Roger
Nimier, né le 31 octobre 1925 à Paris et mort le 28
septembre 1962 à Garches, est un écrivain français.
Egalement journaliste et scénariste, il est considéré
comme le chef de file du mouvement littéraire dit des "
Hussards ".
Biographie, enfance et études
Fils de l'ingénieur Paul Nimier et de Christiane
Roussel, Roger Nimier de La Perrière naît le 31 octobre
1925, quatre ans après sa sœur Marie-Rose, née en 1921,
et six ans après un premier Roger Nimier, né et mort en
1919. La famille habite boulevard Pereire, dans le 17e
arrondissement de Paris. Son père meurt alors qu'il n'a
que quatorze ans.
De 1933 à 1942, il
fréquente le lycée
Pasteur de Neuilly.
Il y est un élève brillant ; Michel
Tournier, son
condisciple en classe de philosophie,
juge sa précocité « un peu monstrueuse » et son
intelligence et sa mémoire « hors du commun ».
En 1942, il obtient un premier accessit au concours
général de
philosophie. Après son baccalauréat, il
commence des études à la Sorbonne à
la rentrée de 1942, tout en étant employé par la maison
de philatélie Miro, dirigée par son oncle.
Le , il s'engage au 2e régiment
de hussards,
situé à Tarbes ; il est démobilisé le .
Premiers
romans
Nimier écrit dans un style
proche de Giraudoux et
de Cocteau un
premier roman très autobiographique, L'Étrangère,
qui sera publié après sa mort.
Il est publié pour la première fois à vingt-trois ans,
avec Les Epées (1948), un bref roman qui raconte
l'histoire d'un jeune homme passant de la Résistance à
la Milice, dans le contexte de la Seconde Guerre
mondiale.
Deux années plus tard,
paraît son roman le plus célèbre, Le
Hussard bleu,
qui s'inscrit dans la veine des Épées et où il
réemploie le personnage de François Sanders.
En 1950 également
paraissent le roman Perfide et Le Grand
d'Espagne, un essai historico-politique au ton
pamphlétaire qu'il conçoit comme un hommage à Georges
Bernanos.
En 1951, Roger Nimier publie Les
Enfants tristes, puis, en 1953, Histoire d'un
amour.
Suivant le conseil de Jacques
Chardonne, qui
juge sa production de cinq livres en cinq ans, trop
rapide, il décide alors de ne publier aucun roman
pendant dix ans.
Entre-temps, Bernard
Frank l'a sacré
chef de file des Hussards en , dans un article célèbre paru dans Les
Temps modernes,
le nom de « Hussards » faisant référence au Hussard
bleu.
Édition, cinéma et critique littéraire
La période d'abstinence romanesque n'est
pas pour autant une période de silence.
Nimier se consacre en
particulier à la critique, notamment dans la revue Opéra qu'il
dirige. Il écrit pour le cinéma,
un art qui le divertit beaucoup,
notamment aux côtés de Louis
Malle, avec qui
il écrit le scénario d'Ascenseur
pour l'échafaud.
Conseiller littéraire
auprès de Gaston
Gallimard à
partir de fin 1956, il défend l'édition d'ouvrages par
des auteurs politiquement compromis en mettant en avant
leur valeur littéraire au-dessus des considérations
politiques. Il s'oppose en cela à l'engagement sartrien.
Il œuvre à l'édition et à la promotion du roman D'un
château l'autre de Louis-Ferdinand
Céline en 1957,
alors que les précédents livres du romancier publiés
après-guerre n'avaient pas rencontré de succès. François
Mauriac est un
des écrivains qui partagent cette opinion et il lui
écrit ainsi un courrier avant de recevoir son prix
Nobel : « Vous
êtes le seul de votre génération. C'est vous qui
délivrerez la littérature de l'engagement qui
l'étouffe ».
Il œuvre à la
réhabilitation littéraire de Céline,
mais aussi Morand et Chardonne,
qui deviendront ses proches.
En 1950, il adhère à l'Association des amis de Robert
Brasillach, et
participe en 1955 à l'hommage qui lui est rendu par Défense
de l'Occident.
Sur le chapitre politique,
Nimier est d'une sensibilité patriotique et nationaliste,
mais il est aussi anti-conformiste et féru de
contradictions, et il ne se reconnaît dans aucune de ses
manifestations. Il a pendant la guerre une inclination monarchiste -
il écrit ainsi des chroniques dans l'hebdomadaire
royaliste La
Nation française -,
puis une inclination gaulliste -
il écrit ainsi dans deux revues du RPF -
qui ne sera cependant que passagère.
Il signe en 1960 le « Manifeste des intellectuels
français », qui répond au Manifeste
des 121 et
soutient l'action de la France en Algérie.
Retour au roman et mort accidentelle
Son ami Louis
Malle vient
tout juste de le solliciter pour l'adaptation au cinéma
du Feu
follet de Drieu
la Rochelle lorsqu'il
trouve la mort le , dans un accident de voiture au
volant de son Aston
Martin DB4. Sa
voiture percute un pylône de l'autoroute
de l'Ouest sur
le pont de la Celle-Saint-Cloud,
et l'écrivain Sunsiaré
de Larcône à
ses côtés meurt aussi des suites de l'accident.
Nimier allait avoir trente-sept ans. Amateur de voitures
(il possédait aussi une Jaguar et
une Delahaye),
il en parlait souvent et écrivait à leur propos. Il
avait conclu son roman Les Enfants tristes par la
description d'un accident de voiture.
Son dernier roman, D'Artagnan
amoureux, est publié quelques mois après. Ce roman
posthume qui imagine le désarroi amoureux du héros de Dumas,
annonçait peut-être une nouvelle phase dans l'œuvre de
Nimier. Le roman est inachevé au jour de son décès, et Antoine
Blondin affirme
en avoir écrit les deux derniers chapitres.
Les obsèques de Roger
Nimier ont lieu le en la chapelle de l'hôpital de Garches,
suivies par son inhumation, l'après-midi, au cimetière
Saint-Michel de Saint-Brieuc où
est également enterré le père d'Albert
Camus.