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D'ARRIBEHAUDE PARCOURS
Jacques D'ARRIBEHAUDE est un écrivain, né le 6
juin 1925 à Hasparren, Pyrénées-Atlantiques, il a fait
ses études secondaires au lycée de Bayonne. Il meurt à
Nice, le 27 mars 2009.
La Guerre
Le 13 février 1943, il rallie les Forces françaises
libres à travers l'Espagne. Il sera interné en Espagne à
la prison de Badajoz. Libéré par la Croix-Rouge, il
s'engagera dans la 1re division française libre (Libye).
Il effectue plusieurs missions en Italie, en Grèce et en
Yougoslavie à bord du pétrolier américain Eagle.
En mai 1945, il est rapatrié sanitaire en France.
Souffrant de tuberculose et d’hépatite chronique, il est
admis au sanatorium international des étudiants en
Suisse, aux Diablerets d'abord, puis à Leysin (automne
et hiver 46-47). Son premier séjour à Paris date de
1947. Il se voit refuser un manuscrit chez Gallimard
malgré l'accueil favorable de Marcel Arland. Cette même
année il est employé au service des visas de l'ambassade
américaine.
Une rechute hépatique le contraint à prendre une
convalescence à Bayonne, où une petite pension lui est
attribuée à titre d'interné résistant pour les maladies
contractées à la prison de Badajoz.
Les romans
Il revient à Paris en 1950. Il sera guide-interprète
du premier voyage organisé par une agence touristique
française aux Baléares. Au « Festival du Film Maudit »
de Biarritz, il rencontre Roland et Denise Tual dont il
devient l'assistant.
Il fait la connaissance de René Clair, de Cocteau, de
Malraux, de Roger Nimier et de Roland Laudenbach. Roland
Tual tente de faire accepter son manuscrit chez
Gallimard et chez Plon, mais il heurte les idées reçues.
Il fera différents séjours en Suisse, en Italie, au
Portugal, en Espagne etc. qui figureront dans son Journal.
Mais auparavant il s’essaiera au roman et publiera en
août 1956 La grande vadrouille dont le titre lui
sera racheté par la suite et deviendra celui d’un film
célèbre de Gérard Oury sans rapport avec son roman.
Il publiera en 1959 à La Table ronde Semelles de
vent et Les Étrangères chez Alain Lefeuvre en
1981. Entre temps il aura écrit Adieu Néri qui
obtiendra le prix Cazes 1978.
Cinéma et ethnologie
Reprenant ses études interrompues par la guerre,
il se formera aux techniques cinématographiques au
Centre audiovisuel de l'École Normale de Saint-Cloud, à
la suite de quoi il participa à la société de production
de courts-métrages Tanit Films en collaboration
avec Jean Desvilles.
Il collabora à la réalisation de nombreux films d'art
et d'essai : Picasso romancero du picador, Rembrandt
le Temps des cerises, Louis Lecoin le cours d'une vie,
etc. et obtint de nombreux prix au C.N.C. (Centre
National de la Cinématographie).
À l'O.R.T.F. il réalise des reportages pour les
magazines de l'information télévisée en Europe, Afrique,
États-Unis, Arctique, etc. Il est conseiller de
programme pour les œuvres de fiction.
Il obtint une licence de littérature générale et
d'ethnologie à la Sorbonne et au musée de l'Homme. Dans
le cadre de missions ethnographiques il réalisa des
films documentaires au Mali (Saison sèche), au
Togo, en Côte d'Ivoire, à Madagascar et au Cameroun.
Louis Ferdinand Céline
Jacques d’Arribehaude réalisa avec Jean Guénot en 1960
la dernière interview de Louis-Ferdinand Céline quelques
jours avant sa mort. Plus tard, il rencontra Dominique
de Roux alors que ce dernier préparait son dossier
Céline pour les Cahiers de l'Herne.
Le Journal
L'œuvre centrale de Jacques d'Arribehaude admirateur
de Saint-Simon est son Journal qui parcourt les
années 1950 à 1986 avec une interruption de 1968 à 1981.
Il a publié les années 1980 de son Journal en
2008 et l'a intitulé S’en fout la vie.
Jacques d’Arribehaude était également peintre et
dessinateur.
Transplanté foie et rein à l'hôpital Paul-Brousse de
Villejuif par le professeur Henri Bismuth en juillet
1993, il vivra jusqu’en 2009. Décédé le 27 mars 2009.
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Biographie Jacques d' Arribehaude
Né le 6 juin 1925 à Hasparren,
Pyrénées-Atlantiques. Études secondaires au lycée de
Bayonne sous l'Occupation (Bayonne zone interdite).
13 février 1943 : Rallie les Forces Françaises
Libres à travers l'Espagne. Interné en Espagne à la
prison de Badajoz. Libéré par la Croix-Rouge, s'engage à
la 1ère Division Française Libre (Libye).
