminait toujours sur du négatif. Céline créait un sentiment de mal à l'aise. Il était flou, ondoyant. On ne savait pas ce qu'il y avait derrière son regard, ses paroles. Il avait un regard fuyant. C'était le flou perpétuel. Il avait un verbe musical, avec des mots d'esprit, mais des propos défaitistes. Il était désabusé. Il venait avec des danseuses du Moulin Rouge qu'il ramassait ici et là.

 Céline et Mahé, c'était un couple infernal. C'était disputes et réconciliations. Bien que timide et dépressif, Henri était drôle, avait de l'esprit, de l'imagination, employait des mots crus, mais était homme du monde. Le docteur Destouches ne disait pas qu'il écrivait. Quand il apporta le manuscrit du Voyage, ce fut une surprise. Craig était délicate, silencieuse, calme d'aspect, parlait peu. Elle avait un visage fatigué. Avait trop fait la bringue. Chez Céline, peut-être peut-on parler d'un antisémitisme diffus avant 1937, mais guère plus. "
 (Entretiens avec l'auteur, Mollens, Suisse, 8 février 1986, dans Spécial Céline n° 8, Eric Mazet).

 

 

 

 

 

 

 * Christophe MALAVOY (acteur de cinéma et de télévision) : " Je viens d'achever, après deux ans de travail, le scénario de la vie de Louis-Ferdinand Céline, entre juin 1944 et la fin de la guerre, quand il fuit Paris et se réfugie à Copenhague pour échapper à l'épuration. J'ai l'accord de Jacques Dutronc et d'Anouk Grinberg.

 Le projet mêlera fiction et animation, ce peut-être un long métrage ou une fiction télé, qu'importe. Pourvu que je trouve un producteur. J'espère le tourner bientôt. "
 (Télé 2 semaines, 1 février 2010).

 

 

 

 

 

 

 * Marcella MALTAIS (peintre canadien, vit à Paris mais garde un atelier à Québec) : " Mais le soleil était haut encore, et je vis que le patron de L'Hôtel du Nord avait lui aussi  " sorti la terrasse ". Je m'y suis attablée. Le Docteur Destouches était assis à la table voisine. Il commande de l'eau et m'offre un blanc sec. Il est venu voir son ami. Au bord du canal, à l'endroit précis où j'avais peint mon premier Hôtel du Nord, un jeune homme souriant nous fait signe. Céline le salue de la main. Oui, c'est bien Eugène Dabit, qui regarde nonchalamment passer une péniche. Il est très élégant, plutôt séduisant, mais pas en habit de peintre. Il vient nous rejoindre, commande un demi. Lui et Céline discutent littérature, c'est passionnant, je les écoute.

 Nous occupons les deux seules tables, rapprochées. Céline se lance dans une improvisation stylistique d'une drôlerie irrésistible, nous rions aux larmes. Soudain, un couple étrange sur le pont tournant, juste au-dessous de la passerelle, attire notre attention. " C'est Arletty, m'écriais-je, Arletty avec sa gueule d'atmosphère ! " Je me précipite vers eux. Arletty, est bien là, elle ne s'évanouit pas. Louis Jouvet lui, a disparu à mon approche. " Madame Raymonde que j'lui dis, venez donc prendre un p'tit verre avec nous. " Céline racontait des histoires sans se lasser. Arletty, princesse familière, souriait, reprenait du Graves rouge. Dabit nous avait déjà quittés pour un voyage en Russie d'où, hélas, il ne reviendra jamais.

 La fraîcheur du crépuscule de mars me fit réagir... Je me frottai les yeux, j'étais seule. Mon chevalet était toujours là-bas, de l'autre côté du pont. Personne n'y avait touché. Je suis allée plier mon barda comme chaque jour et je suis rentrée à la maison par la rue de Lancry. J'avais au cœur la satisfaction du tableau achevé et le grand bonheur d'avoir passé quelques heures à la terrasse de l'Hôtel du Nord en compagnie de Céline, Arletty et Eugène Dabit. "
 (L'Hôtel Crève-cœur, Editions du Lac, Québec, mars 1995).

 

 

 

 

 

 

 

 * Guy MARCHAND (acteur, chanteur, musicien, écrivain) : " Céline a écrit la plus belle page de la littérature française, c'est la mort de sa chienne, extraordinaire. Je ne pourrais pas la lire. Il a été militaire. Même quand les plaies se referment, il y a une trace. [...] Il n'y a pas tellement d'argot chez Céline. Il aime la nature parce que c'est pas humain. Il n'aime pas le bonheur. Pour la création, le bonheur, c'est pas bon.

  [...] J'ai de la tendresse pour Céline, pour sa souffrance, pour le fait qu'il se soit gouré, qu'il a provoqué les hommes et qu'il les aimait beaucoup. "
 (France Culture, 16 octobre 2012, Spécial Céline n° 8, Eric Mazet).

 

 

 

 

 

 

 * Jean-Pierre MARIELLE (acteur français 1932-2019) : " Ah Céline ! Son Voyage au bout de la nuit. C'est tellement immense, magistral... Que vous dire d'intelligent par rapport à tant d'intelligence ! Pour moi, c'est LE sommet. On a rarement écrit quelque chose d'aussi extraordinaire. Comme il existe de grands peintres qui ont complètement influencé l'art moderne avec une toile majeure, Céline a influencé toute la littérature actuelle avec son Voyage au bout de la nuit. Je trouve son œuvre brillante et révolutionnaire. Depuis on ne peut plus écrire comme avant. Toute la littérature contemporaine lui est redevable.

 Prenez un mec comme Michel Houellebecq, l'auteur des Particules élémentaires, ou quelqu'un comme Marie Darrieussecq, l'auteur de Truismes, dont le nouveau roman White, vient de paraître : ce sont des enfants de Céline. Tout ce qui se veut impertinent et novateur aujourd'hui doit tout à Céline ! Donc revenons à la source. Relisons Céline. "
 (BC, déc. 2003).
 

 * " Oui, il est à part. Séria, comme Blier, est un auteur, un poète. (Il déclame une réplique des Galettes..." Ah, tu sens la pisse toi, pas l'eau bénite. " C'est beau comme du Céline, non ? C'est du Mort à crédit !
 D'ailleurs, savez-vous que ma première épouse prenait des leçons de danse à Meudon, chez Lucette Almanzor ? Je l'y accompagnais, elle y allait avec sa sœur.
 
 Lorsqu'elles sonnaient à la porte, Céline apparaissait et disait : " Aaaaah, mes jeunes fiiiiilles. " C'était très joli. Elles étaient ravissantes, alors il était content. Je n'ai jamais osé lui parler ! Mais je l'ai vu, c'est déjà beaucoup. "
 (Le Figaro Magazine, 20 novembre 2010).

 

 

 

 

 

 

 

 * Jacques MARIN (acteur, 1919-2001) : " C'était un grand ami de Pierre Monnier. Nice et Mouans-Sartoux, où il s'était retiré avec son épouse anglaise Patricia Hutchinson, ne sont guère éloignés.
 En mai 94, je crois, Pierre et Renée organisèrent un soir de Festival de Cannes, une réunion mémorable. Je me souviendrais toujours de ce dîner face au Palais, en terrasse, au milieu d'une foule grouillante et curieuse.

 S'y retrouvèrent quelques éminents céliniens puisque Marc Laudelout et Eric Mazet (en vacances, les veinards), tinrent compagnie à Pierre et Renée Monnier et Jacques MARIN. Celui qui avait tant de fois accompagné l'inspecteur Bourrel dans ses enquêtes ou animé Cinq colonnes à la une fut ce soir-là, une fois encore la vedette et l'ermite de Meudon, où Jacques avait longtemps résidé, fut, personne n'en doutera, au centre de toutes nos conversations. "
 (Souvenir personnel ému, en relisant le BC de février 2001).

 

 

 

 


 

 

 * Paul MARTEAU (héritier de la fabrique de cartes à jouer Grimaud, 1884-1966) : " Ah Cher Ami, je me remets à peine de l'émotion que j'ai ressentie à la vue de votre livre sur Les Tarots de Marseille ! Mik m'a mis au supplice ! Eh si je connais les Tarots ! J'en ai laissé plusieurs jeux chez moi 4 rue Girardon ! d'époque ! Pillés avec le reste ! J'ai gagné ma vie avec les Tarots en certains temps à Londres ! Si j'ai tiré l'aventure ! Et la mienne ! Ah je sais tout ce qui va suivre !