Dessinateur-cartographe à la Direction du Service
géographique de l'Armée à Alger. Missions en Italie,
Grèce et Yougoslavie à bord du pétrolier américain " Eagle ".
Mai 1945 : Rapatrié sanitaire en France.
Tuberculose pulmonaire, hépatite chronique. Admis au
sanatorium international des étudiants en Suisse, aux
Diablerets d'abord, et à Leysin (automne et hiver
46-47).
1947 : Premier séjour à Paris. Refus d'un
manuscrit chez Gallimard malgré l'accueil favorable de
Marcel Arland. Employé au service des visas de
l'ambassade américaine. Rechute hépatique et
convalescence à Bayonne, où une pension (très faible)
lui est attribué à titre d'interné résistant pour les
maladies contractées à la prison de Badajoz.
1948-1949 :
Suit des cours de dessin et de peinture aux Beaux-Arts à
Bayonne.
1950 : Retour à Paris. Guide-interprète du
premier voyage organisé par une agence touristique
française aux Baléares. Rencontre au Festival du Film
Maudit de Biarritz de Roland et Denise Tual dont il
devient l'assistant. Rencontre de René Clair, Cocteau,
Malraux, Roger Nimier, Roland Laudenbach. Essai
infructueux de Roland Tual de faire accepter son
manuscrit chez Gallimard et chez Plon, où il heurte les
idées reçues.
1951 : Reportage journalistique en Indochine.
Saïgon, Hanoï, couverture d'une opération militaire au
Sud Vietnam. Cambodge.
Juillet 1951-mai 1954 : Acheteur de coton au
Tchad.
Mai-décembre 1954 : Séjour au Laos. Écriture
d'un roman.
1954-1958 : Publication du roman " La grande
vadrouille " (août 1956). Séjours en Suisse et en
Italie. Peintures de paysages, études de nus,
encouragements, dans une galerie de Lausanne, de Dunoyer
de Segonzac. Bourse universitaire pour reprendre les
études interrompues pendant la guerre.
1959-1963 : Parution à la Table Ronde de " Semelles
de vent ". Formation aux techniques
cinématographiques au Centre audiovisuel de l'École
Normale de Saint-Cloud. Assistant d'un film éducatif
pour l'Éducation Nationale en Angleterre : " Country
Life in England ". Rencontres et entretiens
enregistrés avec Céline.
Obtention d'une licence de littérature générale et
d'ethnologie à la Sorbonne et au musée de l'Homme.
Mission ethnographique au Mali et réalisation d'un film
documentaire " Saison sèche ". Rencontre de
Dominique de Roux qui prépare son dossier Céline pour
les Cahiers de l'Herne. Missions ethnographiques
et réalisations de films documentaires au Togo, en Côte
d'Ivoire, à Madagascar et au Cameroun.
1963-1965 : Séjours au Portugal, à Londres, en
Hollande, Provence et Espagne.
1965-1968 : Participation à la société de
production de courts-métrages Tanit Films en
collaboration avec Jean Desvilles. Nombreux films d'art
et d'essai. Picasso romancero du picador, Rembrandt,
le Temps des cerises, Louis Lecoin, le cours d'une vie, etc.
Primes à la qualité et nombreux prix au C.N.C. (Centre
National de la Cinématographie).
1968-1983 : Entre à l'O.R.T.F. en qualité de
réalisateur en 1968. Reportages pour les magazines de
l'information télévisée en Europe, Afrique, États-Unis,
Arctique, etc. Conseiller de programme pour les œuvres
de fiction. En I978, publication chez Albin Michel de " Adieu
Néri ", qui obtient le prix " Cazes ".
1983-1987 : Inscription à l'atelier du peintre
Mac Avoy. Exposition à la galerie de la Tour. Œuvres
achetées par la mairie du XVIème arrondissement.
Publication aux éditions du Lérot de " Le cinéma de
Céline. " Chroniques littéraires au " Bulletin
célinien " de Marc Laudelout à Bruxelles.
1987-1998 : Séjour dans le Sud-Ouest.
Transplantation foie et rein à l'hôpital Paul Brousse de
Villejuif (grâce au Professeur Bismuth) en juillet I993.
1998 : Retour à Paris. Parutions successives d'
" Une saison à Cadix " et de " L'encre du
salut " (Chalmin-L'Age d'Homme), de " Complainte
mandingue ", et de " Un Français libre " (qui
rassemble l'ensemble du journal des années 60 avec un
texte inédit, " Le Royaume des Algarves " aux
éditions de L'Age d'Homme. Préparation de la suite du
journal.
(jacquesdarribehaude.chez.com , Biographie).