 Je sais aussi votre amitié et votre infinie complaisance ! Je sais comment vous traitez pourrissez mes amis ! Ils reviennent de chez vous tout chavirés ! Ils me considèrent étrangement comme si j'étais Tarot moi aussi... miteux saltimbanque qu'ils me connaissent ! et me découvrent tout à coup des amis, un ami si superbe ! / Holà ! Ils vont me brûler quelque jour ! Enfin soignez je vous prie notre excellent Dedichen et sa délicieuse femme - Tout ce que vous ferez pour lui m'ira au cœur ! / Je lui dois beaucoup. / Et à vous bien affectueusement / LF Céline. "
 (Lettre 25 juin 1949, dans Lettres, Pléiade 2010).

 

 

 

 

 

 

 * Alexis MARTIN (acteur, auteur, scénariste, animateur et metteur en scène québécois) : " Cinquante ans après la mort de Louis-Ferdinand Céline, son œuvre demeure brutalement contemporaine, par sa violence, par la nouveauté radicale de son écriture, par les passions qu'elle charrie, du mépris des autres au dégoût de soi, de la nostalgie à la haine et, par les réactions qu'elle provoque, du rire à la répulsion. Fils du journaliste Louis Martin, fils spirituel du grand homme de théâtre Jean-Pierre Ronfard, fils idéaliste d'un père auquel il s'opposait dans sa pièce Matroni et moi, Alexis MARTIN est aussi le fils de tous ces écrivains qui l'accompagnent depuis toujours, Georges Bataille en tête.

 Ainsi est-il entré fréquemment en dialogue avec les maîtres anciens, que ce soit Shakespeare ou Homère, et a-t-il livré son Odyssée et son Iliade sur la scène du TNM. Il revient aujourd'hui, porteur de la langue et de la véhémence de Céline. "
 (Site canadien CyberPresse, article à la lecture de Voyage au bout de la nuit par Alexis Martin, 17 janvier 2011 à Montréal).

 

 

 

 

 

 

 * Jean-Louis MARTINELLI (metteur en scène de théâtre) : " Comment est née l'envie de monter L'Eglise ?
 
- A travers l'épopée de Bardamu, sa déroute et sa fuite en avant, Céline embrasse toutes les grandes problématiques du XXe siècle, et cette grande fresque hallucinée nous offre la possibilité de faire résonner notre actualité en remuant notre histoire récente.
 
  Comment la pièce a-t-elle été adaptée pour le spectacle ?

 - Le travail d'adaptation s'est fait en deux temps (avant les répétitions, puis sur le plateau avec les acteurs) et a consisté à réduire certaines scènes dans les actes 2 et 3 afin d'améliorer la progression dramatique.

 Dans l'acte 3 nous avons diminué le nombre de délégués de la Société des Nations et redistribué leurs répliques. Il faudrait supprimer certains passages dans l'acte 3, mais cependant je me refuse à amputer le contenu même s'il est irrecevable, c'est justement parce que le sujet est si épineux qu'on ne peut pas privilégier la forme au détriment du sens ; il faut donc livrer le texte au public tel quel, avec ses maladresses et ses imperfections formelles, dans son intégralité et sa brutalité. "
 (Interview, Monter L'Eglise aujourd'hui, Nanterre Amandiers journal n° 1, Saison 92/93).

 

 

 

 

 

 

 * Robert MASSIN (graphiste, directeur artistique, typographe, 1925-2020) : " Je dois avoir en effet beaucoup d'amis, inconnus, d'admirateurs comme on dit . J'aurais cultivé cette guitare j'aurais pu en tirer de fort beaux accents comme Montherlant, Romains, Duhamel et patati. Ce genre de putanat est facile. Il m'a toujours dégoûté et puis je n'avais pas le temps. Aujourd'hui bien sûr on me fait payer ce mépris... Tant pis !

 Sartre est un vilain petit merle. Il m'aurait fait des pompiers, avalé le foutre pour que je consente à aller me montrer à ses pièces sous la botte... Il me faisait relancer par Dullin, Denoël, etc. Encore une fois je n'avais pas le temps. Je crois la petite ordure qu'il m'a même dédié un de ses livres, autrefois... Ce petit Jacques n'est d'ailleurs pas doué, c'est un petit raté de tout et il le restera. Kif Miller. Ces gens-là n'ont pas de songe. Ils se forcent, ils se branlent à blanc, et dans le vide. Ils prennent l'extravagance et le saugrenu pour du fantastique, la crudité pour du caractère - ce n'est pas si facile. Quant à l'existentialisme il l'a volé à un vieux philosophe nazi (une fois ceux-ci sans réplique) comme il est devenu philosémite après le départ des Allemands. "
 (Journal en désordre 1945-1995, Robert Laffont, 1996, in L'Année Céline 1996, Du Lérot).

 

 

 

 

 

 

 

 * Eddy MITCHELL (nom de scène de Claude Moine, chanteur, parolier et acteur français) : " Voilà un écrivain qui assène une baffe magistrale à la littérature. En une phrase, il vous raconte ce qu'un autre mettrait deux chapitres à écrire. Si vous prenez le passage sur l'Amérique dans le Voyage au bout de la nuit, dès la première phrase on y est.

 Il arrive à New York et il écrit : " New York est une ville qui se tient debout. " Voilà, tout est dit, c'est extraordinaire. "
 (Il faut rentrer maintenant, Points, mars 2013).

 

 

 

 

 

 

 

 * Jim MORRISON (né James Douglas Morrison, chanteur et musicien, 1943-1971) : " Le charismatique chanteur des Doors, admirateur méconnu de l'œuvre de Céline lui a rendu hommage dans une de ses plus envoûtantes chansons, End of the night référence transparente au Voyage au bout de la nuit.

 Dans ce titre, le chanteur clame son désir de prendre l'autoroute jusqu'au bout de la nuit, aux confins des royaumes de lumière et de ténèbres.
 
  (Lire, Hors-série n° 7, 2008).

 

 

 

 

 

 

 * MOULOUDJI (Marcel, André Mouloudji, chanteur, auteur-compositeur, interprète, 1922-1994) : " Ni Bruant, ni Céline ne sont affectés par ce renouvellement. On redécouvre périodiquement le propriétaire terrien de Courtenay. Quant à Céline, on n'a pas fini d'en parler, Bruant ? Il a en commun avec Céline le patriotisme, l'amour de la France. Tous deux beaux, assez grands, yeux de miroirs à femelles, vont se livrer à une féroce critique de leur temps, chacun à sa manière. Un dernier point les rapproche : l'antisémitisme. Et cependant, l'essentiel de leur œuvre, Voyage au bout de la nuit et Dans la rue, respire la tendresse, l'espoir devant cet univers féroce. Bruant se moque du bourgeois et plaint davantage les chiens, les chevaux, les clochards, les prostituées, les pauvres. Même point de vue chez Céline. Nous ne sommes pas loin de Chaplin et de Kafka... "
 (Bruant, Chansons d'aujourd'hui, 1972).

 * " J'ai lu à la radio un passage de Mort à crédit à l'époque où Céline était interdit de radio, en 1954. Je suis passé de l'univers de Sartre à celui de Céline, sans doute parce que le second était plus musical et plus proche de mon expérience de la vie, malgré les étiquettes. "
 (A l'auteur, Meudon, 8 décembre 1993, Spécial Céline n° 8, Eric Mazet).

 * " Autre décès qui affecte Lucette, celui du chanteur MOULOUDJI, le 14 juin 1994, qui était un familier de Meudon :
 " Lucette l'aimait tendrement et c'était aussi le cas de tous les habitants du petit cercle. Immense vedette, très populaire, il était l'auteur de chansons qui lui ressemblaient, poétiques et simples, françaises. Puis l'homme a été emporté d'un coup, comme un arbre subitement couché par la tempête. "
 Bien entendu, Lucette sera présente à l'enterrement à l'église Saint-Roch, celle où Céline avait fait sa communion.
 (François Gibault, Libera me, dans Madame Céline, D. Alliot, Tallandier, janvier 2018, p.318).

 

 

 


 

 

 

 

 * Jean NEGRONI (comédien, metteur en scène, 1920-2005) : " Si j'ai eu le coup de foudre pour le théâtre grâce à Albert Camus en 1941, j'ai eu le coup de foudre pour toute l'œuvre de Céline après-guerre. J'aurais aimé montrer Voyage au bout de la nuit avec la Compagnie des sept, mais Vilar préférait Gorki et Brecht.

 Georges Wilson aurait accepté , d'ailleurs il lisait très bien Rigodon, l'a même enregistré intégralement. "
 
 (Entretien avec l'auteur, Issy-les-Moulineaux, 1999, Spécial Céline n° 8, Eric Maze

 

 

 

 

 

 

 

 * Filip NIKOLIC (chanteur et acteur, ancien membre du boys band français 2Be3, 1974-2009) : " Comment annoncer à Lucette la mort de Filip ? Lucette à 97 ans. C'est la veuve de Louis-Ferdinand Céline. Le lien entre l'ancien chanteur de boys band et la veuve de l'auteur de Voyage au bout de la nuit, François Gibault l'avocat parisien les avait présentés. " J'ai emmené les 2Be3 à Meudon. Lucette donnait des cours de danse chez elle. C'était drôle de les voir échanger des pas. Elle nous avait cuisiné des pâtes après. Filip et Lucette se voyaient de temps en temps. "

  François Gibault, homme sec et calme de 77 ans, répond aux dizaines de messages de condoléances, s'occupe des obsèques et se souvient de leur dix-sept années de complicité. " Il m'a rendu ma jeunesse. Moi, je lui ai offert un bagage culturel. Je n'ai jamais connu de garçon aussi charismatique, aussi beau. Il possédait tous les talents. Il a fait tout ce qu'il a voulu. " Un jour, à 35 ans, Filip NIKOLIC ne s'est pas réveillé. Une boîte de somnifères traînait sur sa table de chevet. Rien d'autres. "
 (Paris-Match, Aurélie Raya, 24 sept. 2009).

 

 

 

 

 

 

 

 * Claude NOUGARO (auteur, chanteur, compositeur, interprète, 1929-2004) : " Les points fermés, les points vitaux / Les points sur les i, les cardinaux / Les terminus, point à la ligne / Les points de suspension de Céline / (...) J'en finis plus / D'compter les points / Point Point Point. "

 (Les points, Chansongs, 1993, Spécial Céline n° 8, Eric Mazet).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Claes OLDENBURG (fondateur du Pop'art) : " Ce fondateur du Pop'art ne dissimule pas la forte influence qu'exerça sur lui l'œuvre du peintre, sculpteur et écrivain Jean Dubuffet. Au point d'intituler en 1959 un de ses dessins : " Hommage à Céline et à Jean Dubuffet. "

 Il s'en est expliqué dans une interview. " A cette époque, je lus Mort à crédit et fus vivement impressionné comme je le fus également par Voyage au bout de la nuit. J'eus l'idée de rapprocher la pauvreté à Paris, telle que pouvait la présenter Céline dans ses livres, aux surfaces et aux graffiti des rues représentées dans les tableaux de Dubuffet. " La démarche est d'autant plus étonnante que Dubuffet lui-même avait une vive admiration pour Céline. "
 (BC n° 80, avril 1989).

 

 

 

 

 

 

 

 * Marianne OSWALD (de son vrai nom Alice Bloch-Colin, chanteuse et actrice, de parents juifs polonais, 1901-1985) : " L'Intransigeant du 6 décembre 36 annonçait que Marianne OSWALD allait créer sur scène une chanson de Céline... "

 - " Chère Madame, / Je vois que vous avez tous les courages ! Tant pis pour vous ! Vous verrez ce que mon nom apporte d'hostilités ! de haines irrémédiables ! Enfin ce sera une expérience. Travaillez bien. Bon voyage ! Bonne réussite et à bientôt. A vous affectueusement. / LF Céline. "
 (Lettres 2009, à Marianne Oswald, Anvers, vers le 7 déc. 1936).

 

 

 

 

 

 

 

* Antonino PELLEGRINO (étudiant en droit, coureur automobile, danseur, dessinateur et lecteur d'œuvres de Céline sous le nom de VZO) : " En 2009, alors que je suivais ma formation en Droit, un ami, un frère devrais-je dire, est venu me voir dans ma chambre à la Cité Universitaire. Il semblait heureux, impatient et déterminé. Il esquissa un sourire et me dit: « Eh Nino, je me suis mis au rap ! ». Je savais qu’il écoutait aussi ce style musical puisqu’il m’avait gravé quelques CD auparavant mais de là à s’y mettre il y avait un monde ! Ce qui suivit me prit au dépourvu : il me proposa d’essayer avec lui. On mit des instrumentales et on s’essaya à cette tâche ardue. On répéta le processus des semaines durant jusqu’à finalement obtenir de petits résultats ; un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour notre créativité.

J’étais devenu VZO, simple contraction de Virtuoso, surnom que me donna mon meilleur ami Le Super Noizo, lorsque nous faisions de la danse. Et « VZO ça sonne bien, nan ? » Me disais-je! Et les significations : Viso qui est le visage en italien, « Vise haut » car j’étais très ambitieux à cette époque, « Wie so » qui en allemand veut dire… « pourquoi donc ? » …
 Footballeur et coureur automobile au niveau professionnel, l'étudiant en droit se passionne pour l'écriture de textes de rap et la danse. Sans oublier ses engagements professionnels : enseignant à mi-temps et créateur de sa propre marque de vêtements.
 A côté de tous ses domaines de prédilection, Antonino PELLEGRINO trouve encore du temps pour ses études en droit. S'il avoue " avoir perdu plus d'une année " en raison de ses courses automobiles l'étudiant ne regrette pas ce sacrifice. " Mes épreuves sportives m'ont appris à gérer le stress, ce qui m'a permis d'aborder les évaluations universitaires en toute quiétude ".
 Ses activités annexes ? Le jeune homme les considère comme vitales à son épanouissement personnel. De plus, elles lui apportent des expériences et des compétences qu'il n'aurait jamais acquises à l'université.
 (Antonino Pellegrino, VZO).

 

 

 

 

 

 

 * Serge PERRAULT (né Serge Leplat, danseur et pédagogue, 1920-2014) : " Nous savons que c'est grâce à un frère de leur ami, le danseur Serge PERRAULT, qui était employé à la Préfecture de Police que Céline et Lucette purent obtenir de fausses cartes d'identité et quitter la France.

 " On parle toujours de Céline comme étant un personnage haineux. Cela ne correspond pas à la réalité. Pour moi, le nom de Céline évoque une terrible lucidité mais aussi la tendresse, la compassion et une grande pudeur. Curieusement, on n'en parle jamais. "
 (BC, juillet 1992).

 

 


 

 

 

 

 * Pierre PERRET (auteur compositeur interprète français) : " Dans son dernier livre " La bête est revenue " l'immortel auteur du Zizi s'est fendu d'une chanson consacrée à Céline : " J'ai cru découvrir un grand écrivain - J'avais dix-huit ans quand j'ai lu l'Voyage - Puis Mort à crédit et après et après plus rien - Que des mots fascistes j'ai tourné la page - Il aidait les pauvres autant que les chatons - C'est c'qu'il prétendait  mais il n'aimait guère - Tout c'qui était négro-judéo-saxon - D'la graine de racaille et de rastaquouère - Racisme d'abord, racisme avant tout - Racisme suprême et désinfection - C'est c'que tu écrivais dans " Je suis partout " - Pour toi Buchenwald fut la solution. "

 On ne peut s'empêcher de songer à ce qu'écrit Patrick Besson : " L'antiracisme est une sorte de passeport magique, vachement tentant... Si vous n'avez pas (ou plus) de talent, d'un seul coup vous êtes considéré. "

 ... et une hebdomadaire du mercredi, citant ces paroles s'est contenté de relever : " On arrête ici. On a bien rigolé. Céline aussi, sûrement... qui n'a jamais écrit un article pour le journal collabo Je suis partout. Et encore moins sur Buchenwald dont il ignorait alors l'existence (comme tous les Fransouzes de l'époque). Mais on lui pardonne à PERRET. De la part d'un garçon qui n'a pas eu trop d'une vie d'adulte pour dépasser le stade du pipi-caca, c'est déjà bien de savoir prononcer le nom de Céline sans l'écorcher. Ca prouve qu'il ne confond pas l'écrivain Louis-Ferdinand avec la chanteuse Dion. "
 (Sortie du disque 1/01/1998).
 