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Exit
Jacques d'ARRIBEHAUDE ou la mort d'un gentilhomme
Jacques d'Arribehaude est mort ce 27 mars 2009 à Nice.
Ecrivain de race, il aura incarné un type d'homme
aujourd'hui clandestin, produit d'une alchimie
suprêmement française : le mousquetaire, primesautier et
fidèle en amitié. D'une mère basque et d'un père gascon,
Jacques d'Arribehaude appartenait à une famille dont les
archives remontent au XIIe siècle, avec des attaches en
Béarn, Gascogne et Navarre, et qui connut la ruine bien
avant la Révolution. Noble certes, mais fauché comme les
blés, et donc " ouvert au grand large ".
En
1943, à l'âge de 17 ans, révulsé par " l'éthique de
soumission geignarde et chevrotante " de Vichy, ce
rejeton d'une lignée féodale traverse l'Espagne, visite
ses prisons, embarque pour Alger, se promène jusqu'en
Libye avant de servir en Italie et dans les Balkans.
Jeune volontaire de la France libre, il navigue en
Méditerranée sous pavillon américain, ce qui lui permet
de découvrir le Voyage au bout de la nuit dans
une librairie italienne en ruines.
Après la guerre, ce héros stendhalien connaît le
sanatorium avant d'errer en Afrique équatoriale, au Laos
et en Espagne, sa seconde patrie, pour laquelle il ne
nourrissait aucun ressentiment, malgré ses mois de
cachot. Revenu à Paris, entre deux sauts à Tanger,
Bayonne ou Saïgon, ce jeune aventurier, mixte de Drieu
et de Casanova, fréquente la Table ronde,
rencontre Cioran (qui l'encourage après son professeur
de terminale au Lycée de Bayonne, Jean-Louis Curtis),
mais aussi Lise Deharme, Michel Leiris, André Malraux,
Edgar Morin, et last but not least Céline, qu'il
ira voir à Meudon. Un projet de film naîtra de leurs
entretiens, hélas ! avorté.
Jacques d'Arribehaude a retracé ses aventures dans une
série de Journaux publiés à L'Age d'Homme (Cher
Picaro, Un Français libre), où il se révèle
picaresque à souhait, contrebandier en diable,
divinement irrégulier. l'écrivain, également auteur de
romans dont l'un remporta le Prix Cazes (Semelles de
vent, le bouleversant Adieu Néri), pose sur
le monde un regard alliant la fraîcheur et la
mélancolie, qui fait de lui l'un de nos derniers
moralistes : " L'art de vivre tout court n'est pas autre
chose que ce cheminement plus ou moins laborieux, plus
ou moins tenace, plus ou moins acharné parmi les
obstacles, les dénigrements, l'hostilité ou
l'indifférence du plus grand nombre ". René Clair disait
de son premier ouvrage, La Grande vadrouille (La
Table ronde - rien à voir avec Bourvil), que c'était " un
livre en bonne santé ".
Je l'avais rencontré en 2000 lors d'un cocktail
organisé par L'Age d'Homme rue Férou. Marc
Laudelout, qui connaît tout le monde à Bruxelles comme à
Paris, m'avait ensuite présenté dans les formes et, lors
de sa venue à Bruxelles, nous avions déjeuné à deux pas
de la Grand-Place, goûtant sa conversation à la fois
virile et raffinée. Dans une lettre, Jacques d'Arribehaude
nous remerciait de l'avoir initié à la " splendeur
royale du vieux Bruxelles ". En réalité, c'était à nous
d'être reconnaissants de nous avoir à ce point enchantés
! Un gentilhomme vous dis-je, qui pouvait se montrer
très drôle, et jamais - au grand jamais - dupe de
l'imposture aux mille faces ( " ma carcasse de Grand
invalide de Guerre archidécoré ", m'écrivit-il dans
l'une de ses lettres signées Diego de la Vega ou Don
Santiago del Estero). Un réfractaire, amateur de Bonnard
et de Matisse, lecteur de Rimbaud et de Saint-Simon (son
modèle), dont le rêve de bonheur fut d'aimer et
d'être aimé.
Dandy, assurément, comme en témoigne les clichés du
cher Louis Monnier. Un délicat, attelé à la " seigneurie
de soi-même " : " Au fond, j'aurai passé ma vie à
fuir l'ennui, cette peste fatale qui nous guette tous,
et que le goût de la beauté, un certain esthétisme
flemmardant, la recherche et la création artistique, à
ma modeste échelle, m'ont aidé à surmonter ".
Eternel adolescent aussi, avec sa part de naïveté et
d'immaturité (ses démêlés avec les dames), ô combien
attachant. Un esprit libre, qui va cruellement nous
manquer, même si ses livres nous permettront longtemps
de réécouter une voix qui compte.
Adieu messire, que la terre vous soit légère !
Christophe GERARD
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