 

 

 

 

 

 

 * PIERAL (né Pierre Aleyrangues, comédien, 1923-2003) : " Si j'ai gardé de ce film (Blondine) un souvenir inoubliable, c'est à cause de l'apparition, un jour, sur le plateau, d'un homme  grand, voûté, à la fois un peu méfiant et très gentil, très courtois, avec un langage châtié. Je ne compris pas tout de suite son nom, lorsqu'un des machinistes me le chuchota. Mais seulement lorsque Henri Mahé m'appela, pendant une pause, et dit à son interlocuteur :
 - Tu connais certainement PIERAL ?
 Puis me dit d'une voix empreinte de solennité : Pierrot, regarde-le bien, cet homme, c'est le plus grand écrivain français du siècle, l'auteur du Voyage au bout de la nuit. Je venais de lire ce livre un mois plus tôt et il n'avait pas fini de me bouleverser. Je rougis, je bafouillai. Je me souvenais en même temps de ce que j'avais entendu mon père dire de lui : " Vendu aux boches... "

 Louis-Ferdinand Céline me regardait avec dans son regard une petite étincelle de pitié. Mais, cette pitié-là, je l'acceptai tout de suite. Elle était humaine, et elle ne s'adressait pas seulement à moi, mais à tous les hommes, à la misère de leur destinée. L'écrivain interpella Mahé : " Tu devrais lui faire jouer Néron, dit-il, ou le Bourgeois Gentilhomme ou un amant de Feydeau, Macbeth, Othello... " Je m'esquivai. S'il continuait, je me mettrais à chialer ! Louis-Ferdinand Céline partit un peu plus tard. Je ne devais jamais le revoir, mais j'ai lu tous ses livres, jusqu'au dernier. S'il avait créé un rôle pour moi, il me semble que je l'aurai bien servi. Hélas ! il a eu d'autres chats à fouetter. "
 (Pieral, Vu d'en bas, Robert Laffont, 1976, p.154).   

 

 

 

 

 

 

 * Denis PODALYDES (acteur, metteur en scène et scénariste) : " Vingt huit heures d'enregistrement et seize CD. Denis PODALYDES s'est engouffré dans la nuit de Louis-Ferdinand Céline. Une bouteille d'eau plate et des biscuits à portée de main, pour éviter des borborygmes au micro, dit-il, le sociétaire de la Comédie Française a accompagné l'odyssée de Bardamu, cascadant d'une phrase à l'autre. Dans sa cabine minuscule, plus seul qu'un galérien célinien en route vers l'Afrique, le lecteur a ainsi tout vu du Voyage au bout de la nuit.

 Une telle traversée exige muscle, détente et concentration. Denis PODALYDES s'est donc entraîné, relisant dans l'intimité ce roman qui l'a laissé sans voix la première fois, il y a une quinzaine d'années. Il a rêvé son parcours et s'est souvenu de ses prédécesseurs : Michel Simon, révolté bougonnant, attaquant les premières pages du Voyage ; puis Arletty, gouailleuse, empoignant l'épopée de Bardamu ; ou encore Georges Wilson, stentor du Théâtre national populaire des années 1960. Sans oublier Fabrice Luchini qui, de Mort à crédit au Voyage, aime enchaîner en public les morceaux de bravoure. "
 (Alexandre Demidoff, Une lecture intégrale de Voyage au bout de la nuit, coffret, BC n°252, avril 2004).

 

 


 

 

 

 

 

 

 * Jean-Marie POIRE (metteur en scène) : " je n'ai pas une approche intellectuelle du cinéma. C'est un art superficiel, pas comme la littérature, qui parle de l'intérieur. Je suis très fier d'avoir réussi à dissuader Audiard d'adapter Voyage au bout de la nuit, de Céline.

 On vit avec un livre, il vous transforme, ce que ne fait pas un film. "
 (Infomatin, 11 octobre 1995).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * IGGY POP (Né James Newel Osterberg, compositeur, chanteur) : " La littérature française me fascine depuis des années. Plus ça va, plus je comprends tout ce que (Jim) Morrison avait pris à Genet, à Céline et même à François Truffaut !

 Les meilleures chansons des Doors sont sans doute venues de là. End of the night, c'est Voyage au bout de la nuit. "
 
 (Contact-Fnac, juin 2012, Spécial Céline n°8, Eric Mazet).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Jean RENOIR (réalisateur, scénariste, producteur, acteur, 1894-1979) : " Commentant l'attaque de Céline, dans Bagatelles, contre la Grande illusion : " Au service de la juiverie, il y aurait, paraît-il, aussi des gens comme Cézanne, Racine et bien d'autres. Nous sommes donc en bonne compagnie. "
 (Ecrits, 1926-1971, janvier 1938).

 * " Je me suis stupidement compromis avec le Parti communiste et les gens de gauche. Mais le temps travaille pour moi. Je reviendrai en France. Hitler est un homme à ma main, je suis sûr que nous nous entendrons très bien, car, comme tous mes confrères, j'ai été victime des Juifs qui nous empêchaient de travailler et qui nous exploitaient. Quand je reviendrai, je serai dans une France désenjuivée, où l'homme aura retrouvé sa noblesse et sa raison de vivre. "
 (Interview donnée en 1940 à un journaliste portugais attendant, à Lisbonne le bateau pour les USA).

 * Quant à Céline : " Chaque fois que nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes disputés comme des chiens. Il n'aimait pas du tout mes films ni ce que je faisais. Ça lui déplaisait beaucoup et il me considérait comme un personnage dangereux. Moi, je l'admire beaucoup, alors je lui répondais - " Je vous admire, je vous admire. "
 (Propos dans D'un Céline l'autre, Michel Polac, ORTF, 8 mai 1969).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Catherine RICH (née Catherine Simone Henriette Marie Renaudin, actrice française) : " Je lis toujours plusieurs livres à la fois. En ce moment, je relis chaque jour la pièce de Didier van Cauwelaert, Noces de sable, que je joue au Studio des Champs Elysées.

  Et puis, le soir, je plonge dans Mort à crédit, de Céline, dont je voudrais me rappeler chaque ligne tant le style me plaît. "

 (Madame Figaro, 14-21 avril 1995).

 

 

 

 

 

 

 

 * Claude RICH (acteur, 1929-2017) : " Je suis le fils  d'une veuve, mon père est mort très tôt. Jeune, j'avais une santé fragile et peur de tout, de la maladie, de l'avenir, d'être sans père. C'est la lecture de Céline, de Mort à crédit qui m'a transformé : le destin de Bardamu, dont l'avenir est totalement bouché, m'a d'abord fait penser au mien.

 Et puis, m'enfonçant dans le roman, j'ai eu une sorte de révélation, c'était dans un bus, je m'en souviendrais toujours : qu'on pouvait se libérer de l'angoisse en la décrivant, comme Céline, on n'est plus dedans, on la regarde. J'ai su alors que mon avenir serait dans l'art, qui vous permet tout d'un coup de continuer, à travers des personnages, et d'ouvrir des portes que vous pensiez condamnées.
 (La Croix, 21 août 1996).

 * Lorsqu'il évoquait son parcours, Claude RICH revenait irrésistiblement vers ses jeunes années. L'angoisse du petit Parisien qui, quoique n'étant pas du sérail, rêve de faire carrière sur les planches. Celle-ci commence pourtant dans une banque, où le jeune Claude, 17 ans, s'ennuie ferme. Son père est mort de la grippe espagnole alors qu'il n'avait que cinq ans. Et sa mère, qui élève seule ses quatre enfants, a besoin que son fils travaille.
 " Je passais des heures à regarder par la fenêtre et j'apercevais des gens qui paressaient au soleil, confiera-t-il quelques années plus tard. C'est ce qui m'a donné envie de faire du théâtre. J'ai voulu être un gars qui pouvait fumer des cigarettes à 3 heures de l'après-midi sur un banc ! "

 Il s'inscrit alors au cours du soir de Charles Dullin, passe le concours d'entrée au Centre du spectacle. Et lit Céline, à qui il sera reconnaissant toute sa vie. " C'est grâce à Céline que j'ai voulu être acteur, grâce à Mort à crédit, aimait-il raconter. Ma vie n'était pas aussi misérable que celle qu'il décrit, mais cette enfance ressemblait à la mienne et, ainsi décrite, elle devenait de l'art. J'ai compris que l'horreur pouvait se transformer et je me suis dit que si, un jour, moi aussi j'y arrivais, ma vie de petit orphelin ne paraîtrait pas si triste. "
 (Claude Rich, élégant jusque dans la mort, Le Point.fr, 21 juillet 2017).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Patrick RIGUELLE (chanteur flamand, guitariste) : " Il sort son premier album en solo en octobre 2012. Intitulé Un premier amour.il est composé de 14 chansons, en français : dont 7 reprises d'Isabelle Aubret (Un premier amour), Jean Sablon (Un seul couvert, please James), Daniel Balavoine (Le chanteur), Charles Aznavour (Tu t'laisses aller), Boris Vian (J'suis snob), Joséphine Baker (Ma p'tit Mimi) et Louis-Ferdinand Céline avec Règlement. "
 (Le Petit Célinien, 25 février 2013).  

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Carlo RIM (de son vrai nom Jean Marius Richard, scénariste, réalisateur, romancier, dessinateur de presse, 1905-1989) : " 14 novembre1932. Déjeuner chez Lucien Descaves, rue de la Santé, avec Céline, Denoël, les deux fils Descaves et le chanoine Mugnier venu en voisin. Céline soliloque : - Si le Voyage marche je pourrai peut-être me démouiser, me fringuer, m'installer proprement. Plein les bottes de l'ascétisme. Ce qu'il y a de sûr, c'est que je ne deviendrai jamais un toubib-littérateur ou un littérateur-toubib comme MM. Duhamel, Durtain ou Mondor ! merde, Dieu m'en garde ! Gribouiller ses états d'âme sur ses feuillets d'ordonnances ! Et tout ça pour le public ! Je le connais, le public ! Je le titille, je le torche, je le purge, je le ramone, je patauge dans ses humeurs et ses glaviots. Il est ragoûtant le public !

 [...] Fin du repas. L'abbé fume un cigare, son verre de mirabelle au poing. Céline, qui ne boit ni ne fume, s'est dressé, prend congé avec précipitation comme un voyageur dont le train démarre. Il s'est esquivé. Descaves interroge Mugnier : - Qu'est-ce que vous dites de mon Ravachol ?  - Comme cet homme doit être malheureux ! dit l'abbé en époussetant de sa serviette son rabat constellé de miettes. "
 (Le grenier d'Arlequin, Journal 1916-1940, Denoël, 1981, p.167).

 

 

 

 

 

 

 * Jean ROCHEFORT (acteur, réalisateur, 1930-2017) : " A l'occasion de la sortie de son livre, Ce genre de choses chez Stock, Nicolas Ungemuth a rencontré Jean ROCHEFORT pour le Figaro Magazine. Un retour sur la carrière de l'acteur, son enfance, ses rencontres et son intérêt pour la littérature, et pour Céline en particulier... Extrait.
 Dans votre bibliothèque figure tout Céline en éditions originales (y compris les pamphlets, ndlr). On ne vous savez pas célinien...
 Je le suis très violemment. Je l'ai découvert dans les années 50, à son retour du Danemark. De plus, j'étais amoureux d'une jeune femme qui prenait des leçons de danse avec sa femme, chez lui, à Meudon. Je l'y accompagnais en voiture toutes les semaines, et je le voyais qui me guettait, méfiant, dans son jardin. La découverte de ses livres a été un choc extraordinaire : lire Céline, c'est voir la vie autrement.

 La littérature est-elle importante pour vous ?
 Oui. Je lis beaucoup plus maintenant que lorsque j'avais le pensum des scénarios à lire, ce qui représentait beaucoup de temps perdu. Je suis aujourd'hui très attiré par la non-fiction, comme les Mémoires de Casanova qui m'ont passionné. Mais il y a aussi la musique, essentiellement le jazz et la musique baroque. "
 (Le Figaro Magazine, propos recueillis par Nicolas Ungemuth, 18 oct. 2013, Le Petit Célinien, 19 oct. 2013).

 

 

 

 

 

 

 

 * Maurice RONET (nom de scène de Maurice Julien Marie Robinet, acteur et réalisateur, 1927-1983) : " En réalité Maurice RONET ne mourut pas " alors qu'il travaillait à l'adaptation de Semmelweis ", comme l'a écrit Pierre Monnier. Il avait depuis longtemps terminé l'adaptation, le découpage et les dialogues d'un film, destiné non à la télévision, mais au grand écran. Je fus un des premiers à lire son découpage qui était tout à fait remarquable.
  Son seul défaut - si toutefois on peut user de ce terme, en la circonstance - était d'être d'un réalisme effrayant. C'est la raison sans doute pour laquelle il ne trouva pas de producteur et je suis bien placé pour savoir qu'il alla tirer les sonnettes de toutes les firmes cinématographiques ayant quelque répondant moral et financier.

 Je lui avais conseillé de faire intervenir notre ami commun Roger Hanin auprès de Jack Lang afin d'obtenir une subvention. Sa rigueur politique lui interdisait d'entreprendre une telle démarche. Il ne m'écouta pas. Il ne réussit donc pas à monter l'affaire d'autant plus que, fort clairement, il tenait à avoir Gérard Depardieu - qui n'avait pas encore atteint le grand sommet de la célébrité - pour interprète de Semmelweis. "
 (Hervé Le Boterf, BC septembre 1991)

 

 

 

 

 

 

 * Michaël R. ROSKAM (réalisateur et scénariste belge. Sa carrière internationale a été lancée en 2012 avec une nomination à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère pour le film Bullhead
 "
Pour le réalisateur de “Bullhead”, le cinéma est un art total. Influencé par Tardi, Messiaen, Courbet, Scorsese, Michaël R. Roskam répond à quelques questions.
 
 - Vos influences sont-elles cinématographiques ?

  
Non, pas seulement. La peinture et la littérature m'ont beaucoup plus influencé que le cinéma. La découverte de Louis-Ferdinand Céline, par l'intermédiaire de Tardi, a été fondamentale. Sa façon de raconter les histoires m'a impressionné. J'adore aussi Hemingway. En musique, je considère Olivier Messiaen comme le plus grand compositeur du XXe siècle. Pendant l'écriture du scénario, j'ai écouté en boucle deux de ses œuvres symphoniques : Turangalila et Eclairs sur l'au-delà.
 
  Les peintres qui m'ont le plus inspiré sont Rembrandt, Le Caravage, Courbet, Manet. J'essaie de composer chaque plan de mes films comme des tableaux. En cinéma, mes réalisateurs de prédilection sont Scorsese, les frères Coen, Orson Welles, John Huston. Mais le cinéma étant un art total, les influences viennent de partout. Dans un film, je recherche l'allégorie, cette force qui dépasse l'anecdote et fait basculer le scénario dans la tragédie grecque.
 (Le Petit Célinien, La découverte de Louis-Ferdinand Céline a été fondamentale, Samedi 25 février 2012).

 

 

 

 

 

 

 

 * Jean ROUGERIE (metteur en scène de théâtre, acteur, auteur, 1929-1998) : " Peu importe, en définitive, que Céline ait écrit pour le théâtre ou non. Il ne l'a pas fait, c'est tout. Mais il a dialogué tout le temps : dialogues avec lui-même, avec des personnages réels ou imaginaires. Son œuvre n'est faite que de répliques avec ou sans répliques, des questions avec ou sans questions ; de répliques criées, jetées, maugrées entre les dents. Céline s'adresse toujours à vous, il vous parle, il vous conte son histoire, il fait de vous un interlocuteur, un contradicteur qu'il écrase parfois du talon, qu'il envoie lanlaire, mais il dialogue.

 Les Entretiens avec le professeur Y, c'est net. Il invente un personnage , un lieu, une action. Ses commentaires personnels sur les circonstances et sur son partenaire semblent des notes de mises en scène. La pièce est là. Pendant les répétitions, on allège, on fait des coupures, on resserre les joints, on met à part ce qui ne regarde presque que le régisseur : description des lieux, notes pour le jeu des comédiens, pour l'ambiance générale, l'éclairage, et on parle : on parle Céline on ne le joue pas. Parce qu'il y a avant tout, chacun le sait, un langage Céline. Inutile donc de chercher autre chose, tout est là, clair, brillant, scintillant, génial. Le texte classique en somme. "
 (L'Avant-scène, 1er avril 1976).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Gilles SACKSICK (peintre, metteur en scène de théâtre) : " Dans ses yeux d'ombres et de lumières, et sa dénonciation de la mêlée, Céline est l'écrivain qui se rapproche le plus de Goya. "
 (Propos recueillis par Valérie Marchand, le Magazine Grand Paris, mai-juin 1996, Année Céline 1996).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Eric SANSON (comédien, metteur en scène, a créé La Compagnie du Mirail, 1997, puis le Petit Théâtre, 2003) : " Eric SANSON donne un extrait de Mort à crédit, seul sur les planches dans une mise en scène de Renaud Cojo. SANSON écume la marmite célinienne et c'est Renaud Cojo qui touille. Le résultat de cette tambouille sera visible pendant plus d'un mois. Au moins SANSON fait " Crédit ". Pour peu, ce comédien  qui s'est fait tout seul de rôle en rôle dirait qu'il ne serait rien sans Louis-Ferdinand Destouches.

 Reste à trouver la bonne mesure pour le comédien aux prises avec ces diatribes qui font dans l'excès, la caricature, la charge au sabre. Difficile de rester frais au milieu de tous ces points d'exclamation. SANSON s'enflamme, décolle, s'élève, explore les tendances à l'éructation. Courtial c'est lui, esquif baveux sur la surface des phénomènes. Un fond vide, un fauteuil, une bassine : SANSON vous attend. "
 (Joël Raffier, sud-ouest.com, Le Petit Célinien, 19 nov. 2010).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Patrick SEBASTIEN : " Le regard que je porte sur l'humanité aujourd'hui est plus proche de Céline que de Barbara Cartland. "

  (Elle, 21 avril 1997).

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 * Pascal SEVRAN (de son vrai nom Jean-Claude Jouhaud, animateur, producteur de télévision, parolier, chanteur et écrivain, 1945-2008) : " Autre amateur de chanson française venu à Meudon, Pascal SEVRAN qui passe la tête dans la maison et en reste pétrifié.
 
   La cause de cette attitude est due à sa peur panique des chats. Comme le rappelle Marie-Ange : " Il a fallu évacuer les animaux, c'était la chasse aux chats. "
 (Conversation David Alliot, Lucette Destouches, Sergine Le Bannier et Marie-Ange, Meudon, 21 mai 2011).

 

 

 

 

 

 

 

 * Michel SIMON ( né Joseph Simon, acteur suisse, 1895-1975) : " Avec Michel SIMON le dialogue n'était pas triste, on s'en doute. Lucette les laissait souvent bavarder entre hommes. D'ailleurs, elle avait ses cours de danse dans la salle du haut. Que se racontaient ces deux compères ? Des histoires d'animaux, souvent. Chacun avait un perroquet et lui apprenait des mots rarement employés dans les salons. Ou des histoires salaces, peut-être... En tout cas, le rire, pour ne pas dire le ricanement de Michel, résonne encore dans ses oreilles. Leurs points communs étaient nombreux. Entre autres, ils ne se lassaient pas de railler Sartre, traité de " méchant pitre " et, plus généralement, de dénigrer les " raisonneurs ", les " intellectuels " en appuyant bien sur les syllabes.
 
 Céline disait : " J'ai pas d'idées, moi ! aucune ! et je trouve rien de plus vulgaire, de plus commun, de plus dégoûtant que les idées ! Les bibliothèques en sont pleines ! et les terrasses de café ! tous les impuissants regorgent d'idées ! " L'acteur applaudissait gaiement l'artiste. "
 (Francis Puyalte, Le Figaro, 30 décembre 1992).

 * " - Pour l'enregistrement d'extraits du Voyage au bout de la nuit, vous avez rencontré Céline ?
  - Nous nous étions rencontrés souvent avec Céline. Nous avions des discussions passionnantes. Parfois nous étions d'accord. Pourtant, lors de l'enregistrement il se fâcha. Il y avait une phrase : " Bête comme un chien. " Je lui fis remarquer que ce n'était pas exact et méchant pour nos amis les chiens. Je lui proposai de dire : " Stupide comme un âne. " Il s'est mis en colère, il faillit ficher le camp. Céline, c'était cela... "
 (Jacqueline Vandel, Le Figaro littéraire, 14 mai 1964).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * SINE (né Maurice Sinet, dessinateur et caricaturiste politique, 1928-2016) : " A 22 ans Jean-Jacques Pauvert a édité Complainte sans parole et mes albums sur les chats. J'aurais voulu une préface de Céline. J'ai appris à lire dans Céline. J'estimais que c'était un anar. Mais je n'ai pas osé sonner chez lui. Je suis allé trouver Marcel Aymé. Et il m'a fait une préface géniale intitulée : Voyage au bout de l'humour. "
 (93 Hebdo, 23 avril 1993).

 * " Ceux qui écrivent et qui ne vénèrent pas Céline m'évoquent des pianistes qui conspueraient Thelonious Monk ou des peintres du dimanche qui cracheraient sur Picasso ! Le génie transcendant de Louis-Ferdinand Destouches est incontestable et je plains, plutôt que je ne blâme, ceux que sa conduite inqualifiable a égarés au point de leur interdire tout jugement objectif. "
 (Charlie-Hebdo, 26 mars 1997).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Alain SOUCHON (de son vrai nom Alain Kienast, auteur-compositeur interprète et acteur, double nationalité suisse) : " Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline : c'est de la poésie pure, c'est Arthur Rimbaud en prose. "

 (Le Journal du Dimanche, 4 septembre 2005).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Pierre SOULAGES (peintre et graveur) : " Je n'aime pas voir mes toiles alignées sur un mur, j'ai l'impression qu'elles cherchent à fuir. Je fais une peinture qui est à aborder de face. J'aime beaucoup ce passage du Voyage au bout de la nuit où Céline dit : " Toutes les villes sont des femmes couchées au bord d'un fleuve. New York, c'est une ville debout... " Ma peinture, c'est un peu ça. "
 (La Croix, 14 mai 1996).

 

 

 

 

 

 

 * Ralph SOUPAULT (dessinateur, 1904-1962) : " Il est également l'auteur d'un dessin illustrant la nouvelle de Marcel Aymé, " Avenue Junot ", qui met en scène la joyeuse petite bande qui se réunissait à Montmartre dans l'atelier du peintre Gen Paul dont SOUPAULT faisait parfois partie. Ces dessins ont paru tous deux dans l'hebdomadaire Je suis partout auquel il collabora avant-guerre et sous l'Occupation.

 Ce très grand caricaturiste mériterait d'être redécouvert d'autant qu'il est naturellement inclus dans la galerie des personnages céliniens évoqués dans Maudits soupirs pour une autre fois : " Lui qu'a un talent très demandé, qui collabore à trois hebdos, caricaturiste humoriste, le flagelleur anti-Vichy, anti-Giraudin, anti-Londonien, anti-Sibérien, anti-Tombouctou, anti-Wachington, anti-tout. Sa peau en valait plus un zéphir tellement qu'il s'était fait des haines dans les quatorze parties du monde... " On remarquera que ce bref portrait s'appliquerait tout aussi bien à Céline lui-même. "
 (Marc Laudelout, dessins saisie des Beaux draps, 1942, BC juin 1990).

 

 

 

 

 

 

 

 * Jean-François STEVENIN (comédien, metteur en scène) : " Céline inépuisable. C'est la vie même. C'est le meilleur remontant moral que je connaisse. Ses chansons auraient pu être écrites hier. C'est un gars que j'admire. Il est toujours monté en première ligne. Il était courageux. Il y a encore deux ans, on n'aurait pas oser parler de son Mea culpa. On aurait passé pour je ne sais quoi, alors qu'il avait tout dit... J'ai toujours l'espoir de tourner Nord dont j'ai écrit une adaptation. C'est le plus beau film que j'ai vu... "
 (BC, février 1993).

 * " J'adore les livres de Céline, mais les adapter serait une mauvaise idée. J'ai plutôt songé à évoquer le couple Céline-Lucette Almanzor. Lui, un type très sombre qui va au bout d'une logique de provocation. Elle, une danseuse lumineuse. Deux êtres exceptionnels, un couple idéal, quoi ! "
 (Télémagazine, Puteaux, 13-19 janvier 1996, propos recueillis par Gilbert Jouin, dans BC n°165, juin 1996).

 

 

 

 


 

 

 

 

 * Igor STRAVINSKI (chef d'orchestre et compositeur russe de musique, considéré comme l'un des plus influents du XXe siècle, 1882-1971) : " Céline venait d'apprendre que STRAVINSKI lui faisait envoyer des exemplaires de la traduction des Chroniques de ma vie, parue en deux volumes, le premier en 1933, le second tout récemment en 1936, chez Denoël.

 Il existe en effet un exemplaire dédicacé : " A Louis-Ferdinand Céline, le grand écrivain que j'admire. Igor Stravinski, le 13.XI.36 " Céline saisit cette occasion de donner une chance à son ballet La naissance d'une fée. "
 (Lettres, Pléiade, p.1713).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Jacques TARDI (écrivain, auteur de bande dessinée) : " Les héritiers de Céline sont en fait apparemment opposés à une adaptation du roman en BD et, encore aujourd'hui, tentent d'empêcher une exploitation trop désordonnée de l'œuvre de Céline. Heureusement, la réalisation que je fais n'est pas une BD car cela aurait nécessité beaucoup trop de pages. J'illustre donc le texte intégral et l'ensemble fera l'objet d'un gros livre qui s'adressera peut-être plus aux amateurs de littérature que de BD... "
 A la question de savoir si Céline aurait aimé son travail, TARDI répond : " Il fait quelques allusions aux " histoires dessinées " et aux " comics " dans ses livres. Il en parle avec dédain sans trop  savoir ce que c'est. J'espère pourtant qu'il aurait aimé. "
 (Belgique n°1, 15 septembre 1988).

 * " Le dessinateur et illustrateur Jacques TARDI évoque le cinéma français des années trente : " C'est un cinéma qui doit beaucoup à Céline, à sa manière de parler des petites gens. Son misérabilisme - comme celui de Carco ou de Mac Orlan - a énormément influencé les cinéastes des années trente : personne n'a jamais filmé le Voyage au bout de la nuit, mais si on faisait un bout à bout d'extraits de films de cette époque, je suis sûr qu'on arriverait à recréer l'ambiance du roman de Céline.

 Prenez Panique, de Duvivier, par exemple, avec sa fête foraine sur une place de banlieue. Dans le Voyage, on parle des grandes " portes de la nuit " qui vont se refermer... Souvent aussi, je pense au peintre joué par Le Vigan dans Quai des brumes qui, " derrière un nageur, voit aussitôt un noyé. "
 Toute cette noirceur m'a marqué. Je reviens sans cesse à ces films et à leur ambiance de déprime : Remorques, Les Portes de la nuit, Le Jour se lève, Hôtel du Nord... "
 (Télérama, 1er mai 1991, BC n°106, juillet 1991).

 

 

 

 

 

 

 

 * Eliane TAYAR (cinéaste, 1904-i986) : " Ferdinand, c'est le diable qui apparaît dans un court métrage de Dreyer où il conduit une locomotive et ricane quand l'automobiliste, qui fait la course, a un accident. Avant la parution du Voyage, sur la péniche, Ferdinand nous lisait parfois une œuvre, pour juger de l'effet, qui horrifiait l'assistance. C'était une " légende médiévale " une légende horrible, où il avait placé son obsession de la mort, de la torture, du crime. J'avais tourné un film sur Versailles et Céline écrivit un scénario pour moi. C'était l'histoire d'une femme fatale qui s'installe en Bretagne et qui séduit les pêcheurs. Je devais présenter le scénario à Christian Nalpas. Mais la dernière scène, la scène d'horreur, de torture, d'accouplement, due à la sexualité morbide de Céline, dissuada les metteurs en scène, effraya tout le monde.

 C'est peut-être à cause de son échec avec les producteurs de cinéma qui a provoqué l'antisémitisme de Céline. Son antisémitisme est né du refus de Nalpas de tourner Secret dans l'île. La scène des paupières cousues ! Ferdinand racontait toujours des histoires horribles, du grand guignol. Il ne goûtait que le désastre. Plus c'était catastrophique, plus il était satisfait. Il s'est intéressé à Semmelweis à cause de son désastre. Ce qui l'intéressait chez les autres : les défaites, les suicides même, pour en faire de la poésie. "
 (Entretien avec l'auteur, 1982, Eric Mazet, Spécial Céline n°8).

 


 

 


 

 

 * Jacques TERPANT (auteur, dessinateur et scénariste de bande dessinée) : " Quel lecteur de Céline êtes-vous ?
 - Je ne fais pas partie de ce que l'on appelle " les céliniens " (Jean Dufaux davantage), j'ai lu le Voyage au bout de la nuit vers 16 ou 17 ans, j'ai encore le bouquin de poche (avec une couverture de Dubuffet. J'ai compris pourquoi en faisant Le chien de Dieu, Maître Gibault qui s'occupe des droits de Céline est un spécialiste de l'art brut), mais je n'ai pas ressenti à la lecture le choc, comme Lucchini ou Yann Moix qui disent que leur vie en a été changée. J'ai lu épisodiquement ses autres livres, et c'est la dernière période que je préfère, Nord, etc.

 - Le chien de Dieu est sorti en pleine affaire des pamphlets chez Gallimard. Avez-vous ressenti une pression particulière ?
 
Il est sorti avant, mais quand " l'affaire des pamphlets " est arrivée, le journal L'incorrect qui a annoncé l'évènement l'a fait avec la couverture du Chien de Dieu. La presse avait plutôt très bien accueilli cet album, à partir du moment où l'on a eu l'affaire des pamphlets, à peine a-t-on eu quelques réserves sur le fait que l'on montrait un peu trop les côtés positifs du personnage, son côté médecin des pauvres par exemple...
  Il faut que les salauds ressemblent à des salauds sur toute la ligne. J'ai dû être plus attaqué quand j'ai adapté Jean Raspail, peut-être parce que c'était plus populaire comme succès. En fait, cela m'importe assez peu et pour tout vous dire, je crois que cela me plaît assez, je fais volontiers mienne cette citation de Cyrano de Bergerac : " Déplaire est mon plaisir, j'aime raréfier sur mes pas les saluts. "
 (Jacques Terpant, Bruce Lit !, 21 février 2018, dans Spécial Céline n°28, avril-mai-juin 2018).

 

 

 

 

 

 

 * Hubert-Félix THIEFAINE (chanteur, auteur-compositeur) : " Céline est un auteur qui compte pour moi. D'autant plus que c'est quelqu'un d'ambigu et que j'ai toujours aimé l'ambiguïté : ça pousse à se poser des questions. J'ai toujours été attiré par ce qui n'est pas clair, car il n'y a pas que le noir et le blanc dans la vie. Je me souviens d'une discussion avec un chanteur de ma génération. Plutôt militant, avec des règles très strictes, il m'a dit un jour, un peu fâché contre moi : quand on n'est ni noir ni blanc, on est gris ! Je lui ai répondu : la matière est grise, aussi... "
 (Chorus. Les cahiers de la chanson, Brezolles, janv-mars 1999, BC n°196).

 * Dans son dernier album, Stratégie de l'inespoir, Hubert-Félix THIEFAINE propose " Retour à Célingrad ", une chanson consacrée à Céline écrite à l'occasion du 50e anniversaire de la mort de Céline.
 " Alors je vous prie ! ma Statue ! mon Square ! mes Esplanades ! ma Ville ! Célingrad ! Célingrad au fait ! " (Féerie pour une autre fois).
             
        Retour à Célingrad
 
 Débris d'hélices carbonisées... gibbons motorisés / tout naves / seigneur Bébert du rigodon / bruits des mots brûlés au phosphore... / dans les rues de Sigmaringen... / c'est le temps de mettre à la vague... / guignols et féeries vitrifiés / d'un château l'autre un port d'épaves... / le temps de vogue sur Meudon / sur la Butte à l'heure où ça mord... / bien germaneux Hohenzollern... / loin des cachots de Copenhague... / oberflicfürher dans la danse... / on rote son âme... de profondis !... / on entend les sirènes au port... / bignolles en transe... valsez, gamètes ! / dans les vapes des gaz hilarants... / et les hiboux du cimetière... / rastaquouères de la survivance... / la mort à crédit d'un clown triste... / crève raisonneux ! j'veux pas qu'ma mort qui frappe le bulleux dans sa tête !... / ça fait bander Sartre et Vaillant... / me vienne des hommes et de leurs manières... / pristis ! grabataires et fienteux !... grabataires et fienteux !... / navadavouilles et ragoteux !... navadavouilles et ragoteux !... / gadouilles caves ! morues en rade !... gadouilles caves ! morues en rade !... / nous v'là d'retour à Célingrad !... d'retour à Célingrad !...
 (Le Petit Célinien, Retour à Célingrad, paroles, H.F. Thiefaine, musique : Julien Pérez, 30 nov. 2014).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Roland TOPOR (dessinateur, écrivain, metteur en scène) : " Je pense vraiment que non seulement Alfred Jarry est un très grand écrivain, un styliste vraiment, mais je pense aussi qu'il a beaucoup influencé de très grands écrivains.

 Céline, par exemple. Mais personne n'en convient. Céline s'est transformé en Ubu sans avouer sa dette !... "
 (Le Quotidien de Paris, 20 mai 1992).

 

 

 

 

 

 

 

* Mara TRANLONG (femme artiste peintre née en 1935) a longtemps réalisé ses œuvres sur soie tendue sur des thèmes du nu et de maternité asiatique aux couleurs pastels. Elle a travaillé sur de nombreux autres supports tels la porcelaine, le verre, la toile, le carton et le bois. C'est sur ce dernier support qu'elle y consacre encore toute son énergie pour réaliser des scènes de la vie montmartroises telle la série " Les Loulous de Montmartre ". Depuis 6 ans elle se consacre à une œuvre en hommage à Louis-Ferdinand Céline qui fut en son temps aussi montmartrois.
 
 Mara TRANLONG
exposera ses dernières œuvres en hommage au romancier Louis-Ferdinand Céline du lundi 25 novembre au dimanche 1 décembre 2019 à Montmartre. Plusieurs petites œuvres originales préparatoires seront présentées à cette occasion. Elles préfigureront ce que sera la cinquième et peut-être la dernière œuvre de la collection en 110x110 cm s'inspirant du roman Guignol's Band. De 11h00 à 20h00, entrée libre. 32 rue Gabrielle 75018 Paris Montmartre, métro Abbesses, Montmartrobus.
 (Infolettre n° 35, site celineenphrases, novembre 2019).

 

 

 

 

 

 

 

 * Jean-Louis TRINTIGNANT (comédien de théâtre, acteur, réalisateur, auteur, scénariste de cinéma) : " Il dit, tout de go, sans raison apparente : " J'ai horreur des vieux. " Un thème récurrent dont on perçoit toujours plus les accents céliniens (ça me plaît que vous disiez ça, je l'aime beaucoup, Céline, surtout sur la fin de sa vie, avec ses erreurs, ses conneries. "
 (Portrait par Laurent Rigoulet, Libération, 15 mai 1998, Année Céline 1998).

 

 

 

 

 

 

 

 * Marie TRINTIGNANT (actrice, fille de Nadine et Jean-Louis Trintignant, 1962-2003) : " Le premier livre qui m'a stupéfaite, c'est Voyage au bout de la nuit. J'avais 13-14 ans. Je ne savais pas que la littérature pouvait arriver à ça. Je découvre qu'on pouvait écrire différemment aussi. Cette façon de ne pas finir ses phrases, de dire des horreurs avec autant de verve et de fougue...

 Céline, quand je le lis, je ris. Quand je referme le livre, je suis horrifiée, abasourdie. C'est très fort d'arriver à fondre ces deux niveaux de lecture le plaisir du texte, d'abord ; la réflexion ensuite. "
 (Télérama, 15 août 1998).

 

 

 

 

 

 

 

 

 * François TRUFFAUT (réalisateur, scénariste et producteur, 1932-1984) : " Les secrets de TRUFFAUT ", Rivarol (20 mai 1993), se fait l'écho de cette révélation du Point relative aux origines du cinéaste disparu : " TRUFFAUT ne s'appelait pas TRUFFAUT mais Lévy.
 Il était le fils naturel d'un dentiste de Franche-Comté. C'est à la fin de sa vie  qu'il retrouva ce père oublié et dont le soupçon le taraudait. "

 Rivarol observe que " cette filiation n'empêchait pas le réalisateur d'être un " fou de Céline " comme il nous le confia quand il vint tourner dans notre imprimerie quelques scènes du Dernier métro, tournage qui prit quelque retard car il ne pouvait s'arracher à notre bibliothèque. Et il nous demanda de lui communiquer photocopie de nombreux documents, notamment des articles de Robert Poulet sur le reclus de Meudon. Songeait-il à s'inspirer un jour de sa vie ou de l'œuvre de Céline ? La maladie ne lui en laissa pas le temps. "

 

 

 

 

 

 

 

 

 * Guy VIGNOHT (peintre, 1932-2010) : " J'arrêtai ma triumph et sonnai à la grille. Marcel Aymé m'ouvrit accompagné d'un homme en pèlerine et qui s'appuyait sur une canne. Marcel Aymé me le présenta comme quelqu'un que j'aurais dû connaître, mais que je n'avais jamais rencontré, et je n'entendis pas le nom du personnage sur les lèvres de Marcel Aymé. C'est l'homme à la canne qui débouta le silence.
 - D'où venez-vous ?... Je croyais qu'il me demandait si, en voiture, je venais de Paris ou d'ailleurs.
 - Je rentre de la guerre d'Afrique du Nord.
 - Ah ! Moi, je n'ai jamais été violent, j'ai dénoncé la violence. Même en 39.
 On apporta les apéritifs. Il buvait de l'eau. D'une voix pâteuse, j'osai lui dire que j'étais peintre.

 - Ah ! peintre. Oui, peintre, dit-il. Dans quel style ? C'est rare un style. Ce qui m'intéresse, c'est le style. Moi, je suis lyrique...
 - Je peins la guerre. Pas celle que j'ai vécue en Afrique du Nord. Je peins Les Croix de bois de Dorgelès. Oui, je peins la guerre, avais-je dit à l'inconnu à la canne, qui me répondit : - La vraie inspiratrice , c'est la mort... Marcel Aymé ajouta : - Céline a raison, pour les écrivains  comme pour les peintres.
 Je venais d'apprendre que l'homme à la canne s'appelait Louis-Ferdinand Céline...
  (Céline à Grosrouvre chez Marcel Aymé, 1959, BC sept. 1999).

 

 

 


 

 

 

 * Maurice de VLAMINCK (1876-1958, peintre français considéré comme une des principales têtes du mouvement Fauve) : " Le 19janvier 1938, VLAMINCK écrit à Lucien Descaves à propos de Bagatelles (collection Colette Monceau) : " Je viens de lire le bouquin de Céline. Tu t'es trompé, ce n'est pas sur Maria Oswald que tu devrais faire le papier " Sans Haine ". Mais sur le livre de ton ami Louis-Ferdinand Céline. (Il est vrai qu'il n'y a pas de temps de perdu). Là-dedans la haine ne vient pas du toit !! Ce n'est plus de la haine dans Bagatelles pour un massacre ! mais un pogrome ! une invitation à une Saint-Barthélemy !!! "

 VLAMINCK : Céline le rencontra chez Lucien Descaves et se rendra chez lui, le cite dans Bagatelles parmi ses trois peintres préférés avec Gen Paul et Mahé. Berthe Combes, sa deuxième femme, avait écrit à Descaves que Voyage avait beaucoup plu à VLAMINCK. Entre autres points communs : buveur d'eau, pacifiste.
 En 1934, il avait publié La Haute Folie, avec un avant-propos de Lucien Descaves où il dénonçait l'influence des Kreuger, Insull, Loewenstein et Oustric, le machinisme, l'art nègre, le cubisme, l'uniprix, le standard, l'automobile, l'autoroute, Picasso, le socialisme, le communisme, la SDN, " image vivante de la tour de Babel ", le cinéma, l'urbanisation. Dans sa préface, Lucien Descaves le comparait à Zola, Jules Renard et Céline. "
 (Eric Mazet, Spécial Céline n° 30, 2018).

 

 

 

 

 

 

 

 * Georges WOLINSKI (dessinateur de presse, 1934-2015, assassiné le 7 janvier 2015 avec une partie de la rédaction du journal Charlie-Hebdo) : " Le dégoût de soi est un sport national en France. Les plus grands écrivains : Montaigne, Rousseau, Céline, Sartre... ont trempé leurs plumes dans leur merde.

 Pour le plus grand bonheur de leurs éditeurs... "
 (Charlie-Hebdo, 9 septembre 1992, Année Céline 1992).
 

 

 

 

 

 

 * ZEN CIRCUS (On connaissait l'hypothèse du parallèle entre la chanson End of the night du groupe américain The Doors et Voyage au bout de la nuit, des chansons de Bruno Gratpanche interprétées par Jean-Michel Dauphy, ou bien encore la chansonnette de Pierre Perret Ferdinand, c'est aujourd'hui le groupe italien Zen Circus qui affiche clairement son attrait pour Céline en intitulant son prochain album Morte a credito (sortie en janvier 2013) :
 
  En vue de l'année sabbatique imminente du groupe Zen Circus même le batteur Karim Qqru est prêt à se mettre à son compte avec un projet intitulé La nuit des longs couteaux. L’album qui aura pour titre Mort à crédit est un hommage au roman de Louis-Ferdinand Céline, l’une des sources d’inspiration avec Albert Camus. La sortie est prévue pour le 21 janvier 2013 chez Black Candy Records/Warner, tandis que le single sera lancé au mois de décembre.
 (Le Petit Célinien, mercredi 24 octobre 2012).